jeudi 14 février 2008

Un peuple a l'armée qu'il mérite !




Cyrus Sibert, Kontak Inter 94.9 FM
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com, www.reseaucitadelle.blogspot.com


13 février 2008

A bien suivre Camille Loti Malebranche (CLM) (dont j’aime lire les textes), je comprends à travers ses arguments sa haine contre l’institution militaire. Le problème est personnel, CLM comme tant d’autres, ne le pose pas en terme de recherche solution nationale.

CLM: Des corps et unités de la police bien équipés et bien entraînés remplissent habilement ces fonctions.

Cyrus Sibert (CS): Alors pourquoi la MINUSTAH est constituée d’une composante militaire en plus ses policiers ? On devrait facilement faire ‘‘remplir habilement les fonctions’’ par la UNPOL.

CLM : On doit avoir une police où des corps de policiers sont prêts à intervenir en cas d'exception et de catastrophe, ces corps-là ne se verront pas dans les rues au quotidien.

CS : La police n’a pas l’entraînement de l’armée ni l’organisation ni le mode de fonctionne d’une armée. Une armée est une force d’attrition composée d’hommes et de femmes entraînés pour obéir aux ordres. Le militaire à un réflexe de guerrier. Il est tueur au service de l’Etat. Il n’est pas passible du tribunal civil mais de la cour martiale. Il a une culture du secret défense. Il n’a pas le droit de se déserter. Il ne peut pas reculer s’il reçoit l’ordre d’avancer. Il peut être exécuté sur le champ de bataille s’il se rebelle.
En 2003, les policiers ont abandonné leur poste. Ils y sont retournés sans problème, sans un rapport d’enquête sur les motifs de leur abandon. De plus les policiers ne connaissent pas les tactiques de guerre. Beaucoup ont abandonné leur position parce qu’ils avaient entendu des coups de feu impressionnants. Ils ne pouvaient pas identifier l’armement des rebelles. Selon l’histoire rapportée par des hommes de Guy Philippe, il leur suffisait de combiner 3 fusils M1 dans un tire simultané pour que des policiers abandonnent leur position croyant que le son combiné des trois fusils est d’un canon.

Bref CLM prouve encore une que la société civile haïtienne n’est pas à la hauteur de la souveraineté nationale léguée par nos ancêtres. Elle ne peut pas gérer des forces armées et définir une doctrine de défense nationale. C’est ce constat qu’ont fait les américains pour limiter le droit de l’Etat haïtien à acheter des armes. En tant qu’intellectuel, il est prêt à utiliser la police dans des missions militaires reproduisant l’erreur des anciens qui ont accepté que des soldats entraînés pour la guerre soient utilisés dans des taches de police civile.
Aujourd’hui CLM nous demande de militariser la police.

CLM : C'est l'État qui doit favoriser l'efficacité universitaire du génie civil, hydraulique et autre. C'est aussi les travaux publics qui doivent établir un partenariat valable avec des firmes de construction des routes (ponts et chaussées) pour répondre au besoin des voies de communication.

CS : Et quand cet Etat (providence) s’effondre ? Après les élections de René Préval l’Etat n’existait pas. Les gangs à la solde du candidat de LESPWA avaient occupé les rues de Port-au-prince. La foule empêchait à l’Etat d’imposer le respect de la loi. Il fallait faire appel aux soldats de la MINUSTAH qui en profitaient pour imposer la violation de la loi et le projet politique de LULA DA SILVA. Au Cap-Haïtien de janvier 2004 à mars 2004 cet Etat n’existait pas. Le plus fort avait raison. Il ne restait que la conscience pour guide. La loi fut suspendue. Alors peut-on demander à des gens intelligents de résider dans un pays où l’Etat n’a pas les hommes et les moyens capables d’imposer l’ordre établi en opposant à ceux qui se prennent pour des bandits des jeunes entraînés à les tuer s’ils refusent d’obtempérer. Seule la perception d’une mort imminente peut porter les bandits à changer de comportement.

CLM : Au sujet des nécessités pécuniaires d'une armée, comme celle que tu as décrite, Imagine combien rien que pour l'artillerie, l'État aurait besoin de millions pour acheter des tanks modernes et les entretenir et payer les hommes qui les conduisent.
…pour la marine, ce grand corps, sais-tu combien de dizaine voire centaines de millions, peuvent coûter un nombre raisonnable de porte -avions dignes de ce nom? Et pour les avions militaires de pointe, encore une fortune.

CS : Une nation a l’armée de son économie. CLM ne peut pas nous demander d’avoir une armée de la dimension des grandes économies : USA, France, Angleterre, Russie, Chine, République Dominicaine... Avec cette logique, Toussaint Louverture n’aurait pas créé l’armée indigène. Il lui a fallu trouver des hommes motivés du marronnage pour d’abord créer une armée indigène et ensuite l’entraîner - augmenter sa capacité technique. Grâce aux ‘‘revirements’’, l’armée indigène acquérait les techniques espagnoles, françaises et anglaises. Combinées à une bonne connaissance du terrain et l’appui populaire (sa matrice) dont elle jouissait, elle était imbattable. Après, l’armée indigène a appris à utiliser des canons, on avait même une marine nationale.
Durant toute l’histoire de ce monde, chaque peuple, chaque civilisation avait l’armée de son économie et de sa science. Les indiens utilisaient les flèches, les romains le fer, avant, David se battait avec sa fronde, durant la première guerre mondiale l’homme utilisait la mécanique et des fusils d’assaut limités, pour la deuxième guerre des armes semi-automatiques et aujourd’hui des armes intelligentes. L’homme connaîtra d’autres armements.
Ce n’est pas l’armement qui fait l’armée mais c’est l’armée qui fait l’armement - grâce à la technique.

CML : Moi, je suis antimilitariste, mais même en acceptant le militarisme, crois-moi, cette armée valable dont tu rêves, nous ne pouvons nous l'offrir ni aujourd'hui ni dans un proche avenir immédiat.

CS : Je suis nationaliste et comme tel, je tiens à une force de défense nationale. Mais, je suis aussi démocrate. L’armée doit être sous les ordres des autorités civiles. Il n’y a pas de territoire sans défense et cela est l’œuvre d’une force de défense. La MINUSTAH ne peut rester sur le sol national de façon illimitée.

On peut Immédiatement reconstituer l’infanterie légère et l’utiliser pour la protection des frontières et des positions stratégiques sur les cotes. Qu’est ce qui empêche un bateau de racistes russes, à leur retour de l’Amérique du Sud, d’accoster dans l’un des villages du Nord-ouest, près le Canal du Vent, pour kidnapper des jeunes filles haïtiennes qui leur serviront d’objets sexuels sur la route du retour.

On peut avoir des garnisons de soldats dans ses zones ouvertes. Sur la frontière, les commissariats ne disposent que de 5 policiers présents en moyenne. N’ayant pas la discipline militaire, la majorité de ceux qui y sont affectés reste à Port-au-prince, demandant aux collègues en place parce qu’ils sont originaires de la zone de ne pas signaler leur absence et de leur envoyer les chèques à Port-au-prince.

Le problème est sérieux. Les questions nationales ne peuvent pas être traitées avec ressentiments. Je sais que les FAD’H avaient fait beaucoup de victimes. Beaucoup de compatriotes ont raison d’être sceptiques. Mais l’indépendance requiert le dépassement de soi.

Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, Haïti

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