lundi 17 décembre 2007

Le port du Cap-Haïtien, point stratégique pour les extrémistes du parti Lavalas.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
Rémy Saint-Juste, le chef de sécurité de la mairie du Cap-Haïtien, annonce sur les ondes de radio Vénus FM, ce dimanche 16 décembre 2007, l’intensification de la mobilisation contre l’administration du port de la ville. Aux dires de cet homme de main du maire Michel Saint croix, l’étau va se resserrer autour de Jean-Renet Latortue, le Directeur de l’APN : Il va devoir partir.

En moins d’un mois, la situation politique a évolué dans le Nord. L’organisation politique Fanmi Lavalas/Branche Nawoon Marcellus, après l’organisation d’un rassemblement, le 24 novembre 2007, sous le thème Congrès pour le retour, retour pour le congrès, a lancé ses mots d’ordre: Lavalas va reconquérir le pouvoir.

Au Gymnasium de Champs de mars, Cap-Haïtien, ils étaient plusieurs milliers à répondre à l’invitation de Nawoon Marcellus, malgré les attaques de Moise Jean-Charles, qui visaient à disqualifier l’ancien député Lavalas de la Grande-Rivière du Nord. Durant toute la semaine qui a précédé le rassemblement, on pouvait écouter, sur Radio Vénus FM, à l’Emission AMBA KAYIMIT, des hommes de Moïse Jean-Charles argumenter contre le congrès, le qualifiant de simple rencontre vu que les statuts du parti n’autorisent pas n’importe qui à rassembler les délégués sans la présence du Leader historique Jean-Bertrand Aristide. Lavalas est ainsi divisé, au moins, en deux branches dans le Nord : Moise Jean-Charles et Nawoon Marcellus. Les deux hommes se disputant les élections sénatoriales à venir.

Le jour de la rencontre, Nawoon Marcellus a confirmé son savoir-faire sur le terrain de la politique haïtienne. Plusieurs milliers de sympathisants sont venus de tous les coins et recoins du département du Nord. Le gymnasium était comblé, plein à craquer. Les lavalassiens ont ainsi renouvelé leur appartenance au parti et renforcé le leadership de Nawoon Marcellus. Pour la rencontre, le Père Gérard Jean-Juste et la prêtresse connue sous le nom de So Anne avaient fait le déplacement. Ensemble, ils ont critiqué le gouvernement de René Préval, la cherté de la vie, l’occupation du territoire national et la trahison de René Préval.

Ils ont juré de démasquer les traîtres de la trempe de Moise Jean-Charles, qui travaillent au coté de René Préval pour un Lavalas sans Aristide, de récupérer le pouvoir avec ou sans magouilles électorales, de libérer le pays de la présence étrangère, de baisser les prix et de faire revenir Jean-Bertrand Aristide. Aux dires des intervenants, Lavalas aura 11 candidats au Sénat, donc 11 Sénateurs siègeront au parlement à partir de 2008.
Et pour finir, Nawoon Marcelus a lancé la fameuse diatribe : tous les lavalassiens doivent travailler! Nous allons déchouquer les directeurs de facto (ceux qui ont pris poste en 2004, après le départ de Jean-Bertrand Aristide) et récupérer nos places au sein de l’administration publique.

Qu’on soit pour ou contre, c’est un fait que Nawoon Marcellus a réussi son pari. Il arrive à propulser son parti. Le 3 décembre 2007, il avait joué un rôle important dans l’élection de Michel Saint-Croix. Même quand aujourd’hui les deux hommes sont divisés sur la composition de l’administration de la Mairie de la ville, aux yeux des sympathisants, c’est grâce à lui que Michel Saint-Croix est élu Maire. En retour la Mairie de la ville sert d’espace de pouvoir provisoire pour le financement et la mobilisation en vue d’atteindre d’autres objectifs politiques. Le leadership de Nawoon Marcellus prend actuellement une dimension nationale. Durant la semaine du 9 décembre 2007, il a été, dans le plateau central dans le cadre d’un autre Congrès pour le retour, retour pour le congrès, haranguer l’assemblée avec ses mêmes diatribes.

Une semaine après ce rassemblement-congrès du 24 novembre au Cap-Haïtien, un mouvement est lancé au niveau du port de la ville. Des employés se sont laissés manipuler par le maire Michel Saint-Croix. Une revendication qui, au départ, paraissait noble, est manipulée à des fins politiciennes. Le Maire de la ville du Cap-Haïtien qui avait financé le rassemblement-congrès avec les fonds de la Mairie, était aux abords du port, mobilisant les grévistes de l’intérieur avec sa troupe d’employés et de fanatiques Lavalas massés au dehors. Sous les regards passifs des forces anti-émeutes de la police capoise, les manifestants attaquaient le port et pressuraient les gardiens afin de créer une brèche dans la barrière de sécurité et d’envahir l’espace. L’inspecteur de police Eddy Sylvain, affecté au sous-commissariat à l’APN, a eu toutes les peines du monde pour supporter les gardiens du port dans leurs efforts et ne pas laisser piller les marchandises et les biens entreposés dans le port de la ville. Il fut taxé de flatteur par d’autres policiers qui assistaient passivement parce que, d’après eux, le directeur Jean-Renet Latortue ‘‘PA SÈVI’’ (Ne leur accorde pas des privilèges, il ne partage pas avec eux l’argent du port).

Dans leur Emission KAFOU VERITE sur les ondes de Radio Télé Vénus FM, les propagandistes du parti n’ont pas caché l’implication de Lavalas dans le mouvement. Ils saluent le courage du Maire Michel Saint-Croix et le remercient pour son support financier au rassemblement-congrès Lavalas tout en annonçant aux autres directeurs de l’administration publique leur décision de récupérer leur poste. Après l’APN (Autorité Portuaire Nationale), ce sera le tour de l’AAN (Autorité Aéroportuaire Nationale), de la Direction Départementale de l’Education Nationale, de l’OAVCT (Office d’Assurance des Véhicules Contre Tiers), de la DRI (Direction Régionale de Impôts), de la Délégation (ancienne préfecture) et des vice délégations.

Alors, les observateurs dans le Nord comprennent mal la position du Sénateur Kelly Bastien quand il déclare dans la presse : le président a été mal renseigné, il n’y a rien de politique dans le blocage du port de la ville du Cap-Haïtien.

Si les revendications des employés constituent la pointe de l’iceberg, le projet politique des extrémistes du parti lavalas menés par Nawoon Marcellus en est sa base. Elle est massive et projette d’augmenter les sources de revenus pour la prise du pouvoir lors des élections à venir. Le Sénateur Kelly Bastien semble être limité par l’opportunité qu’offrira un vide à la tête du port du Cap-Haïtien. Car un éventuel départ de l’actuel directeur Jean-Renet Latortue lui permettra de placer un poulain afin de lui permettre de satisfaire sa clientèle et de drainer des fonds vers sa plate-forme politique - personnelle.
Il semble ignorer qu’un départ dans les conditions actuelles du Directeur de l’APN sera un mauvais précédant. Cela encouragerait, tous ceux qui ont été, pour une raison ou pour une autre, renvoyés de l’administration publique, à se mobiliser en vue de récupérer leur poste, même quand ils avaient reçu des fonds de l’Etat en guise de prestations légales et de dédommagement. Cette situation provoquerait un chambardement total au sein de l’administration publique, ce qui fera le jeu politique de Nawoon Marcellus le chef de file des extrémistes lavalas. Car déjà, ils critiquent les modérés, ceux qui acceptent de composer avec les bourgeois, les partis de l’ancienne opposition à Aristide et la communauté internationale (les blancs). Un changement dans le port de la ville du Cap-Haïtien serait un désaveu pour ceux du parti Lavalas qui ont toujours conseillé aux sympathisants de suivre la ligne démocratique, de se renforcer en se conformant aux principes du système politique actuel. Il prouvera qu’on peut toujours revenir au passé.

Au Cap-Haïtien, on fait état d’une alliance entre Nawoon Marcellus et Dany Toussaint. Sur les murs des quartiers populeux, des graffitis ABA MOISE JEAN-CHARLES, VIVE NAWOON MARCELLUS, VIVE DANY TOUSSAINT sont inscrits. On signale que l’ancien Sénateur de l’Ouest Dany Toussaint est, comme le maire Michel Saint-Croix, l’un des principaux contributeurs pour la réussite du rassemblement-congrès Lavalas. Dans le Nord, le panorama politique est plus compliqué qu’on le pense. Il faut plus qu’une simple approche opportuniste et des conseillers désintéressés pour aider le gouvernement à prendre de bonnes décisions.
Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
16 Décembre 2007

2 commentaires:

Tony Saint Festin a dit…

La decentralisation est un bon chemin
pour le Cap Haitien. Le Cap doit e^tre autonome.

Tony Saint Festin a dit…

Le maire du Cap Haitien a un droit
exceptionnel de chosir ses administrateurs.L'ancien regime ne peut pas rester.Vive l'autonomie de toutes les villes.La republique de
Port-au-Prince a une grande fatigue.
Il doit mourir.On n'a pas besoin d'aller a` Port-au-Prince pour un papier.Le maire a le pouvoir d'agir
selon sa volonte'.Le Cap a besoin un
bon aeroport pour faire venir les touristes.On ne peut pas compter sur port-au-prince.