mardi 12 octobre 2010

Forum des affaires Québec-Haïti - Haïti pressé d'instaurer un climat favorable aux investissements.

Forum des affaires Québec-Haïti - Haïti pressé d'instaurer un climat favorable aux investissements.

L'ambassadeur du Canada à Port-au-Prince, Gilles Rivard, a dit hier au gouvernement haïtien ses quatre vérités. Le diplomate a énuméré les principaux obstacles qui freinent les investissements étrangers dans ce pays des Antilles à l'occasion de l'ouverture du Forum des affaires Québec-Haïti sur la reconstruction d'Haïti.

«Il y a de la sympathie à l'égard d'Haïti. Il y a de la solidarité à l'égard d'Haïti. Je pense que le Canada et le Québec l'ont démontré de façon éloquente. Le problème, c'est que ce n'est pas avec la sympathie et la solidarité qu'on fait des investissements, c'est plutôt avec un climat d'investissement sécuritaire et fiable», a-t-il affirmé sans détour à des dizaines de gens d'affaires et à deux ministres haïtiens venus discuter «investissements» et «création d'emplois» en Haïti.

Le diplomate a pressé le gouvernement haïtien de mettre en place un cadre légal qui permettra aux investisseurs étrangers d'injecter des fonds tout en ayant à l'esprit qu'il y a «un système de justice qui peut les protéger s'il y a un problème sérieux». M. Rivard s'est évertué, dans les derniers jours, à convaincre les candidats à la présidence qui se succèdent à l'ambassade, qui a pignon sur la route de Delmas, à accélérer, s'ils sont élus, la réforme de la justice. «Il va falloir que ça change», a déclaré M. Rivard.

Le représentant du gouvernement canadien a également pointé du doigt les «tracasseries administratives» et l'absence de «structures d'accueil». «C'est un problème», a-t-il poursuivi, suscitant quelques grincements de dents.

M. Rivard a toutefois qualifié les engagements des gens d'affaires du Québec en Haïti de «décevants», et ce, malgré les écueils qu'ils rencontrent sur leur chemin.

«Ce tout premier forum Québec-Haïti visera [justement] à articuler les différentes actions destinées à renforcer les structures d'accueil pour les investissements québécois et canadiens en Haïti», a fait valoir la ministre haïtienne du Commerce et de l'Industrie, Josseline Colimon Féthière, avant de rappeler un train de mesures mises de l'avant pour attirer les investissements privés sur le territoire haïtien. Parmi celles-ci, «les investisseurs jouissent d'une exonération totale ou partielle de l'impôt sur le revenu pendant une période pouvant aller jusqu'à 15 ans. De plus, ils sont libres de transférer à l'étranger, sans aucune sorte de restitution, intérêts et dividendes, tout revenu gagné en Haïti.»

La présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, estime que les entrepreneurs sont sensibles à de telles mesures incitatives de la part du gouvernement haïtien, mais sont rebutés notamment par des infrastructures insuffisantes et un cadre juridique instable, auxquels s'ajoutent parfois des préjugés défavorables.

Rassembler les acteurs clés


«Nous ne souhaitions pas faire un forum pour un forum, mais un forum qui puisse faire une différence, si petite soit-elle, qui puisse d'abord et avant tout rassembler des acteurs clés pour aboutir à la création d'emplois de qualité», a indiqué l'instigatrice de cette première édition du Forum des affaires Québec-Haïti, Nancy Roc. «Il faut reconnaître aussi que les Haïtiens se plaisent trop souvent à parler, à trop parler, à accuser, à s'accuser et à se plaindre. Le temps n'est plus à la parole. Le temps est à l'action concertée et réfléchie», a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, le directeur du Centre de facilitation des investissements-Haïti, Guy Lamothe, qui devait prendre la parole, hier avant-midi, s'est vu sa demande de visa être refusée par les autorités canadiennes. «Nous n'avons pas été enchantés d'entendre cette nouvelle», a dit Nancy Roc.


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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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