lundi 5 octobre 2009

Une demi vérité : ‘‘Sans sécurité pas d’investisseur’’.

Par Cyrus Sibert, Palm Bay, Florida, le 05/10/2009

Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo. fr

Le Ré.Cit. : www.reseaucitadelle .blogspot. com/

L'analyse de Jean Erich René dans le Texte : ''Sans Sécurité pas d'investisseur'' me parait classique. L'auteur y a introduit des grilles d'analyses intéressantes sur les prévisions politiques, la stabilité des régimes et le processus de prise de décision pour les investisseurs avant d'investir dans un pays.

Je suis d'accord avec la référence faite a Amaral Duclona, ses liens avec les tenants du pouvoir et d'autres leaders Lavalas. Une situation que je considère comme scandaleuse qui devrait soulever la colère des hommes de la classe politique, de la société civile et surtout du secteur des affaires, s'il avait en Haïti des hommes doués de colonne vertébrale. Malheureusement, nous vivons au temps des rampeurs à la recherche de privilèges et d'opportunités, des gens incapables d'exiger du régime en place, spécialement de René Préval, des explications et des comptes. Amaral Duclona a dit clairement qu'il travaillait pour Jean-Bertrand Aristide et René Préval. Normalement, il devait y avoir des réactions. Dans un Etat sérieux où la transparence est institutionnalisé e, le Chef de l'Etat et son équipe auraient mis en place une stratégie de communication pour faire cesser les rumeurs et éviter une procédure en destitution. Que dire de ces hommes d'affaire qui n'ont pas le courage de mettre en demeure le Palais national de s'expliquer sur la situation sous peine de ne plus prendre part aux activités présidées par René Préval accusé de connivence avec un criminel impliqué dans les cas les plus odieux et pour le secteur des affaires, le kidnapping de Madame Boulos.

Même quand il est clair que, classiquement, un climat de sécurité est indispensable pour les investisseurs, cela n'exclu pas la possibilité d'attirer des investissements dans une situation insécurisé, s'il y a une volonté politique internationale et spécialement américaine.

Irak est un exemple récent. Des entreprises y investissent des billions de dollars malgré le climat de violence et les attentats de la guérilla urbaine. Le livre "Black Water, The Rise of the world's most powerful mercenary army" de Jeremy Scahill présente dans les details la situation. De l'insécurité se crée un marché.. Le marché des compagnies de sécurité. Quand il y a une volonté politique, nationale et internationale, on peut créer des points focaux comme des parc industriels hautement sécurisés avec des banques, des ports, des héliports, et même des aéroports ou aviations civiles, des entrepôts, des hôtels, des villages résidentiels pour les travailleurs et les entrepreneurs.

C'est faisable!

On peut créer ces pôles de production à travers le pays. Le site touristique de Labadie en est une preuve. Alors qu'on parle d'insécurité et d'impossibilité d'investir en Haïti, la Royal Caribbean investit 50 millions de dollars dans la construction d'un port pour accueillir les bateaux de croisière. Beaucoup de jeunes qui, habituellement s'adonnaient à des activités politiques, en qualité de chimères violents, y travaillent. On ne les voit presque plus dans la ville. Ils sont ''busy''.

Durant les troubles de 2003 -2006, le site Labadie fonctionnait normalement. C'est le cas pour la zone franche de Ouanaminthe située sur la frontière haïtiano-dominicaine . Des rebelles combattaient les chimères dans le nord, Guy Philippe assurait ses opérations sans grandes conséquences sur la sécurité des sites.

Alors, on peut faire comme les chinois : développer des espaces géographiques, ayant un statut spécial, sur les cotes et la frontière terrestre pour accueillir des investissements, créer des emplois, tout en aménageant l'environnement de ces points focaux d'investissement et de production afin d'éviter des constructions anarchiques, la bidonvilisation. Cette situation diminuera la pression sur Port-au-Prince, Cap-Haitien et d'autres grandes villes du pays. A ce moment, l'état prendra les dispositions pour réhabiliter les grandes villes, organiser la collecte des ordures ménagères, aménager les bassins versants, délocaliser les marchés anarchiques, draguer les ports, embellir les villes pour mieux vendre comme produits touristiques.

On peut même créer des parc-industriels dans certaines grandes villes avec un débouché sur la mer. Cette position les rendra accessible aux bateaux. Il sera facile de les protéger ou de les évacuer en cas d'émeutes et/ou de troubles politiques.

Il faut toutefois signaler qu'il n'y a pas en Haïti une tendance généralisée anti-étranger, anti-investisseur, ni anti-industrie. Les altermondialistes comme les militants de la PAPDA prônent la défense des revendications sociales. Ce qui est normal. Tout développement de la production entrainera le grossissement des syndicats. Ce qui par conséquence va de pair avec les mouvements revendicatifs. Un Etat qui se veut démocratique et moderne doit envisager les réformes nécessaires pour une meilleure gestion de ces conflits sociaux. Des groupes souvent proches du pouvoir, au temps d'Aristide, avaient l'habitude d'attaquer des entreprises en représailles politiques. C'étaient des groupes mal équipés et sans expériences qui souvent étaient protégés par la Police. Depuis 2004, ces groupes sont en difficultés. Même quand on est souvent critique face au Président de la République – René Préval, il faut reconnaitre : ce n'est son style de donner carte blanche aux chimères. Les compagnies de sécurité sont renforcées dans leur travail, vu que la Police nationale est avec elles contre les bandits.

Avant 2004, l'agent de sécurité qui protégeait une entreprise ne savait quoi faire. Car généralement les groupes de déchouqueurs attaquent l'entreprise et derrière eux il y des patrouilles de la police. Si le vigile riposte aux tires des bandits, il sera accusé d'avoir tiré sur la PNH.

Aujourd'hui, il n'y a pas en Haïti une situation chaotique. De plus, depuis toujours, les bandits sont très limités en Haïti.

En 1995, les bandits qui attaquaient le quartier résidentiel de Mombin Lataille (Haut du Cap) ont été mis en échec grâce à la mobilisation des résidents du Quartier. J'ai bien dit en 1995, avec Claudette Werley comme Premier Ministre, un an après le retour d'Aristide, l'ami tout puissant de Clinton et d'Anthony Lake. Jean-Robert Lalane a mobilisé les riverains leur disant que ce n'est pas possible d'accepter cet état de fait. Ces fanatiques violents, qui suite aux déclarations incendiaires d'Aristide « Je veux et Je peux » lors des funérailles du député Feuillé à Port-au-Prince, avaient incendié plus de 15 maisons au Cap-Haitien, ont été mis en déroute par une vingtaine de jeunes de Mombin Lataille. Le fait qu'ils étaient protégés par la police Lavalas d'Aristide ne leur a pas permis d'atteindre leur objectif.

Le 17 décembre 2001, encore avec Aristide au pouvoir, une foule menée par Moise Jean-Charles (actuel Sénateur du Nord) après avoir incendié plusieurs maisons dans la ville du Cap-Haitien a essuyé une défaite du coté de Rival (90, Carénage). Les habitants du quartier, des pécheurs en majorité ont dit non, aucun groupe de bandits n'attaquera personne dans le quartier. Ils ont organisé la défense de leur zone, l'un des agresseurs en est sorti victime avec une flèche au beau milieu de la tête, traversant du frontal jusqu'à l'occipital. La foule s'est dispersée. Moise Jean-Charles a du prendre la poudre d'escampette pour ne pas être victime. Durant tout le 2e mandat d'Aristide, Carénage est resté réputé anti-chimères, aucun leader lavalas ne peut demander à ses militants d'aller à Carénage.

C'est la réalité !

Le dimanche 17 novembre 2002, au Cap-Haitien, Moise Jean-Charles, Oyé ainsi connu ont fait des déclarations incendiaires menaçant les manifestants de mort s'ils s'aventurent dans la rue. Moise avait promis 1000 US à chaque personne qui aura le courage de s'aventurer dans la rue ce jour là. Une foule de plus de 40,000 personnes (selon CNN) et 60,000 selon les organisateurs a défié les chimères, Aristide, et exprimé libre leur mécontentement face à la façon d'Aristide de gérer le pays en bien personnel au mépris des citoyens. Ce jour là, j'ai vu des handicapés, des vieillards, des femmes…beaucoup de femmes.

C'est la réalité !

Le 22 février 2004, les gangs de chimères et leurs alliés ne pouvaient pas empêcher 50 hommes de Guy Philippe de prendre la ville du Cap-Haitien en moins de 30 minutes.

Se toujou gro van ti lapli ! Dan pouri sou bannan mi !

L'armée d'Amiot Métayer n'était qu'un groupe de jeunes désorganisés, habitués à commettre des forfaits sur des personnes sans défense, des innocents, des femmes et des enfants. Ils avaient rencontré beaucoup de difficultés sur le terrain avant l'arrivée du sergent du ''Corps des tactiques'' des anciennes FAD'H pour les apprendre à tirer, à ne plus gaspiller des munitions, à attaquer en ordre, en ''ligne de tirailleurs'', à combiner le son de leur armes pour effrayer l'ennemi, à utiliser des techniques de reconnaissance, de renseignement et de désinformation et après pour les guider sur le champ de bataille dans l'attaque du Commissariat des Gonaïves et le combat décisif du 7 février 2004 en vue de mettre en déroute le corps expéditionnaire d'Aristide qui comptait reprendre le contrôle de la cité de l'Indépendance.

Il n'y a rien en Haïti pour empêcher à des investisseurs déterminés, supportés par un engagement politique indéfectible des Etats-Unis, de s'y installer dans le but de construire des foyers protégés d'entreprises industrielles, commerciales et touristiques. Ceux qui profèrent des menaces ne sont en fait que des lâches habitués aux exactions et aux massacres pas à affronter des unités disciplinées, déterminées et aguerries. Le problème, les éléments de la classe dirigeante (économique et politique) de notre pays sont plus lâches que les bandits. Le pire, ils ne respectent pas les braves, ils préfèrent se laisser manipuler…

Ce qu'il faut faire, c'est d'utiliser le momentum de Bill Clinton pour forcer le pouvoir politique à prendre ses distances avec les bandits – l'arrestation d'Amaral Duclona offre la possibilité de soulever la question – et de mettre sur pied un plaidoyer pour le respect des libertés, la réforme de la justice et des élections libres, honnêtes et démocratiques.

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 5 Octobre 2009, 18 heures 51.

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