jeudi 10 octobre 2013

L'expérience Martelly ou la constance d'une présidence laborieuse.

Auteur:Hérold Israël

Au lendemain du séisme dévastateur du 12 janvier 2010, ce fut une classe politique fatiguée, désabusée et minée par des divisions internes qui se propose de braver la coalition présidentielle de continuité mise en place par René Préval. Comme elle n'a pas su se rallier autour d'un leader et comme pour une raison ou une autre, le Président Préval, par son mépris pour la communication politique, n'a pas su vendre cette disparate coalition à l'opinion, il y eut soudainement un besoin de changement. 

En suivant l'expérience d'après-86, on admettra que les élections présidentielles représentent toujours le mécanisme de sanctions par excellence de la population, donc une porte d'entrée pour les outsiders; mais personne ne s'attendait à ce coup d'éclat de 2011, marquant l'élection à la tête du pouvoir exécutif d'un fils redoutable de la génération sacrifiée. Un esprit turbulent, comme porteur d'un message de répit, un artiste boute-en-train qui, plus de deux décennies durant a fait danser les Haïtiens de tous les recoins du pays. Animé d'un amour charnel pour son pays, Michel Martelly s'est porté candidat et est devenu, contre les attentes, notre président. 

On l'avait d'abord attendu sur le terrain de l'engagement face à ses responsabilités, il a passé le cap. On lui a alors donné rendez-vous sur celui de la pratique des résultats, il ne demandait que ça. Epaulé par son ami et collaborateur Laurent Lamothe qui est devenu son premier Ministre après le départ prématuré de Conille, la fonction est depuis administrée comme un corps besogneux, avec parfois des périples et des nuits sans sommeil comme pour rattraper le temps perdu. 

L'objectif premier : améliorer le sort des plus faibles, remettre le pays sur les rails, créer un cadre de développement durable, sortir Haiti de l'ornière de la misère et de la mendicité. Mais certains en Haiti, pour une raison ou une autre, hésite à bien digérer cette nouvelle réalité nationale et espèrent le pire à chaque fois au point où certains ministres et directeurs généraux performants hésitent à faire état de leurs considérables réalisations. On peut leur reprocher, au début, un manque de mesure politique, se contentant d'abord du branding Martelly et des résultats au goût de leur unique employeur : le peuple. On peut leur reprocher aussi la spontanéité et l'anticonformisme d'un caractère rebelle. Mais la volonté de toujours bien faire et de garder la stabilité nécessaire à l'exécution du programme prime toujours à la fin. C'est une donne assez intéressante au regard de notre histoire de peuple. 

On raconte même au début du mandat que le président avait l'air d'être encore en campagne, ce fut non seulement un temps de rodage, mais aussi une manifestation constante de ralliement et d'invitation à bord. Une fois rattrapé, on le « chauffe » et comme c'est la réalité historique, on espère les erreurs, les bavures, les gaffes et les excès de zèle pour rebattre les cartes et repartir de zéro alors que les autres pays de la région manient, tant bien que mal, leur petite entrée au XXIe siècle. 

Ces derniers jours, le duo Martelly/Lamothe se présente comme un champion de l'ouverture avec des collaborateurs des quatre horizons. Entouré des plus madrés de sa génération, il tend la main ça et là. Donc, qu'est-ce qui empêche aujourd'hui à Haiti de démarrer sur de nouveaux sentiers, sinon l'incompréhension et l'orgueil nubiens? 

Tout le monde ne peut être à la solde de TètKale, c'est évident. Mais tout le monde devrait au moins se conformer au sacro-saint principe de base de la démocratie moderne : le respect du mandat, expression de la souveraineté nationale et de la stabilité. On a tout à perdre à vouloir tout régler par le chauffage permanent et par le rache manyòk qui en découle, alors que la rue continue d'applaudir les efforts constants de cette présidence. 

La farouche détermination à changer les choses et à capitaliser sur des progrès tangibles est un buzz naturel à l'intérieur du gouvernement et c'est sans doute sur ce terrain que l'histoire le jaugera. Cette passion à fleur de peau qui s'est mariée aux revendications populaires pour devenir un dynamique projet politiqueest ancrée sur des résultats palpables.Ni d'amitié, ni d'appartenance politique et les faits sont là. Qui du ministre ou du chargé de mission, seules les actions satisfaisantes en faveur de la population garantissent les postes.Encore une donne intéressante au regard de l'histoire. 

Dans un pays marqué par des pouvoirs totalitaires, point n'est besoin de dire que les vieux routiers de la politique et certains directeurs d'opinion n'allaient pas laisser la partie rose à cette jeune équipe composée, en majorité, de recrues animées dès la campagne d'un ardent esprit de renouveau visant à moderniser les approches. La mise en place de garde-fous et d'une vigilance contre toute velléité dictatoriale est compréhensible. Mais ce qui cloche, c'est le jugement d'intention. La condamnation par anticipation. On ne peut pas condamner une équipe pour un forfait qu'elle n'a pas commis, en plus que, par ses actions, elle veut entièrement prouver le contraire. On ne peut amorcer le chambardement de l'ordre régalien par esprit de prévention tout comme on ne peut avoir de démocratie sans opposition, sans divergence de vue, sans des sources indépendantes d'information. 

Au-delà de ce besoin d'équilibre et de constant débat, une liste de réalisations, en seulement deux années, témoignent de la nature progressiste et du dynamisme hors pair de cette présidence et c'est à chacun d'assumer ses responsabilités. 

Les bonds effectués au niveau de l'Etat de droit, de l'éducation, de la protection de l'environnement, de la sécurité, des travaux publics embellissent le palmarès de ces deux premières années et sont de solides arguments de conviction avec un bonus inestimable au niveau du tourisme et de l'image du pays à l'étranger. 

La relocalisation de plus de 1 millions de familles vivant désespérément sous des tentes depuis 2010. La reconquête des places publiques rénovées par la jeunesse et les étudiants sont des signes de normalité commode. 

La création du CSPJ trop longtemps attendu, la nomination des juges à la Cours de cassation (sans président depuis plus de 7 ans). 

Des infrastructures vielles de quatre décennies, tel l'aéroport de Port-au-Prince, ont dû attendre jusqu'à cette date pour être rénovées et s'adapter à l'ère où nous vivons. 

La démarche pratique et éreintante vers l'éducation accessible pour tous telle que prescrite par la Constitution de 1987. La mise en place efficiente du PSUGO. La construction de lycées et d'écoles nationales à travers tous le pays. 

La création du Conseil supérieur de l'administration et de la fonction publique. La réforme de l'administration publique amorcée en vue de l'adapter aux réalités nouvelles. 

Le renforcement des capacités de la PNH à tous les niveaux. La motivation des troupes en prenant en compte leurs besoins et leur situation personnelle favorisant une nette amélioration de la situation sécuritaire et une diminution considérable des cas d'enlèvement. La création d'unités spécialisées telle que la POLITOUR. 

La mise en place de pôle de développement du Sud et du grand Nord. 

L'incitation continue à la production locale et agricole. 

L'assainissement des douanes avec une nette augmentation des recettes à l'appui. 

La permanence active en vue d'éviter des pertes massives en cas de catastrophes naturelles 

La perspicacité dans la lutte contre la faim et la pauvreté extrême. La revitalisation du MAST avec, entre autres,l'effort continu d'un social de proximité (cantines populaires, boulangeries communautaires, etc.). La dynamisation du FAES engagé de plus en plus dans des programmes sociaux à impact direct. La mise en place d'un système de concordance de l'action sociale du gouvernement, Ede Pèp. 

La réfection de routes et de voies de pénétration à travers tout le pays. La construction de places publiques modernes. La mise en place de lampadaires dans les coins les plus reculés du pays. 

L'intention n'est point de faire un bilan, ni un rapport sur les réalisations. Il s'agit plutôt d'apporter, à la lumière de l'histoire, la nature des efforts consentis et les progrès réalisés en seulement deux années, sans compter les délais du début liés aux difficultés de nomination d'un Premier ministre. Les projections faites pour les trois prochaines années sont riches en ambitions et témoignent de la vision moderne de ce président qui a besoin de plus de compréhension pour jouer son rôle de pont vers une Haiti relevée de la crasse où nous nous trouvons depuis des décennies. Aux critiques, il répond par l'action, par le travail. Cette constance ne sera pas négligée au palmarès. Il est important de souligner que cette nouvelle équipe a changé à jamais la vision et la lecture qu'on avait jusque-là du mode de gouvernance en Haiti. Jamais plus un président haïtien ne sera jugé à partir de son éloquence, son conformisme et son niveau de culture de mandarin, mais en fonction de sa capacité à stimuler ses collaborateurs à oeuvrer dans une culture de la besogne et des résultats sur le terrain.

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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, 
But you can't fool all the people all the time."
 (
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.

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