lundi 13 septembre 2010

ÉTATS-UNIS : Nouvelles règles du Pentagone sur la couverture presse de Guantanamo/Pentagon issues new rules for Guantanamo coverage/Nuevas reglas del Pentágono sobre la cobertura de prensa de Guantánamo

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Reporters sans frontières
Communiqué de presse
13 septembre 2010

États-Unis

Nouvelles règles du Pentagone sur la couverture presse de Guantanamo

Reporters sans frontières prend acte des nouvelles règles applicables aux médias présents à Guantanamo édictées par le Pentagone, le 10 septembre 2010. S'il s'agit d'un premier pas positif dans le dialogue entre le département de la Défense et les médias, nous nous inquiétons toutefois de la mainmise que les autorités militaires conservent sur l'information. La mise en pratique de ces règles aura donc, selon nous, valeur de test.

 

Ces nouvelles règles comportent trois changements majeurs :

 

1 - Les journalistes ne risquent plus d'être expulsés de Guantanamo pour une information s'y rapportant, même une information recueillie précédemment en dehors de la base, comme cela s'est passé en mai dernier.

 

2 - Les photographies et les vidéos prises par les journalistes ne peuvent plus être détruites par le bureau des relations publiques du département de la Défense si y apparaît un contenu jugé "interdit" par les autorités, comme auparavant. Les médias ont le droit de retoucher les clichés. Toutefois, le photographe ne peut choisir de retravailler que deux photos par jour.

 

3 - Les journalistes peuvent dorénavant contester les décisions du bureau des relations publiques si le Pentagone leur refuse l'accès à certaines informations.

 

Selon l'avocat new-yorkais David Schulz, conseil de divers médias tels que The Miami HeraldThe New York TimesThe Washington PostAssociated Press (AP), Dow Jones et Reuters, "le département de la Défense a eu une démarche positive. Il admet ne plus pouvoir censurer les informations recueillies en dehors de Guantanamo. Il s'agit d'un réel effort, qui simplifie le travail des journalistes". L'avocat a, par ailleurs, confié à Reporters sans frontières que les journalistes pourraient accéder plus facilement aux documents publics, désormais mis à jour sur le site Internet de la Commission militaire (www.defense.gov/home/features/gitmo), site dont une nouvelle version est prévue pour décembre prochain.  

 

Mark Seibel, directeur du bureau de Washington pour les publications en ligne McClatchy, déclare quant à lui :  "Sur le papier, il s'agit d'un pas qui correspond à peu près à ce que j'attendais. Mais je suis toujours  désolé de constater que les autorités se sentent obligées de passer les photos et les vidéos en revue. Cependant, l'aspect le plus important est de nous laisser accéder à la liste de toutes les procédures judiciaires en cours, ce qui n'est pas confidentiel au regard de la loi. Si nous pouvons y avoir accès, nous aurons au moins la possibilité de demander des copies."

 

"Je suis encore en train d'étudier ces nouvelles règles. On peut être optimiste, dès lors qu'il est très clairement spécifié que publier des informations déjà disponibles dans la sphère publique n'est plus un motif d'expulsion. Même si ces informations sont considérées comme protégées", nous a confié Carol Rosenberg, journaliste du Miami Herald, expulsée de Guantanamo en mai dernier. 

 

Le 6 mai 2010, le Pentagone avait expulsé de Guantanamo les journalistes canadiens Paul Koring (The Globe and Mail), Michelle Shephard (Toronto Star), Stephen Edwards (CanWest) et leur collègue américaine Carol Rosenberg (Miami Herald) pour avoir publié le nom d'un témoin des techniques d'interrogatoires pratiquées sur le prisonnier canadien Omar Khadr, en 2002, avant son témoignage devant la cour. Les journalistes ont à présent l'autorisation de retourner sur place.

 

Optimisme relatif

 

Toutefois, ces nouvelles règles ne modifient rien au contrôle militaire sur l'information. Le juge militaire reste en mesure d'exiger d'un journaliste la source d'une information et de le poursuivre pour "outrage à la cour" s'il refuse de la lui donner.

 

Si les journalistes couvrant les commissions militaires de la base peuvent à présent s'entretenir avec le procureur ou l'avocat de la défense, le bureau des relations publiques demeure la seule autorité susceptible d'autoriser ou de répondre aux interviews sollicitées par la presse dans ce domaine. "De telle consignes figurent également dans les dernières décisions prises par le département de la Défense concernant les relations avec les médias. Apparemment, le Pentagone compte toujours filtrer de manière très stricte l'information délivrée à la presse et au public. Nous craignons que ce contrôle ne décourage finalement  le bureau des relations publiques de s'adresser aux médias", a conclu Reporters sans frontières.

 

Douglas B. Wilson, assistant aux affaires publiques du secrétaire à la Défense, a souligné, le 2 septembre, la volonté du Pentagone de restreindre l'accès de la presse à des informations déclarées "non autorisées", et d'empêcher au maximum les témoignages anonymes auprès des médias. Ce mémo fait écho à celui que le secrétaire d'État a la Défense, Robert Gates, a émis le 2 juillet dernier, demandant à tous les fonctionnaires du département de la Défense d'aviser le bureau des relations publiques avant toute communication avec les médias ou les citoyens. 

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United States

 

Pentagon issues new rules for Guantanamo coverage

 

Reporters Without Borders takes note of the new ground rules for journalists covering the "military commissions" at Guantanamo Bay, Cuba, which the US Defence Department issued on 10 September. They represent a positive first step in a dialogue between the Pentagon and the media but we are concerned by the control that the military continues to exercise over reporting. It remains to be seen how the rules are applied in practice.

 

The new rules contain three major changes:

 

1 - Journalists will no longer run the risk of being expelled or barred from Guantanamo because of information they report that was obtained in the course of news gathering outside Guantanamo.

 

2 - The Pentagon's public affairs office will still check the contents of cameras but will no longer automatically delete photos and videos with content it considers "protected." Photographers will be able to crop a photo (or edit video) instead of having to delete it, but they will be limited to two cropped images a day.

 

3 - If the public affairs office denies journalists access to certain information, they will be able to make a written appeal to discuss the decision.

 

"The Defence Department has taken affirmative steps," said New York lawyer David Schulz, who is representing several news organizations including the Miami HeraldNew York TimesWashington PostAPDow Jones and Reuters. "They acknowledge that they cannot censor the information gathered outside Guantanamo anymore. There is definitely a credit for making an effort to make it more feasible for the reporters to follow what is going on at Guantanamo."

 

Schulz told Reporters Without Borders that journalists will also be able to access public documents relating to the military trials in Guantanamo more easily as they will be listed on a Pentagon website (www.defense.gov/home/features/gitmo) that will be revamped in December.

 

Mark Seibel, who oversees the McClatchy Washington bureau's website, said: "I would say that on paper it is a good step forward and about what I had expected. I am still sorry they feel they need to review all photos and video. Key to us is the provision of the document inventory, which is a list of all filings in a case. By regulation, it is unclassified. If they begin making it available, we will know what has been filed and then can at least ask for copies."

 

Miami Herald reporter Carol Rosenberg, who was one of four reporters barred from Guantanamo last May, told Reporters Without Borders: "I am still studying [the new rules]. They leave room for optimism, particularly the portion that makes crystal clear it is not a violation to publish already public information even if it is labelled 'Protected Information'."

 

Rosenberg and three Canadian journalists – Paul Koring of the Globe and MailMichelle Shephard  of the Toronto Star and Stephen Edwards of CanWest – were barred from Guantanamo on 6 May for publishing the name of an army interrogator who testified at a hearing about the methods used to interrogate a Canadian detainee, Omar Khadr, in 2002. The reporters have since been allowed to return.

 

Limited optimism

 

The new rules do not in any way modify the Pentagon's control over coverage of the trials. Military judges are still able to demand that journalists reveal the sources of their information and can still prosecute them for contempt of court if they refuse.

Although reporters covering the Guantanamo military trials now have a right to interview prosecutors and defence lawyers, the public affairs officers are still "the sole approval authority" for granting interview requests.

 

"The same kind of attitude has been apparent in other recent Defence Department decisions concerning relations with the media," Reporters Without Borders said. "It seems that the Pentagon still intends to maintain very tight control over the information that is given to the press and public. We fear that such controls will end up discouraging the public affairs office from talking to the media."

 

In a 2 September memo to officials and the news media, assistant secretary of defence for public affairs Douglas B. Wilson reasserted the Pentagon's determination to curb the flow of unauthorized information to the news media. It echoed the memo that defence secretary Robert Gates sent to all Pentagon officials on 2 July ordering them to check with the public affairs office before any contact with the media or public.

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Estados Unidos

Nuevas reglas del Pentágono sobre la cobertura de prensa de Guantánamo

Reporteros sin Fronteras toma nota de las nuevas reglas aplicables a los medios de comunicación presentes en Guantánamo decretadas por el Pentágono, el 10 de septiembre de 2010. Aunque se trate de un primer paso positivo en el diálogo entre el Departamento de Defensa y los medios de comunicación, nos preocupa el poder que conservan las autoridades militares sobre la información. A nuestro juicio, la aplicación de esas reglas servirá de prueba.

 

Estas nuevas normas conllevan tres cambios principales:

 

1 – Los periodistas ya no pueden ser expulsados de Guantánamo por una información afín, incluso si se trata de una noticia recogida anteriormente fuera de la base, tal como ocurrió el pasado mes de mayo.

 

2 – La oficina de Relaciones Públicas del Departamento de Defensa ya no puede destruir las fotografías o vídeos sacados por los periodistas aunque las autoridades consideren que se trate de un contenido "prohibido", tal como ocurría hasta ahora. Sin embargo, el fotógrafo sólo puede retocar dos fotografías al día.

 

3 – A partir de ahora, los periodistas pueden impugnar las decisiones de la Oficina de Relaciones Públicas si el Pentágono les deniega el acceso a cierta información.

 

Según el abogado neoyorquino David Schulz, asesor de varios medios de comunicación como The Miami HeraldThe New York TimesThe Washington PostAssociated Press (AP), Dow Jones y Reuters, "La conducta del Departamento de Defensa es positiva. Admite no poder seguir censurando la información recogida fuera de Guantánamo. Se trata de un esfuerzo real, que simplifica la labor de los periodistas". Por otra parte, el abogado ha declarado a Reporteros sin Fronteras que los periodistas podrían acceder con más facilidad a los documentos públicos, ahora actualizados en la página Web de la Comisión militar (www.defense.gov/home/features/gitmo), sitio del que se ofrecerá una nueva versión el próximo mes de diciembre.

 

Mark Seibel, director de la oficina de Washington para las publicaciones en línea McClatchy, declara por su parte: "En el papel, se trata de un paso adelante que corresponde más o menos a lo que me esperaba. Pero me consterna que las autoridades se sientan obligadas a pasar revista a las fotos y los vídeos. No obstante, el aspecto más importante es que nos dejen acceder a la lista de todos los procedimientos judiciales en curso, lo que no se considera confidencial respecto a la ley. Si podemos acceder a ello, por lo menos podremos solicitar copias".

 

"Sigo estudiando estas nuevas reglas. Se puede ser optimista puesto que se especifica muy claramente que publicar información disponible en la esfera pública ya no es motivo de expulsión, aunque esta información se considere como protegida", nos explica Carol Rosenberg, periodista del Miami Herald, expulsada de Guantánamo el pasado mes de mayo.

 

El 6 de mayo de 2010, el Pentágono expulsó de Guantánamo a los periodistas canadienses Paul Koring (The Globe and Mail), Michelle Shephard (Toronto Star), Stephen Edwards (CanWest) y a su compañera estadounidense Carol Rosenberg (Miami Herald) por publicar el nombre de un testigo de las técnicas de interrogatorio practicadas al preso canadiense Omar Khadr, en 2002, antes de que testificara ante el tribunal. Se les ha concedido ahora el derecho a volver al lugar.

 

Optimismo relativo

 

No obstante, estas nuevas normas no modifican en absoluto el control militar sobre la información. El juez militar sigue capacitado para exigir a un periodista su fuente de información y demandarlo por "desacato al tribunal" en caso de que se niegue a darla.

 

Aunque ahora los periodistas que cubren las comisiones militares de la base puedan reunirse con el fiscal o el abogado de la defensa, la Oficina de Relaciones Públicas sigue siendo la única autoridad habilitada para autorizar o contestar a las entrevistas solicitadas por la prensa en este ámbito. "Tales consignas también aparecen en las últimas decisiones tomadas por el Departamento de Defensa en cuanto a las relaciones con los medios de comunicación. Por lo visto, el Pentágono sigue pensando filtrar de manera muy estricta la información dada a la prensa y al público. Tememos que este control termine por disuadir a la Oficina de Relaciones Públicas para que no dirija a los medios de comunicación", concluye Reporteros sin Fronteras.

 

Douglas B. Wilson, secretario asistente de los asuntos públicos del secretario de Defensa, destacó el 2 de septiembre, la voluntad del Pentágono de restringir el acceso de la prensa a información declarada "no autorizada", e impedir al máximo los testimonios anónimos a los medios de comunicación. Este comunicado hizo eco al que el secretario de Defensa, Robert Gates, emitió el pasado 2 de julio, en el que pedía a todos los funcionarios del Departamento de Defensa que avisasen a la Oficina de Relaciones Públicas antes de cualquier intercambio con los medios de comunicación o ciudadanos. 

 

Benoit Hervieu
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