dimanche 2 juillet 2017

Ce qu’il faut retenir de notre intervention sur Radio Grenada Broadcast.-

Ce qu’il faut retenir de notre intervention sur Radio Grenada Broadcast.- (Texte de Cyrus Sibert)

Ce jeudi 29 juin 2017, nous (Cyrus Sibert) avions pris part à un panel composé de George Grant, Margaret Francis, Jerry George, Beverley Sinclair, John Kenneison, Atherton Martin, Catherine Edwards et de Netfa Safiya francis, tous des journalistes et des professionnels de la caraïbe, en vue de débattre de la situation de Madame Marjorie, cette femme haïtienne victime de viol à Turks and Caicos et menacée d’expulsion parce qu’elle a porté plainte.

Suivant une approche globale, nous en avons profité pour aborder les défis du trafic humain dans la caraïbe, les problèmes liés à l’exploitation des femmes, des enfants, des réseaux criminels transnationaux qui menacent les résidents de la région et la nécessité d’un rapprochement des peuples de la zone dans un vrai mouvement civique, afin de mieux nous connaitre, d’étudier notre histoire et notre dynamique sociale, de vulgariser notre culture et de promouvoir notre histoire commune. Cela passe par l’adoption, l’enseignement et le développement des langues (créole et anglais caraïbéens) qui peuvent faciliter la communication entre les peuples.

Fait étrange, dans notre caraïbe, un créole comme celui d’Haiti est compris et parlé à Sainte Lucie, à la Dominique, à Saint-Martin, à la Martinique, à la Guadeloupe, en Guyane et dans d’autres îles. Aussi, y a t-il l’anglais Caribbean. Comme au Canada et en Belgique où il existe deux (2) langues, rien n’empêche de promouvoir ce créole et l’anglais comme moyens de rapprochement entre les peuples de la région.

Durant les deux (2) heures d’intervention, nous avions surtout mis l’accent sur notre histoire. La révolution haïtienne, fruit de longue lutte anti-esclavagiste de toute la diaspora africaine transplantée dans l’hémisphère occidental. Pour preuve, le Général Henri Christophe, originaire de la Grenade, est un héros national haïtien, l’un des principaux fondateurs de l’Etat d’Haiti, signataire de notre acte d'Indépendance. C’est aussi le cas pour Dutty Boukman originaire de la Jamaïque qui fut l’organisateur de la cérémonie de prise de conscience et d’engagement des esclaves à vivre libre ou mourrir, à se révolter, ce qui entraina l’abolition générale de l’esclavage en Haiti.

Il est temps de considérer la révolution anti-esclavagiste d’Haiti comme une épopée Afro-caraïbéenne.

Nous ne devons plus avoir honte de notre passé d’esclave. Car, nous ne l’avons pas choisi; de plus, les différents mouvements de révoltes de nos ancêtres noirs dans la région prouvent que nous sommes naturellement descendants d’un peuple rebelle et insoumis. A ceux qui utilisent notre niveau de développement pour chercher à nous rabaisser comme noirs, nous disons que les Afro-caraibéens n’avons jamais exterminé d’autres peuples, nos ancêtres n’ont jamais pratiqué l’esclavage, nous n’avons jamais colonisé d’autres peuples, nous n’avons jamais mené de guerre d’extermination. En conséquences, nous sommes l’exemple parfait de l’humanisme, les précurseurs de la liberté pour tous les peuples, sans exception de race ou de couleur.

@ReseauCitadelle n’a pas voulu faire le jeu des colonisateurs en abordant le sujet sur l’angle “haitiano-centrique”. Car, c’est là toute la stratégie des colonisateurs : nous diviser en mettant uniquement l’accent sur les spécificités nationales ou étatiques. Cette stratégie paralyse la Caricom qui n’arrive pas à nous concevoir comme une nation caraibéenne. A l’instar des européens qui s’efforcent à présenter l’Europe comme une entité géographique propre, historique et économique, nous devons voir la caraïbe comme un tout.

Si l’on considère les noirs des Etats-Unis comme des afro-américains sans tenir compte des spécificités des différents états dont ils sont originaires, nous devons faire de même et developper le concept “Afro-Caribbean” : une nation noire, victime du trafic humain qu’est la traite des noirs, qui s’est relevé à travers diverses luttes anti-esclavagistes depuis la première révolte d'esclaves noirs en 1522 à Saint Domingue, lorsque des wolofs africains travaillant dans une plantation de canne à sucre se soulèvent contre l'amiral Don Diego Colomb, le fils de Christophe Colomb, jusqu’à la Révolution haïtienne. De cette révolte est né le marronnage avec les premières communautés de marrons libres d’africains et d’indiens dans les montages du Baoruco ou Bahoruco. Cette lutte prit plusieurs formes comme la cérémonie de Bois Caïman, la bataille de Vertières, le massacre des français…

Au dire de l’un des intervenants, un citoyen de la Dominique qui s’exprime très bien en créole, les caraïbéens doivent faire comme les juifs qui se battent contre l’oubli. Il faut un mouvement de la société civile Afro-caribéenne pour cimenter les peuples de la région en vulgarisant notre histoire, notre culture, identifier et faire connaitre au monde entier nos points forts, travailler à résoudre nos problèmes.

Nous devons aller au delà de l’organisation des Etats de la CARICOM qui donne souvent des signes d’un club de Chefs d’Etat souvent réunis pour s’amuser au rythme des dictats des grandes puissances. Le retour du racisme anti-noir dans le monde, le mépris des réfugiés surtout noirs et la montée des mouvements d’extrêmes droites racistes dans certains pays, doivent nous interpeller. Le terme péjoratif “negro” s’applique à nous tous.

Unissons nous, à travers d’un grand mouvement civique Afro-Caraibéen pour un “CaribbeanPride” ou un “CariPride” : Je suis Afro-Caribbéen.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
30 juin 2017
@reseaucitadelle
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Radio Grenada Broadcast : www.http://grenadabroadcast.com

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