mardi 26 octobre 2010

Le cholera et ses ramifications dans l’Artibonite et le reste du pays.


Le cholera et ses ramifications dans l'Artibonite et le reste du pays


Le séisme du 12 janvier 2010  a fait outre les 300.000 morts, 1,5 million de sans-abris et de déplacés .Ces derniers vivent dans un état de promiscuité généralisée  qui autorise toutes les formes d'épidémies. Curieusement l'épidémie de cholera  causée par le microbe  Vibrio cholerae n'a pas éclaté á Port-au-Prince où vivent sous les tentes 1,3 million d'habitants. Elle a éclaté dans le Bas Plateau Central et dans le Bas  Artibonite. De là elle a gagné  la commune de l'Arcahaie dans le département de l'Ouest. Cyrus Sibert Cap-Haitien Haïti 22 Octobre 2010, a rapporté trois cas de cholera á Plaisance et á Limbé dans le département du Nord. Le dernier bilan communiqué par le MSPP fait état de 210 morts et de 2 .679 hospitalisés. A Date l'OMS attend les résultats des examens de son propre laboratoire avant de confirmer la thèse du cholera avancée par le laboratoire national d'Haïti.


Devant l'ampleur de l'épidémie, le docteur Saint-Laud de l'Hopital de  St Marc , est très inquiet :


 « Maintenant j'ai peur pour Saint-Marc, d'abord car tout l'hôpital est contaminé. On n'a pas encore de dispositions pour limiter les zones qui sont contaminées et les patients vont par-ci, par-là. Les patients vont déféquer n'importe où. On n'a pas encore les moyens de bien gérer les déchets. Donc je pense que Saint-Marc est en grand danger et je pense que Port-au-Prince aussi parce que beaucoup de gens qui travaillent ici vivent à Port-au-Prince. Je ne sais pas mais avec les souliers, comme il y a des déchets partout, c'est sûr qu'on va emmener des germes à Port-au-Prince. Je ne le souhaite pas mais je peux dire que l'on court un grand risque »


 « Ce que les médecins, les autorités et les ONG redoutaient est arrivé : dans la journée de vendredi, deux décès dus au choléra ont été enregistrés à Port-au-Prince. Le pire peut être envisagé car dans la capitale, il y a toujours plus d'un million de sinistrés du séisme qui vit dans les rues, dans les camps, dans des conditions sanitaires très inquiétantes ». (Source RFI  Amélie  Baron  22 oct 2010)


En vertu de la violence et de la vitesse de propagation du cholera le gouvernement de la république d'Haïti a déclaré l'état d'urgence  sanitaire sur tout le pays.


Panique et fuite de la zone


La violence et la vitesse de propagation de la maladie ont crée une panique généralisée dans la zone. Les habitants pris de peur fuient en masse les régions de l'épicentre et migrent vers les  villes les plus proches. Cette migration contribue á disséminer le microbe qui a une période d'incubation d'un á cinq jours. 


Production de légumes fruits et de légumes feuilles


Quand on parle du système d'irrigation de l'ODVA, on voit seulement le riz , cependant il y a aussi les autres cultures diversifiées , le pois, l'oignon, la tomate, la patate, l'Aubergine, le mais, le Mazoubel, la banane, le Pois Congo, le kalalou, et le   melon.


A Desarme, Drouet, Duval, Mory, Mauger ,Savanne á Roche d'Allaie Arnaud ,Marchand  Dessalines qui représentent la zone d'épicentre du Cholera, on produit et on mange le Lalo, le Panzou, le  Caya le chou, la laitue, le cresson, l'épinard, le  pourpier ,la patate, la Liane  panier ,la Chicorée, le  Cresson , la  moutarde ,le Cœur de Mazoubelle , la Liane pois Ginen. La majorité de ces légumes feuilles  souillés   représentent la base de la consommation des Artibonitiens  et des Port-au-Princiens. Il faudrait penser  á la dissémination du microbe du Cholera par les légumes infestés .

 

Mode de commercialisation et de conservation des légumes feuilles


On coupe le légume á l'aube ou tard dans l'après midi. Le conditionnement se fait dans des récipients  recouverts de linges mouillés et placés dans des endroits frais. Au marché  on garde ces légumes á l'ombre et on les arrose  de temps en temps de façon á augmenter l'humidité relative du milieu ambiant pour diminuer la transpiration. Cette méthode de conservation avec l'eau ne dure que  deux jours au plus et peut propager le microbe si l'eau et les linges sont  déjà pollués.( Contribution á l'étude de quelques légumes feuilles  mars 1987 Marie  Katleen Pierre)


Les légumes se vendent dans tous les marchés de Haut et de Bas Artibonite,  tant á Port-au-Prince qu'au Cap haïtien. L'eau d'arrosage dont on se sert pour arroser les légumes apportés au marché provient de la même eau tirée des canaux d'irrigation de la vallée de l'Artibonite. A Port-au-Prince, on ignore  d'où les marchandes de la Croix des Bossales prennent l'eau d'arrosage  des légumes  pour les tenir au frais et empêcher  la perte d'eau par transpiration. Les marchandes en vendant les légumes  au Cap,á Port-au-Prince, et aux Gonaïves peuvent propager le microbe. Toutes ces eaux sont polluées et venant des gens vivant sous les tentes , elles constitueraient  une boisson potentiellement mortelle. (Jean Baptiste Jean Willy  Oct 1992).


NB-Utilisation éventuelle de séchoir solaire  á la place de l'arrosage pour conserver les légumes

 

Le système d'eau Potable.


Le système d'eau potable á Brocozel, Drouet,Villa, Fabias, Desdunes ,jean Denis, Lacouti, Pont Sondé, Dipson, Brizard, Grand Bera, Grande  Saline  est constitué de puits domestiques d'une profondeur de  deux á  trois pieds qui donnent une eau saumâtre. L'eau saumâtre facilite la vie du microbe dans l'eau. Le canal SCIPA qui alimente en eau ces puits passe  á coté  de toutes les maisons d'habitation. (Interview  M.William dans la vallée 20-21 oct 2010)

 

Un delta idéal pour le développement permanent du microbe du Cholera

 

Le choléra est une maladie extrêmement contagieuse dont la propagation est favorisée par les défaillances des réseaux sanitaires et  par l'absence d'hygiène et de soins. Dans l'irrigation de la vallée il faudrait y voir surtout les 189 kilomètres de canaux et de drains primaires , les  115,9 kilomètres  de canaux et de drains  latéraux, les 1082, kilomètres de canaux et de drains secondaires , plus des millions de  kilomètres  de canaux tertiaires d'irrigation qui hébergent le microbe. Il faut aussi voir dans la vallée de l'Artibonite, le haut lieu d'un état de promiscuité intime et permanente où  jeunes ,adultes,  vieux, maitresses  de maisons , cuisinières, travailleurs agricoles, pécheurs bœufs, cochons, cabris , canards, qui polluent ces eaux,  les utilisent pour la boisson et pour toutes sortes d'usage domestiques (bain, lessive, irrigation, besoin á même le sol et quelques fois dans les rizières mêmes ). Il faudrait ne pas oublier le déversoir Salée flood Way, qui en période d'étiage  est saumâtre et peut constituer un foyer idéal pour le microbe du cholera .Il faut compter environ   350 á 400.000  personnes qui sont exposées  au microbe du cholera.

 

Les affluents du fleuve Artibonite


Le fleuve  Artibonite reçoit les eaux des bassins versants de plusieurs affluents : Guayanmouc, Thomonde, Cajencino, Mientas  sur la  rive  droite  , Onde verte, Roche blanche, Lascaobas, Fer a cheval, La  Theme, sur la  rive  gauche. Il  reçoit les eaux des bassins  versants  des rivières :  l'Estere, Tapion, Cabeuil, Coupe  à l'Inde , Bois, Maury ,  rivière Laverdure adossant la vallée. L'une quelle conque de ces rivières peut être contaminée et contaminer á son tour les eaux du fleuve jusqu'à Grande Saline  qui est son embouchure.


Ironie du sort et paradoxe  conceptuelle, l'ODVA   se donne des  actions  de gestion  sur l'eau d'irrigation  fournie par ces rivières  et   n'a aucune autorité  pour contrôler les  eaux des bassins versant qui font  des  crues  sédimentaires  de  6000 m3  á l'année.( Victor André, ODVA son passé, son présent et son avenir1980-81) . Il n'existe aucun projet sérieux  de contrôle  des eaux de ces bassins versants en dehors  d'une parodie  de projet  de  reboisement   du Bassin versant fleuve  Artibonite  de  3 millions de gourdes   donnés en cadeau  à une  ONG á Belladère.. Récemment selon les informations qui circulent sur Internet, elles font état d'usure de cinq turbines du barrage de Péligre qui déverseraient cinq drums huiles lourdes dans le  fleuve. Ces fuites non contrôlées pourraient elles être a l'origine  de cette épidémie. ?

 

A Port-au-Prince, la DINETAB, ex CAMEP , organisme autonome s'occupant de l'eau, a toujours souligné la pollution par les matières fécales des sources qui alimentent toute la communauté urbaine de Port-au-Prince. Dans cette communauté, la majorité des propriétaires creusent des latrines dans le sol. Dans la plaine de la Croix des Bouquets , l'eau du sous sol est á peine á  deux pieds de profondeur en certains endroits. Les eaux des puits artisanaux sont un mélange d'eau et de matières fécales riches en E. coli et éventuellement en Vibrio cholerae, si les déplacés qui vivent un peu partout dans la communauté urbaine de Port-au-Prince viennent á être touchés..

 

Spot prevansyon Kolera


Cholera sou'w pa pran byen son chek cash pou peyi san chapo

Sou'w pranl bone, peson pap mouri. Men sa pou'w fê :

Pwoprete  tout la jounen, tout kote'w pase.

Pa bwe dlo  sispek. Trete dlo wap bwe ak Klowoks.

Lave men'w, chak fwa ou soti nan water, anvan'w met men nan bouch

Pa manje nan menm asyet, pa bwe dlo nan menm gode ak lot patne'w.

Pa manje  nan restoran chen janbe pou le moman,

Sevi ak klowoks pou laver  fwi ak legim ou vle manje.

 

                                 michelwilliam1000@hotmail.com

 

  REF                 

-Interview  M William dans la vallée de l'Artibonite  20-21 octobre 2010

-RFI  Amélie  Baron  22 oct 2010)

-Reseau Citadelle  Cyrus  Sibert 22 oct 2010

-Dr Jocelyne Louis   MSPP 21 Oct 2010 interview a la radio

-Enquete  á l'ODVA  M William oct 2005/PIA

-Systeme de drainage  et Cultures maraicheres  dans la valle de l'Artibonite Mémoire de sortie Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992

-Contribution a L'Etude  de quelques legumes feuilles  Marie Katleen Pierre  Mémoire de sortie  FAMV mars 1987

-L'ODVA Son Passe ,Son Présent et Son Avenir ODVA Mars 1982

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"La vraie reconstruction d'Haïti passe par des réformes en profondeur des structures de l'État pour restaurer la confiance, encourager les investisseurs et mettre le peuple au travail. Il faut finir avec cette approche d'un État paternaliste qui tout en refusant de créer le cadre approprié pour le développement des entreprises mendie des millions sur la scène internationale en exhibant la misère du peuple." Cyrus Sibert
Reconstruction d'Haïti : A quand les Réformes structurelles?
Haïti : La continuité du système colonial d'exploitation  prend la forme de monopole au 21e Siècle.
WITHOUT REFORM, NO RETURN ON INVESTMENT IN HAITI (U.S. Senate report.)

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