lundi 3 décembre 2007

Trou-du-Nord : Qui a incendié les deux matériels de la compagnie GHELLA ?



Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com


La population de Trou-du-Nord souhaite une enquête parlementaire sur la destruction des matériels de la compagnie GHELLA.

Les responsables du Syndicat des Propriétaires et Chauffeurs du Nord-Est (SPCNE) se disent scandaliser par l’incendie perpétré contre des équipements de la compagnie GHELLA. Il n’est pas dans leur stratégie de détruire les équipements qui servent à construire la route. Jamais, le syndicat n’a organisé des actes de ce genre.

Selon le témoignage de plusieurs citoyens de la population truvienne, le mouvement ayant entraîné l’incendie du matériel de GHELLA vient d’une main cachée. Beaucoup pensent que cela vient des monopoles et groupes d’intérêts Port-au-princiens proches du pouvoir en place qui cherchent à boycotter la route.


Faut-il signaler que depuis l’installation du gouvernement Préval/Alexis on agit contre le développement du commerce dans les villes de province. Les importateurs du Nord et du Nord-Est ont beaucoup de difficultés pour importer leurs marchandises en provenance de la République Dominicaine. On exige des documents qu’on ne peut trouver qu’à Port-au-prince. Alors qu’au bureau central de la douane, le service est très lent pour ne pas dire nul. Un importateur qui a un container sur la frontière peut passer jusqu’à 22 jours avant d’avoir les papiers l’autorisant à franchir le territoire haïtien.

Cette politique, légitimée par la lutte contre la contrebande, va dans le sens du renforcement des monopoles. Seul un petit groupe peut importer la viande réfrigérée et depuis lors les prix ont augmenté de 750 gourdes par caisse. C’est la même situation pour le fer, l’huile, le ciment, la céramique. Tout est concentré à Port-au-prince. Les hommes et surtout les femmes proches du président Préval ont bien fait leur travail. Au nom de la lutte contre la contrebande, ils renforcent le monopole de leur groupe d’intérêts. Logiquement, un projet de route qui renforcerait le commerce entre le Nord du pays et la République dominicaine va à l'encontre de leur projet.

Ces informations connues de tous portent l’observateur à analyser avec prudence la situation au Trou du Nord. Pourquoi le gouvernement n’a jamais fait le suivi des revendications de la population truvienne ? Le Ministre des Travaux Publics Frantz Verrella, le Ministre des affaires Sociales Gérald GERMAIN, la Délégation de l’Union Européenne, les Sénateurs du Nord-Est y compris le Président René Préval avaient tous reçu plusieurs correspondances du Syndicat des Propriétaires et Chauffeurs du Nord-Est (SPCNE)

Au Trou du Nord, pour les envoyés spéciaux de Radio Kontak Inter, c’était la confusion. Même quand tout le monde est uni sur l’importance de la route, chaque camp politique cherche à exploiter la présente situation. Dans un quartier, on accuse le député d’agir contre ses adversaires politiques ; des hommes qui lui sont proches se livrent à de fausses dénonciations contre des anciens candidats de l’Alliance Démocratique du leader Evans Paul ; dans un autre, on accuse les hommes proches de l’ancien candidat de l’Alliance Démocratique de bandits violents qui cherchent à troubler le député dans l’exercice de son mandat. Des anciens jeunes opposants au régime d’Aristide accusent les Lavalassiens Lucien Délince Pierre Louis et Zabulon, tous deux Chargés d’affaires du gouvernement Préval/Alexis et anciens candidats au Sénat, de les indexer dans cette affaire de destruction du matériel de GHELLA. Finalement, des responsables du Syndicat nous disent ne pas comprendre ce qui s’est passé le dimanche 25 novembre dernier contre GHELLA. Ils n’avaient organisé aucun mouvement en ce sens : soit des personnes isolées ont mis le feu sans évaluer les conséquences , soit une main criminelle agissant dans le sens de gros intérêts de monopole a détruit le matériel de GHELLA pour compliquer leur situation et bloquer la construction de la route.

La deuxième hypothèse n’est pas impossible aux yeux de l’homme du Nord. Car il n’oublie pas les tractations de René PREVAL et Frantz VERRELA en 1991, alors respectivement Premier Ministre et Ministre des travaux publics d’Aristide, en vue de suspendre les travaux de construction de l’aéroport du Cap-Haïtien et de ramener les équipements lourds à Port-au-prince. Aussi devons-nous nous souvenir de l’incendie criminel des équipements sur le chantier de la Route Saint-Marc – Gonaïves sous le gouvernement de Gérard Latortue.

Aujourd’hui, Trou du Nord est une ville sous tension. Les jeunes ont beaucoup de mal à y vivre. On peut être objet d’arrestation à n’importe quel moment. La police utilise des hommes à cagoule pour arrêter des gens sur simple dénonciation. Des attachés terrorisent la ville. Politiquement, les proches du gouvernement ont eu gain de cause. Ils démolissent le syndicat des chauffeurs et les représentants de la population, cherchant ainsi à réduire au silence leurs adversaires politiques : une aubaine, à quelques mois des élections sénatoriales.

C’est dans cette confusion que Radio Kontak Inter s’associe à la population truvienne pour proposer une enquête parlementaire sur la situation à Trou-du-Nord. Quel est le mobile du crime ? A qui profite le crime ? Les personnes indexées sont elles coupables ?

Le parlement pourrait apporter sa contribution dans cette crise vu que le gouvernement, à travers Lucien Délince Pierre Louis et Zabulon, tous deux Chargés d’affaires de Jacques Edouard Alexis/ René Préval et candidats au Sénat, est partie prenante au conflit. La situation au Trou du nord devrait intéresser les commissions sur la décentralisation et les collectivités, les Travaux publics, les droits de l’homme, les affaires sociales, le commerce et la coopération externe. Des ministres comme ceux des travaux publics, de l’intérieur, de la justice, de la planification et du commerce devraient répondre de cette situation regrettable.

Les représentants du peuple doivent le défendre et ne pas l’abandonner dans cette situation de tractations politiques où tout le monde cherche à éliminer ses adversaires et renforcer son camp. S’il faut punir sévèrement afin de décourager ceux qui ont l’habitude d’utiliser le feu pour terroriser leur interlocuteur et faire passer leur point de vue, l’irresponsabilité n’est pas une politique.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
3 Décembre 2007

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