samedi 31 janvier 2009

S'achemine-t-on vers une guerre civile ?


La situation se complique à la Grande-Riviere du Nord où les actes de violences sont quasi-quotidiens depuis l'offensive menée par certains riverains de la zone à l'encontre du maire titulaire Kesnel Jean. Ces individus réclament le départ de l'actuel maire de cette commune qu'ils accusent de malversations et de détournements de fonds.

Depuis le 30 novembre 2008, la ville de la Grande Rivière du Nord, commune du département du Nord située à 30 Km de la ville du Cap-Haïtien, vit au rythme de tensions sans égales. A l'origine de ces tensions, plusieurs citoyens accusent le maire Kesnel Jean d'avoir détourné des fonds destinés à des projets de développement.

Jeudi dernier, le coordonnateur du Mouvement de Réflexion du Nord(MRN), Cadet Rodilus, a été attaqué par des manifestants et la vitre d'une porte de son véhicule a été brisée. Ces manifestants accusent Cadet Rodilus d'être de mêche avec le maire pour avoir dénoncé le climat de violences qui sévit dans la zone.

Des agents de l'UDMO (Unité Départementale de Maintien d'Ordre) accompagnés de soldats de la MINUSTAH ont pris position dans le centre-ville depuis près d'une semaine. A souligner que le passage d'une délégation du ministère de l'Intérieur n'a pu ramener la paix dans la zone, et ce en dépit des messages envoyés par les notables demandant au pouvoir central de trouver un consensus avec les antagonistes.Toutes les activites scolaires sont paralysées dans la zone depuis le debut de l'année.

Le maire, de son côté, s'inscrit en faux contre ces accusations et attribue ces mouvements de turbulences à un secteur politique qui, selon ce dernier, avec l'approche des prochaines joutes électorales, veut semer la pagaille au sein de la population. « C'étaient d'anciens concurrents qui ont été sanctionnés par le peuple lors des élections de 2006 et qui, aujourd'hui, veulent se porter candidats mais ayant perdu leur popularité, ils pratiquent la violence » dixit Kesnel Jean.

Plusieurs maisons saccagées dont la mairie, des marchés détruits, des dizaines de blessés soit à l'arme blanche ou a feu, tel est le bilan des turbulences qui font rage dans la commune. Le maire fustige le comportement des autorités judiciaires de la zone qui laissent agir les bandits notamment le juge de paix Joseph Jean, qui d'après lui ne fait rien pour mettre l'action publique en mouvement contre ces bandits.

« Je savais que le maire allait m'attaquer, car le maire, comme tout le monde le sait déjà, est impliqué dans plusieurs dossiers et moi, en tant que juge, j'ai toujours été sur ces dossiers», déclare le juge Joseph Jean pour rejeter d'un revers de main les accusations du maire. Le juge dit ne pas s'inquiéter : «Dans le temps, ces mêmes personnes savaient agir sur ordres du maire, donc c'est le revers de sa médaille ».

Plusieurs bandes venues de plusieurs quartiers s'affrontent tous les jours sous le regard passif des policiers cantonnés au commissariat de la zone. Les proches du maire qui habitent le quartier de Haut du Bourg s'opposent aux gens venus de Quai Brillant ou de Bas du Bourg.

Une situation que le curé de l'église Catholique, le révérend père Moise François, dénonce et demande que des décisions soient prises rapidement. « C'est une situation qui dépasse tout le monde. Si l'Etat central n'intervient pas et rapidement, c'est sûr qu'on va déboucher sur une vraie guerre civile». Le curé conseille au pouvoir central de s'asseoir avec les deux groupes qui s'affrontent afin de trouver un consensus pour le bien de la cité.

Le maire Kesnel Jean dit accueillir favorablement l'idée de s'asseoir avec les protestataires afin de trouver un compromis. Qu'en sera-t-il de la cité de Jean-Price Mars si rien n'est fait ?

Hansy Mars

hansymars@gmail.com

vendredi 30 janvier 2009

TROP DE VERS DANS LE FRUIT

Aujourd’hui, certains pensent que Haïti, avec un Président élu au suffrage universel, un Gouvernement, un Parlement , une force de police pour rechercher les auteurs des infractions et des Tribunaux pour régler les conflits sociaux, est une démocratie. Ceux-là qui partagent cette idée se posent très rarement la question du « comment ». Comment fonctionnent toutes ces institutions ?

À travers les trois pouvoirs que sont l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire qui constituent le fondement même de l’État, nous avons une accumulation de comportements qui sont inacceptables. Tenez ! Quand, le plus sérieusement du monde, le Gouvernement fait fi des décisions judiciaires, que dans les couloirs du Parlement on achète des votes ou qu’au niveau des Tribunaux, la justice se vend aux plus offrants…sommes-nous encore en démocratie ?

On peut bien construire des lycées, alphabétiser les masses rurales, former des professionnels par dizaines de milliers; l’Université peut se bien porter, les églises peuvent être bondées, la tempérance peut gagner du terrain, et la connaissance, au sens large, se répandre à pas de géant ; mais tant que la justice sera dans l’état d’abjection dans lequel elle se trouve présentement, on ne pourra compter sur un redressement moral dans ce pays.

Les valeurs morales ne peuvent que régresser et régresseront d’année en année ; le sentiment populaire ne peut que se dégrader d’année en année ; l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire ne pourront, année en année, que se déconsidérer aux yeux des honnêtes gens ; et d’année en année, la mémoire des Pères de l’Indépendance sera toujours plus outragée par la mauvaise foi de leurs enfants dégénérés.

Croyez-moi, l’espoir de voir changer les choses de l’intérieur s’amenuise de plus en plus. Une autre Haïti n’est pas possible pour le moment car les exceptions confirmant la règle de la corruption sont en quantité trop négligeable. Même ceux qui prétendent représenter la population se laissent corrompre… Il y a trop de vers dans le fruit.

Une autre Haïti sera possible quand chacun, avec ses qualités intellectuelles et morales, pourra accéder à n’importe quelle fonction publique sans préalablement ramper et plier le genou. Une autre Haïti sera possible quand le Gouvernement s’engagera à lutter véritablement contre la corruption, en particulier, celle pratiquée aux plus hauts niveaux, et à améliorer la transparence et l’imputabilité.

Une autre Haïti sera possible quand la production nationale sera relancée ; quand le règne de l’impunité aura pris fin ; quand la justice sera indépendante ; quand les parlementaires impliqués notamment dans le narcotrafic et les agents publics corrompus, auteurs de malversations, seront traduits par-devant les tribunaux ; et quand les lois contre la corruption, la drogue et le blanchiment d’argent seront applicables à tous.

Quand tout homme de mérite aura droit à un début de considération, alors nous croirons que nos dirigeants sont en train de recouvrer la raison. Mais tant que les choses restent comme elles sont, qu’un homme seul pose sa main sur toutes les fonctions de l’Etat, de la Magistrature Suprême au simple gardien…rien ni personne ne nous fera croire en des horizons meilleurs.

Heidi FORTUNÉ

Magistrat, Juge d’Instruction

Cap-Haïtien, Haïti

Ce 27 janvier 2009

http://heidifortune.blogspot.com

jeudi 29 janvier 2009

Un inspecteur de police viole une jeune fille au Commissariat de Limbé

Par Hansy Mars

hansymars@gmail.com

http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/


Cap-Haïtien, le 29 Janvier 2009 ; (Ré.Cit.).-

L'inspecteur de police, Bruno Plaisimond, a été placé en isolement à Port-au-Prince selon les informations après son implication présumée dans le viol d'une jeune fille de 22 ans au commissariat de Limbé.

Selon les témoignages, la jeune fille, originaire de la commune de Plaisance, avait trouvé refuge tard dans la nuit du 02 janvier 09 après avoir essayé en vain de rentrer chez elle à Plaisance en tap-tap. L’étudiante en sciences juridiques à la faculté de Droit du Cap-Haïtien en provenance du Cap-Haïtien s'est rendue au commissariat de Limbé afin de trouver un abri provisoire pour la nuit.

L'inspecteur, Bruno, lui aurait demandé de coucher avec elle, une avance que la jeune fille repoussa. L'inspecteur pointa son arme à l'oreille de la jeune fille, menaçant de la tuer, si elle refuse.

Des associations de femmes telles AFASDA dénoncent cette situation et demandent que justice soit rendue à la jeune fille et que le policier purge sa peine. D'un autre coté, le maire de la commune de Plaisance, Jeanty Exalus, offre tout son support à la famille de la victime et se dit déterminer à ce que l'inspecteur soit jugé et puni. « Je demande à la justice du Cap-Haïtien de statuer rapidement sur ce dossier car cet acte est contraire à l'objectif fixé par l'institution de police et c'est un acte de barbarie qui doit être sévèrement réprimandé » dixit le maire de Plaisance.

A noter que le juge instructeur dans ce dossier, Me Henri-Claude Adhémar a déjà émis un mandat d'amener à l'encontre de l'inspecteur Bruno Plaisimond.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 29 Janvier 2009, 11 heures 10.

mardi 27 janvier 2009

Le choix des candidats Lavalas ou la fin du mythe Aristide.


Cap-Haïtien, le 27 Janvier 2009 ; (Ré.Cit.).-

Le vendredi 23 janvier 2009 marquait la fin des inscriptions de candidats pour les élections sénatoriales du 19 avril 2009. Le Président René Préval, ayant publié un décret appellent le peuple en ses comices, plusieurs candidats n’ont pas raté l’occasion pour faire le dépôt de leur candidature.

Pour la journée de 23 janvier 2009, la ville du Cap-Haïtien était le théâtre de démonstrations de force entre candidats du mouvement Lavalas. Nawoon Marcellus - Ancien Député Lavalas de la Grande Rivière du Nord, Moise Jean-Charles - ancien Maire de Milot et Angelot Bell - Cadre du Parti se sont lancés dans une lutte visant à mettre de leur coté les électeurs du courant Lavalas.

Soutenu par le Président de la République et inscrit sous la bannière de la Plate-forme LESPWA, Moise Jean Charles a pulvérisé Nawoon Marcellus, en mettant dans la rue une foule qui dépasse de loin celle qui avait accompagné l’ancien député de la Grande Rivière lors de sa présentation au local du Bureau Electoral du Nord dans la matinée.

Bell Angelot, de son coté, a dû se rendre à Port-au-prince pour s’assurer de la couverture du Parti. Car, si Nawoon a présenté un document signé de Dr Narcisse et du Sénateur Hériveaux, celui de Angelot Bell est paraphé par Stephen Francisque et Yves Cristalin. Ces derniers seraient les vrais détenteurs de l’autorité de nomination du parti Lavalas, suivant les statuts déposés au Ministère de la Justice. En effet, dans une lettre datée de 21 janvier 2009, du le Ministre Jean-Joseph Exumé, au Président du Conseil Electoral nous lisons :
Monsieur le Président, Le Ministre de la Justice et de la sécurité Publique accuse réception de votre correspondance Réf :CEP/fgv.-sts/1803 en date du 16 janvier 2009 par laquelle vous sollicitez des informations se rapportant à l’enregistrement et la reconnaissance du parti politique « Fanmi Lavalas ». Le Ministre s’empresse de vous confirmer que le parti politique « Fanmi Lavalas » a été régulièrement enregistré le 30 Octobre 1996, reconnu légalement le 14 février 1997 et avait pour représentant officiel Jean Bertrand Aristide suivant actes et pièces notariés déposés audit Ministère. Le 22 décembre 2008, le Ministère a reçu une correspondance de « l’Organisation Politique Fanmi Lavalas », signée de : Yves Cristallin, Lesly Beausjour, Ineda Jean-Baptiste, Elitane Atélus, Yvon Neptune et sous couvert de laquelle est notifiée une copie d’une résolution authentifiée par le Notaire Sabine D. Morpeau faisant état de la prise en charge du parti par un organe national de Direction provisoire dénommé : Equipe Responsable de Consensus de la Gestion Provisoire des Affaires de l’Organisation Fanmi Lavalas constituée de sept (7) membres : Yves Cristalin : Administrateur, Jonas Coffy : Trésorier, Stephen Francisque : Secrétaire, Yvon Buissereth : Membre, Pierre Jérome Valciné : Membre Jean Mary Samedi, Appoléon Trompé : Membre. En ce qui concerne les noms des membres habilités à poser des actes au nom d’un parti politique, le Ministère vous réfère au décret du 30 juillet 1986 sur les partis politiques, notamment en son article 9. (Ci-joint : Copie de l’Attestation de l’enregistrement et de Reconnaissance signée en date du 28 Juillet 2005, Copie de l’acte de dépôt de pièces en date du 30 Janvier 1997, Copie du Manifeste notarié daté du 16 Octobre 1995, Copie de la résolution du 9 octobre 2008.)
(Fin de texte)

Les 4 autres candidats : Elusca Charles de l’OPL, Marie Gislène Mompremier de FUSION, Antoine René Samson du parti UNION de Pasteur Chavannes Jeune et Jean René Laguerre de MODELH-PRDH attendent le verdict du CEP pour départager les deux prétendants Lavalas.

Cette situation de lutte pour l’héritage politique du Parti Fanmi Lavalas marque la fin d’un mythe qui alimente le fantasme que Jean Bertrand Aristide, de l’Afrique étant, contrôle la vie politique de ses partisans. Il est clair que sous le leadership de l’élu du 16 décembre 1990, aucun imposteur ne saurait s’arroger le doit de s’autoproclamer candidat Fanmi Lavalas. Il parait que les manipulateurs qui utilisent à tors et à travers le nom d’Aristide n’agissent que dans leur intérêt personnel. Le fait d’ouvrir la succession post-Aristide prouve que les leaders de l’intérieur ont tourné la page.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 27 Janvier 2009, 12 heures 50.

samedi 24 janvier 2009

DES MILLIONS SOUS LES TOGES


La République d’Haïti est en train d’offrir au reste du monde le triste spectacle d’un État en pleine régression morale et démocratique. L’histoire retiendra que c’est en fin 2008 que la corruption a atteint son paroxysme au sein de la Justice haïtienne. Dans un pays où tous les secteurs voient rouge, celui de la Magistrature s’est tristement illustré avec le pillage de plusieurs millions de dollars américains par des éléments de l’appareil judiciaire de Port de Paix. Les informations collectées, jusqu'à présent, mettent en cause principalement un substitut du Commissaire du Gouvernement qui aurait distribué le pactole de la corruption à ses collègues.

Parmi les corrompus se trouvent quasiment tous les Magistrats de la juridiction, près d’une vingtaine de policiers, des autorités de très haut niveau, et sans surprise, le nom d’un Parlementaire est cité. On ne peut pas laisser la Justice aux mains de prébendiers sans scrupules qui violent les principes républicains au seul profit de leurs poches. Dans cette histoire puante et hideuse, la Justice n’a pas su laver à grande eau l’impureté qui a fini de la maculer. Et le pays ne se remet pas encore de ce scandale.

Les bons ne doivent pas périr avec les méchants, mais en existe-t-il de justes dans l’appareil judiciaire de Port de Paix ? En vérité, s’il y a un seul élément honnête et intègre parmi les Juges, nous pardonnerons à toute la magistrature locale, à cause de lui. Cette histoire nous rappelle étrangement celle de Sodome et Gomorrhe détruites par l’Eternel-Dieu pour s’être livrées, par profusion, au dérèglement des mœurs. Elle nous montre aussi combien la corruption peut contribuer à répandre le crime dans notre société. Déjà, un cadre de l’institution policière ayant goûté au fruit maudit a été empoisonné. Suicide ou assassinat ? Nous attendons le résultat de l’enquête.

La somme de trente-deux millions de dollars américains aurait été cachée sous les robes noires des Magistrats suite à une descente des lieux effectuée chez l’oncle d’un narcotrafiquant. Alors que de « petits employés », simples auxiliaires de justice et deux Juges de Paix croupissent en prison, les grands Magistrats et autres autorités civiles et policières ont été épargnés. Paradoxe d’un dossier d’une si grande envergure. Deux poids, deux mesures !

En effet, une véritable mascarade coercitive et un traitement discriminatoire enveloppent ce dossier. Pendant que des personnes présumées corrompues sont placées sous mandat de dépôt à la suite de leur audition par le Parquet de la juridiction de la honte, d’autres ont été seulement mis en disponibilité, voire transférés ou promus au Ministère de la Justice. Au lieu d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, ne serait-ce que pour donner un signal fort aux autres Magistrats tentés par des pratiques corruptrices, le Ministère de la Justice a mis la pédale douce. Cette attitude jugée scandaleuse s’apparente à une caution à de tels actes. En ce sens que les véritables fautifs ne sont passibles d’aucune peine.

En lieu et place d’une arrestation après révocation, la pièce maîtresse du puzzle a été tout simplement écartée de la Magistrature, avec la latitude d’aller jouir des millions qu’il a détournés, volés et pillés. Pendant ce temps, le Chef du Parquet, grande figure de la corruption à Port de Paix, contre qui sont tenues des déclarations fracassantes et accablantes, est muté au Ministère de la Justice…une sorte de retraite anticipée qui lui permettra de garder tous ses avantages liés à sa, désormais, ex-fonction de Commissaire du Gouvernement et de jouir de son argent en toute quiétude.

Le Ministère de la Justice n’est pas un repère de voyous ; et nous insistons pour dire que les auteurs, co-auteurs et complices du pillage des billets verts doivent être arrêtés et traduits devant les Tribunaux afin de les empêcher de profiter des fruits de leur kleptomanie. La corruption à grande échelle pratiquée par des personnes occupant des postes élevés dans la Magistrature peut, non seulement, avoir des effets dévastateurs sur la démocratie, la primauté du droit et le développement économique et social mais, elle peut aussi saper la confiance des justiciables, empêcher l’investissement étranger et miner le paysage judiciaire haïtien dans sa globalité.

Franchement, l’attitude des responsables du Ministère de la Justice est un autre scandale dans ce Scandale. Beaucoup d’incohérences sont notées dans la gestion du dossier. Malheureusement, c’est à chaque fois que ces genres de situation arrivent qu’on se rend compte de l’importance du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire créé par la loi du 20 décembre 2007, publiée dans le Journal Officiel de la République et non appliquée, jusqu'à date, par le Gouvernement. De toute façon, nous sommes là, et nous suivons pas à pas cette saga en attendant qu’elle nous révèle d’autres secrets, d’autres déceptions et d’autres… laideurs !

Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Juge d’Instruction
Cap-Haïtien, Haïti
Ce 20 janvier 2009
http://heidifortune.blogspot.com /

mercredi 21 janvier 2009

Investiture d'Obama: la fête n'est pas finie qu'il est déjà au travail!

Par La rédaction du Post


le 21/01/2009

Un pied dans les bals, un autre à la Maison-Blanche, le président américain a déjà pris plusieurs décisions.

Un discours conventionnel mais fort


Un discours que nombre d'observateurs ont trouvé plat, s'étonne l'internaute Gourgandine. On retiendra surtout quelques phrases fortes: "Nous allons commencer à laisser l'Irak à son peuple d'une manière responsable et à forger une paix bien gagnée en Afghanistan" ou encore "Nous sommes rassemblés parce que nous avons choisi l'espoir, l'action et non la peur, l'unité d'action, et non l'action, le conflit et la discorde."


Une fête populaire sans précédent

On ne va pas vous détailler la litanie des bals populaires organisés à Washington... Juste vous montrer.. la robe de Michelle Obama, qui était très attendue. Ce sera du blanc! Les observateurs - toujours eux- n'ont pu que souligner l'excellent niveau de danse du nouveau président!


Les premières décisions tombent


Le président a eu le temps de faire un saut à la Maison-Blanche où ses principaux collaborateurs sont au travail:
il a ainsi demandé que les procédures judiciaires à Guantanamo étaient suspendues pour 120 jours, le temps de fermer cette prison. Sont attendues la confirmation d'Hillary Clinton devant le Sénat demain et le vote du super-plan de relance (1000 milliards) dans le courant de la semaine. "Tous les dossiers sont prioritaires" a-t-il encore souligné. A commencer par les fronts sur lesquels l'Amérique est engagée: il va dialoguer avec les chefs d'Etat major pour une vidéoconférence afin d'obtenir rapidement un plan de retrait en Irak et un plan de renfort en Afghanistan.

Et il n'y a pas que le président qui est au travail, les hackers aussi!


Un que les Américains ne regretteront pas, c'est George Bush


Il a réussi à se faire siffler lors de son départ en hélicoptère de la Maison-Blanche. Pour lui aussi, une nouvelle vie commence: il a l'intention d'ouvrir une bibliothèque au Texas ainsi qu'une fondation
politique.


(Sources:
DailyKos, Le Parisien-Aujourd'hui en France
)

mardi 20 janvier 2009

Assermentation d'Obama : Une nouvelle ère

Photo: AFP/Chuck Kennedy/Pool
Barack Obama prête serment en présence de sa femme Michelle, et de ses filles, Malia et Sasha.

Photo: La Presse Canadienne /AP Photo/Doug Mills, Pool

L'ère de George W. Bush est terminée: Barack Obama a prêté serment mardi midi devant le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, devenant ainsi officiellement le 44e président des États-Unis. L'homme de 47 ans est le premier Noir à présider aux destinées de la première puissance mondiale.

L'événement est sans contredit historique, étant donné le passé d'esclavagisme et de ségrégation raciale des États-Unis. Des centaines de milliers d'Américains, dont de nombreux Afro-Américains, se sont d'ailleurs rassemblés dans la capitale fédérale pour y assister.

Le président a par la suite prononcé un discours empreint de références historiques, dans lequel il a rappelé les principes fondateurs des États-Unis et la manière dont ils peuvent encore guider les Américains en ces temps difficiles, marqués par deux guerres et une crise économique majeure. (Consultez notre autre texte pour lire des extraits du discours)

Le passage du témoin s'est déroulé en présence de nombreux dignitaires, des anciens présidents et vice-présidents américains, ainsi que des membres du Cabinet Obama. Au terme de la cérémonie, le président Obama a escorté son prédécesseur à l'extérieur du Capitole: George W. Bush et sa femme ont quitté le site en hélicoptère.

Après un dîner avec les membres du Congrès, au cours duquel le sénateur Ted Kennedy s'est effondré (lire notre texte), Barack Obama a pris part au traditionnel défilé d'investiture sur Pennsylvania Avenue, un parcours de presque 3 kilomètres jusqu'à la Maison-Blanche.

Sous les acclamations d'une foule survoltée de centaines de milliers de personnes, le nouveau président et son épouse Michelle sont sortis à deux reprises de la limousine présidentielle blindée escortée par un important dispositif de sécurité.

M. Obama, son épouse et leur deux filles Malia et Sasha ont fait leurs premiers pas peu avant 17 h dans la Maison-Blanche, leur nouvelle résidence. « Nous sommes à la maison! » s'est réjouie la nouvelle Première dame.

Des mesures de sécurité sans précédent sont en vigueur. En soirée, le nouveau président participera à une dizaine de bals officiels.
Journée chargée

Les festivités en vue de l'assermentation se sont officiellement mises en branle à 10 h, avec une série de numéros musicaux.


Comme le veut la tradition, le futur président s'est rendu en matinée à l'église St. John en compagnie de son épouse Michelle. Il s'est ensuite dirigé vers la Maison-Blanche pour y prendre un café avec son prédécesseur George W. Bush et sa femme Laura.

Malgré une crise économique qui s'annonce inégalée depuis la Grande Dépression et malgré les deux guerres dans lesquelles le pays est enlisé, l'esprit est indéniablement à la fête dans la capitale fédérale.

Personne ne sait exactement combien de personnes sont réunies à Washington, une ville dans laquelle ne vivent qu'environ 600 000 personnes. Certains attendaient 2 millions de personnes, d'autres jusqu'à 4 millions.

L'assermentation se déroule sous haute sécurité, le département de la Sécurité intérieure l'ayant désigné National Special Security Event. Cette étiquette fait en sorte que la coordination des mesures de sécurité est l'apanage des services secrets.

Une bonne portion du centre névralgique de la ville, qui comprend la Maison-Blanche et le Capitole, est fermée à la circulation. Le métro et des services de navettes ont été mis à la disposition des fêtards. De longues files d'attente attendent ceux qui déferlent sur la capitale, en raison notamment des contrôles de sécurité.

Les chiffres donnent le tournis: 4000 policiers de Washington et un nombre équivalent de collègues d'ailleurs au pays sont en service, tout comme 5000 soldats et des milliers d'autres membres de la Garde nationale. Plus de 55 agences gouvernementales participent d'une manière ou d'une autre à l'organisation de la journée.

Un porte-parole du département de la Sécurité intérieure a fait savoir en avant-midi que les services de renseignement américains enquêtent sur une « menace potentielle le jour de l'investiture ». La crédibilité de cette menace, précise-t-on, est « incertaine ».

RCPN condamne énergiquement les actes d'intimidation du Ministre ''de facto'' Jean Joseph Exhumé à l’encontre de Valéry Numa.

REGROUPEMENT DES CORRESPONDANTS DE PRESSE DU NORD – RCPN

Note pour la Presse

Cap-Haitien, le 20 Janvier 2009

Le RCPN (Regroupement des Correspondants de Presse du Nord) condamne énergiquement les déclarations gratuites et accusatrices du Ministre de la Justice haïtien Jean Joseph Exhumé à l’encontre du journaliste Valéry Numa.

De telle déclaration, en pleine interview, vise à intimider le journaliste et ses collaborateurs de Radio Vision 2000 qui enquêtent sur l’implication des autorités judiciaires de Port du Paix dans la corruption - de l’Etat central en général. Cette légèreté disqualifie du même coup le ministre de facto, vu que, faute d’être sanctionné par le parlement haïtien, ce dernier a un déficit de légitimité. Au lieu de fournir des informations aux citoyens comme tout dirigeant responsable, Jean Joseph Exhumé s’est transformé en intimidateur contre les professionnels de la presse. Il n’a, manifestement, fait preuve d’aucun souci de rechercher la vérité sur ce dossier brûlant qui affecte la crédibilité du corps judiciaire.

Le regroupement appelle les parlementaires à corriger cette situation en interpellant le ministre Exhumé sur la situation dans le Nord-ouest.

Toute atteinte à la vie de Valéry Numa est de la responsabilité du Ministre exhumé qui a publiquement manifesté ses intentions d’intimider Valéry Numa et la presse haïtienne en générale.

Le RCPN reste mobilisé sur la situation et appelle les autres associations de journalistes et de média à faire pression et à resserrer leurs rangs pour éviter la répétition de tel comportement d’intimidation de la part d’un haut responsable haïtien. De telle dérive peut mettre en péril les droits imprescriptibles de la liberté d’expression.

Les dirigeants ont l’obligation de rendre des comptes à l’opinion publique. Il sera et restera ainsi dans tout état de Droit.

Jean-Rony JEAN
Secrétaire Général

Curtis EYMA
Secrétaire Général Adjoint

dimanche 11 janvier 2009

Une Nouvelle Station de Radio pour la Renaissance nationale.

(Photo Napoléon Mathieu) Studio de RADIO SOUVENIR FM.

Depuis le 4 janvier 2009, une nouvelle station de radio émet au Cap-Haitien:

SOUVENIR FM, 106.1, “La Radio de la Renaissance nationale’’.

________________

Cyrus SIBERT, PDG

Radio Souvenir FM

140 (À l’étage) Rue 8 et 9 F

Boite postale 242

Cap-Haitien, Haïti.

souvenirfm@yahoo.fr

reseaucitadelle@yahoo.fr

Radio Souvenir FM est une composante de Réseau Citadelle

www.reseaucitadelle.blogspot.com

Analyse de Robert Benodin et Ray Killick sur les éléments de blocage d’intégration nationale.

Thèmes de l’Emission de la semaine

Orlando le 9 janvier, 2009

Actualités Politiques : Grandes Lignes

Killick Ray 404-431-0801cel 770-754-0874h

Bonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio Classique Inter, l’émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin.

Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, L’analyste politique Ray Killick, opinant sur le constat des éléments de blocage d’intégration nationale.

Ray Killick, nous vous souhaitons la bienvenue les ondes de Radio Classique Inter.

RB : Le régime populiste des Duvalier tendait vers sa fin, quand Leslie Manigat avait dénoncé des facteurs de blocage d’intégration nationale. Voilà que 25 ans plus tard vous êtes entrain de faire le même constat sous le régime populiste lavalassien.

Comment se fait-il qu’après plus d’un demi-siècle de régimes populistes de droite et de gauche qui ont confisqué le pouvoir au nom de la défense des intérêts des masses et de leur intégration nationale, qu’on ait exactement le résultat contraire, la régression sociale des masses et l’exode des masses abusées et appauvries ?

RK : Avant de répondre à cette question, parce que vous avez touché à des points très importants. Vous avez parlé de régimes populistes de droite et de gauche. Il me faut définir ce que j’entends par populisme. Le populisme c’est un mouvement politique qui a à sa tête un leader charismatique qui s’engage à exploiter une situation de crise dans une société. Le leader populiste voit et comprend les problèmes. Cependant, il y a deux types de leader. Un qui veut prendre avantage de la crise par le biais de la démagogie pure et simple. Arrivé au pouvoir ce type de poppulisme ne va vraiment défendre les intérêts du peuple. Et l’autre qui fait le même constat, identifie les mêmes problèmes, avec la nuance qu’il s’engage à défendre vraiment les intérêts du peuple. Comme second type de leader, on peut citer Fidel Castro par exemple. Il est un communiste qui a pris le pouvoir pour renverser l’ordre établi par Batista. Cuba, il fut un temps, était le bordel de l’Amérique. Il a pris le pouvoir en tant que populiste et s’est converti au communiste. En tant que tel il a défendu les intérêts de son peuple. On voit aujourd’hui les résultats de ses efforts.

Tandis qu’en Haïti on a des populistes du premier type, qui prennent le pouvoir au nom de la défense des intérêts des masses, le gardent, mais ne font rien. Au pouvoir ils exploitent, exacerbent et intensifient la crise par le biais de laquelle ils confisquent le pouvoir. Au lieu d’y apporter des solutions, ils s’expriment dans un langage qui incite le peuple à la mobilisation, sans offrir de solution. Les 50 ans de populisme qu’on a eu en Haïti, n’a été qu’un demi-siècle de démagogie. C’est le même message qui passe continuellement d’un régime à l’autre et le peuple se fait piéger à chaque fois, de 1957 à 2008. Est-ce que ce peuple comprend de quoi il est victime ?

L’un et l’autre types de populisme exploitent les situations de crise aigues dans une société. Comme Jean Marie Lepain en France avait voulu exploiter une série de conditions pour accéder au pouvoir. L’objectif de François Duvalier ce n’était pas de résoudre les problèmes du peuple, mais la pérennisation de son pouvoir. Jean Claude Duvalier héritant du pouvoir populiste de son père, a choisi pour base de son pouvoir, la jeunesse.

A la chute de Jean Claude, il n’y a pas eu de progrès social réel après 30 ans de pouvoir. Mais de plus, à cause du caractère totalitaire du régime, il a laissé un vide politique faute d’émergence de leadership même à l’intérieur du régime lui-même. A tous les niveaux d’autorités locales, nationales, parlementaires et judiciaires, ce sont les Duvalier qui nomment et révoquent. Toute velléité de leadership qui n’est pas consacrée par le chef suprême est automatiquement suspecte et détruite immédiatement, peu importe les liens de parenté ou autres. Il n’y avait pas de parti politique coexistant sur le territoire. Même le parti de François Duvalier lui-même a dû disparaître après l’émergence de la milice devenue l’élément de base du régime.

De fait le régime qui a accédé au pouvoir, après Duvalier, n’a fait qu’émuler, que copier Duvalier. L’objectif principal est la pérennisation et l’omnipotence du pouvoir. Les discours simplistes prononcés, tel que « Timtim bois sèche » etc. n’ont eu comme objectif que d’infantiliser les masses. Pris au piège, en deux fois par le populisme, les masses ne peuvent pas discerner la cause réelle de leur misère et de leur pauvreté. Elles se laissent prendre par l’incitation à la violence, par l’articulation des revendications, par l’exploitation des ressentiments et par la propagation de la haine. Ces régimes incitent les masses à ventiler leurs frustrations, sans leur offrir de solution réelle. On a l’impression et même la certitude que ces régimes ont intérêt à maintenir leur clientèle, en maintenant les conditions de vie qui entretiennent leurs frustrations.

En fait, même avec un semblant de Démocratie représentative, on ne voit pas les masses questionner la performance de leurs représentants, de leurs mandataires, au moment du renouvellement de leurs mandats. La frustration des masses confuses est fixée plutôt sur d’autres cibles, dans le cadre d’une lutte de classes fictive. Paradoxalement, c’est avec les classes ciblées par les masses que les autorités populistes font copieusement leur beurre.

Tant qu’on aura au pouvoir ce genre de régime populiste démagogique, on n’aura aucun progrès. C’est pour cela qu’après un demi-siècle de populisme, on a exactement le résultat contraire, la régression sociale des masses et l’exode des masses abusées et appauvries.

Il faut d’une initiative qui vient des masses haïtiennes et d’un leadership qui doit contrecarrer le message démagogique et simpliste du populisme. Après 204 ans d’indépendance du premier pays noir, où l’esclave a clamé son humanité, pris sa liberté, déclaré son indépendance et établi une république, plus de la moitié de la population est analphabète et vie dans des conditions abjectes.

RB : Qu’est-ce qui explique le fait qu’après 3 décennies de pouvoir populiste de droite fasciste, reversé le 7 février 1986, que le peuple haïtien ait pu replacer au pouvoir, le 16 décembre 1990, un autre régime anarchopopuliste de gauche et le maintenir en place jusqu'à présent pendant 18 ans ?

RK : C’est un peuple qui, en 1990, avait soif de changement, de justice sociale et de liberté. Il faut comprendre qu’après la forte répression du régime déchu, les masses n’ont pas été les seules à éprouver cette soif. C’est une soif multi-classiste. Après la participation avec succès à l’avant-scène politique du mouvement religieux charismatique, le prêtre Aristide a incité le peuple à le percevoir, comme un sauveur. Il est devenu le champion de la cause populaire. Ayant fait un constat précis de la situation de crise, il s’est décidé de l’exploiter. Il est donc catapulté au pouvoir avec l’espoir qu’il sera le champion de la justice sociale. Qu’il sera celui qui viendra finalement émanciper les masses de la pauvreté, de la misère, de la maladie et de l’ignorance.

La deuxième phase de la question, pourquoi après 18 ans, on soit toujours au même point, le point de départ ? Que l’on aille d’Aristide à Préval, de Préval à Aristide et enfin d’Aristide à Préval, il n’y a rien de changer. C’est pour cela que j’ai écrit un article intitulé « La déshumanisation du peuple haïtien ». Nous avons deux nations dans le pays. Une nation de nantis, tous ceux qui appartiennent à cette nation de nantis, ne sont pas forcément riches. Ce sont ceux qui sont instruits, des professionnels, qui ont accès à l’éducation, qui sont des privilégiés de la société. Ils constituent une caste. Ils vivent à part. Ils appartiennent à une autre nation. De l’autre, on a un autre peuple démuni, dépourvu de tout. C’est le peuple des restavec, des gérants de cour, des bonnes, des madansaras des paysans etc. qui n’ont aucun accès, aucune opportunité. On a donc deux nations qui coexistent dans un même Etat. Quand un leader entreprend de jouer le rôle de défenseur des intérêts de la nation méprisée, elle devient réceptive à son message démagogique ou pas. Dans une situation de crise, le langage populiste devient la bactérie qui se nourrit de l’infection. Les prises de pouvoir qui ont eu lieu en 1991, 1996, 2001 et en 2006 au non de la défense des intérêts des masses, n’ont offert aucune solution, mais seulement que des revendications. Ils n’ont eu aucune vision, que la pérennisation et l’omnipotence du pouvoir. Or on ne peut pas changer Haïti sans les masses haïtiennes. Avec une majorité d’analphabètes, une majorité de chaumeurs, une majorité de sans métier, on ne peut pas développer un pays. On est obligé d’investir un minimum dans les ressources humaines.

Pour répondre à la question, il est plus facile pour l’anarchopopuliste de jouer le rôle de la bactérie dans l’infection, que de la guérir. La présence de l’infection demeure le milieu ambiant favori pour la survie de la bactérie.

RB : La production agricole ayant virtuellement disparu avec la faillite de l’Etat, n’y a-t-il pas lieu de redéfinir les models socioéconomiques avec la disparition ou l’affaiblissement du model autonome du paysan ?

RK : Absolument, dans un pays dévasté par l’érosion, qui n’a que 2% de terre arable, peut-on miser sur l’agriculture ? C’est un pays qui a besoin de nouveaux models socioéconomiques. Pas avec ceux qui sont là, mais des dirigeants avec une certaine vision, qui devront s’engager dans la voie de la conception et de la matérialisation de nouveaux models socioéconomiques, avec un plan stratégique étalé sur 20 à 25 ans. Il faut repenser l’Etat. Sans un tel effort, il n’y aura pas de changement. Il n’y aura pas de model socioéconomique viable qui peut amener au développement à court, moyen et long terme avec un Etat populiste en faillite, avec des institutions en pleine déliquescence, à l’ère de la mondialisation. L’éducation des masses, qui rend possible le transfère technologique à tous les niveau, est un pré-requis indispensable dans n’importe quel model socioéconomique. Il faut ouvrir des perspectives pour que le citoyen haïtien devienne fonctionnel dans le cadre de la mondialisation. Il lui faut être capable d’entrer en compétition dans le cadre du marché mondial, pour attirer l’investissement. Ce n’est pas seulement la domination de la corruption et la drogue qui repousse l’investissement. L’ignorance n’attire pas.

RB : Si la République se défini par un Etat où ses citoyens élisent leurs dirigeants directement ou indirectement, comment le manque d’intégration nationale en Haïti suffit-il pour déclarer qu’Haïti n’est pas une République ?

RK : Je n’ai pas dit que le manque d’intégration national suffit pour déclarer que Haïti ne soit pas une république. Qu’est-ce que c’est qu’une république ? On nous dit que les héros de l’indépendance, Dessalines, Pétion, Christophe, ont jeté les base d’une république, pour garantir à toute la nation une vie meilleur. Dans la république, la liberté des citoyens est garantie. C’est un régime qui organise l’Etat, avec des dirigeants dont les pouvoirs sont limités. Ce sont des gouvernants qui sont au service de la population de la république. Une république est un Etat de loi, un Etat de droit, qui protège les droits de la majorité aussi bien que ceux de la minorité. Haïti n’est pas une république parce qu’il n’y a pas le respect de la loi. La constitution n’est pas respectée. Les institutions ne fonctionnent pas. Le pillage des biens publics est toléré. L’abus de l’autorité politique est non-seulement toléré, même encouragé. Haïti n’est pas une république parce que les principes de liberté et du respect de la loi ne sont pas mis en pratique. La république que voulaient créer les héros de l’indépendance, n’existe pas.

RB : La notion d’Etat-nation remontant au xe siècle, a évolué pendant des siècles avec des clivages beaucoup plus profonds que ceux qui existent aujourd’hui dans notre société. Et pourtant le sens d’appartenance nationale a perduré chez ces nations, maintenant cette reconfiguration géographique et démographique pendant plus d’un millénaire.

Qu’est-ce qui vous fait croire qu’Haïti ne soit pas une nation ?

RK : Je ne dis pas qu’Haïti n’est pas une nation, mais qu’il y a deux nations cohabitant ou coexistant dans un même Etat. La Suisse par exemple, malgré la diversité ethnique et de langue, la nation Suisse est une.

Ernest Renan en France a déclaré à la Sorbonne en 1882, que la nation est un principe spirituel, une solidarité. Il y a des mémoires, des gloires et des valeurs communes que l’on partage dans le présent et que nous voulons continuer à vivre ensemble. Or en Haïti après 204 ans d’indépendance et plus précisément après 50 ans de destruction des régimes populistes, que l’Haïtien est prêt à abandonner son pays si on lui ouvre les portes de la Floride. Ceci est clair que le leadership populiste n’a rien fait pour donner à l’Haïtien l’envi de rester chez lui, de vivre sur sa terre natale. On a une majorité qui est une nation marginalisée et une minorité de privilégiée, dont le clivage n’est ni ethnique, ni racial, mais l’absence d’accès à l’éducation, aux opportunités, aux soins de santé, à l’eau potable, à l’information etc.

RB : Il suffit de constater les allocations de fonds du budget de fonctionnement, pour se rendre compte que l’éducation n’est pas une priorité dans ce pays d’analphabètes.

Malgré le fait que la majorité des Haïtiens vivent dans le milieu rural, pourquoi l’allocation de fonds pour l’éducation rurale, soit proportionnellement inférieure à celle du milieu urbain ?

RK : Avec des gouvernements démissionnaires, des gouvernements qui se comportent en monarchie, c’est le pouvoir du plus fort. Bien que ces gouvernants soient élus, ils ne représentent pas vraiment le peuple, parce qu’ils savent que les élections sont frauduleuses. Que leurs pouvoirs ne relèvent pas vraiment des résultats des élections. Que ces élections ne sont pas vraiment l’expression de la volonté générale. Que le renouvellement de leurs mandats dépend plutôt de la volonté du pouvoir ou du régime en place, que celle du peuple. Les autorités sont plus loyales au pouvoir, au régime qu’au peuple qu’elles sont sensées représenter. De plus le gouvernement dépend de l’aide internationale à 65% pour son budget de fonctionnement. Il n’y a rien qui lie le pouvoir en place à la volonté générale du peuple et des contribuables. Ce ne sont pas des gouvernements qui ont aucun intérêt dans la restauration de la dignité d’un peuple. Leurs pouvoirs n’en dépendent pas.

Quel intérêt de tels gouvernements peuvent-ils avoir pour investir dans l’éducation d’un peuple dont son pouvoir ne dépend pas de lui. La présence de ces autorités au pouvoir dépend beaucoup plus des tuteurs étrangers qui les supportent en vérité et en réalité, que du peuple qu’ils gouvernent. Le maintien de l’analphabétisme en Haïti, n’est pas l’effet du hasard. Le secteur privé subit cette handicape. Castro a éduqué son peuple. Cuba, avec 60 milles médecins, envoie des médecins à travers le monde. Haïti n’est pas prêt pour entrer dans la compétition dans le marché de la mondialisation, le XXIe, le siècle de l’information et de la 3e révolution industrielle.

RB : L’élite commerciale et industrielle, certainement a non seulement intérêt, mais le devoir de participation au projet d’éducation, de donner des bourses, de contribuer au financement d’université etc. comme cela se fait partout ailleurs. Elle est de fait le premier secteur bénéficiaire d’une population éduquée.

Mais l’Etat qui gère ce système, ne participe-t-il pas seulement qu’à 20% avec une efficacité qui laisse beaucoup à désirer ?

RK : Il y a deux aspects, le rôle de l’Etat et celui du secteur privé. Il faut qu’il y ait un écosystème pour permettre le développement. Qui a le pouvoir coercitif dans le pays qui peut dicter ce qui doit se faire, et œuvrer à sa matérialisation ? C’est seulement l’Etat qui détient ce pouvoir. Nous avons en Haïti un état autoritaire qui aurait pu à son gré dicter et œuvrer à la matérialisation de l’écosystème, avec pour base l’éducation, une éducation adéquate pour les exigences du XXIe siècle.

Bien qu’Haïti soit un pays pauvre, elle a une ressource puissante, la Diaspora qu’elle doit exploiter. L’écosystème doit être établi par l’état. Mais il y a d’autres acteurs qui peuvent y contribuer. Quel est le rôle du secteur privé ? Le secteur privé a un rôle à jouer étant le premier secteur bénéficiaire d’une population éduquer pour faire croître l’économie par ses innovations, par sa compétitivité. Une population éduquée est le cadre idéal pour l’investissement étranger et national.

RB : N’est-on pas aujourd’hui dans une situation où le chef d’état absolument inconscient de ses responsabilités envers les gouvernés, ne se soucie ni de leur bien-être, ni de leur intégration nationale ?

RK : C’est un chef d’état qui au cour de sa campagne électorale n’a rien promis, n’a présenté aucune vision. Il a été un candidat muet. Est-ce que le peuple doit deviner ce que vous aviez l’intention de dire quand vous n’aviez rien dit ? Ça a été une exploitation flagrante de l’ignorance du peuple. Un tel comportement, c’est un manque de respect irréfutable pour le peuple. Mais il nous faut constater aussi qu’il n’y a aucun sens de responsabilité. Le pouvoir présidentiel, ce n’est pas un bien que l’on hérite, sans obligation. Le président assume une responsabilité morale envers ceux qu’il va gouverner. Le chef de l’état a l’obligation d’assurer le bien être de la nation qu’il gouverne. A cause de l’existence de cette nation de délaissé, de démuni, qu’il perçoit à distance et avec qui, il n’a aucun intérêt commun, il est plus intéressé à défendre les intérêts de sa clic, de son entourage qui supporte loyalement son pouvoir. Alors que cette nation de démuni est en train d’attendre et d’espérer l’avènement d’un leadership capable d’agir à son profit, de l’intégrer et de lui donner accès, la priorité pour ce genre de gouvernement que nous avons aujourd’hui, n’est pas dans ce domaine. Plus le peuple est ignorent mieux ça vaut. Il ne connaît pas ses droits. Il fait moins d’exigence. Il est plus facilement manipulable. Il est plus facilement infantilisé.

RB : Après l’indépendance, les anciens esclaves ont voulu être maîtres et propriétaires de la terre. Les bossales ont voulu recréer le model tribal africain. Les deux capillarités sociales qui leur ont été disponibles, quand ils peuvent y avoir accès, sont l’éducation et l’enrôlement dans l’armée.

Connaissez-vous un exemple d’intégration sociale dans les pays pauvres ?

RK : Bien sûr, je l’appelle le phénomène de la mondialisation. C’est un phénomène qui interpelle votre conscience et votre présence d’esprit, dans le sens que c’est un catalyseur indirect. Quand on voit l’insertion des autres pays dans ce cadre, on se rend compte que l’intégration ne peut se faire que part l’éducation, facilitant, conditionnant le transfère de technologie. Il faut que le terrain humain soit préparé, éduqué, pour recevoir les bénéfices de l’intégration dans le marché mondial. Il faut avoir quelque chose à offrir pour pouvoir en bénéficier. Le saut qualitatif honnête, passant du prolétariat à la classe moyenne, passe par l’éducation. L’éducation est une valeur universelle. L’absence d’éducation est un élément de blocage à la mobilité sociale et à l’intégration sociale. Est-ce que le peuple haïtien n’a pas l’obligation d’exiger son droit à l’éducation ?

RB : Ceux qui ont été les fondateurs de la nation ont-ils jamais eu aucune notion de ce qu’est l’Etat-nation ? Après l’indépendance n’a-t-on pas eu des chefs d’état et des ministres illettrés ?

RK : Je ne peux pas dire qu’ils n’ont pas eu une notion de l’Etat-nation. Ils ont fondé une république. Ils ont manifesté cette volonté. Ils l’ont rédigé. On a une Constitution qui définit clairement les principes universels de droits de l’Homme et du citoyen. Pétion a montré des tendances républicaines, la coexistence du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif, le libéralisme du XIXe siècle, les grandes idées de l’époque. Il s’est aussi débarrassé du Sénat. Dessalines a établi un empire et Christophe un royaume. Ces formes de gouvernement n’ont aucun conflit avec la notion d’Etat-nation. Mais la volonté d’intégration nationale n’a pas été manifeste dès le début. Il n’y a pas eu d’effort d’intégration nationale par nos gouvernements. Ils se sont battus entre eux, avant et après la guerre de l’indépendance. La répartition des terres, les dettes de Boyer sont des choses catastrophiques qui ont eu lieux dès le début. C’est un manque de volonté, au départ, d’imposer et de vivre selon les valeurs républicaines universelles, les idéaux de liberté et d’égalité, établies par la première Constitution.

RB : Leslie Manigat n’a pas pu accéder au pouvoir en 2006 certes. Mais comment expliquer que pendant 30 ans on a eu Duvalier père et fils et pendant près de 20 ans, on a eu Aristide et Préval avec l’alternance de deux mandats chacun. Il est évident qu’ils ne se sont pas propulsés et maintenus au pouvoir tout seul.

Quel groupe d’intérêt multi-classistes a pu réaliser cette performance avec la complicité de la communauté internationale ?

RK : Manigat est un leader d’envergure. Il y a 25 ans, il a fait le constat du blocage d’intégration nationale. Il a eu un discours peut être trop élevé pour la population. Il n’a pas articulé un message qui aurait pu inciter cette majorité de démunis à faire de lui le champion de leur cause. Car il faut le reconnaître, il a mis le doit dans la plaie, en dénonçant les éléments de blocage. Mais c’est Aristide qui a délivré le message, avec l’antagonisme nécessaire, auquel les masses ont réagi évoquant le même sujet. Manigat n’a pas eu le langage, le verbe populiste. Le langage qui incite le peuple à la mobilisation et à l’action, ce n’est, ni la raison, ni l’analyse. C’est un discours, sans substance, simpliste, infantilisant. Ça peut expliquer pourquoi il n’a pas pu prendre le pouvoir.

Il nous faut reconnaître que le discours populiste est pour beaucoup dans le succès de Duvalier et d’Aristide pour accéder au pouvoir et s’y maintenir en dépit de leurs échecs manifestes. Il y a aussi le fait que les partis de gauche socialistes, communistes et autres ont reconnu en Aristide un leader autour duquel ils pouvaient s’unifier pour la prise de pouvoir.

Leur présence au pouvoir malgré 50 ans de situations de crise utilisant la force et exploitant l’ignorance des masses démunies, montre qu’il n’y a pas encore une alternative qui soit offerte dans un langage compréhensible aux masses démunies, pour les convaincre d’une alternative dans laquelle, elles se reconnaissent. Certes, avec des masses analphabètes, c’est une question de langage, d’oralité. Mais ce n’est pas une question d’expression savante, d’analyse, de raison et de didactique académique. Ces masses vont persister à suivre, même vers l’abîme, le langage de ceux qui les font vibrer au diapason et à leurs fréquences. C’est une simple question plutôt d’affinité que de raison.

Bien sûr, il y a une complicité internationale. Duvalier a bénéficié de la guerre froide. L’Ouest n’a pas voulu que Castro exporte le communiste dans les Caraïbes. Le retour d’Aristide au pouvoir en 1994, vient du fait que les pays sud-américains ont voulu mettre fin au coup d’état militaire. Mais Aristide en 2003 a menacé l’Américain en disant, qu’il allait faire une invasion des cotes de la Floride par les boat-poeples. Cette menace a tout chambardé. La décision est prise pour mettre Haïti en quarantaine. Ils ont voulu démanteler Aristide, mais pas le régime lavalas. Lavalas étant un mouvement populiste qui parle le langage du peuple pour le tenir en laisse, l’opium du peuple. C’est ainsi que Préval est retourné au pouvoir littéralement sans mot dire. Ils ont bloqué le deuxième tour pour donner le pouvoir à Préval, malgré une violation constitutionnelle flagrante.

RB : Pour ce que vous avez fait comme constat concernant le comportement du régime en place, est-il capable de gérer un projet d’intégration nationale ?

RK : Quand un problème est créé par une entité, la même entité ne peut pas le résoudre. De l’indépendance à nos jours deux nations ont évolué dans le temps séparément. Une qui n’a connu que la souffrance, la marginalisation et l’autre qui vit dans de meilleur condition. On ne peut pas demander à ces populistes de penser à la gestion de l’intégration nationale, ils ont contribué au maintien de cette séparation. Un leadership qui a échoué ne peut pas reconstruire ce qu’il a lui-même détruit, que ce soit dans le domaine politique ou privé. Quand un leadership échoue, il faut le remplacer par un leadership nouveau. Comme vous avez l’habitude d’écrire « Il faut des hommes neufs pour créer un monde nouveau. » Il faut pour gérer le projet d’intégration nationale ou de transformation nationale, un leadership nouveau, avec une culture d’exécution, avec des apports du peuple et de tous les secteurs de la société. C’est un projet républicain, basé sur la liberté individuelle, la suprématie de la loi, l’Etat de droit, la limitation des pouvoirs des gouvernants, le contrôle de la gestion des gouvernants. Pour que l’on accomplisse cette transformation, tous les secteurs de la société doivent participer et jouer leur rôle. Un parti politique par exemple, doit avoir accès à la radio pour former et informer le public. Il faut au pouvoir un régime qui ne soit pas démagogique, mais qui parle le langage qui mobilise et incite le peuple à défendre sa cause.

RB : Quels sont les bénéfices à court, moyen et long terme qui peuvent inciter un gouvernement à envisager un tel projet ?

RK : Haïti, étant un pays qui au temps de la colonie représentait les 2/3 du commerce extérieur de la France, est devenu un pays qui a perdu en 204 ans tout son potentiel agricole. On a un pays sans ressource, un peuple analphabète, en plein dans la mondialisation, ayant le besoin de rejoindre le XXIe siècle. Ce n’est certainement pas un projet à court terme. C’est un projet à long terme, qui exige un investissement sérieux dans l’éducation, pour augmenter la compétitivité de l’économie nationale. On a l’exemple du model chinois et du model indien qui ont fait de tels investissements, et qui sont en train d’en tirer profit aujourd’hui. La Chine est en train de développer une classe moyenne qui sera le double de celle des Etats-Unis. La Chine, les Indes, les Etats-Unis vont se chercher des pays émergeant pour ouvrir de nouveaux marchés. Ils vont investir dans des pays qui sont préparés à recevoir ces investissements. C’est dans les pays en voie de développement qui se sont préparés que l’une des prochaines vagues de la mondialisation va s’épandre. Voilà ce qui peut changer Haïti.

RB : Quels sont les pré-requis et les conditions qu’il faut avoir pour pouvoir entamer un projet d’intégration nationale ?

RK : Premièrement, il faut avoir la volonté politique. La structure ne suffit pas. Il faut avoir le leadership. Il faut des hommes neufs pour créer un monde nouveau. Il faut un leadership avec la culture d’exécution, déterminé à vivre les valeurs universelles, honnêteté, probité, sens de responsabilité, sens de suivi. Un leadership prêt à collaborer avec les deux nations, pour les rapprocher et les intégrer dans une même nation. Le leadership est fondamental comme pré-requis. Il faut que ce soit un leadership qui peut s’adresser aux masses, pas pour diviser mais pour unir. Pour déloger la culture de destruction, il y a un travail de conscientisation qui doit se faire. Il faut obligatoirement que les masses jouent un rôle dans leur intégration, pour avoir un sens d’appartenance, et défendre ce qui lui revient de droit.

Il faut se trouver des alliés internationaux. On ne peut pas faire cette transformation dans l’isolement. La partie réactionnaire du milieu international qui ne veut pas de changement, va se lier aux réactionnaires nationaux pour vous faire échouer. Ce leadership comme pré-requis doit prendre le pouvoir, pour exécuter un tel plan. Il ne peut pas le faire en dehors du pouvoir.

RB : Quels sont les facteurs de réticence auxquels on doit s’attendre ?

RK : Après 50 ans de populisme, il faut croire qu’il y a un établissement politique de cette faune de rétrograde et de réfractaire. Ils constituent une force dans ce pays, qui veut maintenir le monopole du pouvoir. Ils ne vont pas vous rendre la vie facile. Ils sont contre tout changement. Peu importe le changement, il dérange ceux qui sont déjà établis dans leur confort, dans leur culture. Il faut que ce nouveau leadership soit prêt à vaincre cette réticence. Il faut qu’il se donne les moyens pour le faire.

Le projet d’intégration nationale en soi, est une révolution. Il y a des classes d’individus qui ne sont pas des citoyens à part entière. Il y a des classes d’individus qui vont s’opposer naturellement à leur intégration. Il ne faut pas se faire d’illusion.

RB : Quels sont les signes indicateurs du succès du projet d’intégration ? En d’autres termes qu’est-ce qui peut indiquer que l’on est sur la bonne voie, ou le contraire ?

RK : Le premier signe de succès se manifestera dans les représentants que le peuple se choisi pour défendre ses intérêts. Il se cherche des représentants qui donnent des résultats. Le deuxième indicateur de succès c’est le progrès des éléments de base du projet d’intégration, tel que l’éducation. Il faut évaluer sur tous les angles la qualité de l’éducation et la transformation quelle opère. Il faut évaluer la mobilité sociale des démunis, l’effet de l’intégration sur l’économie. Il faut observer l’augmentation graduelle de la classe moyenne.

RB : Un régime populiste a-t-il intérêt à s’engager dans un tel projet ?

RK : Pas du tout, les régimes populistes que nous avons vécus depuis 50 ans en Haïti, sont démagogiques. Ils disent des choses. Mais ils n’ont aucune compétence. Ils n’ont aucune volonté pour opérer aucune transformation. C’est comme une bactérie qui se nourrit d’une plaie. Ils vivent des divisions sociales et des clivages sociaux. Ils sont en train d’exploiter et d’exacerber la colère du peuple. Les régimes populistes du genre que nous avons connu en Haïti, ne peuvent offrir aucune solution aux crises qu’ils exploitent. Le populisme de Castro ne répond pas non plus aux exigences du XXIe siècle dans les conditions géopolitiques actuelles. On peut avoir des gouvernements de gauche et de droite en Haïti, mais la monopolisation du pouvoir à vie est inacceptable. Il nous faut établir une vraie république, un Etat de droit. Cela exige un nouveau leadership. Je ne crois pas qu’un leadership populiste soit capable d’entreprendre un projet d’intégration nationale. Ce serait se réinventer. Ce serait altérer sa vision du monde. Ce serait réinventer sa culture. Ce qui est impossible.

RB : Je te remercie pour ta participation brillante à cette émission. J’espère pouvoir t’inviter pour une prochaine fois.

RK : Ça a été un plaisir pour moi de te parler et de participer à l’émission. Tu m’as posé des questions assez difficiles, mais pertinentes. J’espère que l’audience les apprécie. Ça a été un plaisir.