mercredi 26 mars 2008

Boulos, victime d'une pure incohérence

Par Camille Loty Malebranche


Le dernier épisode anti-Boulos de la chambre haute du 19 mars 2008 fait prendre à toute notre république des allures de cirque. Il s'agit ici de poser encore une fois la bonne question : Boulos est-il Haïtien? Nous répondons formellement, oui. Au regard de l'article 11 du titre 2 de la constitution de 1987, nul, s'il est le moindrement sensé du monde, s'il sait sémantiquement lire, ne peut ignorer ce statut de ressortissant haïtien de R. Boulos puisqu'il est de parents haïtiens et que la loi haïtienne, je cite la constitution de 1987, lui reconnaît son haïtienneté native originaire. Que l'article 15 soutienne ne pas accepter en aucun cas la double nationalité, tient de l'incohérence logique des constituants irresponsables qui ont amorcé à dessein d'ostracisme ou par cécité intellectuelle, cette aberration pour plonger le pays dans cette actuelle aporie juridico-légale, cet illogisme primaire qui menace sa stabilité principielle, son fonctionnement normal selon une charte insensée en ce qui a trait à la nationalité haïtienne. Quel que soit l'haïtien né aux pays régis par jus soli tels les E.-Unis, le Canada, à moins d'avoir des parents diplomates au moment de la naissance, est ipso facto étasunien ou canadien. Le citoyen haïtien ainsi né sur le sol étasunien n'a pas à payer pour l'inconséquence de nos constituants de 1987, lesquels sont seuls à blâmer pour ne pas avoir clairement établi une exception statutaire sur la nationalité des fils d'haïtien né aux pays où prévaut la loi du sol (jus soli).

Il n'est pas digne de la part de la république d'Haïti et de son grand corps d'étaler sur la scène mondiale un cas aussi criant d'ostracisme crapuleux d'un de ses fils sous prétexte que la loi des pays étrangers régis par le jus soli prime, en Haïti, la loi haïtienne, laquelle loi haïtienne désigne formellement comme haïtien quiconque naît au moins d'un parent haïtien n'ayant jamais renoncé à sa nationalité au moment où l'enfant vient au monde, sans spécifier le lieu de naissance dudit enfant.

Aujourd'hui, il faut que raison l'emporte sur passion et émotion. L'argutie du passeport étasunien de Rudolph, est une pure ineptie qui plonge toute la république dans une aporie factice en tant que Rudolph B. étant né sur le sol étasunien, il a naturellement droit à la nationalité par le sol de son pays de naissance sans avoir à renoncer à celle de son pays par le sang. Les torsions interprétatives et contorsions verbales voire byzantines de certains parlementaires sont de prémisses vaines et alogiques. Le marronnage constitutionnel, les dilatoires ridicules et médiocres de certains juristes ne font point ici honneur à notre pays, lorsqu'ils parlent de la possibilité pour un enfant né haïtien de faire valoir son statut à savoir comme « réclamer » sa nationalité à 18 ans. On ne réclame point ce que l'on a de fait par la constitution. Pure ineptie, aberrant illogisme vu les prémisses fausses de cette ratiocination d'une mentalité particulièrement procédurière! La manipulation des mots et de l'opinion publique par des juristes mal intentionnés ou trop émotifs, doit être expédiée aux cloaques de la logorrhée et l'incohérence parce que délétère pour la stabilité juridico-légale du pays.

Que pour le prestige, le bon sens élémentaire et la cohérence, bref qu'au nom du sens dans le fonctionnement de l'État haïtien et contre les subterfuges pleins de réactions farfelues et primaires de certains, Rudolph Boulos, haïtien et sénateur de la République haïtienne, ait gain de cause.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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