vendredi 6 août 2010

Décharge allégée : un « très mauvais signal pour les élections », selon Georges Michel.

Décharge allégée : un « très mauvais signal pour les élections », selon Georges Michel

Haïti: La décision du Conseil électoral provisoire (CEP) d'accepter d'éventuels candidats à la présidence qui ne seraient pas en possession d'un certificat de décharge de leur gestion mais qui bénéficient d'un rapport favorable de la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif suscite déjà des remous. Intervenant à Panel Majik, le magazine du matin de Radio Magik 9, l'historien Georges Michel dénonce l'inconstitutionnalité du choix des conseillers électoraux. 

« Le CEP ne peut pas se substituer aux institutions chargées de donner décharge aux anciens gestionnaires de fonds publics », soutient Georges Michel, accroché à l'article 233 de la Constitution de 1987. Selon cet article, il revient à la Chambre des députés et au Sénat de la République de donner décharge aux ex-premiers ministres ou ministres. Cette délibération survient après la soumission d'un rapport établi par une commission bicamérale formée de neuf députés et de six sénateurs.

Georges Michel dit voir dans la résolution des conseillers « un très mauvais signal pour les prochaines élections ». « Cette décision, ajoute-t-il, dévoile l'intention de l'équipe de Gaillot Dorsainvil de truquer les élections et faciliter l'accession au pouvoir de Jacques Edouard Alexis qui attend la confirmation de sa candidature pour la plateforme INITE aux prochaines élections présidentielles. « Point n'est besoin de dépenser des millions de dollars pour organiser des élections dont les résultats sont décidés d'avance et qui ne tiendront pas compte du vote de la population. Qu'on emmène Jacques Edouard Alexis sur les ruines du Palais national et qu'on lui passe l'écharpe au cou ! » ironise l'historien. 

« Si Alexis n'a pas reçu de certificat de décharge des parlementaires depuis 2008, a poursuivi le constitutionnaliste, c'est à cause de son manque de diligence. Dans ce cas, que l'ancien Premier ministre se démerde, mais ce n'est pas au Conseil électoral de lui faciliter la tâche », tempête-t-il.

Déjà entaché de discrédit, le Conseil électoral provisoire est en passe de compromettre davantage le taux de participation des électeurs aux prochaines élections, prévient Georges Michel. Si le CEP persiste à faire le jeu d'un petit groupe, dit-il, les électeurs risquent de bouder les prochaines élections. Une réalité qui, selon lui, ne serait pas sans conséquence sur la situation politique du pays dans les jours qui suivront les élections. « Les manœuvres des conseillers pour faciliter l'accession au pouvoir d'un président qui n'aurait pas eu le vote de la majorité de la population provoqueront d'interminables crises dans le pays", augure l'analyste.

Georges Michel critique également la communauté internationale qui, dit-il, ne fait preuve d'aucune volonté pour empêcher cette dérive. Elle a son propre agenda, martèle Georges Michel, citant nommément l'Organisation des États américains. Selon l'historien journaliste, l'objectif des grandes puissances et des membres de cette organisation régionale est de renforcer leur protectorat sur Haïti et maintenir le pays dans une situation indéfiniment instable afin de justifier leur présence sur le sol national.


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