mercredi 21 septembre 2011

Anténor Firmin n’est pas du passé et n’est pas dépassé (1)

Par Leslie Péan

Haiti : Anténor Firmin n'est pas du passé et n'est pas dépassé (première partie)

mardi 20 septembre 2011

(Extraits d'un ouvrage à paraitre au mois de Novembre 2011 aux Editions de l'Université d'État d'Haïti)

Par Leslie Péan

Soumis à AlterPresse le 20 septembre 2011

Un siècle est passé depuis la disparition d'Anténor Firmin le 19 septembre 1911. Mais le temps des turpitudes qui l'ont maintenu en exil perdure. Les méthodes de gestion des conflits par le bannissement n'ont guère pris de rides. Firmin est représentatif d'une époque où des hommes d'excellence faisaient de la politique. Son échec représente le début d'une désaffectation de l'intelligence sur la scène des affaires publiques. Ce retrait s'est fait graduellement, mais de manière irrémédiable, jusqu'à aboutir aujourd'hui à la politique de la non-pensée. À travers Firmin, nous envisageons de discuter non pas du rôle objectif de l'intellectuel dans la formation sociale haïtienne, mais plutôt, et surtout, de la perception que le corps social en a eue à partir de l'indépendance et en a encore malheureusement.

L'histoire de la destruction d'Anténor Firmin semble relever de la fiction. Elle est cependant tout à fait réelle et s'inscrit même dans un projet de maintien et de préservation des rapports sociaux archaïques qui paralysent Haïti. Firmin n'est pas du passé et n'est pas dépassé. En tant que symbole de l'intellectuel militant, Firmin a toutefois eu sur le XXe siècle haïtien un impact assez considérable. Témoin l'admiration que lui ont vouée des personnalités du calibre de Seymour Pradel, de Dantès Bellegarde et de Jean-Price Mars. Sans parler de l'idolâtrie dans laquelle des anciens firministes et leurs descendants ont élevé leurs enfants et petits-enfants dans toutes les régions du pays. C'est ainsi qu'ont pu se dérouler en parallèle la vaste opération de destruction de Firmin et celle, moins spectaculaire, de la préservation de sa légende.

Contraint à la retraite forcée, Anténor Firmin a, par son travail d'écriture, entretenu le lien social avec ses compatriotes jusqu'à son dernier souffle. Une façon de tendre la main aux générations futures et au monde entier. Pour une meilleure compréhension de ces structures et armatures qui l'ont contraint à l'exil jusqu'à sa mort. L'objectif de ce livre est d'intégrer en un tout cohérent les acquis successifs de l'action politique de Firmin et les lignes de force des fragments de sa pensée qui sont parvenus jusqu'à nous.

La préoccupation fondamentale à l'origine de cet ouvrage est la commémoration du centenaire de la mort de ce géant de la pensée et de l'action que fut Anténor Firmin. Mais, au-delà des hommages qui lui sont dus, nous avons pensé qu'il fallait absolument le faire connaître plus amplement à la jeunesse. S'il est l'objet d'une incontestable admiration dans les milieux où ses idées trouvent encore un écho, nombre d'idées fausses circulent toujours à son sujet. D'où l'impérieuse nécessité de jeter un nouvel éclairage sur son œuvre en suscitant un nouveau débat autour de son nom. Anténor Firmin est surtout connu comme le patriote haïtien qui a tenu tête à l'amiral américain Gherardi en empêchant ce dernier de s'emparer du Môle Saint Nicolas, mais cela ne représente qu'une infime partie de son héritage.

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