dimanche 9 décembre 2007

GHELLA/Trou-du-Nord : la répression risque de relancer la mobilisation.



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
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Le jeudi 6 décembre 2007, la police de Trou du Nord a procédé à l’arrestation de Lovely ainsi connu, un jeune de Trou du Nord. Cireur de chaussures, Lovely cherche son pain quotidien au niveau de la station de la ville. Il a protesté contre la décision du Ministre Frantz Verrela de faire passer la route par Ti Couline, d’isoler la ville de Trou du Nord tuant ainsi l’économie de la zone. Le transport est pour les truviens le moteur principal de tout le commerce. A la station où Lovely se débrouille contre la misère du Nord-Est, l’un des départements les plus abandonnés, les marchands, chauffeurs et travailleurs supportent le mouvement. Ils en constituent le fer de lance.

C’est pour cette raison que Lovely est arrêté sans mandat puis bastonné devant les habitants de la ville par des policiers du Trou du Nord. Quelques heures après l’arrestation, des policiers anti-émeutes sont venus de Fort-Liberté, le chef lieu du département, pour transporter le prévenu. En route, il fut battu encore une fois par des policiers de Fort-Liberté, qui l’ont fait descendre du camion pour le rouer de coups, marcher sur son abdomen et sa tête.

Conséquences, Lovely a une hémorragie interne. Il ne cesse de vomir du sang. Il a passé toute la soirée de jeudi dans la prison de Fort-Liberté sans soin de santé. Durant toute la soirée de jeudi à vendredi, des rumeurs circulaient sur la mort éventuelle de Lovely. Heureusement, il est toujours en vie, mais les gardiens de la prison refusent de recevoir de la nourriture et des vêtements pour lui.

Pourtant, avec la visite du Ministre Frantz Verrela le mardi 4 décembre 2007, le calme était revenu dans la ville. Le Ministre avait eu une réunion avec les représentants de la population truvienne. En public, il avait déclaré : rien ne justifie que des jeunes de la population prennent le maquis. C’est sûr que la justice fera son enquête sur l’incendie des deux matériels de la Compagnie GHELLA. Mais tout se fera dans le cadre d’une enquête judiciaire. La justice demandera à la police d’interpeller les témoins et les personnes accusées dans ce dossier. Le gouvernement ne veut pas de répression aveugle.

Suite à ces déclarations, des jeunes qui avaient participé au mouvement mais qui n’ont rien à voir avec l’incendie des deux équipements de GHELLA sont rentrés chez eux. La ville avait retrouvé son calme et la compagnie GHELLA, après des négociations avec le gouvernement, a repris ses travaux.

Mais, la police du Nord-Est a sa propre politique : La répression aveugle. Et dans ce département, il y a une petite oligarchie menée par Lucien Délince Pierre Louis, qui mène la politique publique à sa manière. La police du Nord-Est serait à la recherche de 150 personnes. Donc, la destruction totale du syndicat des chauffeurs et l’arrestation de plusieurs innocents.

Pour le moment, trois citoyens ont été arrêtés par la police. Ils ont été tous battus par des policiers de Fort-Liberté, qui utilisent des méthodes inhumaines, illégales et antidémocratiques. Durant le transfert d’un prisonnier d’une ville à une autre, les policiers de Fort-Liberté observent un arrêt pour maltraiter le prévenu. Les juges et les membres du parquet de Fort-Liberté exigent de forte somme d’argent pour libérer un prévenu innocent.

Des citoyens de Trou du Nord nous signalent qu’on réclame des sommes faramineuses aux trois personnes arrêtées sans mandat. Donc, les policiers de la zone, associés à des juges corrompus et à des membres pourris du parquet de Fort-Liberté arrêtent le plus de monde possible. De plus, il existe dans le Nord-Est des cas de bastonnades atroces.

Lovely a une hémorragie interne. Le matin du 7 décembre 2007, nous avons reçu un appel de Trou du Nord nous informant de la situation. La police de Fort-Liberté était venue chercher son père qui devait se rendre au chevet de son fils torturé par des policiers du Nord-Est. Le commissariat de Trou du Nord clame déjà son innocence. Ils avaient remis Lovely en bonne condition, ce que des témoins de Trou du Nord confirment. Ils ont vu Lovely monter sans problème la voiture de police qui devait le transporter à Fort-Liberté. Les policiers de Fort-Liberté, quant à eux, soutiennent que Lovely saignait depuis Trou du Nord.

La population truvienne est dans l’attente d’une dégradation dans la santé de Lovely. Ce cireur de chaussures croupissent en prison dans un état lamentable parce qu’il luttait pour que sa ville ne soit pas exclue du circuit routier Cap-Haïtien – Ouanaminthe. Son état de santé est critique. Pour avoir protesté contre l’Etat-prédateur, il mérite la mort. Malheureusement le DGPNH Mario Andrésol dans sa logique de deux polices, laisse un peu partout à travers le pays des poches de barbarie au sein d’une institution qui adopte comme devise : protéger et servir.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
9 Décembre 2007

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