lundi 5 octobre 2009

Sans sécurité pas d’investisseur


Par Jean Erich René


Le climat politique d'un pays est déterminant pour l'arrivée des investisseurs. Les événements politiques locaux et les actions du Gouvernement hôte peuvent être jugés favorables ou défavorables à la fructification des affaires. Les émeutes populaires, le kidnapping et la suprématie des bandes armées sont autant de facteurs à risque qui inquiètent les investisseurs étrangers, dissuadent les bailleurs de fonds internationaux. Le risque est énorme avec un Gouvernement irresponsable qui pactise avec les bandits. Quel que soit l'investisseur il évalue les risques de l'environnement.


L'instabilité politique demeure le point le plus crucial pour les entrepreneurs. Avant toute implication ils requièrent les conseils des experts en finance et en export/import pour évaluer les risques. L'analyste financier A.Van Agmaël dans :" A Systematic Approach to Political Stability" propose un check-list de 46 points pour mesurer les risques politiques d'un pays. L'orientation politique du régime au pouvoir, le niveau de sécurité dont jouit la population et le degré d'homogénéité du Corps Social sont les critères principaux retenus. Par ailleurs le BERI ou Business Environment Risk Index, à partir d'un ensemble d'indices significatifs a mis au point le PRI ou Political Risk Index, une unité de mesure des risques. Le PRI témoigne du climat propice à l'évolution des affaires dans le pays visé. Les critères retenus sont: les divisions politiques, les luttes de classe en cours, les polémiques religieuses, l'antagonisme des composantes ethniques, les influences négatives des Partis Politiques sur place etc. De plus, les Bailleurs de Fonds Internationaux, les Banques etc. calculent leurs taux d'intérêt en fonction des risques politiques selon l'échelle de l'unité de mesure du Pri ou Political Risk Index.



En raison de l'instabilité politique, le marché financier international est très sensible à la nature du régime au pouvoir. L'absence de continuité des politiques économiques enclenchées est un handicap majeur à l'atteinte des objectifs préalablement fixés. La faiblesse juridique et la gabegie administrative empêchent l'exécution des contrats signés, écorchent le droit de propriété et enfreignent la liberté des échanges.. Quand l'autorité est illégitime c'est à dire imposée soit par un coup d'état ou par un coup de force par les urnes, le Gouvernement au pouvoir, militaire ou civil, devient autoritaire. Il montre constamment ses griffes pour équilibrer le fauteuil présidentiel. Il manifeste beaucoup plus le souci de raffermir son pouvoir que la volonté de promouvoir le développement économique de la Nation. Quand une dictature succède à une dictature l'atmosphère est empoisonnée par des conflits armés à répétition. La violence d'Etat devient l'arme privilégiée pour maîtriser la scène politique. Les atteintes aux droits de l'homme pullulent. Quand l'Exécutif chevauche à la fois le Législatif et le Judiciaire et arrive même à neutraliser l'Opposition par la corruption administrative, l'espace du développement économique est réduit à une peau de chagrin. Il y a une étroite corrélation entre le "rating" et certaines variables politiques telles que: la fréquence de changement des Gouvernements, le nombre de Partis Politiques, les violences politiques, les dépenses consenties en éducation, le triomphe des mots du droit etc. A l'aide de des données économétriques, l'analyse de régression statistique permet de mesurer avec un seuil de confiance hautement significatif le niveau d'instabilité politique d'un pays.


Le simulacre de la visite impromptue de 150 investisseurs, lancé à la veille des élections pour la consommation médiatique afin de permettre à René Préval de se faire une cure de beauté, s'effrite sous la grille des instruments de l'analyse scientifique. Nous en profitons pour attirer l'attention des locataires du Palais National et de la Villa d'Accueil sur les torts qu'ils causent par leurs cécités et leurs maladresses aux secteurs commercial et industriel haïtiens en particulier et en général à la masse nécessiteuse qu'ils prétendent affranchir des jougs de la misère. En flirtant avec les bandits, ils assurent la permanence de l'insécurité et repoussent, du même coup, les investisseurs étrangers et les commerçants loin de nos rives. Combien de manufactures et de magasins haïtiens ont été transférés en République dominicaine au cours de la tourmente politique? Il n'y a que les champignons qui poussent sur des piles de fatras.


Le Gouvernement en fonction est nettement responsable de nos déboires puisque la probabilité des troubles sociaux varie avec les alternatives politiques choisies. Si LESPWA accepte à coopérer avec les bandits, à des fins inavouables et inavouées, l'occurrence des perturbations devient plus évidente et le délai de récupération du capital investi plus long. Le coût de fonctionnement de l'entreprise augmente puisque les intérêts s'accumulent. Le climat de sécurité d'un pays influence grandement la marge bénéficiaire des entreprises industrielles et commerciales sur place. Les Institutions financières internationales suivent attentivement l'environnement politique national avant de s'y engager. L'état des lieux et les caractéristiques sociopolitiques du milieu ambiant influencent considérablement les décisions d'investissement. Quel que soit le niveau de rendement espéré, les pays à hauts risques politiques sont exclus de la liste des institutions financières et des multinationales.


De manière plus convaincante, rappelons que les banques et les institutions financières exigent une police d'assurance pour le financement et le préfinancement des entreprises et des prêts commerciaux connexes, les factures d'escompte et les lettres de confirmation de crédit. Les pays développés comme le Canada, les Etats-Unis d'Amérique, la France, l'Angleterre etc. obligent formellement leurs entrepreneurs et leurs commerçants à couvrir leurs investissements par une police d'assurance. A cause de l'insécurité, il est clair et évident que les investisseurs étrangers, selon les critères évoqués par les Compagnies d'Assurance, resteront hors de nos mûrs. Une fois de plus c'est la masse nécessiteuse qui paiera les conséquences de leurs inconséquences. Les révélations de Amaral Duclona mouillent jusqu'aux cous les responsables étatiques dans la criminalité. Ce laxisme du Gouvernement a des conséquences systémiques énormes. C'est la ruée vers l'infamie. Comme au théâtre de Shakespeare la scène est encombrée de cadavres. Il faut un grand coup de balai. Bill Clinton n'en est pas dupe. Le Secteur Privé en est conscient et réclame des actions sans démagogie. Sans sécurité pas d'investisseur.


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