samedi 23 janvier 2010

La presse française fait le jeu des Américains en Haïti.

Haïti Ile maudite? Haïti Ile légende!

 

Par : Cyrus Sibert, souvenirfm@yahoo.fr

Le Ré.Cit.- Réseau Citadelle, Cap-Haïtien, Haïti.

www.reseaucitadelle.blogspot.com

 

Depuis la destruction de Port-au-Prince la presse internationale est mobilisée sur la situation en Haïti. Avec plus de 100,000 morts selon les estimations officielles et 2 millions de sinistrés, Haïti est au cœur de l'actualité. De grands organes de presse présentent en rotation la situation de la capitale d'Haïti, les besoins des sinistrés, les survivants sous les décombres, le déploiement des troupes américaines, les scènes de pillage et d'autres reportages présentant l'histoire de notre pays. Des émissions suivies avec passion par le public haïtien, le reste du pays y voit une occasion pour s'enquérir de la situation à Port-au-Prince, cette ville de 2 millions d'habitants où chaque haïtien a un parent, un ami, un ancien camarade de presse. 

Deux jours après le séisme, le public haïtien qui voyait les medias étrangers comme des amis utiles au chevet de la capitale d'Haïti détruite, est déçu. LCI, une chaine de télévision française vient de présenter un reportage qualifiant Haïti chérie d' ''Ile Maudite''. ''Haïti : La malédiction d'une ile'' est le reportage qui marque l'esprit du public. Dans ce reportage, on présente notre terre comme maudite, on fait intervenir des historiens avec des approches historiques partiales, des analyses mettant emphase sur les facteurs endogènes sans tenir compte des complots internationaux de la France et d'autres pays dominés par l'idéologie raciste de la communauté internationale pour faire échouer la seule révolution anti-esclavagiste de l'Histoire.

Paradoxalement, ce reportage de la télévision française LCI, a milité contre la France en Haïti, il va dans le sens d'un support aux initiatives américaines décrétées par le Premier président noir des Etats-Unis. Dans la rue, des jeunes critiques les français. Ils les considèrent comme des hypocrites qui profitent du séisme pour démontrer que nos ancêtres avaient tors, qu'ils devaient accepter l'esclavage, le racisme et tous les traitements inhumains des civilisateurs colonialistes Français. Selon les observateurs, les français devraient avoir honte de l'action de leurs ancêtres en Haïti. Au lieu de chercher un moyen de démontrer au monde que la révolution anti-esclavagiste était une erreur, ils devraient profiter de cette situation pour rembourser l'argent extorqué de force sous forme de dette de l'Indépendance. Même quand Haïti est dans la merde, c'est notre affaire. Toutefois, ce qui nous énerve c'est que cette merde est en majeure partie celle des étrangers qui supportent les leaders les plus funestes au détriment des progressistes. Toutefois, les conditions difficiles constituaient la matrice de notre évolution. C'est dans ces conditions difficiles que nous avions réalisé la révolution anti-esclavage. Nous renaîtrons de nos cendres. Il n'y a pas lieu de se réjouir de la destruction d'Haïti.

Contrairement aux déclarations du Président Sarkozy appelant à la reconstruction d'Haïti, la chaine française LCI a envenimé la situation de méfiance qui existe entre l'opinion publique haïtienne et  la France. Le peuple haïtien comprend bien que depuis plus de 200 ans aucun Chef d'Etat, aucun Premier Ministre Français n'a visité Haïti. La France n'arrive pas à oublier sa défaite à Vertières, la victoire militaire décisive qui a marqué la fin de la colonisation française en Haïti.

Des maisons en Haïti peuvent être détruites, mais on ne peut pas détruire Haïti. Haïti c'est plus que des maisons, plus qu'une économie, plus qu'un système politique stable, plus que la démocratie. Car, depuis l'écrasement de l'Armée Française à Vertières, Haïti est une légende.

Notre peuple peut croupir dans la misère, il ne renoncera pas à son droit à la liberté. Elle est pour nous une valeur absolue. Elle n'est pas relative, encore moins hédoniste. Malheurs à ceux qui croient que nous avons perdu le gout de l'indépendance. S'ils sont intelligents, ils verront que dans les moments difficiles comme la situation post-séisme depuis le 12 janvier 2010, le peuple Haïtien renvient naturellement aux pratiques traditionnelles ancestrales pour survivre :

Kombit : L'entraide entre les victimes du séisme

Lakou : Les quartiers sont fermés et transformés en un espace contrôlé par les résidents.

Le Marronnage : Les haïtiens de Port-au-Prince prennent le chemin des villes de l'intérieur, la province, les villages, pour mieux résister et faire face aux conséquences de la catastrophe.

La culture et les croyances haïtiennes font office d'encadrement psychologique pour le moral du peuple.

Comme le Phoenix, il faut des cendres pour la renaissance.

RESEAU CITADELLE (Ré.Cit.), le 23 Janvier 2010, 13 hres 22.


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