lundi 31 décembre 2007

LE CRI DE MINUIT DE LA CHAMBRE DE COMMERCE, D’INDUSTRIE ET DES PROFESSIONS DU NORD

Soumis à Réseau Citadelle le 31 décembre 2007
http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/



Aux Décideurs Politiques et Économiques du Pays,
A tous les Hommes et à toutes les Femmes de bonne volonté de ce Pays,
Aux amis d’Haïti d’ici et d’ailleurs,

La Chambre de Commerce d’Industrie et des Professions du Nord unit sa voix à celle de toutes les autres Chambres départementales du Pays pour lancer, en guise de vœux à l’occasion du nouvel an, son “CRI DE MINUIT”, ECHO RETANTISSANT DU CRI DE TOUT UN PEUPLE AUX ABOIS :

"Face aux désarrois du peuple haïtien fatigué de souffrir et de CRIER FAMINE, ne vivant plus que d’espoirs sans cesse déçus, laminé par la misère et la pauvreté croissantes, strictement liées à la hausse vertigineuse du coût de la vie, la CCIPN s’écrie: “Assez! … C’en est assez!... Trop!... C’est trop!...” Fini le temps des discours creux et consolants maintenant la population dans un attentisme paralysant et l’installant toujours plus profondément dans la crasse et les soucis!... Nos décideurs politiques doivent enfin agir en toute urgence et poser des actes concrets susceptibles de soulager, pour de vrai, les pères et mères de familles qui ne savent plus à quel Saint se vouer pour subvenir aux besoins même primaires de leurs enfants et vivre dans la dignité de personnes humaines.

A l’aube de cette nouvelle année, étant donné la très grande faiblesse de la production nationale et, par conséquent, la très grande dépendance de la population haïtienne de l’importation des produits de base pour se nourrir et subsister, la CCIPN en appelle au sens de responsabilité des décideurs politiques pour:

1. DÉTAXER LES PRODUITS DE PREMIERE NÉCESSITÉ comme le riz, le sucre, la farine, l’huile de cuisine, le lait pour les nourrissons, les médicaments, etc. Et ce, en vue de faire baisser les prix à la consommation ;

2. AUGMENTER LES TAXES SUR LES PRODUITS DE LUXE, L’ALCOOL ET LA CIGARETTE afin de compenser le manque à gagner ;

3. ENGAGER ET CONDUIRE PRIORITAIREMENT UNE VÉRITABLE POLITIQUE AGRICOLE, entretemps, tout en amplifiant les investissements en milieu rural pour augmenter la production et les revenus des agriculteurs, et ainsi freiner la migration vers les villes, source, parmi d’autres, du phénomène d’insécurité.

De telles mesures visent, d’une part, à très court terme, à améliorer les conditions de vie si alarmantes de toute la population, dues à la hausse sans cesse croissante des prix des produits de première nécessité ; elles visent d’autre part, à plus long terme, à réduire le volume d’importation et la dépendance humiliante du pays vis-à-vis de l’extérieur pour sa subsistance.

Que ce “CRI DE MINUIT”, ECHO RETANTISSANT DU CRI DE TOUT UN PEUPLE AUX ABOIS, soit entendu de tous nos Décideurs Politiques, Hommes et Femmes de cœur et de bonne volonté et trouve, dès les premiers jours de l’année nouvelle, la réponse attendue, pour le plus grand bien du plus grand nombre ! "

Tel est le vœu de la Chambre de Commerce, d’Industrie et des Professions du Nord à toute la population du Nord en particulier et au peuple haïtien, en général, en ce début d’année 2008.


Fait au Cap-Haïtien, le 31 décembre 2007, à minuit.



Martin Malherbe Dorvil, Président de la CCIPN, Cap-Haïtien.

ENTRE LE MARTEAU, L'ENCLUME ET LE VIDE…



L'élection de René Garcia Préval au timon des Affaires de l'Etat, un compromis connu sous le nom de `solution belge', vient dans un contexte international piégé et une conjoncture nationale explosive. Le monde musulman s'en prend à l'Europe pour les dessins caricaturés du prophète Mohamed. L'Amérique Latine, avec pour chef de file Président Hugo Chavez du Venezuela s'en prend aux Etats-Unis. L'Iran, à cause de son programme nucléaire, s'en prend à l'Europe et à l'Amérique. Le Hamas, victorieux des élections démocratiques prônées par Washington, s'en prend à l'Amérique et à l'Europe.
Le Moyen-Orient, à cause de la guerre irakienne et de la perception de la politique de doublure des Etats-Unis, s'en prend à Washington. Au niveau national, la situation est plus que chaotique ; les dissensions, les assassinats, les kidnappings, le chaos, l'insécurité, le faussé entre l'Elite et le peuple, pour ne citer que ceux-là.

Le gouvernement de René Préval va traverser une rivière sur un pont soutenu par une corde (le peuple). A sa droite, des requins blancs affamés (les Etats-Unis) prêts à le dévorer au cas où ses intérêts sont menacés ou bien si ses conseils sont méprisés. A sa gauche des poissons géants (l'Elite Haïtienne), bouches grande ouvertes, prêts à l'avaler au cas où ses intérêts ne sont pas protégés, au cas où elle n'est pas invitée à s'asseoir sur la table nationale.

Le dossier Aristide

Même s'il préconisait les revendications des masses populaires, même s'il est le « frère jumeau » de Préval, les rapports publies par la presse nationale et internationale ne font pas hommage à l'ancien président. Quoiqu'il soit défenseur des revendications des masses haïtiennes, il était incapable de lier les intérêts de l'Elite et des pauvres. Il est l'ennemi acharné de cette élite et des gens de la classe moyenne et est considéré comme persona non grata par les Etats-Unis. Sa présence est un instrument de discorde et de division, malgré tout les masses haïtiennes réclament son retour dans le pays. Président Préval pourrait-il convaincre les masses à choisir entre le blocage économique du pays et l'amélioration de leurs conditions de vie ? Or continuera –t-il à clamer que la Constitution dans ses articles 41 et 41-1 bannit l'exil ? L'absence d'une force de l'ordre qui inspire à la fois crainte et respect ne joue pas en sa faveur s'il ignore les désirs et demandes des masses. Un gouvernement n'est pas créateur de travail. Sa fonction est de créer une atmosphère stable et sécurisante pour permettre aux investisseurs nationaux et étrangers de créer du travail qui débouchera à l'amélioration des conditions de vie des masses populaires. Si l'Elite, détentrice du capital, et la classe moyenne or estudiantine, ont œuvré au départ d'Aristide, y a t il une chance entre mille que l'Elite humiliée va investir son capital ? Encore ici, Président Préval doit choisir entre Aristide et le bien-être des masses.

Même s'il faisait le mort durant les négociations de la onzième heure, Washington n'était pas vraiment absent. La présence dans l'absence est quelque fois plus importante que la présence elle-même. L'Administration de Georges W. Bush ne va pas rester les mains croisées et subir l'humiliation de la présence physique d'Aristide en Haïti. Le gouvernement américain n'hésitera pas à choisir entre la promotion de la démocratie et le prestige et les intérêts économiques des Etats-Unis. Un pays n'a pas d'amis, se plait-on à répéter dans le circuit diplomatique, il n'a que des intérêts permanents. Les Etats-Unis laisseront encore une fois Haïti « cuire dans son jus ». Est-ce que le Président Préval pourrait allier les revendications des masses haïtiennes et les intérêts de notre grand voisin du Nord ?


Alliance Bilatérale

Le rapprochement haitiano-vénézué lien, compte tenu de la tension américano-vénézuélienne, ne peut bénéficier Haïti que temporairement. En politique, l'ami de mon ennemi est mon ennemi. L'aide vénézuélienne va aider Haïti dans un secteur déterminé, mais le besoin cuisant de capitaux pour financer des projets de société va se faire sentir. Les Etats-Unis ont une influence considérable sur les Organisations Internationales (Banque Mondiale, Fond Monétaire International) et peuvent bloquer tous les prêts à Haïti et par contre bloquer la marche économique du pays.

En conclusion, le gouvernement de Préval est un gouvernement sacrifié avant même son mandat et son inauguration. Pourrait-il le sauvegarder et laisser une empreinte sur le pays. Oui, mais il lui faudrait la dextérité de Bill Clinton, les valeurs intrinsèques de Nelson Mandela et le despotisme éclairé d'Henri Christophe, le Roi Bâtisseur.

LeGrand P. Salvant, MBA
USA.

legrandsalvant@sbcglobal.net

vendredi 28 décembre 2007

Reprise des activités au port de Cap-Haïtien.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr
, reseaucitadelle@gmail.com
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(Nous invitons nos lecteurs à revivre- en photos - le mouvement de protestation à l’A.P.N. du Cap-Haïtien, au bas de la page d’accueil de notre blog : www.reseaucitadelle.blogspot.com)

Lundi 24 décembre 2007, le Directeur Général de l’Autorité Portuaire Nationale a relancé les activités du port de la ville du Cap-Haïtien.

En effet, depuis le dimanche 23 décembre 2007, une délégation composée de plusieurs personnalités dont le Directeur Général de l’A.P.N. Jean Evans Charles et le Ministre chargé des relations avec le parlement Joseph J. Jasmin, a visité la ville du Cap-Haïtien en vue de trouver un terrain d’entente entre les grévistes, l’administration du port et d’autres notables concernés par la situation de blocage du port.

Une rencontre a eu lieu au bureau de la délégation avec les représentants du syndicat qui ont finalement décidé de reprendre le travail. Ils avaient promis de nettoyer le périmètre du port en enlevant les détritus jetés durant la protestation. Pour la Direction Générale de l’Autorité Portuaire Nationale, il s’agit d’accorder une augmentation substantielle de salaire faisant ainsi droit à la principale revendication du syndicat. Les salaires du mois de décembre 2007 et les bonis seront calculés sur la base de cette augmentation.

Depuis le lundi 24 décembre 2007, le port a effectivement repris ses activités. Les employés ont nettoyé l’espace comme promis. Les chèques sont prêts comme convenu. Le directeur Jean -Renet Latortue travaille avec la Direction Générale en vue d’augmenter les revenus du port régional de Cap-Haïtien, de le permettre de couvrir ses frais et d’éviter de nouvelle crise. Ce dernier n’est pas perçu dans l’enceinte du port. On lui aurait demandé d’observer un profil bas pour permettre au gouvernement de détecter les mains politiques, une fois les revendications administratives traitées. Toutefois, son chef de Cabinet Ossé Daniel assure la coordination avec le personnel administratif préposé pour le règlement des engagements de l’administration centrale. Le directeur Général avait aussi promis qu’il n’y aurait pas de sanctions ni transferts. Tout le monde reste à sa place et le port doit reprendre ses activités.

Grâce au travail de citoyens avisés, le problème du Port de la ville du Cap-Haïtien a été résolu administrativement sans pression politique externe. Sachant que les mobiles qui avaient motivé des groupes politiques à assiéger le port sont toujours présents, le citoyen ne baissera pas sa garde. Les élections sénatoriales arrivent, les rétrogrades n’accepteront pas de si tôt une approche non partisane dans la gestion des dossiers de l’Etat, surtout qu’en il s’agit d’administration juteuse comme l’A.P.N. Le service de la poste du Cap-Haïtien n’a pas de directeur. C’est le même cas pour la direction des affaires sociales. On n’a pas vu jusqu’à présent de mouvements venant de groupes politiques pour le contrôle de ces administrations de l’Etat. Il est clair que l’argent est le principal motif de ces agitateurs qui ont tenté de prendre les revendications légitimes des employés du port de Cap-Haïtien comme couverture.

Nous invitons, encore un fois, nos lecteurs à revivre- en photos - le mouvement de protestation à l’A.P.N. du Cap-Haïtien, au bas de la page d’accueil de notre blog : www.reseaucitadelle.blogspot.com

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
26 décembre 2007

lundi 24 décembre 2007

BILAN DE L’ANNEE 2007


Par Michel Soukar
Soumis à Réseau Citadelle le 22 décembre 2007
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2007 : une année caractérisée par la confusion, la propension au conflit et au scandale. Ce bilan analyse le comportement des institutions et des acteurs clés de la vie nationale. Celui de l’année 2007 est mitigé.

1. Sur le plan politique : le bilan est mitigé

Selon la revue américaine « Politique Etrangère » et l’organisation dénommée Fonds pour la Paix, Haïti occupe la huitième place au classement des États faillis. Notre pays vient juste après la Côte d’Ivoire, le Soudan, la République Démocratique du Congo, l’Iraq et la Somalie. Trois indices et douze critères déterminent ce classement. Il s’agit des indices de perception de la corruption, de compétitivité et de développement humain.

Les critères sont notamment : la pression démographique, le phénomène des réfugiés et des personnes déplacées, les rivalités et querelles entre groupes sociaux, l’exode des cerveaux et la fuite des élites locales, les inégalités de développement, le déclin économique, la disparition de la légitimité de l’État, l’absence ou l’insuffisance de services publics, le respect des droits humains, le maintien de la sécurité des citoyens, les querelles entre les élites et l’intervention de pays étrangers. Le décor est planté.

L’année 2007 débute et se termine dans la confusion. Le premier Jour de l’An correspond à la Célébration de l’indépendance d’Haïti. Le Président de la République, René Garcia Préval, rate son message à la nation, prononcé sur la Place d’Armes des Gonaïves. Des individus non identifiés endommagent la génératrice et affectent le système de sonorisation. Le Président a du le terminer au Palais National.

a. Pouvoir exécutif


Le chef du Pouvoir Exécutif débute mal l’année 2007. Il ne dispose pas d’un agenda clair. Il place l’année 2007 sous le signe de la lutte contre la corruption et de la stabilisation du pays. Monsieur Préval a tout l’air d’un équilibriste.

Il multiplie les rencontres avec les dirigeants de partis politiques représentés au Parlement, les parlementaires, les gens d’affaires et certains syndicalistes. Il forme des commissions pour réfléchir sur les grandes questions d’intérêt commun. En diplomatie, il essaie de tirer parti des tensions et contradictions existant entre les Etats-Unis, Cuba et le Venezuela.

Le Président Préval voyage beaucoup. Il participe aux réunions aussi bien de la Caricom que de celles de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) qui regroupe le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et l’Équateur. Il accueille le Programme PetroCaribe de vente de pétrole a des conditions de faveur au même titre que la proposition américaine de transformer Haïti en pays producteur d’Éthanol. Cette dernière proposition est soutenue également par le Président brésilien Luiz Ignacio Lula Da Silva.

Sous la présidence de Preval, Haïti est membre, observateur ou invité spécial dans plusieurs regroupements : Caricom, ACP-UE, pays non-alignés, ALBA, etc. Il flirte aussi bien avec Taiwan qu’avec la Chine continentale. ALBA promet de financer la construction d’une raffinerie de pétrole et de deux centrales électriques, une aux Gonaives et l’autre au Cap-Haïtien. Pourtant, la diplomatie haïtienne n’arrive pas à transformer ces promesses en projets, susceptibles de changer les conditions de vie de la population.

De plus, comme c’est le cas au Venezuela, en Bolivie et en Équateur, le Président Préval désire modifier, amender ou changer la Constitution de 1987. Cette constitution, déclare-t-il, est une source d’instabilité. Il a confié la mission d’évaluer ses forces, faiblesses et contradictions à l’historien Claude Moïse et au politologue Cary Hector. Ces derniers ont déjà remis leur rapport. Cependant, les opinions divergent quant à l’opportunité, l’urgence et la pertinence d’une telle réforme. Ignorant les intentions réelles du Président, les politiciens disent oui, mais recommandent qu’elle suive la procédure tracée dans cette constitution.

En outre, le Programme d’Apaisement Social (PAS), évoqué dans la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis n’a pas fait recette. Il est mis aux oubliettes. Maintenant, le Premier Ministre et son gouvernement gèrent les urgences. Il vit sous la menace constante d’un vote de censure du Parlement.

Le mandat du tiers (1/3) du Sénat arrive à expiration. Des élections pour son renouvellement auraient du être organisées a la fin de l’année 2007. L’Exécutif choisit de faire passer le temps pour au moins trois raisons : l’incertitude des résultats, la mise en place des assemblées territoriales et la formation du Conseil Électoral Permanent.

L’Exécutif semble craindre les résultats des élections pour le renouvellement du tiers du sénat et le remplacement du sénateur Noël Emmanuel Limage de l’Artibonite. Amputé de onze membres, il sera plus difficile au Sénat de censurer la politique du Gouvernement. Le gouvernement préfère avoir une loi régissant le fonctionnement des collectivités territoriales avant la formation des Assemblées. Ces dernières vont peser lourd sur le budget. Elles risquent d’ajouter à la confusion actuelle.

Selon la Constitution, le Conseil interdépartemental participe aux réunions au Conseil des Ministres et à l’élaboration du Budget de la République. Il joue un rôle important dans la Formation du Conseil Électoral Permanent. Ce dernier participe à la formation de la Commission de Conciliation.

L’Exécutif choisit la fuite en avant. Profitant des dissensions existant au sein du Conseil Électoral Provisoire, présidé par Max Mathurin, le Président Préval entame des discussions avec de nombreux secteurs et organisations dont celle des handicapés et le secteur populaire. Un nouveau Conseil Électoral Provisoire est formé avec le mandat d’organiser les élections pour le renouvellement du tiers du sénat, le remplacement du sénateur Limage ainsi que les élections indirectes pour la formation d’assemblées territoriales.

Les observateurs constatent que l’Arrêté de nomination ne conditionne pas la fin du mandat de ce énième conseil Électoral Provisoire à la formation de celui permanent. Rappelons que la Constitution de 1987 prévoit dans ses dispositions transitoires l’existence d’un seul Conseil Électoral Provisoire (CEP). Le Commissaire du Gouvernement près le tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Me Claudy Gassant s’est même arrogé le droit de convoquer 3 des conseillers électoraux au Parquet de ce ressort. Selon lui, seuls les conseillers permanents sont passibles de la Haute Cour de Justice.

Le Président Préval fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille pour l’année 2007. D’anciens administrateurs de la SOCABANK, soupçonnés de malversations ayant conduit à la faillite frauduleuse de cette banque, sont jetés en prison. Parmi eux, se trouve le PDG de la Haitel, Franck Ciné. Quelques mois plus tard, le Commissaire du Gouvernement près du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Claudy Gassant convoque Fritz et son fils David Brandt au Parquet. Après leur interrogatoire, il les envoie au Pénitencier national et défère l’affaire au Cabinet d’instruction. Ils sont suspectés de commission de faux et usage de faux au préjudice de l’Administration Générale des Douanes.

Une histoire de commande et de livraison d’un camion pour le compte d’un certain Larco est à la base de cette arrestation. Des fonctionnaires de douane et des employés de la Compagnie haïtienne des Moteurs sont placés également derrière les barreaux. Après trois mois d’instruction, délai rarement respecté, le juge émet une ordonnance de non lieu en faveur de Fritz Brandt. Les indices sont insuffisants pour le retenir. Par contre, David est retenu. Ses avocats interjettent appel. Il est libéré sous caution. Les autres co-inculpés sont maintenus en prison. D’autres commerçants sont également convoqués au Parquet. Parmi eux, Réginald Boulos a passé la journée au Parquet à attendre le Commissaire du gouvernement.

Maintenant, le Parquet de Port-au-Prince loge dans un coquet bâtiment à Lalue. Ce qui cadre mieux avec les blindés de notre commissaire Ce dernier est en conflit avec la moitié de la ville. Il a eu maille à partir avec Michaël Lucius, le juge Jean Carves, le juge de Paix de Carrefour, l’ancien juge de Paix Hériveaux, Mario Andrésol et Garry Pierre-Paul Charles sans mentionner un autre journaliste qu’il fait placer en garde à vue au sous-commissariat de Delmas 60. Son refus de répondre à une invitation du sénat a failli coûter leur poste au Ministre de la Justice voire au Premier Ministre.

b. Le pouvoir législatif

La rentrée parlementaire s’est effectuée, sur fond de tension, en présence du Président de la République et du Premier Ministre. Selon la Constitution, le Pouvoir Législatif fait des lois sur des objets d’intérêt public. L’initiative en appartient à chacun des deux (2) chambres ainsi qu’au pouvoir exécutif. La performance du Parlement se mesure par le nombre de séances tenues, le nombre de lois votées, le nombre de traités, d’accords et de conventions ratifiés ainsi que par la qualité des débats. Sur ce point, le bilan du parlement en 2007 est maigre.

Quand le parlement n’est pas lui-même source de conflit, il passe le plus clair de son temps à en rechercher ailleurs. La chambre des députés sanctionne la gestion du Ministre de la Culture Daniel Elie et le destitue, sous prétexte de gabegie administrative et de présomption de détournement de fonds. Daniel Elie, qui a reçu jusqu’au bout le soutien de son ami René Préval a été blanchi par l’enquête de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCA) sur sa gestion pendant son passage à la tête du Ministère.

La vraie raison du renvoi de Monsieur Elie en est qu’il n’a pas voulu répartir les cent millions de gourdes prévus dans le budget pour l’organisation et le financement du carnaval entre les dix départements géographiques du Pays. Comme d’habitude, le carnaval s’est déroulé à Jacmel et à Port-au-Prince. Daniel Elie sait mieux que les parlementaires que la réussite du Carnaval, comme produit touristique, réside dans sa concentration et non dans sa dispersion. Au Brésil, il est organise à Rio de Janeiro ; en Allemagne, à Cologne ; en Italie, à Venise. A Trinidad, le carnaval se déroule à Port of Spain.

Ce qui a peut être choqué le Député Steven Benoît de Pétion-Ville c’est la rapidité avec laquelle la CSCA a rendu son rapport. Il attend depuis longtemps un arrêt de débet sur le scandale des fonds détournés au Ministre des Affaires Étrangères. Par contre, son vacarme autour de la vente de pseudo matériels et équipements du Centre National d’Équipements a porté fruit. Le Directeur du CNE, Monsieur Alex Lorquet est en prison. Le Ministre des TPTC, Frantz Verella qui a perçu des honoraires comme consultant au CNE a essuyé les salves du sénateur Youri Latortue. Il a tenu bon en faisant publier dans les colonnes de quotidiens à grand tirage le sommaire de son rapport de mission.

Puis, le Député Benoît questionne la gestion du Bureau de la chambre basse. Il est à couteaux tirés avec le Questeur. Quant au Sénat, il a voté quatre (4) résolutions douteuses : une pour empêcher la cession d’actifs et passifs de la Socabank à la BNC, une deuxième pour bloquer la convocation de Réginald Boulos, la troisième pour interpeller le Premier Ministre et la quatrième pour menacer le Premier Ministre de renvoi si le Commissaire du Gouvernement, Me Claudy Gassant n’obtempère à son invitation

La première résolution, votée à la lueur des réverbérations de téléphones cellulaires, est dénoncée par le sénateur Jean Gabriel Fortuné. Ce dernier crie au scandale. Il en profite pour accuser certains parlementaires de corruption, de trafic de drogue et de trafic de visas. Ces déclarations fracassantes ont causé beaucoup d’émoi au Sénat. Le grand corps forme une Commission d’enquête, composée de 3 membres : les Sénateurs Edmonde Supplice Beauzile (Centre), Yvon Buissereth (Sud) et Francois Fouchard Bergome (Artibonite).

Le troisième sénateur du Sud n’a pu apporter les preuves pour corroborer ses dires. La Commission présente un rapport de carence. L’assemblée rejette sa recommandation d’introduire l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) dans l’affaire. Le Parlement est un pouvoir indépendant qui ne saurait tolérer l’intervention d’un bras de l’Exécutif. Ce faisant, le Sénat rate l’occasion de laver une souillure.

La saga des scandales s’est poursuivie avec l’affaire de Tiburon. Le Président du Sénat, Joseph Lambert, est accusé de posséder un navire. Ce dernier aurait fait naufrage au large de Tiburon alors que se déchargeait une cargaison de drogue sur une piste d’atterrissage clandestine. La principale victime de ce scandale est son père qui en a payé de sa vie. Le sénateur Lambert a profité des funérailles émouvantes à la Cathédrale Saint Jacques et Saint Philippe de Jacmel pour dénoncer des adversaires politiques qui, dit-il, veulent salir son image.

Enfin, il est scandaleux de rappeler que les parlementaires ont accepte de recevoir des fonds de l’Exécutif, en échange du vote du budget rectificatif 2006-2007. A la fin de l’année 2007, le député de Jérémie dit se mettre à couvert par suites de menaces de mort, pretend-il.

c. Le pouvoir judiciaire


Ce Pouvoir franchit en 2007 un pas sur le long et difficile parcours conduisant à son indépendance et à sa séparation de l’Exécutif. Trois (3) projets de loi : un sur le Conseil Supérieure du Pourvoir Judiciaire, un deuxième sur le statut de la Magistrature et le troisième sur le statut de l’École de la Magistrature, sont votés par le Parlement. Parallèlement l’Exécutif multiplie des gestes de bonne volonté en faveur de l’amélioration des conditions de travail des Magistrats. Apres avoir commandité la formation d’une Commission sur la réforme de la justice et une sur détention préventive prolongée, le Président de la République a visite deux fois en un mois le Palais de Justice.

Les deux commissions ont remis leur rapport. Des décisions sont prises par de nombreux parquets dans plusieurs juridictions en vue de libérer les détenus qui ont passé un temps supérieur à la durée de la peine s’ils étaient jugés et condamnés. A Port-au-Prince, des organisations de protection et de défense des droits humains critiquent cette façon de faire. Nous ne mentionnons pas le scandale des magistrats sur le payroll de l’UCREF.

De plus, le Président Préval a pris la responsabilité de relancer les procès des journalistes assassinés depuis des années. Une commission indépendante de journalistes, conduite par Guyler C. Delva, s’active pour que ces journalistes obtiennent justice. A date, deux des présumés assassins de Jacques Roche sont condamnés à la Prison à Vie. Il en est de même de deux des présumés assassins du journaliste Brignol Lindor. Des organisations de droits humains et des associations de journalistes voient le verre à moitié vide. Elles critiquent. Guyler C. Delva voit le verre à moitié plein. Il applaudit.

Cette commission tente de réanimer le dossier de Jean Dominique et de Jean Claude Toussaint, assassinés en avril 2000. Sept ans plus tard, ce dossier est comparable soit à un malade placé sous respiration artificielle, soit à une bouteille d’alcool restée ouverte ou à une bouteille de parfum restée ouverte. Et l’alcool et le parfum sont frelatés. Un arrêt de la cour de cassation infirmant en partie l’ordonnance de renvoi du juge Bernard Saint-Vil maintient ce dossier en vie artificiellement. Plusieurs juges d’instruction se sont dérobés. Actuellement, un juge d’instruction essaie de réaliser un miracle. Il tente de reconstituer le puzzle.

L’ancien Major et sénateur Dany Toussaint est invité à comparaître à titre de témoin. Un ancien chef de la Direction Centrale de la Police Judiciaire est écroué au Pénitencier National. La convocation du Directeur Général de la PNH, Mario Andrésol, fait couler beaucoup de salive. Ses avocats crient à la violation des procédures. C’est un grand fonctionnaire. Comme si Jean-Yves Noel, le Directeur Général de l’UCREF, envoyé en tôles par le magistrat Jean Peres Paul ne l’était pas.

En 2007, la République d’Haïti compte 18 juridictions de justice avec la mise en fonctionnement de juridictions de Miragoane et de la Croix-des-Bouquets. Il importe que ces juridictions soient bien pourvues en ressources humaines, matérielles et financières. Il importe également de mettre en place un inspectorat général indépendant pour superviser le travail des magistrats et évaluer leur performance annuelle, en termes de régularité au tribunal, de rédaction de jugement dans les délais requis, de nombre et de qualité de décisions rendues et infirmées.

d. Insécurité

L’année 2007 est aussi celle de l’insécurité. Très intense au début dans les quartiers de Cité Soleil, de Pelé, Fort tout Rond et Martissant, l’insécurité refait surface en fin d’année avec la recrudescence des actes d’enlèvement. Les victimes de l’insécurité se retrouvent dans toutes les de la société haïtienne. Quelques exemples pour illustrer :
· L’Architecte Nadim Hyppolite William, est tuée par balles à sa sortie de bureau à Pétion-Ville ;
· Henri Robert Laforest, responsable d’une compagnie de sécurité, est tué par balles à Pétion-Ville ;
· Alix Joseph, directeur d’une Station de Radio aux Gonaives, est tué par balles dans cette ville ;
· François Latour, acteur et publiciste est enlevé puis tué par ses ravisseurs à Delmas.

Le kidnapping cible maintenant les femmes et les enfants. Les libérations s’obtiennent à coups de rançon, suite à des négociations laborieuses impliquant de nos jours la MINUSTAH et la PNH. Plus d’un pensait que l’insécurité était sous contrôle avec la capture exceptionnelle des chefs de gangs de renom comme Evens Jeune dit ti Kouto, Pierre Belony et son adjoint Alain Cadet, Emmanuel Milord, alias Billy et la mort de Charles Junior dit yoyo piment, sans mentionner la prise de contrôle du fief d’Amaral Duclona à Cité Soleil par les troupes de la Minustah.

La question de l’armée refait surface chaque fois que l’on se rapproche du vote du Budget rectificatif provisoire. Finalement, l’Exécutif forme une commission composée de Patrick Elie, du professeur Roger Petit-Frère, Georges Michel, Suze Mathieu, Rodrigue Crevecoeur et Jodel Lessage. Elle a un an pour réfléchir et remettre son rapport. Les parlementaires favorables au retour de l’armée se calment (Pozé !).

e. MINUSTAH

Selon le Ministre des Affaires Étrangères du Pérou, la MINUSTAH doit atteindre tous ses objectifs avant de partir. Nous en doutons fortement, surtout en ce qui concerne l’UNPOL dont la majorité des membres, au gras salaire, ne parlent ni francais ni francais ni creole et qui donc n’apprennent rien à la PNH.

Au début de l’année 2007, un autre général brésilien, Carlos Alberto Dos Satnos Cruz, succède à José Elito Carvalho Siqueira aux commandes des forces militaires de la MINUSTAH. Son assistant uruguayen est rappelé pour avoir critiqué l’armée de son pays. Il risque la Cour Martiale. Le 15 février 2007, le mandat de la mission est renouvelé pour 8 mois.

Les visites de Secrétaire Général de l’ONU en Haïti sont devenues un rituel depuis plus d’une décennie. Après Boutros Boutros Ghali et Kofi Annan, c’est le tour de BAN KI MOON de visiter Haïti en 2007. Ces visites ont souvent lieu à la veille de la date d’expiration du Mandat de la MINUSTAH.

Depuis octobre, ce mandat est prorogé pour un an. Entre temps, le Diplomate guatémaltèque Edmond Mulet laisse sa place au diplomate tunisien, Heidi Annabi. Il s’agit d’une substitution de poste entre ces 2 diplomates. Mulet remplace Annabi comme Assistant Secrétaire Général des Nations-Unies pour la mission de maintien de la Paix.

De nombreux scandales sont susceptibles d’affecter l’image de la Mission. Quand ce ne sont pas des soldats qui agressent des femmes et des filles haïtiennes, c’est le Washington Post qui dénonce la corruption au sein de cette Mission. Ce qui montre que la corruption est un phénomène de société qui transcende les frontières haïtiennes.

La MINUSTAH se dit prête à déloger les bandits de Cite Soleil et de Martissant. Il ne faut pas oublier non plus la lutte contre le trafic des stupéfiants menée conjointement avec la PNH. Cette année, il y a eu des saisies extraordinaires de drogue. Les arrestations qui en ont suivi impliquent aussi bien des civils que des policiers, aussi bien des haïtiens que des étrangers. Les trafiquants les plus notoires sont transférés aux Etats-Unis d’Amérique, conformément à l’Accord signé par le Président Préval avec la Secrétaire d’Etat, madame Madeleine Albright, lors de son précédent mandat.

f. La Communauté Internationale

Haïti reste un sujet de préoccupation pour la communauté internationale. En 2007, le pays a reçu la visite d’autres grands dignitaires étrangers. Le Président Hugo Chavez a mobilisé des foules lors de sa visite de quelques heures à Port-au-Prince, en compagnie du Vice-Président cubain. Le Premier Ministre canadien Stephen Harper est venu renouveler l’engagement du Canada à accompagner Haïti sur la voie du progrès, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.

A la fin de l’année 2007, l’ambassade d’Allemagne annule un concert qu’il organisait le 18 décembre à la salle Sainte Cécile de l’école Sainte Trinité pour des raisons de force majeure. On apprend qu’une citoyenne allemande, travaillant pour la Banque Mondiale, a été enlevée.

g. Les Partis Politiques

Les partis politiques ne sont pas passés inaperçus au cours de l’année 2007. Deux regroupements, la Convention et le Conseil National des partis politiques ont organisé des colloques dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. L’ancien Président Leslie François Saint-Roc Manigat passe le maillet à sa femme, Mme Myrlande Hyppolite Manigat, à la tête du RNDP. Décision que certains analystes politiques jugent tardive.

Duvaliéristes et Lavalassiens se mettent à rêver du retour prochain de leur leader respectif. Jean-Claude Duvalier délivre un message à la nation depuis son exil parisien. Parallèlement, le gouvernement haïtien obtient la poursuite du gel de ses avoirs dans les banques suisses. Enfin, après le KID d’Evans Paul, c’est le MOCHRENA du Pasteur Luc Mésadieu qui est menacé d’implosion.

h. La société civile

Par contre, la société civile non marchande est en hibernation. Cette année, elle n’est même pas en mode réactif. Quid du contrat social et des fameuses propositions Haïti 20/20. Est-ce la déception ou la désillusion ?

2. Sur le plan économique, le bilan est mitigé.

Les institutions financières internationales gratifient le gouvernement d’une bonne note pour les excellents résultats de sa politique macro économique. Les indicateurs le prouvent. L’inflation est réduite à 8%. Le taux de change de la gourde par rapport au dollar s’est stabilisé dans la fourchette 36 gourdes 50- 38 gourdes pour un dollar américain. La gourde haïtienne s’est même appréciée par occasion. Les taux sur les bons BRH à 91 jours sont passés de 18% l’année dernière à 3.5% cette année. Une situation qui risque d’affecter négativement les résultats des banques commerciales de la Place.

Cependant, les bons résultats macroéconomiques ne semblent encourager ni la croissance ni l’emploi. L’économie haïtienne est en déclin. L’agriculture ne nourrit plus son homme. L’industrie d’assemblage connaît un regain d’activité. Haïti mise sur la loi Hope, adoptée au Etats-Unis, pour dynamiser la filière textile de l’assemblage et augmenter les emplois dans ce secteur. Le gouvernement forme une commission publique-privée de mise en œuvre de la loi Hope. Cette commission est présidée par la Secrétaire-Générale de la Primature Ronald Baudin.

Par contre, le gouvernement n’arrive pas à dépenser l’argent prévu dans son budget d’investissement. A six mois de la fin de l’année fiscale 2006-2007, moins de 20% du Budget était dépensé. C’est un paradoxe dans un pays où toutes les infrastructures sont défectueuses. Le Ministre de TPTC, l’ingénieur Frantz Vérélla, ne cesse de parler de maillage routier. Toutes les routes nationales sont en mauvais état. Celles conduisant au Cap-Haïtien et à Port-de-Paix sont exécrables.

L’EDH n’a pas même les moyens de payer le salaire de son personnel. La production de l’énergie électrique est confiée à des firmes privées qui gèrent les centrales thermiques et revendent le Kilowatt-heure de courant à prix fort à l’État. Les abonnés ne paient pas leur bordereau. Même Jacmel, présenté comme une histoire à succès, connaît le rationnement du courant électrique. Jusqu'à date, les gestionnaires de la centrale résistent à l’idée de répercuter le prix du carburant aux consommateurs. Il n’y a pas moyen de se réapprovisionner. Les recettes sont trop faibles.

Le secteur des Télécommunications figure parmi les plus dynamiques de l’économie. La Digicel dessert plus d’1 million d’abonnés en 1 an. La Téléco est à la traîne. Elle est sur le point d’être privatisée. Actuellement, elle subit une cure d’amaigrissement. Le personnel est renvoyé par millier. Grèves et manifestations bruyantes s’en suivent.

D’autres facteurs affectent la compétitivité de l’économie haïtienne. Citons par exemple, l’augmentation continue du prix du pétrole sur le marché international et les intempéries. Le prix du Baril de pétrole est passé de 53 dollars américains à près de 100 dollars. Il en est résulté des augmentations du prix de l’essence à la pompe. Pour produire des biens et services, les entreprises recourent à au moins 3 sources d’énergie : le solaire, la génératrice et les batteries d’inverter. Le coût de production de biens et services devient prohibitif.

Cette année, le pays est durement frappé par les intempéries. Dans le Sud, la plaine des Cayes et les communes environnantes sont inondées. Dans l’Ouest, la section communales des Orangers et une partie de la ville de Cabaret sont inondées. La tempête tropicale Noël n’a pas épargné la Plaine du Cul-de-Sac. Paradoxalement, au mois de décembre, la tempête tropicale Olga frappe le Nord du pays. Les eaux en furie emportent tout sur leur passage. Toutes ces catastrophes naturelles affectent durement l’économie paysanne.
En conséquence, les prix des produits de première nécessité s’en ressentent. Les promesses d’aide financière sont mirobolantes. Mais les guichets des bailleurs de fonds restent fermés. N’était-ce la diaspora haïtienne à l’étranger, la majorité des familles haïtiennes ne saurait à quel saint se vouer pour payer le loyer, l’écolage des enfants, se vêtir et se nourrir. Cette situation de marasme économique a d’énormes conséquences sur le plan social.

3. Sur le plan social : le bilan est négatif.

Malgré l’amélioration du score d’Haïti dans le rapport du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) sur l’indice de développement humain dans le monde, la population haïtienne boucle l’année 2007 dans l’angoisse, dans la peur, le dénuement et la misère.

Les intempéries ont fortement frappé le pays au cours de l’année 2007. La population a payé un lourd tribu, suite aux inondations résultant des tempêtes tropicales Dean, Noël et Olga.

Une bonne partie de cette population vit avec moins d’un dollar américain, soit moins de 36 gourdes 50, par jour. Plus de 60% de la population active sont au chômage. La vie chère la tenaille. Malgré les refoulements, déportations et rapatriements en masse, elle n’hésite pas à risquer sa vie en haute mer sur de frêles esquifs. Le rapport de la CNUCED estime à 80% le pourcentage de la fuite de cerveau en provenance d’Haïti.

Les réponses ne sont pas nombreuses et les tentatives de solution inadaptées. Le gouvernement a élaboré un document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté. L’église catholique s’en remet à la Vierge. Sa procession mobilise plus de 100.000 fidèles. Wyclef Jean lui emmène Akon. Les deux offrent un concert au Champ-de- Mars. L’ambiance et la participation n’ont rien à envier au carnaval. La solution réside-t-elle dans le rap et la charité publique ?

CONCLUSION

Cette année, le Bilan innove en jetant les bases de la désignation de la Personnalité de l’Année 2007. Il y a un demi-siècle, ceux qui occupaient ce poste, se faisaient remarquer par leur compétence et leur érudition. Ils nous ont habitués à des envolées oratoires mémorables dans des procès tout aussi célèbres. Ce choix est basé sur la capacité du personnage à générer des conflits.

Notre personnalité est dépourvue du sens de l’exercice de l’autorité. Elle n’a de respect que pour le Président de la République. Avec elle, c’est la l’arrogance. D’aucuns prétendent que ce personnage n’a pas le temps pour étudier et préparer des dossiers. Il ne siége pas au tribunal ni pour donner compétence à celui-ci ni pour soutenir l’accusation au non de la société. C’est un grand fonctionnaire qui permet, par ses frasques, de reléguer au second rang les dossiers sérieux du pays. Ce qui fait les délices de la presse à sensation. Le lectorat et l’auditoire disposent de suffisamment d’indices pour proclamer cette personnalité de l’année 2007.

Pour 2008, souhaitons que l’haïtien puise dans ses réserves ce supplément de courage et de grandeur d’âme qui lui permettront de vaincre la peur et de se lancer vers la conquête de la liberté. Sinon, Haiti aura définitivement choisi la médiocrité pour destin.

Michel Soukar, décembre 2007.

dimanche 23 décembre 2007

Cap-Haïtien : Le syndicat du port rejette le code ISPS.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti

48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com


Ce vendredi 21 décembre 2007, à l’Emission AVEC L’OPINION, Lesly Cherfils et Ronald Valmyr, respectivement Président et porte-parole du syndicat de l’A.P.N. (Autorité Portuaire Nationale), ont rejeté le code ISPS* sur la sécurité des ports internationaux. D’après Lesly Cherfils, le code ISPS n’est qu’un moyen pour les grands commis de l’Etat de renforcer leurs privilèges sur les ports, d’interdire au petit peuple l’accès, réduisant ainsi les marges de manœuvres économiques des plus pauvres. Le chef de file des grévistes qualifie les délégations étrangères, qui supervisent l’application du code, d’imposteurs, des mulâtres de Pétion ville utilisés par le Directeur Latortue pour justifier ses mesures restrictives.

Ronald Valmyr, capitaine du port, a enchaîné en critiquant l’administration du port qui, avec un petit groupe d’employés, essaie de relancer les activités en organisant le débarquement de bateaux durant la nuit.

Faut-il signaler que le corps de sécurité du port a lancé ce vendredi 21 décembre 2007, son mouvement de protestation en vue de réclamer le paiement du mois de décembre. Il a demandé à tout le monde de quitter le port ; les employés grévistes n’ont plus la possibilité d’y accéder. Les agents du corps de sûreté entendent ainsi reprendre le contrôle des lieux et du même coup exiger leur salaire vu que depuis le 29 novembre 2007, ils sont en état d’alerte, travaillant jours et nuits pour ne pas livrer le port au pillage. Selon leur déclaration dans la presse, ils n’entendent affronter ni la police ni la MINUSTAH. Si le gouvernement refuse de résoudre le problème et de leur verser leur salaire, ils déposeront les armes et livreraient le port à la populace.

De son coté, Elusca Charles donne au gouvernement jusqu’au 24 décembre 2007 pour rappeler le maire Michel Saint-croix à l’ordre et relancer les activités du port de la ville du Cap-Haïtien.

En effet, le 18 décembre 2007 à notre émission AVEC L’OPINION, sur Radio Kontak Inter 94.9 FM, Elusca Charles, porte parole dans le Nord de l’O.P.L. (organisation du Peuple en Lutte) et coordonnateur de l’organisation paysanne ‘‘Siklòn Van vante’’ de Limbé, s’est prononcé contre cette situation de blocage du port de la ville du Cap-Haïtien. Selon Elusca Charles, il est clair que le mouvement est politique. Si le gouvernement de Jacques Edouard Alexis n’est pas complice de cet état de fait, il devrait ordonner à la police et à la justice de prendre leur responsabilité tout en négociant avec les employés qui le souhaitent afin de relancer les activités du Port. Il est inconcevable que le gouvernement laisse un maire en délire bloquer les activités du port au mépris des centaines de milliers de familles qui en souffrent, du commerce et des recettes de l’Etat.

D’après les observateurs, le gouvernement PREVAL/ALEXIS, toujours dans sa logique de centraliser le commerce au profit de grands commerçants proches du pouvoir, n’a aucun intérêt à résoudre la crise. La grève des employés du port du Cap-Haïtien va dans le sens de cette politique économique et fiscale, vu qu’on reproche aux commerçants des villes de province des pratiques de contrebande et d’évasion fiscale. Le gouvernement qui avait, dans une note rendue public au mois de novembre 2007, fait obligation aux commerçants du Nord de payer leur bordereau de douane à Port-au-prince, en tire une fermeture de fait du port du Cap-Haïtien. Car cette grève renforce la déception des importateurs qui fréquentent Cap-Haïtien, le second Port international d’Haïti. Ils n’auront d’autre choix qu’à faire passer leurs marchandises par la capitale Port-au-prince.

Comme nous l’avons signalé dans l’un de nos textes sur la situation du secteur privé capois, l’international fait obligation à l’Etat haïtien de renforcer ses capacités et de collecter les 15% de taxes - en moyenne - qui devraient lui revenir sur les biens et services importés. Si Haïti arrive à collecter ces fonds, il pourrait financer une grande partie de son budget. Sur la frontière haïtiano-dominicaine, il est de plus en plus difficile de faire passer un camion de marchandises. Car il faut avoir un papier dénommé AV qu’on ne peut trouver qu’à Port-au-prince.

Pour vous dire que les grévistes du port de la ville du Cap-Haïtien, supportés par le maire Michel Saint-Croix, rendent un grand service à l’Etat central qui opte pour la centralisation des importations. Le déblocage du port de la ville du Cap-Haïtien n’est pas une priorité pour René Préval. Les commerçants cherchent déjà de nouveaux fournisseurs à Port-au-prince pour des produits comme le sucre, la farine, le riz, le fer. Ils entendent s’approvisionner comme au temps de Jean-Claude Duvalier. Cap-Haïtien est sur le point de devenir un port de cabotage. C’est ce qui arrive quand on a un gouvernement de monopoles, un maire autiste et des syndicalistes incapables de mener en toute indépendance un mouvement de revendication salariale ou de négocier une win win situation. L’extrémisme étant la maladie infantile de notre nation, la principale cause de notre instabilité politique chronique, on peut toujours compter sur nos agissements pour prétexter notre mise sous tutelle. Les déclarations du Président du syndicat des employés dans la presse contre le code ISPS ne font que renforcer ceux qui souhaitent rétrograder le port du Cap-Haïtien.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
22 décembre 2007


* Code ISPS (Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires)

jeudi 20 décembre 2007

ELECTIONS SENATORIALES: LE PLAN DE PREVAL ET JACQUES BERNARD.


Source : http://www.omegamilitaryconsultant.com/news/publish/article_1187.html
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Dec 18, 2007, 10:17

Novembre 2006


Les hommes politiques rancuniers et tetus n'apprennent jamais rien. Ils sont comdamnes a repeter les memes erreurs. Le 6 Avril 1997 Preval voulait manipuler les elections il n'a pas reussi. En Janvier 2008 il pense revenir a la charge et imposer les resultats des elections senatoriales fabriquees. Preval a besoin des 11 senateurs pour concretiser son coup d'etat contre la constitution. Deux initiatives sont en cours. Une premiere pour s'attaquer aux individus qui peuvent gagner les elections et leurs sponsors. La deuxieme prendre le controle du CEP pour manipuler les resultats des elections. Dans l'execution de la premiere initiative, il s'attaque a plusieurs secteurs. Il essaie d'endormir Chavannes Jeune pour avoir le senateur du Sud et manipuler le choix du membre du CEP. Malheureusement pour Preval beaucoup de partis ont deja decide qu'ils n'enverront personne en face de Fortune. Pour le Sud son choix semble se porter sur un vendeur de drogue connu sous le nom de Mathelier. La Grande Anse, il compte sur Clerie, alors qu'Andris Riche ide l'OPL a deja son poulain. Nous ne savons pas encore les pieges prepares pour Andris Riche. Sera-t-il victime d'un kidnapping ordonne et execute par Amaral Duclona qui se trouve dans la Grande Anse? Dans l'Artibonite LAA est imbattable ils obtiendront les deux postes de Senateur. Des accusations et attaques sont prevus contre les leaders du LAA. Claudy Gassant sera utilise pour mener ces attaques politiques sous une courverture legale. Preval a choisi le lavalassien qui etait le premier senateur lors des elections truquees du 21 Mai 2000 comme son candidat pour le Nord Est. Il a d'ailleurs introduit ce dernier aux elus locaux lors d'une recente reunion au palais. Ce candidat ne peut pas reussir, l'homme qui a le controle politique du Nord Est est le premier senateur de la FUSION Rudy Boulos. Des manipulations politiques sont en cours pour attaquer le senateur Rudy Boulos. Preval pense utiliser Claudy Gassant et Guyler Delva membre de la commission des journalistes de Preval pour attaquer Boulos. Selon une source credible du palais le montage politico-judiciaire contre Boulos a deja commence. Pour le Departement des Nippes l'ancien ministre de l'interieur Jocelerme Privert l'un des presumes responsables du massacre de la scierie sera le candidat. Pour le Nord Ouest Luc Fleurinor ancien candidat a la presidence sera le gagnant de ces elections. Pesonne ne sait pour le moment l'affiliation politique de Fleurinor. Preval supportera le jeune frere du Senateur Joseph Lambert comme candidat pour le Sud Est. Joseph Lambert a ete affaibli par Preval lors de l'affaire du bateau contenant de la drogue dont il est le proprietaire. Preval fait de son mieux pour transformer le senateur Joseph Lambert en son agent. Le senateur du Plateau central emergera des resultats du dialogue entre la FUSION, Chavannes Jean Baptiste et l'OPL. Preval essaie de voir comment contourner cette realite par la manipulation. Le Nord est imprevisible. L'Ouest va etre l'objet de manipulations et d'affontements surant la periode pre-electoral. Le senateur Evelyse Cheron va se retirer pour raison familiale, elle ne se presentera pas aux elections. L'affaire Lovinsky et le kidnapping de Maryse Narcisse a laisse un gout amer chez Fanmi lavalas. So Ann doit decider comment aborder la question. En attendant les chimeres ont recu des instructions pour recommencer avec le kidnapping.


Pour le CEP Preval manipule les secteurs et choisit sur le volet les hommes du CEP. L'objectif est d'avoir 7 membre faibles et deux hommes forts pour mener a bien le projet. Francois Benoit trop honnete trop competent sera mis de cote avec la collaboration du secteur prive proche de Preval. Cette fois pour le coup d'etat electoral Preval pense pouvoir miser sur un homme clef pour delivrer la marchandise que Leon Manus avait refuse. Dans la tete de Preval et ses proches du secteur prive Jacques Bernard peut delivrer cette marchandise qui doit etre des resultats fabriques. La premiere etape serait faire delivrer la marchandise par Jacques Bernard en lui promettant de le nommer Premier Ministre apres. Un grand pari!


Aux yeux de beaucoup d'observateurs Jacques Bernard acceptera et marchera dans la farine. Pour d'autres il ne le fera pas . D'autres pensent qu'avec sa femme qui controle les fonds des elections et de la democratie a l'USAID en Haiti ne laissera pas faire non plus.



Personnellement je pense que Jacques Bernard ne resistera pas. Je vous invite a Kale je nou pou nou pa pran nan kou. Fok nou kale je nou pou pa genyen magouy elektoral e pou eleksyon yo lib, honet et demokratik. "an ounce of prevention is worth a pound of cure." We need to treat this situation before it descends into complete chaos.

mardi 18 décembre 2007

Le Maire du Cap-Haïtien sur Radio Vision 2000 : Vérités et mensonges.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti

48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com


Ce mardi 18 décembre 2007, le maire Michel Saint-Croix intervenait sur Radio Vision 2000 à l’espace Invité du jour. Il répondait aux questions de Valéry Numa, le présentateur vedette de l’Emission. Sous la foi du serment, prenant Dieu en témoin, Michel Saint-Croix a dit des choses pas trop conformes avec la vérité. Donc, nous tenons à faire la lumière sur ces points et permettre à nos lecteurs de comprendre la réalité.

Michel Saint-Croix : En février 2007, Rico, un agent de sécurité de l’APN avait utilisé du gaz lacrymogène contre le Maire Fritz Joseph alias Fito sans raison. Rico un ancien assaillant agissait ainsi contre Fito pour raison politique.

La vérité : Fritz Joseph le troisième membre du cartel de la Mairie, après le résultat officiel de son élection à la tête de la municipalité, décida d’accompagner les manifestants de l’EV22 (Employés Victimes du 22 février 2004 - date de la prise de la ville du Cap-Haïtien par les rebelles de Guy Philippe). Depuis la campagne électorale, le cartel Lavalas avait promis aux membres de EV22 qu’il agira en vu de permettre à tous les Lavalassiens, victimes, de regagner leur poste au port. Donc, Fritz Joseph, étant élu, se croyait pouvoir utiliser son statu de Maire élu pour permettre aux manifestants de pénétrer dans le port. Arrivé à la barrière de sécurité, il fut interpellé par Rico qui était de service ce jour là. Rico demanda au Maire de se conformer au code de sécurité, de présenter une pièce d’identité, de se laisser fouiller par le service de sûreté et d’ordonner aux membres de EV22 qui l’accompagnaient de l’attendre au dehors. Fritz Joseph refusa. Les membres de EV22 qui étaient devant le port incitèrent le maire élu en qualifiant d’humiliation les exigences de Rico. Le maire se rebella et l’agent Rico résista en utilisant sa bombonne de gaz lacrymogène.

Michel Saint-Croix : Rolex et Rico deux agents du port ont tiré sur les manifestants le 17 décembre 2007 provoquant plusieurs blessés.

La Vérité : Le corps de sécurité est le principal problème de ceux qui cherchent à renvoyer Jean-Renet Latortue. Ils n’arrivent pas à infiltrer le corps de sûreté. Techniquement, on peut perdre son temps à manifester dans la cours du port autant qu'on n'arrive pas à prendre possession du bâtiment administratif. Donc, il y a une concentration d’attaques contre les hommes jugés fidèles au directeur. Normalement, dans les anciennes opérations de déchoucage, ceux qui cherchaient à renvoyer l’administration, réussissaient facilement, à l’aide du corps de sécurité, à envahir et à prendre contrôle des installations du port. Cet état de fait met le directeur qu'on cherche à renvoyer dans une situation d’insécurité face à des hommes armés qui lui sont hostiles en partenariat avec les déchouqueurs. Donc, Rico, Rolex et Michel Magny (le chef de sécurité) sont les éléments à stigmatisés, à intimider. Comment le Mairie a-t-il pu savoir que les tirs de sommation venaient de Rolex et de Rico ? De plus, les employés du syndicat qui sont blessés le lundi 17 décembre 2007, ont été victimes d’une bousculade. Car, la sûreté du port qui avait très tôt dans la matinée, soit depuis 4hres am, pris contrôle de la barrière principale pour empêcher aux grévistes de contrôler cette position comme ils le font depuis environ deux semaines, a dû tirer en l’air pour défendre ce point de contrôle et repousser l’offensive des manifestants qui voulaient les déloger. Pris de panique, ces derniers se sont bousculés et ont pris la fuite, ce qui a provoqué blessures et fractures. Quelques minutes plus tard, des unités de la police et de la MINUSTAH sont finalement arrivées sur les lieux en vue de rétablir l’ordre. Aucun impact de balles n’a été diagnostiqué sur les personnes victimes. Alors, citer le nom d’agent de sécurité sur les ondes de Radio Vision 2000, fait montre d’une volonté d’acculer ces employés de la sûreté qui refusent de marcher dans la logique du Maire et de ses hommes contre l’administration du port.

Michel Saint-Croix : Le directeur refuse de collaborer avec la Mairie.

La vérité : Dans le Nord, le port est considéré comme une vache à lait au service des hommes au pouvoir. C’est une tradition qui remonte depuis Jean-Claude Duvalier. Les miliciens et les tontons macoutes y agissaient comme ils voulaient au mépris de l’administration. Dans les émissions sur l’APN/Nord on répète : le port à été construit pour supporter la clientèle des pouvoirs en place. Donc, collaborer est synonyme de laisser-faire ce qu’on veut avec l’argent du port. Permettre aux partisans de bénéficier de l’argent du port est l’une des promesses électorales faites par le cartel en place. Pour preuve, la seule réalisation que le maire ait été capable de citer est l’augmentation du personnel de la Mairie. De plus, le cartel en place avait fait campagne en citant nommément le nom de Jean-Renet Latortue comme un ennemi, une personne à expulser de la ville. Il avait utilisé des diapositifs pour indexer en public des entreprises privées -Hôtel Mont-Joli, Lakay Restaurant et tant d’autres - comme des bourgeois à détruire : les ennemis du peuple. Lors de l’investiture du cartel, un homme d’affaire contre qui on avait prêché la haine et qui, malgré tout, acceptait de prendre part à la cérémonie en signe d’ouverture, fut insulté par des hommes du maire dans l’enceinte même de la Maire, en brandissant des menaces fiscales : Boujoi yo pral konnen. On peut comprendre que Michel Saint-Croix n’inspire pas confiance à tout le monde.

En conclusion le Maire Michel Saint-Croix a le mérite de ne pas cacher son implication dans la violence qui perturbe les activités du port de la ville. Il a même traité Jean-Renet Latortue d’ancien directeur de l’APN/Nord. Comme nous l’avons mentionné dans nos différents textes sur le siège du port de la ville du Cap-Haïtien, il prend fait et cause, allant jusqu’à poser les conditions pour une reprise des activités.

Michel Saint-Croix : Il y a une petite possibilité de sortie de crise, si Jean-Renet Latortue accepte de collaborer. Mais cela doit se faire à la Télévision pour que publiquement, il puisse prendre l’engagement de respecter le cartel à la tête de la Mairie et de collaborer.

La vérité : Le Maire a ainsi confirmé la thèse de manipulation politique du syndicat. Seul, il pose les conditions pour une reprise des activités sans se référer au syndicat qui mène le mouvement à l’intérieur. Le Sénateur Kelly Bastien est sûrement mécontent. Car, il avait insinué que la presse locale, à travers ses reportages, induit le président Préval en erreur : Il n’y a rien de politique dans tout cela ! A bien suivre le Maire Michel Saint-Croix à l’Emission de Valérie Numa, on peut aisément déduire que les causes du conflit sont personnelles. Depuis son investiture à la mairie du Cap-Haïtien, Saint-Croix a eu un conflit avec le Délégué Georgemain Prophète - un petit problème personnel, a-t-il répété après Valérie Numa. Le maire Michel Saint-Croix est aussi en conflit avec le Directeur Départemental des Travaux publics. Ce dernier avait appelé ses supérieurs pour annoncer sa démission au cas ou le Maire continuerait de l’injurier sur les ondes des médias de la ville. Le policier responsable du Service circulation au niveau du Commissariat municipal fut agressé publiquement par le Maire Fritz Joseph parce qu’il avait, lors d’une conférence conjointe, émis des réserves sur les provisions légales qui habilitent le Cartel à diriger la circulation des véhicules et surtout, à imposer aux pauvres propriétaires de motocyclette des amandes allant jusqu’à 2,500 gourdes. La juge Emania Fatal a été sommée de quitter le local de la Mairie et de ne pas exécuter un mandat d’emmener contre un agent de sécurité de la Mairie. Sans compter les nombreux cas de violations des droits humains, d’arrestations illégales, de bastonnades des petits marchands, de séquestration, de détournement de fonds collectés en secret à l’étranger au nom et pour la Mairie du Cap-Haïtien, la violation des locaux de Radio Kontak Inter, les conflits ouverts avec des représentants de la presse locale dans l’exercice de leur travail, on peut en conclure que Michel Saint-Croix est un agent catalyseur de conflits.

Comment le maire d’une ville peut-il bloquer les activités d’un port régional au mépris des centaines de milliers de citoyens et cela, pour des raison personnelles? A-t-il consulté les autres maires de la région avant de lancer sa petite guerre? Y a-t-il un principe démocratique dans cet agissement? Peut on tolérer de tel comportement au nom de l’autonomie administrative de la municipalité?

La vérité sur nos préoccupations.

Ceux qui ont vécu en Haïti de 2001 à Février 2004 connaissent le rôle de l’administration publique et spécifiquement de l’APN dans la répression. Les ports constituaient la plaque tournante des gangs liés au pouvoir d’Aristide. Au Cap-Haïtien, les agents de sécurité du port étaient à l’oeuvre à chaque manifestation contre le régime d’Aristide, utilisant l’armement du port pour attaquer les citoyens qui sortaient des rassemblements. Les attaques contre les stations de radio ont été menées par les hommes du port. Ces derniers organisaient au niveau de leur quartier un gang qu’ils appelaient armée, pour réprimer les opposants du régime. Au Cap-Haïtien, on a connu l’armée Ti barbe de Richard Estimable. Les hommes de ce dernier ont incendié des maisons, des entreprises, assassiné des opposants, etc. L’attaque contre Radio Hispaniola au Trou du Nord et l’attentat contre le journaliste Pierre Elie Sem, correspondant de Radio Métropole, fut l’oeuvre de ces hommes qui ont été appuyés par l’Unité BS (Brigade Spéciale) de la police municipale dans leur crimes.

Aujourd’hui, le port de la ville du Cap-Haïtien ne représente plus une menace pour personne. Il est un espace administratif neutre. On ne peut dire que l’APN agit, aujourd’hui, contre un groupe politique. Nous souhaitons qu’il reste ainsi. Tout problème au niveau de cette institution doit être résolu administrativement. En cas de scandale, on doit procéder administrativement. C’est-à-dire, des enquêtes initiées par des organes de l’Etat préposés à cette tâche suivies de remplacement du cadre fautif par un autre cadre de l’Autorité portuaire. Pour nous, le mieux serait de privatiser les ports ou de les mettre dans le budget national. Des entreprises d’Etat comme l’APN (Autorité Portuaire Nationale), l’ONA (Office d’Assurance Vieillesse) et l’OAVCT (Office d’Assurance des Véhicules Contre Tiers) doivent être repensées. Comme la compagnie d’Etat de téléphones Téléco, elles sont improductives ; et pire, elles alimentent le clientélisme, encaissent mal l’argent du citoyen, pour ne rien donner en terme de service. Les changements - obligés - qu’on observe dans les ports du pays, sont une conséquence des exigences internationales. On ne devrait pas attendre une injonction de la communauté internationale pour réformer les autres institutions et les adapter à une logique d’efficacité et d’efficience.

Cyrus Sibert,
Cap-Haïtien, Haïti
18 Décembre 2007