lundi 31 décembre 2007

ENTRE LE MARTEAU, L'ENCLUME ET LE VIDE…



L'élection de René Garcia Préval au timon des Affaires de l'Etat, un compromis connu sous le nom de `solution belge', vient dans un contexte international piégé et une conjoncture nationale explosive. Le monde musulman s'en prend à l'Europe pour les dessins caricaturés du prophète Mohamed. L'Amérique Latine, avec pour chef de file Président Hugo Chavez du Venezuela s'en prend aux Etats-Unis. L'Iran, à cause de son programme nucléaire, s'en prend à l'Europe et à l'Amérique. Le Hamas, victorieux des élections démocratiques prônées par Washington, s'en prend à l'Amérique et à l'Europe.
Le Moyen-Orient, à cause de la guerre irakienne et de la perception de la politique de doublure des Etats-Unis, s'en prend à Washington. Au niveau national, la situation est plus que chaotique ; les dissensions, les assassinats, les kidnappings, le chaos, l'insécurité, le faussé entre l'Elite et le peuple, pour ne citer que ceux-là.

Le gouvernement de René Préval va traverser une rivière sur un pont soutenu par une corde (le peuple). A sa droite, des requins blancs affamés (les Etats-Unis) prêts à le dévorer au cas où ses intérêts sont menacés ou bien si ses conseils sont méprisés. A sa gauche des poissons géants (l'Elite Haïtienne), bouches grande ouvertes, prêts à l'avaler au cas où ses intérêts ne sont pas protégés, au cas où elle n'est pas invitée à s'asseoir sur la table nationale.

Le dossier Aristide

Même s'il préconisait les revendications des masses populaires, même s'il est le « frère jumeau » de Préval, les rapports publies par la presse nationale et internationale ne font pas hommage à l'ancien président. Quoiqu'il soit défenseur des revendications des masses haïtiennes, il était incapable de lier les intérêts de l'Elite et des pauvres. Il est l'ennemi acharné de cette élite et des gens de la classe moyenne et est considéré comme persona non grata par les Etats-Unis. Sa présence est un instrument de discorde et de division, malgré tout les masses haïtiennes réclament son retour dans le pays. Président Préval pourrait-il convaincre les masses à choisir entre le blocage économique du pays et l'amélioration de leurs conditions de vie ? Or continuera –t-il à clamer que la Constitution dans ses articles 41 et 41-1 bannit l'exil ? L'absence d'une force de l'ordre qui inspire à la fois crainte et respect ne joue pas en sa faveur s'il ignore les désirs et demandes des masses. Un gouvernement n'est pas créateur de travail. Sa fonction est de créer une atmosphère stable et sécurisante pour permettre aux investisseurs nationaux et étrangers de créer du travail qui débouchera à l'amélioration des conditions de vie des masses populaires. Si l'Elite, détentrice du capital, et la classe moyenne or estudiantine, ont œuvré au départ d'Aristide, y a t il une chance entre mille que l'Elite humiliée va investir son capital ? Encore ici, Président Préval doit choisir entre Aristide et le bien-être des masses.

Même s'il faisait le mort durant les négociations de la onzième heure, Washington n'était pas vraiment absent. La présence dans l'absence est quelque fois plus importante que la présence elle-même. L'Administration de Georges W. Bush ne va pas rester les mains croisées et subir l'humiliation de la présence physique d'Aristide en Haïti. Le gouvernement américain n'hésitera pas à choisir entre la promotion de la démocratie et le prestige et les intérêts économiques des Etats-Unis. Un pays n'a pas d'amis, se plait-on à répéter dans le circuit diplomatique, il n'a que des intérêts permanents. Les Etats-Unis laisseront encore une fois Haïti « cuire dans son jus ». Est-ce que le Président Préval pourrait allier les revendications des masses haïtiennes et les intérêts de notre grand voisin du Nord ?


Alliance Bilatérale

Le rapprochement haitiano-vénézué lien, compte tenu de la tension américano-vénézuélienne, ne peut bénéficier Haïti que temporairement. En politique, l'ami de mon ennemi est mon ennemi. L'aide vénézuélienne va aider Haïti dans un secteur déterminé, mais le besoin cuisant de capitaux pour financer des projets de société va se faire sentir. Les Etats-Unis ont une influence considérable sur les Organisations Internationales (Banque Mondiale, Fond Monétaire International) et peuvent bloquer tous les prêts à Haïti et par contre bloquer la marche économique du pays.

En conclusion, le gouvernement de Préval est un gouvernement sacrifié avant même son mandat et son inauguration. Pourrait-il le sauvegarder et laisser une empreinte sur le pays. Oui, mais il lui faudrait la dextérité de Bill Clinton, les valeurs intrinsèques de Nelson Mandela et le despotisme éclairé d'Henri Christophe, le Roi Bâtisseur.

LeGrand P. Salvant, MBA
USA.

legrandsalvant@sbcglobal.net

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