samedi 11 juin 2016

Des décombres au développement durable : la transformation miraculeuse d’Haïti pourrait bénéficier à l’Afrique du Sud.-

Une visite avec le petit-fils du leader historique sud-africain Nelson Mandela dans sa résidence à Johannesburg © Page Facebook de Laurent Lamothe
10 JUIN 2016 PAR OLIVIER AUGUSTE
Laurent Salvador Lamothe, ancien Premier Ministre d’Haïti, dispose d’un dynamisme incomparable et croit fermement que « quand on veut, on peut ». Ayant grandi en Haïti, un pays sévèrement affecté par la pauvreté et le manque de ressources à tous les niveaux, il a développé un sentiment profond de responsabilité sociale, ainsi qu'un vif désir d’aider les personnes dans le besoin. M. Lamothe est une personne pragmatique qui, pendant toute la durée de son mandat dans le secteur public, a privilégié les solutions pratiques par rapport à la partisannerie politique pour répondre aux besoins urgents d'Haïti.
Conscient que de nombreux pays autres qu’Haïti ont également besoin d’aide, il a fondé LSL World Initiative (LSL) par conviction. LSL est une société internationale qui se concentre sur l'autonomisation socio-économique des pays émergents. Suite au séisme de 2010, M. Lamothe s’est rendu compte qu’il pourrait appliquer et partager les connaissances et les compétences qu’il avait acquises durant la reconstruction et le relèvement d'Haïti avec d’autres pays émergents.
M. Lamothe a récemment visité l’Afrique du Sud pour s’entretenir de manière approfondie avec des intellectuels sur la façon dont LSL pourrait aider le gouvernement sud-africain à atteindre ses objectifs de développement durable. Un débat de haut niveau s’est tenu avec Ndaba Mandela, le président et le co-fondateur de l’Africa Rising Foundation et l’un des petits-fils de Nelson Mandela, et Kgalema Motlanthe, qui a été Président d’Afrique du Sud suite à la démission de Thabo Mbeki. Ce débat s’est concentré sur la façon dont le Financement Innovant du Développement (FID) pourrait s’appliquer au contexte sud-africain.
L’Afrique du Sud fait actuellement face à ses propres défis socio-économiques, parmi lesquels figurent l’allègement de la pauvreté et la fourniture de logements, et le pays s’emploie activement à les relever. La capacité du gouvernement sud-africain à fournir des logements appropriés et abordables, y compris la modernisation ou l’enlèvement des taudis, demeure une priorité gouvernementale importante. En effet, le logement non seulement améliore la situation des individus, mais aussi affecte les communautés et l'économie mondiale dans son ensemble. La disponibilité de logements abordables au bon endroit pourrait stimuler la mobilité économique sud-africaine et, au bout du compte, stimuler la croissance du PIB national.
Le Président par intérim de la Commission fiscale et financière d’Afrique du Sud a estimé qu’il faudrait compter environ 800 milliards ZAR pour mettre fin au déficit en matière de logement d’ici à 2020. LSL est à la disposition du ministre sud-africain de l'urbanisme pour l’aider à appliquer son modèle de financement innovant du développement adapté aux besoins sud-africains. Ce modèle pourrait aider le gouvernement à identifier des revenus supplémentaires importants, ce qui lui permettrait de réduire le déficit du logement plus rapidement.
Pour ce faire, M. Lamothe se concentre sur les mécanismes de Financement Innovant du Développement (FID), des solutions éprouvées qui identifient de nouvelles sources de revenu pour le développement durable au profit du gouvernement. Les revenus sont générés par le biais de micro-contributions prélevées sur des activités mondiales telles que les télécommunications, les opérations financières, le transport et le tourisme, et les paiements électroniques. Ces micro-contributions ont très peu d’effet sur la population locale et peuvent être utilisées comme un mécanisme indépendant ou pour compléter les initiatives existantes.
Un aperçu d'Haïti en 2010 :
Au moment où M. Lamothe a commencé son mandat de Premier Ministre, Haïti avait été presque complètement détruit et son peuple avait désespérément besoin d’aide socio-économique.
M. Lamothe a occupé cette fonction publique entre 2012 et 2014, c'est-à-dire plus longtemps que n'importe quel autre Premier Ministre au cours des trois dernières décennies. En 2010 :
- Un total de 1,6 million de gens vivait dans des conditions indignes
- Haïti était classé au dernier rang de l’indice de perception de la corruption
- Le pays avait un fort taux de criminalité
- Seulement 1% de son PIB était consacré à l'éducation
- Son inflation avait atteint un taux de 8%
- Les dépenses gouvernementales étaient hors de contrôle
- Le FID n’y existait pas.
Il était clair qu’il fallait faire quelque chose. M. Lamothe et son équipe ont élaboré des plans de financement parmi les plus ambitieux afin de sauver Haïti de sa situation financière et humaine misérable, en gérant une équipe de jeunes professionnels recrutés dans les plus grandes universités et en travaillant en collaboration avec le Ministre haïtien des Finances, l’astucieux Jean-Marie Carmelle. Ce qu’ils ont accompli a été tout à fait remarquable. Cette nouvelle approche a fait son effet et, deux ans et demi plus tard, la situation en Haïti avait complètement changé. Laurent Lamothe est donc bien placé pour aider le gouvernement sud-africain.
Un aperçu d'Haïti en 2013 :
- L’inflation a chuté, en passant de 8% à 4%
- Les dépenses gouvernementales ont été réduites de 25%
- Le Financement Innovant du Développement a connu une hausse de 220% par rapport à une base de 0%
- Les forces de police ont été renforcées de 30%, ce qui a permis d’assurer la sécurité du peuple haïtien
- La criminalité a diminué de manière considérable.
Cette sécurité supplémentaire a fait d’Haïti l’un des trois pays les plus sûrs à visiter dans les Caraïbes. Les victimes du séisme ont été relogées, les maisons ont été reconstruites et les efforts de reconstruction se sont déroulés rigoureusement. En 2013, on ne comptait plus que 60 000 personnes sans-abri, soit une réduction massive de 90%. L'infrastructure et les installations publiques ont été reconstruites grâce à l’aide de la communauté internationale, et cinq nouveaux hôtels de classe internationale, visant à donner un coup de fouet bien nécessaire au tourisme haïtien, ont été érigés.
Dans l’ensemble, Haïti s’est vu tiré des décombres pour atteindre une base solide de développement durable. 1,4 million d’enfants haïtiens ont été scolarisés afin de bénéficier d'une éducation gratuite et de bonne qualité grâce à un Fonds d'éducation alimenté par les micro-contributions prélevées sur les télécommunications internationales entrantes et les transferts d’argent.
Par le biais de LSL World Initiative, Laurent Lamothe souhaite désormais apporter le même type de transformation et d’espoir aux citoyens d’autres pays émergents qui ont grandement besoin de financement pour leur développement socio-économique. Compte tenu de son travail novateur et transformationnel en Haïti, Laurent Lamothe est très bien placé pour aider le gouvernement sud-africain.
Les gouvernements collaborant avec LSL déterminent la répartition des fonds de façon transparente, conformément à leurs propres priorités, et peuvent ainsi répondre aux besoins fondamentaux, tels que l’eau potable, le développement du logement, les services de santé et d’éducation, l'électrification, le développement de l’infrastructure et autres. Au bout du compte, LSL World Initiative donne aux pays en développement les moyens de créer un avenir durable et prospère par le biais de l'autonomie économique.
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