Des milliers de femmes vivant dans des camps provisoires en Haïti sont menacées par la violence sexuelle. Les autorités n'offrent pas une protection suffisante a déclaré un responsable d'Amnesty International. suite au rapport d'une délégation qui, durant 3 semaines, a visité 8 camps: à Port-au-Prince et dans les villes de Jacmel et Lascahobas, certains de ces camps ayant été visité plusieurs fois.

«Il y a un sentiment général d'insécurité à l'intérieur et autour des camps, en particulier la nuit. Les femmes vivant dans des abris de fortune se sentent vulnérables et ont peur des agressions» dit Chiara Liguori, chercheure au sein d'Amnesty International de Port-au-Prince. «La violence sexuelle est largement présente dans les camps [...] c'était déjà une préoccupation majeure dans le pays avant le tremblement de terre mais la situation dans laquelle aujourd'hui, vivent les femmes et les jeunes filles déplacées, les exposent à des risques encore plus grands».

Michel Martin, le chef du renseignement criminel pour la police de l'ONU, UNPOL, a réfuté les rumeurs selon lesquelles de nombreux viols auraient été commis dans les camps de déplacés, en précisant que moins d'une dizaine de viols avaient donné lieu à une enquête jusqu'à maintenant.

Pour sa part, Amnesty International déclare que l'absence de mécanismes de protection adéquats pour les femmes et les jeunes filles victimes d'abus sexuelles les découragent à dénoncer leurs auteurs. Une organisation de femmes locales a rapporté 19 cas de viol, seulement dans une partie du Champ-de-Mars, l'un des plus grands camps de Port-au-Prince. Aucune des femmes et des filles n'avait signalé les agressions à la police par crainte de représailles de leurs agresseurs.

Amnesty International, constate que la plupart des victimes de violences sexuelles interrogées sont des mineurs. Un fillette de 8 ans a été violée alors qu'elle était seule dans sa tente pendant la nuit, sa mère était sortie du camp et n'avait personne pour s'occuper de sa fille pendant son absence. Une jeune adolescente de 15 ans a été violée alors qu'elle était sortie du camp, car il n'y avait pas de latrines dans ce camp.

Le manque de moyens des forces de police et le système de justice au lendemain du tremblement de terre signifie que les coupables ne risquent pas d'être punis. Amnesty International a déclaré que l'absence de mesures visant à prévenir et à répondre adéquatement à la menace de violence sexuelle contribue à la crise humanitaire et a exhorté les autorités haïtiennes à prendre des mesures immédiates et efficaces pour freiner la violence sexuelle et protéger les femmes vivant dans les camps.



Il semble qu'au delà de la déclaration de Michel Martin, la situation soit bien plus préoccupante qu'il ne le laisse entendre. En effet si seulement 10 cas de viols ont été rapporté, comment expliquer

Que 350 policier de l'UNPOL travaillent avec la police haïtienne et la MINUSTAH, la force militaire de l'ONU en Haïti, pour mettre fin aux violences dans les 460 camps recensés dans Port-au-Prince et ses environs, ou l'UNPOL travaille avec les leaders de chaque camps?

Pourquoi avoir installé un numéro d'urgence que les femmes peuvent appeler en cas d'agression, s'il y a si peu de viol?

Comment expliquer la mise en place du projet pilote actuellement en cours dans le camp de Pétion-Ville où des policières de l'UNPOL et de la PNH travaillent spécifiquement sur les violences faites aux femmes, informations rapportée dans notre article du 21 mars?

Pourquoi, si le problème n'est pas si «généralisé», l'ONU vient-elle de produire plusieurs spots en créole pour aider les haïtiennes à se prémunir contre les viols dans les campements de fortune. Spots qui seront diffusé 6 fois par jours, par 7 stations de radio pendant 60 jours et qui expliqueront comment se protéger si elles se font agresser?

Pourquoi le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) est-elle en train de distribuer 17 000 lampes de poche aux femmes et 300 tentes pour créer dans les camps des «espaces sécuritaires pour les femmes» ?

Tout ces moyens mis en œuvres, important mais sans doute insuffisant, démontrent à l'évidence qu'entre les déclarations publique et la réalité la situation concernant les violence sexuelles dans les camps en Haïti est infiniment plus grave.

«Les autorités d'Haïti doivent prioriser le renforcement de la présence policière dans les camps, surtout la nuit, y compris leur capacité à protéger les femmes et les filles contre la violence sexuelle et répondre adéquatement aux cas signalés» a déclaré Chiara Liguori d' Amnesty International.

Michel Martin, le chef du renseignement criminel pour la police de l'ONU, UNPOL explique que «C'est une situation très particulière: des milliers de personnes campent dans des zones où il est difficile de patrouiller. Il y a des cordes et des poteaux partout. La nuit en particulier c'est très, très difficile [...] nous ne pouvons pas patrouiller dans les camps, 24 heures sur 24 et dans tous les camps en même temps. Nous avançons petits pas par petits pas», a-t-il poursuivi.

Amnesty International déplore aussi le manque de refuge dans le pays où les victimes de violences sexuelles pourraient être protégées et avoir accès aux services se soutien indispensables. La réponse d'urgence à cette situation par les ONG internationales présentes en Haïti, ne peut se faire qu'en coordination avec les autorités haïtiennes », a déclaré Chiara Liguori.


 Les délégués d'Amnesty International ont rencontré les autorités gouvernementales, y compris le Président de la République, René García Préval, et le Premier ministre, Jean-Max Bellerive. Ils ont eu des entretiens avec le chef de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) et avec divers organismes des Nations Unies opérant en Haïti, locaux et internationaux de défense des droits et les ambassadeurs du Brésil, du Canada et la France en vue de trouver des solutions.


 Des moyens et des solutions doivent être mis en place de toute urgence, chaque jour qui passe des femmes et des fillettes haïtiennes deviennent de nouvelles victimes, chaque jour qui passe sans solution, est un jour de trop.

N / Radio Métropole Haïti