dimanche 8 février 2009

Les ''pays amis'' du désordre en Haïti.


Réactions de Cyrus Sibert sur le texte de Daly Valet


www.reseaucitadelle.blogspot.com


Depuis la publication de la liste des candidats autorisés à participer aux élections de renouvellement du Sénat de la République, des réactions se succèdent. Mis à part les interventions attendues du Sénateur Rudy Hériveaux, de Me Bell Angelot et d’autres personnalités incohérentes de la classe politique, celles de deux pays dits amis d’Haïti – Canada, USA- sont choquantes, vue le niveau de culture démocratique et les valeurs morales que défendent ces pays à l’intérieur de leurs frontières.


En réaction à un article de Daly Valet titré : Les entités Lavalas renvoyées, et après ? Stanley Lucas soumet trois scénarios à l’attention du journaliste :


En fonction de cette chronologie imaginons trois scénarios:


Scénario 1: Le CEP revient sur sa décision


Dans le cadre de ce scénario Préval, madame Pierre Louis et le CEP sont politiquement morts. Lavalas aura démontré qu'ils sont au dessus des institutions de l'état Haïtien et qu'ils n'ont des comptes à rendre à personne. Ils sont la loi


Scénario 2: Le CEP maintient sa décision


Dans le cadre de ce scénario, ils deviennent comme tu dis une force nuisible, un peu comme le forces du 29 novembre 1987 avec les conséquences que l'on connaît.


Scénario 3: Le CEP admet une partie des candidats


Dans le cadre de ce scénario comment vont-ils décider quelle branche de la Fanmi choisir? Vont-ils réintégrer les criminels? Rappelons que lavalas a enregistre 26 candidats, 17 officiellement sur la bannière du parti et 9 indépendants qui sont des membres actifs de fanmi lavalas.


Quelle est l'accommodation que tu suggères?


(Fin de texte)


Question à laquelle Daly valet répond en ces termes :


Quoiqu'on puisse dire de Hériveaux, il faut reconnaître une logique dans la trajectoire qu'il a décrite. Qu'on aime ou pas Lavalas. Si ce parti a donné des Sénateurs, Députés , Maires et autres des dernières élections, d'une part, et d'autre part , a pu obtenir son enregistrement, a échangé des correspondances avec le CEP qui a pu trouver un interlocuteur à sa convenance depuis le début du processus jusqu'à l'inscription de ses candidats. Il est à se demander comment, sans vouloir créer le désordre, admettre qu'une autre personne, une tierce personne, avec laquelle le CEP n'a aucun rapport, ait le loisir de présenter à son tour sa liste de candidats. Là, quelque chose ne tourne pas rond. La décision d'écarter ce parti est très dangereuse et cache une main puissante qu'il faut démasquer pour l'avenir de la démocratie. Ce rejet en bloc est trop spectaculaire et indécent. J'admets qu'il faut épurer et moraliser le processus au regard de la loi.

(Fin de texte)


A Réseau Citadelle, cette situation nous pousse à poser les questions suivantes :


Hériveaux, a t-il représenté Lavalas ou détient-il une autorité de nomination? Il y a une grande différence entre l'autorité de représentation et l'autorité de nomination. Dans ce cas, que disent les statuts du parti déposés au ministère de la justice? Il n'est logique de continuer à construire une démocratie sans le droit. Lavalas doit respecter la loi. Les factions du parti doivent s'organiser pour agir légalement. Les dérives d'Haïti sont les conséquences de ces formes d'accommodations opportunistes, immorales et hors la loi, au nom de l’intégration, pour éviter la violence. S'il faut subir la violence pour faire respecter des valeurs universelles, comme les dirigeants américains ont accepté une guerre civile pour mettre un terme à l'esclavage, nous devons accepter de faire des sacrifices pour mettre le pays sur les rails du droit et de la démocratie. (Démocratie est ici synonyme d’Etat de droit universel et de liberté ; Non tyrannie de la majorité)


Les Algériens avaient pris les mesures nécessaires pour éviter que des fanatiques du FIS (Front Islamique du Salut) puissent accéder au pouvoir en 1992. Il ont réprimé les ‘‘égorgeurs’’ avec la bénédiction et l’appui de la communauté internationale. Aujourd’hui, l’Algérie est plus démocratique que si on aurait accepté - sous de faux prétextes d’intégration et de participation électorale - que ces islamistes instaurent un pouvoir théocratique répressif et totalitaire.


Quand le ‘‘blanc’’ fait pression pour faire passer des décisions allant dans le sens de son projet d’avilissement et d’affaiblissement de l’Etat d’Haïti en vue d’anéantir notre souveraineté, il le fait au nom de la démocratie (?). Pourtant, quand il cherche à résoudre les problèmes internes de son pays pour le progrès et le bien-être généralisé de ses concitoyens, il agit au nom du droit et de la Liberté.


Voilà une forme de préjugé que subit Haïti depuis plus de 20 ans. Les étrangers détruisent notre pays ! Leurs ONG détruisent le civisme et enfoncent notre peuple dans l’assistanat. Ces mêmes pays qui avaient supporté les crimes des Tonton Macoute de François Duvalier et des Chimères de Jean-Bertrand Aristide, nous dictent, aujourd’hui, les décisions démocratiques. Le Canada qui avait refusé un visa d’entrée à Jacques Edouard Alexis pour crime contre l’humanité défend aujourd’hui, au nom de l’intégration, des groupes violents - proches de ce dernier - qui refusent une approche modérée de fonctionnement du Parti Fanmi Lavalas.


Ces étrangers, dits ‘‘Amis d’Haïti’’, ne sont que des hypocrites. Ils mènent en Haïti une ‘‘politique de voyous’’. Ils sont au courant de tout. Ils savaient les noms des candidats qui étaient acceptés sur la liste du CEP. De plus René Préval était avec Madame Clinton au Département d’Etat Américain quelques heures avant la publication de la liste officielle du CEP. Alors pourquoi chercher à avilir le CEP publiquement ? Même quand nous avions critiqué (et nous critiquons encore) l’influence de l’exécutif sur le CEP, cette façon de traiter nos dirigeants gratuitement est humiliante : Nous ne devons pas l’accepter.


Ce n’est pas le respect de la loi que veulent ces étrangers. Si non ils auraient réagi contre la décision arbitraire du CEP d’organiser des élections pour deux Sénateur dans le Nord-Est en dépit du fait que l’affaire Boulos est pendante par devant un tribunal souverain et que seul un Juge peut trancher sur la nationalité un citoyen haïtien. Ils auraient exigé le traitement des revendications de la ‘‘Convention des partis politiques’’ à l’endroit du CEP.


Ces pays ne sont pas nos amis. Ils sont des racistes, pleins de préjugés. Ils ne cherchent qu’à garder le contrôle de la situation politique interne d’Haïti. Ils sont prêts à soutenir n’importe quel groupe criminel pourvu qu’il leur permette d’avoir le contrôle de la situation.


Tout ceci n’est que l’aboutissement de l’échec cuisant de nos élites à se mettre d’accord sur une chartre des droits fondamentaux. Elles deviennent purement et simplement la proie des cabales politiques et de la confusion idéologique des prétendus amis. Agissons au nom du droit et de la liberté. Acceptons les sacrifices nécessaires pour mettre Haïti dans le droit chemin. On ne construit pas une nation sans courage et dans le ‘‘vide moral’’.


Nous conseillons de lire le livre de John Perkins ‘‘Confessions d’un assassin financier.’’ (2005) pour mieux comprendre cette stratégie d’affaiblissement des Etats du tiers monde.


Cyrus Sibert

Cap-Haïtien, Haïti

08 Février 2009

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Les entités Lavalas renvoyées, et après ?

Par Daly Valet

Je ne pense pas qu'il soit sage de célébrer l'exclusion. La construction démocratique est un processus inclusif qui implique la participation de tous. Nous avons célébré Makout pa ladan l, avec pour résultat la déchéance actuelle, les raidissements polarisateurs, et les acrimonies revanchardes qui ont pendant longtemps perturbé l'aire du politique chez nous. Aujourd'hui, Lavalas, promoteur et bénéficiaire du Makout pa ladan l, fait l'objet de la même ignominie. De la même logique anti-démocratique. Lavalas pa ladan l. Le nouveau mantra de nos marchands-promoteurs d'exclusion dit long de notre état mental. C'est dire que nous n'avons pas grandi en tant que peuple en 23 ans de transition dite démocratique. Et elle n'en finit pas, cette transition avec les mêmes acteurs dans des rôles inversés ou figés dans l'archaïsme bossale.


Il faut dire que l'Organisation Politique Lavalas est devenue une entité disloquée, incapable de s'affirmer en unité politique organisée et moderne. Ses déchirements internes voulus la rendent ingouvernable dans la collégialité et ne se résorberont que par une redynamisation du cadre patrimonialiste et tribaliste qui la maintenait unie pour un temps autour de son chef charismatique.


Cette fragilisation de l'ensemble lavalas jouera comme un irritant dans la consolidation démocratique en Haïti. D'où mes inquiétudes après la mise à l'écart des candidats de ce vrai faux parti par le CEP. Il faut reconnaître que Lavalas, en dépit de sa désorganisation sur le mode balkanique, sa criminalisation avérée, ses défaillances programmatiques, est une force politique avec laquelle il faut compter. A défaut d'être une majorité politique porteuse de projets, elle peut constituer une minorité de nuisance sérieuse. Le processus électoral souffrira, sans elle, d'un déficit certain de légitimité, qui hypothèquera les lendemains immédiats de notre pays. Il y a lieu de craindre une réactivation sur le terrain des cellules de violence dormantes et politiquement incorporées à la nébuleuse lavalas. On sait bien que les ayant droits de ce « parti » excellent dans l'instrumentalisation de l'arme de la victimisation de soi pour retourner à leur avantage des choix insensés qu'ils ont eux-mêmes opérés, et des orientations qu'ils ont eux-mêmes promues..


Si la décision du CEP est juridiquement correcte, elle est loin d'être politiquement saine. Ils sont tous devenus fous. Et ivres, comme le bateau de Rimbaud. L'insanité Lavalas s'est métastasée par corruption dans tout le tissu social haïtien. En sorte que sa propre dislocation en caciquats rivaux semble traduire celle du pays. Et annoncer celle du processus électoral actuel. A moins que ne soit trouvé l'accommodement démocratique et inclusif nécessaire. In extremis.


Kenbe la !

Dalyvalet

Washington, DC

7 février 2009



La vérité est pour nous la démocratie organisée en société civile et en gouvernement politique. Tout le reste est fiction, sophisme, mensonge, tyrannie. La fiction n'a qu'une apparence, le sophisme n'a qu'une face, le mensonge n'a qu'un temps, la tyrannie n'a qu'une arme, qu'on lui brise tôt ou tard dans la main. Les gouvernements vraiment solides ne peuvent porter que sur une vérité complète. Le gouvernement démocratique sera le gouvernement éternel de l'avenir vers lequel nous marchons; telle est notre foi. Lamartine.----


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