dimanche 23 février 2014

Si l’histoire condamne déjà les Duvalier…, devra-t-elle absoudre Jean- Bertrand Aristide, René Préval et Gérard Pierre Charles !?


Si l'histoire condamne déjà les Duvalier…, devra-t-elle absoudre Jean- Bertrand Aristide, René Préval et Gérard Pierre Charles !?
 
(Extrait d'une entrevue de feu Gérard Pierre Charles, ex-coordonnateur de l'OPL à Robert Lodimus, dans le cadre de l'émission Ces mots qui dérangent…)

Mise en contexte

En 1990, Haïti a vécu un vrai conte de fée. La population élit un curé de la paroisse de Saint-Jean Bosco à la présidence. Le père Jean Bertrand Aristide était vite devenu l'incarnation d'un rêve de liberté et de changement  que les pauvres de ce pays caressaient depuis des décennies. Le mouvement Lavalas est né. Il est soi-disant porteur de  délivrance sociale, artisan d'un État en devenir, appelé à être construit sur le roc de la « démocratie », au sens le plus juste, le plus correct, le plus égalitariste, le plus universaliste… du terme. Bref, le plus « périclésien… » 1991. Coup d'État. Exil. L'espoir s'effondre. 1994. Retour à « l'ordre constitutionnel ». Mais le rêve n'est pas ressuscité! Il n'est pas sorti comme Lazare du tombeau. Pire. La grande famille se divise! Les couteaux des hostilités et des complots politiques volent bas. Échecs électoraux. Fraudes. Menaces. Assassinats. 17 décembre 2001. Le pays frôle la guerre civile. Les chefs de file du mouvement deviennent des « frères ennemis ».  Se tournent définitivement le dos. Alors que la misère étrangle les villes, les bourgs et les villages!
 
Ces entrevues de M. Gérard Pierre Charles accordées à Ces mots qui dérangent, je l'avoue, n'éclairent même pas un centième de la scène d'horreur  où évoluent les  acteurs issus des différents horizons politiques. L'amoncellement d'absurdités et de crimes pointe vers le ciel comme la Tour de Babel. Constat pénible : Carthage est vaincue et détruite. Les cinquante mille survivants au massacre des Romains sont vendus au marché des esclaves.
 
Haine, mépris, coup bas, méchanceté, avilissement, égoïsme, cruauté… : voilà  ce qui transpire de la publication de cette série de rencontres radiodiffusées… 
 
« … Voilà un homme qui est moins sage que moi. Il est possible en effet que nous ne sachions, ni l'un ni l'autre, rien de beau ni de bon. Mais lui, il croit qu'il en sait, alors qu'il n'en sait pas, tandis que moi, tout de même que, en fait, je ne sais pas, pas davantage je ne crois que je sais! J'ai l'air, en tout cas, d'être plus sage que celui-là, au moins sur un petit point, celui-ci précisément : que ce que je ne savais pas, je ne croyais pas non plus le savoir! » (Socrate)
 
Les relations tendues entre Jean-Bertrand Aristide, René Préval et Gérard Pierre Charles ont ouvert les portes de la République d'Haïti sur une catastrophe politique à la fois concoctée et cautionnée par la communauté internationale pour des raisons inavouées, - mais connues de tous – qui a descendu le pays au niveau le plus profond, le plus bas, le plus humiliant, le plus abject de  son existence…
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Robert Lodimus : M. Gérard Pierre Charles, nous tournons la page. En 1990, étiez-vous du nombre des personnalités politiques qui ont propulsé la candidature de M. Jean-Bertrand Aristide à la présidence de la République?
 
Gérard Pierre Charles : Ah, oui, effectivement. En arrivant en Haïti en 1986, j'ai compris une chose: il y avait un grand mouvement social dans le pays. De nouveaux acteurs  participaient à la construction d'une société de droit et de liberté. Mais, face à ce mouvement social, il y avait  les autorités politiques et l'armée. Il n'y avait pas de correspondance entre le mouvement social et la représentation politique. Il fallait trouver un secteur, quelqu'un, une organisation, qui pourrait assurer l'expression de ce mouvement social. Sans doute, l'organisation qui avait les germes, à mon avis, d'un parti moderne à l'époque, c'était le KONAKOM qui reflétait encore un niveau de développement primaire en termes d'organisation et de structuration d'un parti politique. Et, il y avait aussi à côté une personnalité qui, en s'appuyant sur le mouvement de masse, pourrait représenter et faire avancer le mouvement social.
 
R.L. : Monsieur Jean-Bertrand Aristide…?
 
G.P.C. : Effectivement… Et, c'est sur la base de l'identification - moi, je connaissais à peine Aristide, je n'étais pas son ami - que j'ai pensé que c'était l'homme qui aurait pu correspondre à ces grandes revendications sociales, à ces désirs de changement du peuple, à cette nécessité de renouveler la direction politique du pays, à toutes ces choses qui étaient déjà présentes depuis 1986 dans le giron du mouvement social.
 
R.L. : Et en exil, vous entendiez parler de lui, de M. Jean-Bertrand Aristide?
 
G.P.C. : Non, je peux dire que, jusqu'à 1986, très vaguement... Quand je suis rentré en Haïti, j'ai entendu vraiment parler de lui. Certes, nous n'avons pas développé des relations étroites; cependant, nous nous sommes rencontrés à quelques reprises. Pour moi, en 1990, face à un impératif historique, nous avions besoin d'une direction politique qui soit arrivée à prendre en main ce mouvement social rénovateur. Il fallait quelqu'un d'imposant. Et, dans la mesure où cet individu pouvait faire le travail, dans la mesure où il pouvait faire face à cette mission historique, je l'aurais appuyé de façon désintéressée. Et c'est ce que j'ai fait avec M. Jean-Bertrand Aristide.
 
R.L. : Qu'est-ce qui vous faisait penser, en 1990, que le père Jean-Bertrand Aristide était l'homme du moment? L'homme de la situation? Celui qui pouvait incarner le changement…?
 
G.P.C. : Parce que c'était « le leader » qui avait émergé de ce bouillonnement des forces sociales.
 
R.L. : Vous avez bien dit « le leader »?
 
G.P.C. : Oui…. Les autres acteurs politiques étaient plutôt liés aux vieilles pratiques traditionnelles haïtiennes.
 
R.L. : Faisiez-vous partie d'un mouvement politique en 1986, en arrivant à Port-au-Prince?
 
G.P.C. : Moi, j'ai été toujours un homme d'organisation à tous les niveaux. Durant longtemps, j'ai milité dans le Parti d'Entente Populaire (PEP), dans le Parti Unifié des Communistes Haïtiens (PUCH). Depuis 1976 -1978, j'avais compris qu'en Haïti, il fallait quelque chose de nouveau. Les informations qui nous venaient du pays montraient que de nouvelles forces sociales étaient en train d'émerger au sein du mouvement des libertés publiques, du mouvement des droits de l'homme, avec l'apparition de certains leaders. De plus en plus, je comprenais que le pays avait besoin d'une nouvelle expression politique organisationnelle. Et j'en déduisais que celles qui existaient ne correspondaient pas aux besoins du moment historique. En particulier, le PUCH : il avait été converti en un vaste et tragique réseau de mensonge.
 
R.L. : Au lendemain de son investiture à la présidence, Aristide déclarait que l'Opération Lavalas allait céder la place à l'Organisation Lavalas. L'OPL dont vous êtes l'un des membres fondateurs et coordonnateur général est née exactement dans cette optique. Jean-Bertrand Aristide figure-t-il parmi les membres fondateurs de l'Organisation Politique Lavalas devenue aujourd'hui l'Organisation du Peuple en Lutte (OPL).
 
G.P.C. : On pourrait dire que oui... il a été un membre fondateur.
 
R.L. : Pourquoi "on pourrait dire que oui"?
 
G.P.C. : Justement pour souligner les circonstances. Il y a eu deux phénomènes en 1990 qu'il convient de différencier. La grande vague du mouvement démocratique et populaire a fait émerger un personnage qui a été son représentant. Ce personnage, il n'a pas fait la vague, il n'a pas créé le mouvement  démocratique et populaire, mais il en a été l'expression au niveau du leadership. Et il y a eu un deuxième phénomène en 1990 que les gens ne pouvaient pas percevoir: c'est qu'un groupe de personnes - nous étions à peu près une vingtaine d'hommes et de femmes ayant déjà une expérience d'organisation, une pratique politique - avait compris que ce même mouvement qui avait donné lieu au phénomène lavalas, était aussi porteur d'une organisation politique. Un leader avait émergé de ce mouvement,  mais on devait avoir une organisation  politique. Et notre combat, à partir de ce moment, était de monter cette structure. Quand je dis "nous", je pourrais citer, entre autres, Chavannes Jean-Baptiste, Marc Romulus, William Smarth (à l'époque), Jean-Marie Vincent, Suzy  Castor, Irvelt Chéry, bref de nombreuses figures qui avaient déjà compris cette nécessité de structurer l'organisation.
 
R.L. : Vous ne citez pas le nom de Jean-Bertrand Aristide!
 
G.P.C. : Je parle de militants qui pensaient déjà « organisation ». Jean-Bertrand Aristide se souciait de son leadership. Nous pensions à la nécessité de monter une organisation qui, au-delà de la personne, pouvait assurer la permanence d'un système idéologique et son développement  démocratique. C'est ainsi que, depuis décembre 1990, nous avons discuté de tout cela avec M. Aristide…
 
R.L. : Comment a-t-il réagi à cette approche?
 
G.P.C. : Il n'était pas d'accord. Après beaucoup de discussions, nous sommes arrivés à cette prise de position où il a parlé de l'Organisation Lavalas. C'était le fruit d'une décision collective, parce qu'Aristide n'est pas un homme mû, guidé par une sensibilité, une vision de l'organisation. Tandis que nous, nous l'étions déjà. Et quand nous avons  insisté sur la nécessité de passer à l'acte, il y a eu de sa part « concession », disons, une sorte d'accord timide, mais calculé. Nous pouvons ajouter qu'il a accepté l'initiative, dans l'idée, sans doute, de l'utiliser contre le Front National pour le Changement et la Démocratie (F.N.C.D.).  Nous étions inspirés par la volonté de monter cette structure et d'affirmer notre présence organisée au sein de cette situation nébuleuse. Nous n'avions aucun grief contre le F.N.C.D., nous ne voulions pas le déplacer, nous voulions donner un contenu démocratique et collectif à l'entreprise. L'organisation s'est faite sans Aristide. À aucun moment, il n'en a assumé la direction. Il a accepté le principe d'une organisation née d'une initiative de certains supporters, les plus motivés, lourds au plan idéologique, parce qu'il ne pouvait pas empêcher que notre démarche aille dans le sens du mouvement historique Lavalas.
 
R.L. : Jusqu'à présent, vous ne nous dites pas qu'il n'en faisait pas partie…
 
G.P. : Non, il n'a jamais fait partie de L'Organisation Politique Lavalas.
 
R.L. : On ne pourrait pas dire non plus qu'il en soit un membre fondateur?
 
G.P.C. : Je viens de vous décrire le contexte de cet accord politique avec lui, qui a donné lieu à l'Organisation Politique Lavalas. On ne peut pas lui enlever ce mérite historique. Il a participé à ce grand phénomène Lavalas qui porte en son sein les embryons d'une structure, laquelle a surgi, dès le premier jour, avec la vocation de devenir une organisation démocratique et moderne à direction collective. Nous étions, dès le premier jour, une vingtaine de cadres et de dirigeants expérimentés qui avons participé à l'élaboration même de l'idée. Dès sa naissance, l'Organisation Politique Lavalas était porteuse d'un projet politique qui s'identifiait à 100% au mouvement lavalas; mais, il y avait déjà des visions différenciées.
 
R.L. : Ses partisans ont bien raison quand ils déclarent que M. Aristide ne faisait pas partie de l'OPL.
 
G.P.C. : Je crois que je vous ai expliqué très clairement le processus. Les faits peuvent être rectifiés, précisés; mais, ils s'intègrent aussi à un phénomène sociologique. Ce ne serait pas la première fois que dans l'histoire apparaît un tel « dédoublement ». Dans les grands mouvements sociaux, il y a des femmes et des hommes qui émergent. Des leaders… Cependant, la garantie de la cohérence et de la continuité de ces mouvements repose sur les coalitions de la société civile qui sont de caractère paysan, bourgeois, syndical et aussi bien sur les organisations politiques qui en découlent. Je pense que, heureusement, dans le mouvement Lavalas, en plus d'un « leader messianique » qui a eu son mérite et son rôle historique, à un moment déterminé, il y a eu aussi une structure, la conscience de la nécessité d'une structure, la conscience de la nécessité d'une institution et la capacité de la construire. Les hommes passent. Ils changent. Les institutions demeurent,  mais doivent et peuvent se perfectionner sur la base de la critique constructive, de l'expérience, de la pratique politique.
 
R.L. : Certains partisans d'Aristide vous accusent d'avoir « volé » son idée pour fonder l'Organisation Politique Lavalas (OPL). Vous en avez entendu parler? Comment réagissez-vous?
 
G.P.C. : Vous savez, pour moi, ce que les gens disent, je l'enregistre... Mais mon action politique est soutenue et définie par des motivations orientées : celles  qui contribuent à changer l'esprit de la politique dans notre pays. À en faire une vocation de service. J'aurais consacré ma vie à la lutte pour la démocratie, et ce ne serait pas un « emploi » qui m'intéresserait. Non plus de recevoir les honneurs officiels! J'ai une sensibilité particulière depuis longtemps pour les questions soulevées par les problèmes d'ordre sociétal. C'est dans cette perspective que je continue à travailler pour construire un instrument politique qui puisse soutenir et renforcer  la lutte démocratique du peuple haïtien.
 
R.L. : Avez-vous joué un rôle quelconque dans le gouvernement aristidien?
 
G.P.C. : Non, je n'ai pas joué de rôle. Je peux dire que, dans les premiers temps, de mon bureau privé, de temps en temps, j'envoyais un fax au président pour lui suggérer telle ou telle idée, sur des aspects qui me paraissaient importants. Et, au bout d'un certain temps, je me suis rendu compte que les fax n'avaient absolument aucune influence. Je n'ai jamais été fonctionnaire du gouvernement ; je n'ai pas reçu un seul chèque signé en mon nom. Vous pourriez fouiller, passer au crible, scruter à la loupe toutes les archives de l'État. J'ai apporté une contribution désintéressée comme réformateur social, comme intellectuel à ce qui m'a paru, et me paraît encore une grande opportunité historique que la République d'Haïti a eue en 1990 de pouvoir se mettre sur les rails de la modernité, de la justice, de la participation et de la démocratie pour tous.
 
R.L. : Et ces fax, vous les envoyiez à qui?
 
G.P.C. : À Jean-Bertrand Aristide, comme président.
 
R.L. : Au palais national?
 
G.P.C. : Oui... Sur tel aspect, sur tel ou tel problème. Et je le faisais sans que j'aie été  un conseiller du président ou un fonctionnaire du gouvernement. Étant donné que j'ai passé ma vie à étudier et à réfléchir sur les aspects de certains problèmes, je pensais qu'il y avait un conseil à donner, une suggestion à faire, une orientation à indiquer…
 
R.L. : On dirait que M. Jean-Bertrand Aristide et vous, vous vous détestiez l'un l'autre?
 
G.P.C. : Absolument pas! J'ai toujours entretenu de très bonnes relations avec M. Jean-Bertrand Aristide.
 
R.L. : Qu'est-ce  qui  reste   aujourd'hui  de  ces  relations  avec  un camarade?
 
G.P.C. : Je crois que, sur le plan politique, il y a des visions différentes. Cependant, sur le plan personnel, rien n'a altéré nos relations. Absolument rien.
 
R.L. : Quelle est la source du conflit entre Lafanmi et l'OPL?
 
G.P.C. : Je vous l'ai dit, c'est l'histoire. Quand les choses arrivent, il faut interroger l'histoire. Et alors, on voit effectivement que, dans le grand mouvement social qui a apparu en 1986, il existe une longue tradition de lutte pour la liberté et qui a pris à un certain moment la dénomination de mouvement lavalas. Il y avait déjà des tendances différentes. Celles-ci se sont tout simplement précisées. L'histoire n'a pas commencé en 1990. La lutte pour l'implantation de la démocratie dans notre pays se situe bien au-delà de 1990.
 
R.L. : On le sait! À ce sujet, nous sommes un peuple de martyrs…
 
G.P.C. : Il y avait beaucoup de gens qui luttaient depuis longtemps pour la démocratie dans le pays. Certains ont pensé que Lavalas pouvait aider à faire avancer le processus. C'est dans cette perspective qu'il y en a eu plusieurs courants. Et nous avons toujours pensé qu'ils étaient tous favorables à l'aménagement et au développement d'un cadre politique ancré, taillé dans le système du multipartisme progressiste  Il ne pouvait pas s'agir de créer un parti unique, un mouvement lavalassien unique qui pourrait nous conduire à des formes nouvelles de totalitarisme. Donc, il y avait des tendances multiples et divergentes. Les citoyens qui étaient à l'intérieur du mouvement ne s'en rendaient, peut-être, pas compte. Ceux qui observaient de loin, non plus. Cependant, en histoire, ça arrive. Au cours des années, ces courants se sont manifestés et sont devenus plus visibles, probablement à la veille des élections du 6 avril 1997, quand l'OPL s'est définie comme un partenaire électoral apparaissant sur une liste distincte, dans un contexte différent de celui qui avait été  « La Table (Bò Tab la) », la coalition de 1995. Mais c'était le fruit d'une évolution naturelle assujettie  à une transformation normale, sans haine, sans tiraillement. Elle s'est faite comme dans les processus naturels ou biologiques; comme quand dans un arbre apparaissent des branches, sur le plan sociologique apparaissent également des frères et des sœurs avec leur propre vision, leur caractère, leur projet, leur trajectoire. Pour moi, c'est le fruit de l'histoire. Ces choses arrivent. Il faut les comprendre et les gérer… C'est probablement à partir du 6 avril que, dans les relations entre deux branches de Lavalas, ont commencé à apparaître des situations antagoniques.
 
R.L. : Avez-vous des contacts directs avec M. Jean Bertrand Aristide?
 
G.P.C. : Non, nous n'avons pas de contacts directs. Mais plutôt à travers des passerelles. C'est la dimension politique qui prime, et c'est à travers les amis communs que des contacts se font, quand cela est vraiment nécessaire.
 
R.L. : Alors, c'est une amitié qui s'effrite…
 
G.P.C. : Je ne le pose pas en termes d'amitié, mais en termes de relations publiques. Les relations politiques se font donc à travers des passerelles.
 
R.L. : L'ami ne vous appelle plus! Et vous ne l'appelez plus!
 
G.P.C. : Je crois que vous interrogez l'homme public. Ce qui pourrait être les relations d'amis n'est pas de l'intérêt du journaliste.
 
R.L. : Et si on met la politique de côté? C'est l'idée que les gens se font en vous écoutant parler chacun de votre côté.
 
G.P.C. : Oui, je crois qu'il y a un fait : deux projets politiques qui se sont dessinés. Et c'est ce qui est nouveau et d'une importance particulière. Certains n'arrivent pas à le comprendre. Pour eux, à partir du moment où il y a des projets différents, les protagonistes doivent être à couteaux tirés. Nous autres, nous disons de façon très claire : si les élections du 6 avril s'étaient déroulées normalement, eh bien, cela aurait été une compétition – comme cela se fait entre deux partis dans un pays – démocratique. Parce qu'il y a eu, d'une part malhonnêteté, et de l'autre des remises en question de la fraude électorale et de toute une série de pratiques politiques, l'évolution historique de ces deux courants au sein de Lavalas apparaît aujourd'hui comme une situation antagonique. Cependant, nous pensons que l'avenir du pays exige de bien gérer cette réalité. S'il y a deux partis, s'il y a pluralisme dans ce pays, la démocratie va gagner. C'est dans cette perspective que nous avons toujours développé tous nos rapports au sein de Lavalas. L'OPL a été l'un des courants – on le disait et Aristide le savait très bien – du mouvement démocratique, du mouvement lavalas.
 
R.L.- Merci, M. Gérard Pierre Charles
 
Conclusion…
 
J'emprunte l'idée sartrienne, l'idée de Jean Paul Sartre pour dire à ma façon: la politique, l'art de guérir le mal par le mal.
 
Pour guérir les gens d'Argos, Électre, la sœur d'Orestre, a compris qu'il lui faudrait la violence. On ne peut vaincre le mal, dit-elle, que par un autre mal. La première pièce écrite par Sartre, Les Mouches, drame en trois actes, est une démarche intellectuelle qui s'inscrit dans le courant dramaturgique baptisé théâtre de situation. Pour venger son père, Orestre doit tuer sa mère Clytemnestre et son amant Égisthe. Clytemnestre, la mère d'Orestre et d'Électre, est coupable avec son amant de l'assassinat d'Agamemnon, son mari. Orestre doit commettre un matricide. Vaincre donc le mal par un autre mal. C'est cela le théâtre de situation dans l'optique sartrienne. "Théâtre de situation en corrélation avec le théâtre de la liberté." La liberté mise en situation.
 
Nous le savons tous, les facteurs d'intolérance et d'immobilisme politiques conduisent très souvent aux portes infernales de l'occupation étrangère.
 
Aujourd'hui, certains observateurs, comme nous,  doivent se demander si la République d'Haïti pourra continuer à se soustraire de la tentation obligatoire de vaincre son mal par le mal
 
R.L.
 
(Extrait de l'ouvrage Le scrutin de la discorde ou La guerre des Lavalassiens, Robert Lodimus, inédit)
 
RESEAU CITADELLE : LE COURAGE DE COMBATTRE LES DEMAGOGUES DE DROITE ET DE GAUCHE , LE COURAGE DE DIRE LAVERITE!!!
"You can fool some people sometimes, 
But you can't fool all the people all the time."
 (
Vous pouvez tromper quelques personnes, parfois, 
Mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps.
) dixit Abraham Lincoln.

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