lundi 23 janvier 2017

Haiti - Jovenel Moise : Evitons toute continuité de la “Gouvernance festive”.- (Texte de Cyrus Sibert)

L’annonce par le Président élu Jovenel Moise de la tenue du Carnaval national de 2017 dans la ville des Cayes n’était pas nécessaire. Pour réussir les 5 cinq ans de son mandat, le nouveau président doit éviter tout signal lui présentant comme une copie conforme de l’administration Martelly. Il doit-être conscient du fait qu’après le 7 février 2016, #NègBannanNan est devenu un mouvement authentique, autonome, identitaire et sans précédent.
En effet, Monsieur Jovenel Moise a pu réaliser une coalition politique plus large que celle qui a gouverné le pays durant le mandat du Président Michel Martelly. Il a bénéficié de la réaction conjoncturelle du secteur GNB et des jeunes qui n’entendaient pas revivre un retour d’Aristide au pouvoir. Aussi, le peuple haïtien a t-il voté pour un jeune leader paysan, originaire de province, dans le seul objectif de concrétiser des transformations structurelles pour la production nationale.
En ce sens, il faut éviter toute continuité de ce que nous appelons “gouvernance festive” à savoir un pouvoir central qui s’immisce directement dans l’organisation de festivités au point de lancer une fausse image d’insouciance au niveau national et international. Car, si on pouvait comprendre que cela correspond parfaitement à la déformation professionnelle d’un musicien devenu président, il sera difficile de l’expliquer pour un entrepreneur agricole devenu président.
De plus, c’est politiquement contre productif de lancer des signaux de continuité parfaite du Président Martelly. Car, après un certain temps, TET KALE risque de subir les conséquences de la fatigue de l’opinion publique. Dans une démocratie, c’est difficile pour un parti de garder le pouvoir au-delà de 10 ans. Après un certain temps, les peuples cherchent du nouveau; ils veulent rêver et réclament de l’utopie.
Comme exemple, aux Etats-Unis, il est difficile pour un parti d’obtenir un 3e mandat. En Haiti, après la 2e année d’une administration, le pouvoir est exposé à une opposition politique active et des agitations intenses : René Préval a connu les émeutes de la faim; Michel Martelly faisait face à des manifs, un an après son investiture.
Le président Jovenel Moise ne doit pas perdre son temps dans des initiatives contre-productives, des histoires de carnaval, de festivités, au risque de rater le temps idéal pour imprimer sa marque. Il doit éviter les irritants, les polémiques anciennes de type “Ti Lili” et continuer à projeter son image d’homme honnête, incorruptible, “un chef d’Etat qui n’a pas d’ami” mais rassembleur — pour reprendre ses promesses de campagne.
S’il commet l’erreur d’aliéner les membres de cette coalition qui lui a permis de résister jusqu’à remporter les élections, malgré les 11 mois de terreur du Président de facto Jocelerme Privert et de ses sbires anti-TETKALE, il se retrouvera seul dans 2 ans, devant une opposition certaine et violente. A ce stade, seules de véritables réalisations en termes de production nationale pourront convaincre le peuple de continuer à le supporter. Sinon, il ne pourra plus faire rêver le peuple, encore moins capitaliser sur les réalisations du gouvernement Martelly/Lamothe.
Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti // 23 Janvier 2017
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