lundi 20 janvier 2014

Pédophilie : le Vatican sommé par l'ONU de s'expliquer.

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le

Le pape François, sur la place Saint-Pierre, le 8 janvier au Vatican.

Pour la première fois de son histoire, le Vatican a subi, jeudi 16 janvier à Genève, un interrogatoire en règle sur son action de lutte contre la pédophilie au sein de l'Eglise catholique. Tandis que le pape François faisait part de sa « honte » face aux scandales que connaît l'institution en la matière, les représentants du Saint-Siège essuyaient le feu roulant des questions des experts du comité pour les droits de l'enfant de l'ONU, dont les conclusions seront publiées le 5 février.

Ces actes de pédophilie sont « la honte de l'Eglise. Mais avons-nous honte de ces défaites de prêtres, d'évêques, de laïcs ? », s'est exclamé le pape François, jeudi, lors de la messe matinale à la résidence Sainte-Marthe. Evoquant « le mépris, la moquerie » qui ont touché l'Eglise à la suite de ces affaires, le pape a ajouté que les personnes mises en cause « n'avaient pas un lien avec Dieu », mais seulement « une position dans l'Eglise, une position de pouvoir (...) Dans ces scandales, dans ces hommes et ces femmes, la parole de Dieu était rare ».


C'est sous le pontificat de Benoît XVI que le Vatican a demandé pardon aux victimes d'agissements pédophiles et a donné pour consigne aux évêques de ne tolérer aucun acte de cette nature. Mais des associations de victimes estiment qu'il ne s'agit que de mots. Le Saint-Siège a ainsi refusé en décembre de répondre à un questionnaire du comité de l'ONU, envoyé en juillet, concernant les dossiers de pédophilie.

C'est la première fois que des questions détaillées sur ce sujet étaient posées au Vatican, selon une porte-parole du comité. Une fin de non-recevoir que les experts de l'ONU ont clairement rejetée jeudi, en posant une fois de plus — pendant une session publique retransmise sur Internet — ces mêmes et très nombreuses questions à la délégation du Vatican.
Mgr Silvano Tomasi (à gauche) et Charles Scicluna, ancien procureur au Vatican, lors de leur audition à l'ONU, le 16 janvier à Genève.
« UN EXEMPLE DE BONNE CONDUITE »
« Ceux qui commettent des abus se trouvent parmi les membres des professions les plus respectées, et malheureusement, y compris parmi les membres du clergé et parmi d'autres représentants de l'Eglise », s'est défendu le représentant du Vatican auprès des Nations unies à Genève, Silvano Tomasi, qui a assuré que « l'Eglise catholique veut devenir un exemple de bonne conduite ».

Mgr Tomasi, qui répondait aux experts en compagnie de Mgr Charles Scicluna, ancien procureur chargé des crimes sexuels auprès du Vatican, a rappelé que le Vatican avait ratifié la convention des droits de l'enfant en 1990, et ses protocoles en 2000. Il a également souligné, sans fournir de détails, que le Saint-Siège et les églises locales avaient formulé des « directives » en la matière pour prévenir les sévices sexuels, citant la charte pour la protection des enfants et des jeunes adoptée par l'Eglise catholique américaine en 2005.

LE DROIT PROPRE À L'ÉGLISE N'EST PAS CELUI DES ÉTATS
Dans une interview à Radio Vatican, Mgr Tomasi avait auparavant rejeté l'accusation portée contre le Saint-Siège par des associations de victimes de faits pédophiles d'« avoir fait obstacle au cours de la justice » contre les prêtres coupables. « Elle me semble être un peu privée de fondement (...) Le Saint-Siège soutient le droit et le devoir de chaque pays à juger les crimes contre les mineurs », a affirmé Mgr Tomasi

Egalement sur Radio Vatican, le père Federico Lombardi, porte-parole du pape, a tenté d'expliquer les limites des compétences du Saint-Siège en vertu de la convention entrée en vigueur en 1990. Si le Saint-Siège est bien partie à la convention, « l'Eglise catholique, en tant que communauté de fidèles catholiques dispersés dans le monde, n'en est en aucune façon partie, et ses membres sont soumis aux législations des Etats dans lesquels ils vivent et opèrent ».
« Il n'est pas rare que les demandes, quand elles se réfèrent à la problématique des violences sexuelles, semblent présupposer que les évêques et supérieurs religieux agissent comme représentants ou comme délégués du pape, ce qui est privé de tout fondement. Les violences sexuelles en Irlande ou celles commises au sein du mouvement des Légionnaires du Christ ont été des cas pour lesquels les pays où elles se sont produites sont compétents juridiquement.
« Le droit canon propre à l'Eglise catholique est bien distinct des lois civiles des Etats. Le Saint-Siège n'est donc pas tenu, en vertu de la convention, à répondre aux demandes d'informations relatives à des enquêtes effectuées sur la base du droit canon. »
Le porte-parole du pape justifie ainsi le refus du Saint-Siège de répondre au questionnaire que lui avait adressé en juillet le comité sur quelque quatre mille enquêtes ecclésiastiques que les diocèses ont fait remonter depuis des années à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). Un refus que les associations de victimes ont perçu comme une volonté du Vatican de couvrir les prêtres coupables de violences sexuelles, alors que le Saint-Siège affirme lui vouloir ainsi protéger témoins et victimes.

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RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, 
But you can't fool all the people all the time."
 (
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.

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