samedi 20 novembre 2010

Impasse : Quel avenir pour la Minustah? Par Cyrus Sibert

Depuis 5 jours des employés civils de l'ONU restent coincés dans le Quartier-Général de la Mission au Cap-Haitien. Depuis 2 jours, aucune patrouille de soldats de la Minustah n'a été aperçue dans les rues. Le gouvernement haïtien avait demandé aux forces de l'ONU de rester dans leur base, abandonnant le terrain a la Police Nationale d'Haiti et a la délégation gouvernementale qui avaient pour tache de trouver une solution aux émeutes anti-Minustah, anti-choléra. Une solution obtenue grâce aux négociations avec des jeunes des quartiers qui ont accepté l'argent du gouvernement ou a la faveur de la décision d'autres groupes qui, tout en refusant l'argent du pouvoir, préfèrent remettre la mobilisation pour après les élections, au cas où Préval déciderait de frauder.

L'absence de la Minustah dans les négociations est un coup dur pour la Mission. Elle est de facto persona non grata au Cap-Haitien. Elle perd ainsi toute autorité pour réagir sur le terrain comme il est stipulé dans le chapitre 7 de la charte des Nations Unies sous lequel elle est déployée. Alors, quel avenir pour la Minustah?

A 9 jours des élections, la Minustah est dans une impasse. Elle ne pourra pas s'en sortir sans l'aide du Conseil de sécurité. Ce dernier doit reconnaître les erreurs de Edmond Mullet dans la gestion des dossiers comme le choléra, la pendaison du jeune capois dans une base de l'ONU, la décision de fixer en pro consul la date des élections sans encourager un accord entre l'opposition haïtienne et le pouvoir. Quelqu'un doit payer le prix!

Globalement, l'ONU doit reconnaître sa faute de suivre René Préval dans sa politique de maintenir Haiti sans des forces répressives, armée et police, fortes en nombre et en qualité, capables de faire face aux gangs armés et de sécuriser le territoire national. Car, en 20 ans de pouvoir Lavalas - Aristide et Préval - la force stratégique du pouvoir réside dans des gangs qui tiennent la société et la police en otage. Ces dirigeants n'ont jamais accepté de renforcer les forces de sécurité et de les professionnaliser.

Au lieu de fournir des services adéquats a la population, ils les utilisent pour verrouiller les quartiers populeux dans les grandes villes. Ce sont ces gangs manipulés par des hommes du régime dans le nord qui avaient lancé les émeutes lundi dernier pour affaiblir la Minustah et aider le pouvoir a mieux exécuter son plan de fraude massive le 28 novembre 2010. Heureusement, des jeunes militants d'autres quartiers ont intégré la mobilisation pour l'orienter dans le sens des revendications de la population, ce qui a mis a nu les manoeuvres du gouvernement.

Aussi, cette situation d'insécurité causée par la faiblesse voulue de la police et l'absence d'une armée fait-elle d'Haiti un espace idéal pour le trafic de la drogue, le kidnapping, la violence de rue, la spoliation de terre et le non respect du droit de propriété. Les gangs dominés par des hommes du pouvoir contrôlent le territoire national.

L'ONU a ainsi commis l'erreur de se livrer au bon vouloir des gouvernants haïtiens. Cela, même quand des rapports internes de ses missions révèlent le niveau de complicité des interlocuteurs haïtiens dans les crimes les plus odieux. De ce fait, sous ses yeux, Haiti est devenu un État criminel a un degré qui décourage ses fils et ses filles d'y rester.

A 8 jours des élections, le Conseil de sécurité n'a d'autre choix que de voter une résolution additionnelle sur le rôle de la Minustah dans la sécurité active des élections. Cette résolution devra être accompagnée d'un calendrier de travail sur les dossiers comme le choléra, l'assassinat du jeune Gérald Jean Gilles au Cap-Haitien...

Le retrait du contingent nepalais serait idéal pour désamorcer la crise.

Avec 7000 policiers pour environ 7000 bureaux de vote, la Minustah a un rôle important si l'on veut organiser les élections dans 8 jours. Même dans le cas contraire, il faudra fixer un temps raisonnable pour mobiliser une force nationale capable de faire le travail a sa place. L'expérience des élections de Mai 2000 montre que la PNH ne peut pas transporter des urnes et les procès-verbaux après le scrutin sans manipuler les résultats du vote. En effet, elle était le principal levier permettant a René Préval d'offrir la présidence et le parlement sur un plateau a Fanmi Lavalas.

Il faudra trouver une solution a ce problème.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien,Haiti
19 novembre 2010
www.reseaucitadelle.blogspot.com
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