samedi 15 octobre 2016

Comme les va-nu-pieds d'hier, les pauvres ont le devoir de défendre la liberté des noirs et l’indépendance d’#Haiti

Observations sur une caricature du journal LeNouvelliste.- (Texte de Cyrus Sibert)
S’il y avait un Journal LeNouvelliste.com en 1791 avec ce genre de caricatures, Bois Caïman n’aurait pas eu lieu.
S’il y avait un Journal LeNouvelliste.com en ce temps là, Toussaint Louverture n’aurait jamais fondé une armée indigène avec des va-nu-pieds.
Car, cette caricature du Journal Le Nouvelliste, le seul quotidien haïtien, vieux de plus d’un siècle, traduit la pensée limitée de l’élite actuelle d’Haiti, ces dégénérés qui nous trouvent trop pauvres et trop misérables pour avoir droit à la dignité et à la souveraineté nationale.
Ceux qui cherchent à humilier ce peuple noir, descendant d’esclaves insoumis qui ont forgé la première République noire et l’unique révolution d’esclaves de l’histoire de l’humanité, observent et en profitent pour nous trainer dans la boue.
C’est comme ce Roi français qui a profité de notre embourgeoisement, donc notre paresse à retourner sur le champ de l’honneur, pour nous imposer une dette d’indépendance.
Il faut rappeler à nos intellectuels retardés qui utilisent les différences sociales et économiques pour justifier l’inacceptable que :
1- Toussaint Louverture, un affranchi, avait rejoint ses frères esclaves pour défendre la liberté des noirs;
2- Jean-Jacques Dessalines, un noir, avait scellé l’unité des noirs et des mulâtres à l’Arcahaie pour chasser les forces coloniales, libérer la partie ouest de l’Ile Kiskeya et fondée un Etat libre et indépendant;
3- La seule requête d’Alexandre Pétion (fils de colon blanc) à Simon Bolivar fut d’abolir l’esclavage partout où il remporterait la victoire;
4- Nos ancêtres ont résolu le problème de couleur par une fiction juridique faisant de tous les citoyens d’Haiti des Noirs, offrant aux soldats blancs polonais de l’expédition Leclerc une patrie; ils ont fait d’Haiti une terre de liberté pour tous les noirs du monde, pour tous les réfugiés.
Malgré les différences économiques et sociales, Noirs, Affranchis et/ou Mulâtres d’Haiti se rencontraient sur des valeurs sacrées. Ils avaient une capacité d’aborder les dossiers avec un dépassement de soi, une transcendance.
Pauvre peuple d’esclaves, de misérables et de va-nu-pieds, nous avons contribué à la guerre d’indépendance des Etats-Unis, à l’indépendance de la Grèce, de l’Amérique latine, à chasser les forces impériales européennes de la partie Est de l’Ile Kiskeya devenue République Dominicaine, à libérer l’Europe face l’Allemagne Nazie; nous avons accueilli les réfugiés juifs et libanais, supporté la liberté, la dignité et la souveraineté nationale partout dans le monde.
C’est la perte de cette capacité à transcender quand il s’agit de question suprême comme l’indépendance, la souveraineté, la liberté, l’intérêt supérieur de la nation qui fait de nous aujourd’hui la risée du monde.
Ne vous laissez pas manipuler par la propagande des grands médias internationaux de “pays le plus pauvre du monde” au point de renoncer à l’esprit de nos ancêtres. Cette répétition de “pays le plus pauvre “ au lieu de “Première République Noire” ou de “La seule révolution d’esclaves réussie” fait partie du complot permanent auquel notre nation fait face depuis son insolence de se déclarer libre et indépendante.
Si les va-nu-pieds ont pu défier l’une des armées les plus puissantes du monde, les pauvres d’aujourd’hui ont le devoir de continuer à défendre la liberté, la dignité et la souveraineté nationale. Ce constat renforce la nécessité d’avoir une vraie transformation économique dans le pays avec un leader capable de combiner ce que nous avons en termes de ressources internes à savoir : Des terres, des rivières, le soleil tropical et un peuple sympathique, intelligent et travailleur qui a fait ses preuves un peu partout à travers le monde.
Car, tous les pays ont eu des hauts et des bas. L’occident a connu des situations économiques difficiles, la misère, des épidémies comme le choléra, la peste… Des villes merveilleuses aujourd’hui comme New York ont connu la crasse avec des puces, des poux, des tas d'immondices, des latrines puantes. Si ces pays sont devenus modernes et industrialisés, c’est à partir d’une transformation de leur économie nationale.
Car, l’Angleterre est devenue ce qu’elle est grâce à la révolution industrielle. Les progrès en Europe, aux Etats-Unis, en Russie, en Chine, à Cuba, au Brésil et plus près de nous en République Dominicaine sont le fruit d’une transformation de leur Economie nationale (d’abord la modernisation de leur secteur agricole) et de la stabilité politique (dictature ou jeu démocratique). Le problème d’Haiti : nos élites veulent mener la vie de prince à partir de l’Etat. C’est impossible! Il faut arrêter cette bataille pour le contrôle de l’Etat uniquement dans le but de faire face à la précarité des leaders ou aux besoins économiques des groupes de militants qu’ils manipulent. Un Etat qui fonctionne grâce à l’aide internationale est très limité.
Seule la transformation de notre économie par la modernisation d’un secteur porteur, comme l’agriculture capable d’absorber rapidement la force nationale de travail de base (les travailleurs agricoles et les métiers corollaires), peut dynamiser le marché intérieur, créer la richesse, assurer la circulation de l’argent et le développement d’autres secteurs et d’autres corps de métiers, en vue de permettre à l’Etat de dégager des recettes suffisantes pour aborder efficacement les problèmes de justice sociale, d’éducation et de santé publique.
Stabilisons Haiti et transformons son économie de rente en production.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 15 octobre 2016
reseaucitadelle@yahoo.fr // @reseaucitadelle

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