lundi 24 mars 2008

Le 1er sénateur du Nord-est Rudolph Henry Boulos fait le point !


Thèmes de l’Emission de la semaine

Orlando le 21 mars, 2008

Actualités Politiques : Grandes Lignes



Bonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio Classique Inter, l’émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin.

Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, le 1er sénateur du Nord-est Rudolph Henry Boulos, qui va nous parler de son odyssée politique.

Rudolph Henry Boulos, nous vous souhaitons la bienvenue une fois de plus sur les ondes de Radio Classique Inter.

RB : Commençons par le commencement. Vous êtes pharmacien de profession, commerçant et industriel.

Qu’est-ce qui vous a porté à briguer le poste de sénateur du Nord-est ?

RHB : C’est une mission que j’ai reçue de mon père. Mon arrière grand père est venu en Haïti en 1890, et jusqu’aux environ des années 1920, 1930, ma famille a habité les zones du Nord et du Nord-est, principalement Ouanaminthe. Mon père m’avait dit que dans la mesure où je pourrais, de retourner dans le Nord-est, pour évaluer ce qui peut se faire pour rendre à la population de la zone, l’accueil que ma famille a reçu dès l’arrivé de mon arrière grand père Simel Boulos en Haïti. C’était plus qu’une obligation, mais un devoir, que mon père m’avait fait. Mon père m’a toujours dit : « Quand on a beaucoup reçu, il faut savoir beaucoup donner. » C’est un peu comme ce que John Fitzgerald Kennedy avait dit lors de sa prestation de serment : « Ask not what your country can do for you, but what you can do for your country. » En d’autres termes, quand on a réussi dans une certaine mesure, on doit se faire l’obligation de manifester sa reconnaissance envers le pays qui vous a permis de réussir.

RB : Vous avez dû faire face à de nombreuses difficultés pour être élu 1er sénateur du Nord-est, après 3 élections.

Comment expliquez-vous toutes ces difficultés ?

RHB : La classe politique traditionnelle n’avait pas vu d’un bon œil et même avec hostilité, qu’un industriel, qu’un commerçant, qu’un professionnel, qu’un bourgeois devienne acteur à part entière de l’échiquier politique haïtien. Elle n’avait pas compris, ni accepté ce fait. Que vient-il chercher là ? Ce n’est pas son rôle dans cette société. Il ne s’y connaît pas. Elle a cherché par tous les moyens comment m’en empêcher. Le parti LESPWA ne voulait pas qu’un parti ait de l’influence au sein du parlement. LESPWA voulait d’un contrôle total du parlement. En d’autres termes LESPWA voulait d’un parlement docile. Il fallait à tout prix ne pas avoir au parlement des gens ayant le potentiel pour résister à la domination de Prévale soit au Sénat ou à la chambre des députés. Mais c’était surtout au niveau du Sénat que cette inquiétude c’est manifestée le plus ostensiblement. Préval voulait au départ avoir un contrôle de l’Etat dans toutes ses composantes. Cette préoccupation, cette façon de penser, cette vision de l’arène politique et du pouvoir n’est pas une notion qui est unique à Préval.

Il nous faut admettre qu’en Haïti nous avons des castes. Caste de paysans (moun endeyor) qui reste dans son domaine de cultivateur. Caste de classe moyenne dont les membres peuvent évoluer pour devenir des professionnels, aspirant, à cause du manque d’opportunité, à aller à l’étranger, ou à entrer dans le bloc politique. Ce bloc politique tient à maintenir jalousement l’arène politique comme sa chasse gardée. C’est ce qui explique le réflexe de vouloir garder fermement le monopole du pouvoir politique.

Ils nous ont forcé de participer à trois élections. Ils ont annulé le premier tour de manière anachronique et maladroite. Ils voulaient savoir, dans quelle mesure il pouvait décourager le peuple et le candidat. Ils n’ont pas, après tous ces efforts et manœuvres, atteint leurs objectifs.

RB : Elu 1er sénateur du Nord-est le 3 décembre 2006, pourquoi a-t-on pris autant de retard pour valider vos pouvoirs ?

RHB : Ça fait suite à la même logique de la volonté, de vouloir me barrer le chemin. Le peuple à chaque tour a augmenté sa participation en me donnant un plus grand nombre de voix. Le peuple du Nord-est a manifesté et maintenu sans équivoque sa volonté de m’élire au poste de 1er sénateur.

Il nous faut dire aussi que nous avions bénéficié du fait que ces élections ont eu lieu sous un gouvernement intérimaire. Les deux élections, qui ont eu lieu avec le plus de transparence, sont ceux d’Ertha Pascal Trouillot et de Boniface/Latourtue. Ils n’ont pas pu nous bloquer. Ils ont publié les résultas des élections du 3 décembre à la fin mois de décembre. Cependant ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour ne pas faire la validation des pouvoirs au mois de janvier. Ils ont avancé le fait que les règlements intérieurs n’acceptent que 27 sénateurs pour la chambre haute. Qu’il faut les modifier. En effet, les règlements intérieurs n’avaient pas encore pris en considération le nouveau Département du Nippes. Après c’est le problème de la publication au Moniteur. Toute une multitude de petits obstacles qui manifestait leur réticence à ma présence au Sénat, mais qui en fin de compte n’a pas réussi à m’en exclure.

RB : Siégeant maintenant pour la première fois au Sénat de la république, quelle a été l’attitude de vos nouveaux collègues à votre endroit ? Quelles ont été vos premières impressions de l’institution ?

RHB : Il faut tenir compte du fait, qu’à la date où nous devrions être installés, au mois de janvier, c’est ce soir là que l’on avait adopté cette fameuse résolution concernant le scandale de la SOCABANK. On nous a installé que le 6 février. A ce moment là, on était en train d’organiser une commission d’enquête pour investiguer les dessous de cette résolution. En entrant on s’est trouvé immédiatement dans un moment de crise. On a vite compris que c’était un moment assez délicat et dangereux pour le Sénat. Le seul jeu que nous pouvions faire c’était de protéger l’institution, pour sa consolidation, pour éviter sa fragilisation. Le poids et le prestige d’un sénateur sont proportionnels à ceux de l’institution sénatoriale, à laquelle il appartient.

RB : Votre baptême de feu a été le 26 janvier 2007, le scandale de la SOCABANK, où des sénateurs ont été accusés d’avoir reçu des pots-de-vin.

Quelles ont été les réactions des sénateurs non impliqués, face à ce scandale ? Comment avez-vous réagi ?

RHB : La validation des pouvoirs n’a eu lieu que le 6 février à cause de l’adoption de la fameuse résolution du 26 janvier. Je continue dans la même vaine. Mon unique souci était de trouver comment calmer a tension. Comment éviter une enquête qui allait provoquer des tas de problèmes pour tous les sénateurs. Il fallait traiter ceci avec beaucoup de sagesse. Notre rôle à ce moment là était de parler aux membres de la commission d’enquête, pour temporiser la tension. C’est l’ironie du sort. Il y a un an, quand nous étions à peine arrivés au Sénat, nous avions choisi de jouer le rôle de temporisateur, pour protéger le Sénat et ses membres qui étaient accusés. Un an plus tard l’ironie du sort veut que ce soit précisément ceux que nous nous sommes évertués à protéger contre les conséquences du scandale de la SOKABANK, qui aujourd’hui m’attaquent, moi qui ne voulait que protéger l’intégrité de l’institution sénatoriale. Dès notre entrée au Sénat nous avons toujours usé de sagesse pour calmer le jeu.

RB : Est-ce, que les pressions, pour faire publier le résultat des élections du 3 décembre 2006 pour les ASEC et les Délégués de ville et leur installation, ont été le début du conflit Préval/Boulos ? Si oui, qu’avez-vous fait comme pression, et comment Préval a-t-il réagi ?

RHB : Depuis le mois de mai 2007, nous avions commencé à subir des pressions de la part de la population du Nord-est, et surtout des élus ASEC et Délégués de ville. Mes mandants m’ont toujours rappelé que le pouvoir que j’ai, comme sénateur, vient d’eux. Ils m’ont fait savoir qu’ils n’aimeraient pas que je me comporte comme mes prédécesseurs, qui ne reviennent à eux qu’au moment des élections, pour solliciter leur suffrage. Je me suis fait le devoir de retourner mensuellement et parfois deux fois par mois. J’y vais chaque mois pour circuler à travers le Département et dialoguer avec la population entière du Nord-est.

Donc, je subissais des pressions des ASEC et des Délégués de ville qui étaient élus aux mêmes élections que mois, le 3 décembre 2006 et qui n’étaient pas encore installés. Nous n’étions pas tout à fait certain d’où venait la volonté politique de ne pas vouloir les installer. On n’avait pas encore compris pourquoi le CEP agissait de cette façon. C’est en cherchant que nous avions découvert que c’était le pouvoir central qui pressurait le CEP, lui donnant l’ordre de ne pas les installer.

La pression que nous avions faite, a eu lieu à la réunion de Kaliko avec des législateurs le 28 juillet. Une vingtaine de députés et 6 sénateurs, ont adopté une résolution qui exigeait du CEP et de la primature l’installation immédiate de tous les ASEC et Délégués de ville. On a eu un succès assez intéressant. Avant le 15 aout, ils ont été tous installés.

RB : Pourquoi Prévale n’a pas voulu installer les ASEC et les Délégués de ville, que craint-il ?

RHB : Là je peux utiliser les informations directes que j’ai obtenues d’un membre du CEP, Pasteur Borice. Ils ont des problèmes, sachant que la loi électorale ainsi que la Constitution, disent, qu’immédiatement après l’installation des ASEC et des Délégués de ville, on devrait organiser les élections indirectes. Ces élections indirectes allaient déboucher sur la formation du régime d’Assemblées territoriales. Le Conseil interdépartemental allait exercer son droit constitutionnel pour choisir et proposer la liste des noms à partir de laquelle les trois pouvoirs devraient choisir les neuf membres du CEP permanent. Il y a là un enjeu énorme, sortir du cercle vicieux de la création à tout bout de champ de CEP provisoires contrôlés par le pouvoir en place. Nous sommes aujourd’hui, après vingt ans, à notre énième CEP provisoire choisi par une formule encore plus boiteuse que celles utilisées antérieurement. Ce que Prévale détestait le plus, c’est le fait que les conseillers départementaux viendraient s’assoire aux réunions du conseil des ministres. « M’pas vlé moun ça yo vini chita laa ! » Voilà comment il a exprimé son dédain à leur endroit. Il faut remarquer le fait que Préval ne peut pas les révoquer, comme il peut se débarrasser d’un ministre. Donc ils craignaient tout le processus que les élections indirectes allait déclancher, qui allait leur faire perdre le contrôle total dont ils jouissent maintenant sur l’appareil d’Etat. Ils ont aussi peur de la Décentralisation. Ils évoquent souvent l’excuse du poids budgétaire de la Décentralisation. Ils ont installé les ASEC, CASEC et les Délégués de ville, sans leur donner les moyens de fonctionnement. Les Assemblées territoriales allaient donner aux municipalités et aux Département une vraie autonomie comme le prescrit la Constitution. Ce que le pouvoir central n’est pas prêt à donner à aucun moment, ni maintenant, ni dans le future.

RB : Le CEP provisoire ayant été diabolisé et dissout, pourquoi les différents secteurs ont accepté que Préval choisisse les membres du nouveau CEP provisoire ? Est-ce que ce n’est pas une violation du principe de la neutralité du CEP, l’autorité electorale ?

RHB : Là, il faut le reconnaître, qu’il y a eu beaucoup de faiblesse. La participation des partis au pouvoir exécutif, les porte plutôt à protéger leurs prérogatives ministérielles, au lieu de défendre la priorité du principe de la neutralité du CEP. Ils n’ont aucun intérêt dans un affrontement direct avec le président de la République. Il y avait aussi une volonté d’arriver aux élections rapidement. Parce qu’il n’y avait aucune possibilité de compromis ou d’entente, ils se sont trouver dans la pénible situation d’avaler toute la couleuvre d’un seul coup. Mais il nous faut dire aussi, qu’il y avait un manque de clairvoyance pour vraiment comprendre dans quelle galère on était en train de s’embarquer. Tous les secteurs se sont faits prendre par le plus rusé, qui a pu tirer ses marrons du feu. Une fois de plus, le pays perd. Le pouvoir gagne.

RB : Entre-temps, les élections pour renouveler le tiers du Sénat ne sont pas faites. On se rapproche rapidement de la fin du mandat des 3e sénateurs. Pas assez de temps pour faire les élections sénatoriales, le Sénat est en échec et mat.

Que veut accomplir Préval en refusant de faire les élections sénatoriales ?

RHB : Là, il nous faudrait retourner en mai 2007, où il y avait déjà des informations venant du bureau du premier ministre, qui confirment le fait, qu’ils sont en train de mettre des tas de choses en veilleuse, parce qu’en moins de 6 mois, il n’y aurait plus de parlement à la fin de l’année 2007. C’était donc le plan initial. Il y avait naturellement plusieurs plans. Lorsque ce plan initial ne s’est pas matérialisé, l’alternative était d’affaiblir le Sénat de la République. La meilleur façon de l’affaiblir, ou d’avoir un Sénat docile qui ne soit pas indépendant, c’est d’empêcher le renouvellement constitutionnel du tiers du Sénat. On n’acceptera pas que les 3e sénateurs siégent à la première session en Assemblée nationale le 14 janvier 2008. On aura automatiquement un Sénat fonctionnant à 19 membres. Avec 4 absences, il n’y aura pas de quorum. Le Sénat ne pourra pas fonctionner. Ceci aura pour conséquence un parlement inopérant. Il y a eu une crise entre la fin de décembre 2007 et le début de janvier 2008. C’est un accord qui a eu lieu au palais national pour que les 3e sénateurs restent jusqu'à la fin de leur mandat de 24 mois, le 8 mai 2008.

RB : Face au danger évident de la caducité d’un tiers du Sénat, quelles ont été les réactions et dispositions prises par les différentes tendances politiques au sein du Sénat ? Ou au contraire, les réactions ont-elles été individuelles au lieu d’être collectives ?

RHB : Les partis politiques ne comprenaient rien à ce qui se passait. S’ils l’avaient compris, c’était une compréhension assez limitée de la réalité politique. C’était plutôt une réaction individuelle au sein du Sénat, qui ne reflétait pas nécessairement la position de leur propre parti. Cela peut s’expliquer, par le fait qu’il y a non seulement des partis qui ont leurs membres dans le cabinet ministériel, mais certains partis ont des membres qui sont des conseillers spéciaux du président au palais national.

RB : Quelles ont été, au sein du Sénat, les dispositions prises par vos collègues pour déjouer les manœuvres menées par l’Exécutif qui aurait dû aboutir à la caducité du tiers du Sénat le 14 janvier 2008 ?

RHB : Ça a été une batail très intéressante, face à plusieurs propositions. Il y avait par exemple, la proposition pour que tous les sénateurs aient un mandat de 5 ans. Il y avait toutes sortes de propositions, l’une plus extraordinaire que les autres. Il y a eu quand même des têtes pensantes qui ont pu réaliser que ça allait aboutir inévitablement à une caducité le 14 janvier. C’est assez intéressant que ce soit la menace de la caducité du 14 janvier qui ait fait émerger la solution. A un certain moment, lorsque le président Lambert insistait sur le départ des 10 sénateurs. Pour l’Assemblé nationale du 14 janvier, Lambert avait décidé d’ouvrir, dans un premier temps, la session avec les 29 sénateurs, pour la fermer ensuite. Et dans un deuxième temps, la rouvrir qu’avec 19 sénateurs. Des 19, il y avait 5 sénateurs qui menaçaient qu’ils allaient abandonner la session, pour infirmer le quorum. Ainsi, on ne pourra pas rouvrir l’Assemblée nationale faute de quorum, en présence des instances internationales, des ambassadeurs, et le président de la République ne pourra pas, comme le veut la Constitution (article 98.3), prononcer son discours à l’ouverture de l’Assemblé nationale. Quand ils ont appris que c’était cette surprise qui les attendait le 14 janvier, il y a eu deux jours de marathon au palais national. C’est au cours de ce marathon que finalement on a accepté que les 3e sénateurs siégent jusqu'à la fin de leur mandat en mai 2008. C’était aussi pour que l’on puisse adopter la nouvelle loi électorale.

RB : Préval vous a-t-il imputé le jeu qui a déjoué sa manœuvre de caducité graduelle du Sénat ?

RHB : J’ai eu sur le dos toutes les manœuvres de ne pas garder les sénateurs pour 5 ans. Une formule inconstitutionnelle qui pourrait permettre à l’Exécutif de nous renvoyer à volonté. D’insister pour que l’on maintienne le tiers du Sénat jusqu'à ce qu’on mette en branle le processus des élections. Après le discours du 17 octobre qui prônait le remplacement de la Constitution, sous prétexte qu’elle était une source d’instabilité, j’ai dit publiquement que la Constitution a besoin d’amendement, mais qu’en aucun cas, je ne serais pas d’accord qu’elle soit la source d’instabilité.

Voilà les 4 points qu’ils m’ont mis sur le dos :

-Garder les 3e sénateurs jusqu'à la mise en branle du processus électoral ;

-Refuser le mandat de 5 ans pour tous les sénateurs ;

-Avoir des élections pour le renouvellement du tiers du Sénat ;

-Ne pas jeter la Constitution à la poubelle pour satisfaire certains besoins politiques personnels.

RB : Ce nœud de conflits, dont nous venons d’en discuter les effets, sont secondaires par rapport à ce qui vraiment sous-tend cette tension politique entre vous et Prévale.

Quel est, d’après vous, ce qui a provoqué cette obsession chez Prévale pour vous détruire ?

RHB : Il n’y a rien d’autre que la Cons-ti-tu-tion de 1987 qu’il veut violer une fois de plus. Il veut d’une Constitution faite sur mesure.

Georges Michel historien m’a toujours dit, des 22 constitutions, à l’exception de celle de 1987, les 21 autres constitutions, y compris celle de Toussaint Louverture, la première, ont été faites sur mesure par un homme pour servir les intérêts d’un homme. Georges Michel m’a dit aussi que pour la première Constitution, celle de Toussaint Louverture, son frère lui avait suggéré de tout faire pour sa conception, mais qu’il ne faut pas que ce soit lui qui la rédige, pour éviter des problèmes. Voilà tout le problème ! Voilà de fait ce qui est la cause de cette obsession.

J’ai pris Dieu à témoin. J’ai prêté serment solennellement et publiquement sur la Constitution de 1987. Je ne peux pas en mon âme et conscience devenir parjure pour servir les intérêts personnels et politiques d’un homme.

Le jour du 17 octobre je n’avais aucune intention d’aller au palais national. On a envoyé deux sénateurs pour m’inviter. J’avais cru, par erreur, que l’on allait traiter de la question des élections du tiers de Sénat. Le président a plutôt parlé de la Constitution. C’est ce jour là, qu’il a fait la fameuse déclaration, que la constitution de 1987 est la principale source d’instabilité dans le pays. Je l’ai entendu. J’étais encore dans la sale, où le discours avait été prononcé. Je parlais au ministre Verela sur une affaire d’électricité pour Ouanaminthe. J’entends quelqu’un qui m’appelle à haute voix, « sénateur ! ». Je me retourne, et vois le président. Je le salue. Il me dit, vous ne m’avez rien dit sur ce que je viens de dire. Je lui réponds vous êtes notre président, nous marchons avec vous. Nous pouvons avoir des désaccords. Nous capabe fait ti toquer cone. Il me répond vertement : « Je n’ai pas d’épouse, je ne peux pas avoir de cornes. » Je n’ai pas besoin d’ajouter quoique ce soit à ceci pour comprendre ce qui sous-tendait cette tension.

RB : Certes, il y a une tension entre vous et Prévale. Mais, depuis quand, êtes-vous devenu conscient du fait que Préval était obsédé par votre destruction ?

RHB : Le 17 octobre est le moment qui m’a convaincu qu’il y aura une collision frontale inévitable entre lui et moi. Le pouvoir présidentiel demeurant ce qu’il a toujours été traditionnellement dans la réalité politique, malgré les vœux de la Constitution, j’étais, sans aucun doute, dans une très mauvaise position par rapport au pouvoir et littéralement en danger.

C’est juste après, que des pseudo journalistes commence à soulever la propagande de la double nationalité, mon implication dans l’affaire Jean Dominique. Ça fait à peu près 6 mois.

RB : Par où a commencé la rumeur de la double nationalité ? Quels sont les documents faux ou légaux qui à travers le temps ont fait surface pour constituer le dossier présenté par la commission d’enquête sénatoriale ?

RHB : Pour qu’il y ait des preuves, des documents qui vaillent la peine d’en discuter, il faudrait que la commission puisse présenter des faits incontestables, tel que le fameux passeport américain. Mais personne ne l’a. Il n’existe pas. Il y a de fait une carence de document valide pour supporter l’accusation. Il y a la photocopie d’un manifeste Caribinter qui offre un numéro de passeport. Il y a une liste d’entrées et de sorties venant d’une imprimante qui n’a aucun détail. Il y a deux éléments qui vont pousser la propagande, un journaliste dont je ne citerai pas le nom et un site d’Internet lié à un certain nombre de raquetteurs qui veulent faire du chantage avec ce dossier pour soutirer de l’argent par la menace. Tout ceci avec des ramifications avec le pouvoir pour tenir en halène cette campagne, pour aboutir à la séance récente de mardi dernier.

RB : Pourquoi, il y a-t-il eu renvoi en huitaine le 11 mars 2008 ? Quelle a été la réaction de Prévale ?

RHB : Le rapport venait d’être remis, je crois le 10 mars. Ils ont voulu faire la réunion le 11 mars. J’ai demandé un renvoi en huitaine pour mieux étudier le rapport. Celui qui voulait avoir l’exécution sur le champ, ce jour là, n’a pas été satisfait. Et il a demandé qu’il n’y ait plus de renvoi. Et qu’on lui garantisse que le 18, ce sera fait une fois pour toute.

RB : Les opinions sont partagées, d’une part, on questionne l’existence même de cette commission d’enquête sénatoriale sur la double nationalité, son autorité, son rapport tendancieux, la navette constante, entre le palais national et le palais législatif, les sautes d’humeur de Prévale. En d’autres termes, on craint un lynchage politique d’ordre de l’Exécutif, le 18 mars 2008. D’autre part, il y a le « dura lex sed lex », la double nationalité n’est admise en aucun cas par la Constitution de 1987.

Pouvez-vous nous décrire ce qu’a été l’atmosphère à la session du 18 mars 2008 ?

RHB : C’était une atmosphère de lynchage préprogrammé. Avant d’entrer en séance, il y a des sénateurs qui sont venus me dire que l’issu était déjà connu. Que de toute manière, il n’y aura aucune possibilité d’en sortir. Une semaine avant, il y avait une réunion de 3 heures d’horloge au palais national, entre le président de la république, le président du Sénat et le sénateur Clérier, sur les voies et moyens de s’assurer que ce scénario préprogrammé de lynchage politique aboutirait inéluctablement.

L’atmosphère était assez tendue. Il y a des appelles téléphoniques de menace qui se font constamment au cours de la séance. Il y a des notes sur des petits billets qui se passaient dénonçant tous ceux qui avaient des réserves. C’était un scénario de grande inquisition, avec des grands inquisiteurs qui devaient gérer le lynchage. Il n’y a pas eu d’agression physique. Mais il y avait une tension, une agression verbale, une pression soutenue, qui, à un certain moment donné, m’a forcé à quitter la sale. Je vous dirai plus tard la raison.

RB : 17 Sénateurs allaient approuver le rapport de la commission qui a établi les preuves accablantes de la double nationalité contre vous et, le sénateur Ultimo Compère. Trois abstentions ont cependant été enregistrées, celles des deux autres Sénateurs du Nord-est, Judnel Jean (FUSION) et Rodolphe Joazile (PONT) et du Sénateur du Nord-ouest, Eddy Bastien (Alyans). La majorité des 2/3 sur 30 sénateurs est de 20 sénateurs. Or l’article 112.1 et 113 de la Constitution se lisent comme suit :

Article 112.1 :

Chaque chambre peut appliquer à ces membres pour conduite répréhensible par décision prise à la majorité de 2/3, des peines disciplinaires sauf, celle de la radiation.

Article 113 :

Sera déchu de sa qualité de député ou de sénateur, tout membre du Corps législatif qui, pendant la durée de son mandat, aura été frappé d’une condamnation prononcée par un tribunal de droit commun qui a acquis autorité de chose jugée et entraîne l’inéligibilité.

A-t-on eu un vote à la majorité des 2/3 à la session du 18 mars 2008 pour la destitution ? L’article 112.1 permet-il la radiation ?

RHB : Ils n’ont pas eu la majorité des 2/3. Mais parce que c’était un lynchage préprogrammé. Parce qu’ils en avaient reçu l’ordre. Parce qu’il y a eu des marchandages qui ont eu lieu pendant les 3 semaines qui ont précédé cette date. Et je viens de le dire il y a deux sénateurs qui m’ont approché pour me dire que je n’en sortirai pas. Je dois le dire, que ce n’était pas de façon malicieuse, mais de façon amicale, qu’ils me l’ont dit. Quelque soit les moyens, ils devait aboutir à l’adoption de la résolution telle qu’elle a été rédigée. Ils leur fallaient l’avoir avant la fin de la journée, avant le couché du soleil.

RB : Vous êtes sorti de la session du 18 mars 2008 avant le vote de destitution.

Comment doit-on interpréter ce geste ? Démission ou protestation contre un lynchage politique ?

RHB : C’est premièrement une protestation. Mais c’est surtout par instinct de conservation. Parce qu’après le lynchage politique, j’étais certain que le lynchage physique allait suivre. On allait me mettre en prison, d’où je n’en sortirais pas vivant.

Immédiatement après la séance, le président du Sénat a apporté la résolution au palais national. On a intimé immédiatement l’ordre au juge Gassan de dresser un mandat d’amener contre moi. Grâce à Dieu on me l’avait soufflé avant. Et pendant la séance on m’avait fait comprendre, qu’il fallait me mettre à couvert le plus vite. Parce que ce n’était pas un jeu simple qui se jouait à ce moment là maintenant. C’est un jeu sérieux, macabre, qui finira très mal pour moi. La façon dont on voulait en finir, on aurait dû être aujourd’hui, en train de préparer ou de chanter mes funérailles. Il y avait une volonté, une fois pour toute, d’en finir politiquement et physiquement avec le sénateur Boulos.

RB : Lorsque vous êtes devenu conscient de l’énormité du danger, que pouviez-vous faire, quelles sont les options pour en sortir indemne au moins physiquement ?

RHB : C’est exactement ce que j’ai fait. Je me suis levé pour leur dire, que face à tout ce qu’ils sont en train de faire, leur positionnement, face aux attaques frontales du rapport et parce que je sais qu’ils aboutiraient indubitable à l’adoption d’une résolution de destitution. Certes, pour faire semblant, ils ont offert plusieurs versions avant d’arriver à la résolution finale. Je leur a dit que je leur laisse le Sénat. Et je me suis vite mis à couvert, pour pouvoir éviter le pire.

RB : A l’intérieur du Sénat, il y avait-il eu un débat ? Ou il y avait-il des gens qui chahutaient leur décisions ?

RHB : Avant d’entrer dans la sale, il y avait un scénario bien établi. Les acteurs ont fait la répétition de leur rôle. Chacun avait sa partition à jouer. C’était plus pour m’acculer qu’un débat sur le fond et la forme du rapport. Je ne veux pas être juge et parti en même temps. Chacun peut avoir son opinion, Moi, là où je me trouvais, je voyais venir vers moi à toute allure, un camion de 10 tonnes sans aucun frein ni intention de ralentir.

RB : Quels étaient vos sentiments, vos craintes, ce que vous éprouviez en quittant le Sénat ?

RHB : Je me suis senti meurtri, trahi. Je me suis dit, qu’il me faut garder la tête froide. Car les décisions que je vais prendre dans les prochains moments peuvent décider, si j’ai la vie sauve ou non. Seul et isolé dans un milieu devenu totalement hostile, par instinct de conservation, la préservation de ma vie était devenue une obsession. J’étais face à une situation où on m’avait vendu. J’étais vendu par l’institution dont je faisait partie, qui s’était décidé de me jeter en pâture aux chiens. Voilà ce qu’a été mon état d’âme en sortant du Sénat.

RB : Sur le terrain, dans votre Département, avez-vous perdu de votre légitimité politique ? Ou demeure-t-elle intacte et inébranlable ?

RHB : Mes mandants se sont révoltés contre cette décision. C’est la vérité pure et simple. D’ailleurs il y aura une pétition. Ils me l’ont dit publiquement, qu’ils ne seront jamais d’accord avec cette résolution. J’étais là dans le Nord-est le samedi et le dimanche de la semaine passée. J’étais allé inaugurer un pont dans les mornes de Mont-Organisé, Savanette. Un pont pour permettre aux paysans de pouvoir descendre des montagnes et traverser la rivière avec leur récolte de café. La pente menant à la rivière n’était pas voiturable. Ça m’avait permis de dialoguer avec eux. A la fin de janvier j’ai été inauguré une petite école nationale à Ouanaminthe, ceci m’a permis d’aborder la question avec eux.

Ce qui s’est passé le 18 mars me hantait depuis janvier. La rumeur était qu’à la fin de décembre je ne participerais pas à l’Assemblée nationale. Puis, c’était pour la fin de janvier. Ensuite c’était pour après le carnaval. Et enfin, c’était qu’avant le 15 mars, ce serait réglé. J’étais donc sur des charbons ardents. J’ai fait savoir aux représentants de la population ce qui se tramait. Ils m’ont répondu qu’ils ne l’accepteraient pas.

Pour répondre à ta question directement. Ma légitimité politique demeure intacte, inébranlable. Il y a des hommes de terrain de la zone qui me disent, que si j’ai fait 57% la dernière fois, aujourd’hui je ferais plus de 70%.

RB : Quand vous leur avez annoncé ce qui s’est passé le 18 mars, quelle a été leur réaction ?

RHB : Ils ont commencé d’abord par pleurer, les hommes comme les femmes. C’était triste. Mais immédiatement après, ils se sont révoltés. Nous pouvons comprendre qui vous avez l’obligation de vous protéger, de protéger votre vie. Mais, nous n’accepterons aucune démission. Nous le regrettons, votre démission est inacceptable. Point final.

Ils ont proposé de bloquer les routes, d’incendier, de faire des manifestations violentes, même si nous devons mourir, ceux qui survivront, trouveront le soulagement. A ce moment, j’ai dit non. Nous ne sommes pas des chimères, nous ne sommes pas des gangsters. S’il nous faut protester ce ne sera que par des moyens pacifiques, démocratiques, acceptables pour une société civile. Je ne peux pas accepter l’utilisation de la violence. Nous ne sommes plus dans le « Couper tête, bouler caille ».

RB : Il n’y a pas que ce lynchage politique consenti par des sénateurs qui servent la volonté politique de l’Exécutif de vassaliser le pouvoir législatif. Avec ce nouveau CEP taillé sur mesure pour et par l’Exécutif, le nouveau projet de loi électorale va introduire à la chambre basse 44 nouveaux députés pour diluer le poids politique de la 48e législature, passant de 99 députés à 143 députés, aux prochaine élections.

Quelles seront les conséquences d’une telle dilution ?

RHB : Il y aura rapidement 3 conséquences.

-Faciliter le contrôle de la chambre. On a assisté, comment on a pu obtenir les 63 députés pour le vote de confiance, au cours de la dernière session d’interpellation. C’est à partir des manœuvres de confiscation des élections, que commencera le processus de contrôle de la chambre des députés en faisant élire des députés de leur choix.

-Dans la chambre basse, ils auront une majorité. Ils utilisent l’argument que c’est la Constitution qui demande que l’on ait un député par commune. Mais ils sont en même temps en train de rouspéter, refusant de donner aux ASEC, aux CASEC et aux Délégués de ville les voies et moyens pour fonctionner. Ils se plaignent du coût de fonctionnement de la structure prévue pour la Décentralisation. Mais, cela ne les a pas empêché de passer de 99 à 143 députés.

RB : Il y a une 48e législature qui est entrée en fonction en 2006 et qui est élue pour 4 ans. C’est en 2010 qu’on aura la fin du mandat de la 48e législature.

Comment pourra-t-on augmenter le nombre des députés avant la fin du mandat de la 48e législature ?

RHB : Là, il y a une erreur d’interprétation. On ne va pas faire les élections des députés immédiatement. Ce sera en 2010 qu’ils introduiront les 44 nouveaux députés.

Avec ta question, tu viens d’ouvrir une boite de pandore. On est en train paradoxalement de préparer une loi pour faire les élections du premier tiers du Sénat, du second tiers du Sénat et pour faire aussi les élections des députés avec la même loi, et probablement avec le même CEP. Et peut être les élections présidentielles.

RB : Si c’est ça qu’ils sont en train de tramer. Aura-t-on d’élections indirectes ?

RHB : Tu as posé ta question. La réponse se trouve dans ta question. Je n’ai pas de problème avec la réponse. Je n’ai même pas besoin de répondre. Je suis d’accord avec ta réponse.

RB : Si les élections des députés doivent avoir lieu en 2010, il faudrait, assumant qu’on aura déjà fini avec les élections indirectes, laisser le soin au CEP permanent qui sera installé et en charge de la fonction électorale, de préparer ces lois.

RHB : Il y a dans tout ça une volonté manifeste d’avoir un contrôle à 100% de tout ce qui va se faire entre maintenant et 2011.

RB : Est-ce que, dans cette mise en place pour ce contrôle total, vous voyez aussi la possibilité du remplacement de la Constitution ?

RHB : C’est exactement pour arriver à ça. Si l’objectif est de contrôler le Sénat de la République. En chassant Boulos, il y aura 13 sièges vacants. Ce sera 13 sénateurs à élire prochainement plus 8 sénateurs de LESPWA, sans compter les alliés. Ils auront de fait les 2/3 du Sénat entre leurs mains. On en parlera quand tu me permettras de parler de la crise qui est en train de se développer en ce moment.

La dilution de la chambre basse réduira le poids politique individuel de chaque député. Entre le contrôle du Sénat et la dilution de la chambre basse, ils auront en main les mécanismes pour changer, pour refaire ou pour remplacer plus facilement la Constitution, selon les scénarios appropriés.

RB : Compte tenu de la tension politique et de la volatilité de la conjoncture, quels sont vos pronostiques à court et moyen termes ?

RHB : Il y a deux crises en gestations. Ils ont commencé depuis novembre. Il y a d’abord la crise socioéconomique. C’est la crise de la cherté de la vie. C’est aussi l’un des problèmes que je me suis mis sur le dos, et dont le pouvoir central me reproche. Pourquoi Boulos a-t-il parlé publiquement de la cherté de la vie ? Et encore une fois, ceux sont les plaintes et les messages clairs que je reçois, quand je me rends dans le Département du Nord-est. Ceux sont les issus importants pour les masses de mon Département que j’articule. Ils me le disent clairement, voilà votre responsabilité. Il vous faut faire baisser le prix de la petite marmite de riz qui se vend à 22 gourdes. Nous ne pouvons plus en acheter pour donner à manger à nos enfants et les envoyer à l’école. Même si vous êtes en train de cherchez à résoudre le problème de l’éducation, nous avons un problème qui est encore plus fondamental. La crise de la cherté de la vie est extrêmement dure. Elle s’amplifie chaque jour, au point où le peuple haïtien lui a trouvé un nom « CLOROX ». Pourquoi ce nom ? Parce que la cherté de la vie leur coupe les entrailles, comme le CLOROX coupe la toile. C’est un niveau de famine que le peuple n’a jamais atteint.

Moins de jeunes sont à l’école aujourd’hui. Généralement, l’école commence en septembre ou octobre. Il y a des mères qui doivent attendre janvier pour faire un peu d’argent pour pouvoir envoyer un autre enfant à l’école. Il y a moins de 50% d’enfant qui vont à l’école cette année par rapport à l’année dernière. En plus de la faim qui les tiraille, les produits sont plus chers avec le contrôle des douanes qui est plus sévère. Quand la petite marchande pouvait passer la douane, aujourd’hui la taxation étant très sévère, que les prix ont augmenté. Un bar de fer pour la construction coûte deux fois plus. Je ne m’attarderai pas sur le prix du bar de fer. Ce qui est important c’est de se préoccuper d’un produit comme le riz. Dans le prix du riz qui est de 22 gourdes, est inclus une taxe de 4 gourdes. Et au total sur les 300,000 tonnes que nous importons, tandis que nous ne produisons que 60,000 ; sur les 300,000 tonnes que nous importons, l’Etat prélève des taxes de 40 millions de dollars US. Comment taxer la faim ? Comment taxer le « CLOROX » qui est en train de couper les entrailles au peuple ? Comment taxer, dans cette situation, le produit le plus consommé comme nourriture. Ce serait plus intelligent, dans ces circonstances, d’enlever la taxe pour permettre à la petite marmite de se vendre à 18 gourdes. Avec une telle mesure, ce seront toutes les strates sociales qui en bénéficieront, sans aucune exception. Avec cette mesure il y aura un soulagement pour tous. Il y a moins d’emploi dans le pays.

Il y a une situation alarmante d’incapacité de création d’emploi. Il y a la destruction de 3 récoltes dans l’année 2007. Il n’y a aucun plan d’urgence qui pourrait aider à court terme baisser les prix, par exemple le prix du riz. Même si on ne leur demande pas de baisser le prix du fer et de la farine, mais au moins celui du riz.

Il faut aider à moyen terme par des crédits, le microcrédit surtout pour les petites marchandes. Ce serait quelque chose qui aurait dû déjà commencer. Le microcrédit pour la petite marchande fait deux choses. Il facilite la courroie de transmission pour la distribution des produits agricoles que les revendeuses vont acheter du paysan. Mais de plus il contribue à la création d’emploi. La petite marchande est un petit entrepreneur qui se trouve à la base de l’économie.

Aider à moyen et long terme par une production agricole en mettant à la disposition du paysan qui est ruiné par la perte de 3 récoltes en lui donnant à crédit les intrants.

A cette crise que nous venons de décrire s’ajoutera une crise électorale. On n’aura pas d’élections. C’est une sélection qui va se faire. Dans le temps les élections étaient décidées par le ministre de l’intérieur. Aujourd’hui, 20 ans après, c’est un CEP provisoire qui concentre tous les pouvoirs avec la loi électorale entre les mains du président du CEP. Où est-ce que se rédige la loi électorale ? Au palais national. Les règlement internes, où est-ce qu’on les rédige ? Au palais national. On peut logiquement déduire que le siège du CEP est au palais national. Dans ce cas on ne peut pas avoir d’élections transparentes.

Qu’est-ce qui se trouve dans le projet de loi électorale, qui prouvera ce que je viens de dire ? Il n’y aura pas seulement des centres de vote. Il y aura des bureaux de vote répartis à travers le territoire. Ça facilitera le remplissage des urnes avant le jour des élections. On n’aura pas de centre de tabulation. Le comptage se fera au niveau des BED. Le comptage des BED sans un contrôle central de tabulation pour confirmer les résultats, c’est la catastrophe. Qui va nommer les responsables des BED et des BEC ? Au lieu d’une sélection, ce sera une nomination ou un appointement fait par le président du CEP. C’est la concentration de pouvoir.

Quand tu as posé la question, pronostique à court et moyen terme, Il y a deux lignes de crise qui convergent. La première socioéconomique et l’autre la crise électorale qui sera inévitable. Sans une élection transparente, on aura automatiquement la contestation. La contestation électorale va provoquer l’instabilité politique qui va se greffer sur une crise socioéconomique cuisante et explosive. C’est ma réponse à ta question.

RB : C’est clair, vous venez de démontrer que nous sommes en face de deux crises, une socioéconomique et l’autre politique, le contrôle des élections.

Le contrôle des élections affectant directement les partis politiques, comment réagissent-ils face à ce problème politique manifeste ?

RHB : Il y a deux réactions. L’une est d’accepter ce qui va se faire peu importe les conséquences. L’autre, c’est d’empêcher timidement ce train qui vient à 100 milles à l’heure. Dans ce cas tous les partis politiques, qui vont être affectés par ces manœuvres, devraient se coaliser pour former un front commun. Si non, ils seront tous victimes sans exception de la même manière, qu’ils soient maintenant dans ou en dehors du pouvoir.

Ce que nous constatons une fois de plus, c’est l’irresponsabilité des élites de ce pays. Ce n’est pas un problème récent. On l’a fait pendant 200 ans. Le laisser-faire a toujours été le leitmotiv de toutes les élites à travers nos 200 ans d’histoire. Je ne vais pas me mettre en face. Je ne veux pas que le train me passe dessus. Ceux qui veulent se mettre en face tant pis pour eux. Enfin de compte on est tous victimes, d’une manière ou d’une autre, à différent degré bien sûr.

Je ne veux pas parler de mon cas. Mais ça a toujours été ainsi. Si nous voulons que le pays aille dans une autre direction, comme la République dominicaine, le pays voisin qui est peuplée de la même façon. Les haïtiens qui sont en train de construire et qui sont en train de gérer les plantations agricoles pour l’exportation, qui gèrent les hôtels pour le tourisme. C’est le même peuple qui fait des merveilles de l’autre coté de la frontière, dans une autre structure, sous un autre régime, mais avec un autre mentalité, une autre volonté politique et une vision du but à atteindre.

RB : Sénateur Boulos nous vous remercions pour cette entrevue extraordinaire, au cours de laquelle beaucoup de choses ont été mises au clair.

RHB : Je te remercie et à la prochaine.

vendredi 21 mars 2008

Haiti goes hungry, food rots at its ports, shipments back up in Miami

http://www.mysuncoast.com/Global/story.asp?s=7978946


Associated Press - March 6, 2008 9:43 PM ET


CAP-HAITIEN, Haiti (AP) - As millions of Haitians starve, tons of food is rotting in the nation's ports.

The government is trying to rid its ports of corruption and is bickering over a series of reforms. New requirements are overwhelming poorly trained workers and the country's handwritten customs system. Further adding to the backlog, Haitian cargo handlers are trying to empty and inspect every container. Cargo shipments as far away as Miami are feeling the slowdown.


One U.S. aid worker says a lot of the time food rots before it passes through customs and authorities are forced to burn it. The U.S. Department of Agriculture reports Haiti imports 75% of its food.


In a country where some are forced to literally eat dirt to stave off hunger, tons of beans and rice are spoiling in the sun or being devoured by vermin.


SENAT DE LA REPUBLIQUE

Escudo de Haití


Ouanaminthe, le 19 Mars 2008


Sénateur Kelly BASTIEN
Président du Sénat de la République
Palais Législatif


Monsieur le Président,

Suite à la résolution du Sénat de la République me demandant de confirmer par écrit ma démission en tant que Sénateur de la République, j'ai l'honneur de vous faire part de ma ferme décision de ne pas démissionner comme Sénateur de la République et de rester à mon poste.

Un retrait de ma part du Grand Corps serait une trahison vis-à-vis de mes mandants du Nord-Est et de la mission qu'ils m'ont confiée de les défendre et de représenter leurs intérêts au Sénat de la République.

Le rapport de la Commission présidée par le Sénateur Youri Latortue et les opinions qui y sont émises ne sont qu'un rapport et que des opinions qui n'engagent que leurs auteurs.

La résolution du Sénat en date du 18 mars 2008 qui a suivi le dépôt du rapport Latortue et les pressions de toute part exercées contre moi et certains de mes collègues durant et après la séance s’apparente à un lynchage politique digne de la période dictatoriale des régimes antérieurs. La constitution au nom de laquelle cette résolution aurait été votée l’interdit formellement. Je proteste donc solennellement contre la teneur et le vote de cette résolution. Je demande a tous mes confrères du Senat de se ressaisir pour ne pas être les outils d’une campagne de déstabilisation du Senat qui n’a d’autre but que d’arriver a sa caducité.

Je confirme encore pour vous que je suis Haïtien d’origine et que je n’ai jamais renoncé à ma nationalité acquise à la naissance. Seule la justice de mon pays peut décider du contraire. Vous n'êtes pas sans ignorer que la seule instance compétente pour se prononcer sur les questions de nationalité et d'état des personnes est le Tribunal de Première Instance et que le Sénat n'a aucune compétence pour trancher ce type de questions. Aucune entité ne peut se substituer à ce Tribunal dans l'exercice de ses attributions.


J'ai bien l'intention de saisir toutes les voies de droit pour défendre mes droits et ceux de mes mandants qui se trouvent actuellement bafoués de la manière la plus éhontée.

Recevez, Monsieur le Président, mes salutations en la Patrie.


Rudolph H. BOULOS
Sénateur de la République
Vice-président du Sénat

c.c. Mr. Victor Benoit, Président de la Fusion

Milot : Des religieux sont contraints de quitter la ville.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
48, Rue 23 -24 B
reseaucitadelle@yahoo.fr, reseaucitadelle@gmail.com
www.reseaucitadelle.blogspot.com


Le curé de la paroisse de Milot a de graves difficultés pour célébrer la période pascale. Le Maire de la ville Paul Telfort et Moise Jean-Charles décident d’organiser des festivités en face de l’Eglise Catholique, perturbant ainsi la tradition pascale. Depuis le dimanche 16 Mars 2008, Milot vit la 2ème édition du Festival Culturel de la Citadelle.

Dans une lettre adressée au Ministère des Cultes et au Maire de la ville Paul Telfort, le père Joachim ANANTUA avait attiré l’attention des autorités locales sur la nécessité de respecter l’esprit traditionnel du temps de carême allant de mercredi des cendres à dimanche paques. L’Etat haïtien ayant signé un concordat avec Vatican ne doit pas être le principal perturbateur des fêtes saintes.

Le Maire de Milot lui avait conseillé de s’adresser à Moise Jean-Charles, le Conseiller du Président René Préval, principal organisateur du Festival Culturel de la Citadelle. Le prélat n’a pas eu raison de ce dernier et contre toute attente, ce jeudi 20 mars 2008, il a été hué par une foule de fêtards massée devant l’Eglise Catholique. Le prêtre fut ainsi humilié et contraint de quitter la ville.

Plusieurs religieux on abandonné Milot pour la période pascale. Des laïques de la zone qui souhaitent se recueillir en souvenir de la mort de Jésus sont obligés de se réfugier au Cap-Haïtien. Le principal argument des organisateurs : l’Eglise Catholique de Milot fait partie des constructions du Roi Christophe, c’est au Curé de se déplacer.

Faut-il signaler que depuis plusieurs mois, les Mairies, guidées par le Ministère de la Culture, font preuve de comportements irrévérencieux à l’encontre des autorités de l’Eglise Catholique. Au Cap-Haïtien, sur la place d’armes, la Mairie organise tous les jours des activités dites culturelles, sans prendre en considération, l’Archevêché, le presbytère et surtout la Cathédrale Notre Dame du Cap-Haïtien. Ces trois (3) installations se trouvent autour de la place publique, soit au voisinage de la Mairie.

Souvent, les prêtres sont obligés d’envoyer un messager demander aux techniciens de la mairie de suspendre leur entreprise, juste le temps pour eux de dire la messe. Ces cas nuisent aux résidents de l’Archevêché qui sont obligés de subir jusqu’à des heures tardives les bruits orchestrés par la Mairie. Des résidents souvent âgés.

Comme on dit en créole : ‘‘devan pot tounen deyè kay’’ (Inversion de l’ordre des choses). Qui l’aurait cru ? La Mairie est devenu le principal instigateur d’activités qui troublent la paix publique.

Le Ministère de la culture, est-il une entité anti-chrétienne ? Cherche t-il à promouvoir le vodou, en encourageant la profanation de la tradition chrétienne ? Les fêtes chrétiennes ne font-elles pas partie de la culture haïtienne ?


Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
21 Mars 2008.

lundi 17 mars 2008

Un nouveau directeur de l'agriculture dans le Nord

Cyrus Sibert, Réseau Citadelle-Cap-Haïtien.

Le secrétaire d'Etat à l'Agriculture, aux Ressources naturelles et du Développement Rural, Jonas Gué, a procédé jeudi (13 mars 2008) à l'installation d'un nouveau directeur départemental, Lionel Valbrun, à la tête de la direction de l'agriculture du Nord en remplacement Guy Mathieu transféré à un autre poste du ministère.


(Notre texte sur Agr. Guy Mathieu et le fonctionnement de la Direction Départementale de l'Agriculture en 2007).


Corruption au bureau départemental Nord de l’agriculture.

Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter, 94.9 FM,
reseaucitadelle@yahoo.fr
Cap-Haïtien, Haïti

Une situation de tension règne au sein du Ministère de l’Agriculture dans le Nord et affecte le moral des agronomes. La corruption est à la base de toute la question. Des employés dénoncent la mauvaise gestion du directeur départemental l’Agronome Guy Mathieu. Ce dernier est à ce poste depuis 11 ans et les cas d’irrégularités et de corruption sont nombreux. Pourtant il n’est pas inquiété et le personnel est obligé de procéder par des fuites dans la presse dans l’espoir d’une réaction de la direction générale de l’agriculture.

Des équipements destinés au fonctionnement du ministère sont déplacés pour être utilisés à des fins personnels. Voitures, Téléviseurs, inverter, génératrice, ordinateurs, ventilateurs sont les éléments soustraits du service des employés. Des frais alloués aux techniciens et employés du bureau départemental sont orientés vers des personnes spéciales, pour service privé rendu. Les agronomes perçoivent difficilement les frais de carburant ; les frais de déplacement sont confisqués à d’autres fins.

La rubrique billets d’avion est gonflée, cela même quand le directeur voyage par la route avec sa voiture de service.

La direction départementale du Nord n’a pas d’électricité. Les panneaux solaires ont disparu. Le comble, une femme de service-privé fait montre d’arrogance envers les cadres du bureau. Les agronomes sont démotivés. Telle est la situation au ministère départemental de l’agriculture du Nord ; un bureau vers lequel toutes les têtes tournent quand les prix des produits agricoles augmentent ; un service public qui devrait catalyser la production agricole.

En quoi cela nous regarde ?

Le projet démocratique haïtien est lié à l’efficacité des services publics. Depuis l’installation du Parlement suivie de l’investiture du Président de la République le 15 mai 2006, le peuple haïtien attend du CONCRET. La cherté de la vie est la plus grande préoccupation de la population. Les produits alimentaires sont inaccessibles. Avec le chômage, la majorité nationale croupit dans la misère. La faim est un gros problème. Le système politique que nous nous efforçons de mettre en place ne sera viable ni légitime sans une politique publique contre la faim. Le rôle du ministère de l’agriculture est crucial. On ne peut pas accepter qu’il soit transformé en sinécure sans conséquence positive sur la vie de la population. Le Ministère de l’agriculture doit donner des résultats. Son bureau départemental Nord ne doit plus être un organe budgétivore et inutile.

L’actuel Directeur Départemental Nord du Ministère de l’Agriculture est un protégé de M. Préval. Il est à son poste depuis 1997. Il bénéficie de l’appui de sa sœur Nonie Mathieu actuellement juge à la cour des comptes et ancienne Ministre à la condition féminine du premier gouvernement Alexis. Son mentor est le Père Yvon du Collège Notre Dame de Cap-Haïtien, un personnage très influent du régime Lavalas.

Quand, en plus de l’ONA, de l’OAVCT, des Douanes, de la DGI , on décide de porter la corruption dans l’agriculture au point de geler le fonctionnement du ministère des paysans, c’est la nation toute entière qu’on cherche à anéantir.

Les réalisations du ministère de l’agriculture au niveau départemental sont quasi nulles. Demandez à un Capois s’il y a un Ministère de l’agriculture dans le nord, la réponse sera négative. Avec deux agronomes à la tête de l’Etat, l’agriculture va toujours mal. Malgré la guerre contre la corruption lancée à hauts cris par M. Préval, le ministère qui relève de sa vraie compétence est en agonie; et les corrompus sont ses protégés.

La stabilisation en Haïti passe par la lutte contre cette corruption qui empêche l’Etat de servir la population. Le statu quo est une menace pour la région. Le président de la République doit être sincère dans ses déclarations. Il doit vraiment agir contre les corrompus. La lutte contre la corruption doit viser mieux que des boucs émissaires.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
4 juillet 2007

vendredi 14 mars 2008

HOPITAL BIENFAISANCE DE PIGNON en Photos






Le 12 mars 2008, RESEAU CITADELLE (Cap-Haïtien) et Canal 11 (Port-au-Prince) étaient invités à couvrir la première intervention par laparoscopie sur le rectum d'un malade atteint de tumeur bénigne. Ce fut la première rectotomie par laparoscopie en Haïti. En cliquant sur l'adresse :

http://picasaweb.google.com/reseaucitadelle/RectotomieParLaparoscopieEnHaitiPourLaPignon,

notre public pourra visualiser le bloc opératoire de l'Hôpital Bienfaisance de Pignon (HBP), Centre que dirige le Dr Guy D. Théodore.

Hôpital Bienfaisance de Pignon (BP) est une preuve que quelque chose de bien marche dans ce pays !

Cyrus Sibert
Cap-Haitien, Haiti

jeudi 13 mars 2008

L’AIHC se prépare à lancer le projet "Repenser Haïti avec la jeunesse haïtienne "

(Le président de la AIHC, Samuel Pierre)


(Nancy Roc, Présidente du Comité de Coordination International)


(Texte de Radio Metropole)


Les responsables de l’Association des Ingénieurs et Scientifiques Haïtiano-Canadiens (AIHC) annoncent que tout est fin prêt pour le lancement du projet " Repenser Haïti avec la jeunesse haïtienne ", le 15 mars prochain. Dans le cadre de ce projet, 10 visioconférences seront organisées entre Montréal, Port-au-Prince et différentes villes de provinces.

Le président de la AIHC, Samuel Pierre affirme que le projet a un caractère original parce qu’il facilitera les échanges entre les haïtiens de la diaspora, de Port-au-Prince et des villes de province. " Il s’agit de dialogue autour des problèmes du pays en utilisant les technologies de l’Information et de la Communication", dit-il mettant l’accent sur l’aspect volontariste du projet.

Selon Samuel Pierre le projet s’inscrit dans une démarche visant à responsabiliser les jeunes puisqu’ils devront jouer un rôle prépondérant dans la recherche de solutions aux différents problèmes du pays.

Pour assurer le bon déroulement du projet, les responsables de l’Association des Ingénieurs et Scientifiques Haïtiano-Canadiens (AIHC) ont mis sur pied un Comité de Coordination International, présidé par Nancy Roc, un Comité de Pilotage National avec pour responsable, Raymond Noël et ainsi que des comités locaux d’organisation dans chaque ville de province.

Mme Roc espère que le projet" Repenser Haïti avec la jeunesse haïtienne permettra aux Haïtiens et Haïtiennes, restés au pays et dans la diaspora, de se faire une idée plus réaliste des attentes de la jeunesse haïtienne autant que de lui offrir des opportunités en matière de transferts de connaissance et de débouchés professionnels".

La première visioconférence aura lieu le 15 mars avec les interventions notamment de l’écrivain Franck Etienne, du champion du monde de boxe des super mi-moyens de la WBA, Joachim Alcine et la star internationale du Hip Hop, Wyclef Jean.

Selon Nancy Roc, un millier de jeunes assisteront à la première visioconférence. " Chavannes Jean Baptiste du Mouvement Paysan de Papaye (MPP) a réalisé un travail extraordinaire et 600 jeunes de Hinche seront touchés lors de la première visioconférence", explique t-elle.

Plusieurs institutions partenaires apportent leur contribution à la réalisation du projet, dont le PNUD, le Ministère des Relations Extérieures du Québec, le CONATEL, le Ministère de l’Éducation et de la Formation Professionnelle (MENFP), le Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), le Ministère de la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF) et Ministère de la Santé et de la Population (MSPP).

lundi 3 mars 2008

UN POT DE CHAMBRE


Jean Erich René
3 mars 08


Dans nos villes grandissantes l'approvisionnement en nourriture devient un casse-tête pour les familles. Tous les Chefs lieux de nos Départements dépassent de nos jours 100.000 habitants. La production agro-alimentaire déjà modeste ne peut plus suivre la courbe de croissance démographique. Nous ne pouvons pas nous payer non plus le luxe d'importer continuellement des denrées alimentaires comme le riz par exemple. Nos échanges commerciaux ne dégagent pas suffisamment de devises pour couvrir les frais correspondants. Pourtant dans certaines régions encore florissantes d'Haïti il y a un gaspillage de fruits et de légumes. Haïti est le paradoxe de la famine en pleine abondance.

Grâce à la largesse de la nature notre habitude alimentaire varie selon les saisons. Nous vivions aisément, à l'année longue, de la cueillette de nos fruits sans nous soucier du lendemain. Nous nous gavions à satiété de mangues, d'oranges, de véritables, d'arbres à pain, de corossols, de cocoyers etc. sans augmenter nos vergers en prévision du taux de croissance de la population. Aujourd'hui l'équilibre est rompu! Pourtant il
peut être aisément rétabli de manière intelligente. Le Roi Henry Christophe associait l'indépendance d'Haïti à la capacité de ses dirigeants de nourrir le peuple. Aujourd'hui encore le souvenir du Roi du Nord demeure
impérissable non seulement pour la Citadelle bâtie pour défendre son royaume mais surtout pour les grandes plantations d'arbre fruitier qu'il avait ordonnées à son Ministre de l'Agriculture, le Baron de Vastey, de dresser en vue de parer à toute disette. C'est pourquoi le Nord demeure le bastion des mangues, des oranges et des noix d'acajou etc.

Il est urgent que le Gouvernement haïtien prenne les mesures nécessaires pour combattre la famine qui sévit actuellement en Haïti. Il ne suffit pas d'exécuter les acrobaties les plus périlleuses et les plus coûteuses pour obtenir un vote de confiance du Parlement. S'il est possible d'acheter la conscience de nos députés pour la bagatelle de 60.000 dollars US par tête, la colère populaire n'a aucun prix. L'histoire politique haïtienne est riche en séquences événementielles depuis 1804de ce peuple bafoué en colère saccageant tout sur son passage. Le climat social haïtien actuellement est propice à un soulèvement populaire afin de sanctionner le comportement irresponsable des membres de la 48eme législature qui ont accordé un vote
de confiance à Jacques Edouard Alexis. Il s'agit d'un acte de trahison que tôt ou tard les mandataires du peuple vont payer.

Quel est le sens de ce vote de confiance ? Comme Judas qui s'est pendu après avoir accepté ces 30 deniers, nos députés regretteront amèrement d'avoir porté ce coup fatal à la nation haïtienne. Aveuglés par l'appât du gain, d'un coté ils ne se sont pas rendus compte qu'ils ont cautionné publiquement la politique de nullité de Jacques Edouard Alexis qui a déclaré récemment qu'il ne peut pas faire sortir du sang des rochers pour
soulager la misère des masses nécessiteuses. De l'autre coté, en politique le fait de sauter un obstacle dressé sur son passage donne un regain de confiance a l'adversaire tout en décuplant sa force. Le triomphe de
Jacques Edouard Alexis le Jeudi 28 février, peu importe les moyens employés, prouve qu'il maîtrise la machine et ne manquera pas de briguer la présidence avec les mêmes leviers qui ont fait leurs preuves. Sa proximité par rapport aux Collectivités Territoriales qu'il soudoie en profitant de son poste de Premier Ministre lui accorde l'envergure et la surface nécessaires pour un vote populaire. Suivez cet animal a sang froid que le Club de Bourdon a logé à la Villa d'Accueil. Il possède le ballon et file droit vers le Palais National. Abundat divitiis nulare caret : il abonde en richesse et ne manque de rien.

En Haïti la politique du béton a toujours triomphé et Jacques Edouard Alexis n'est pas à son coup d'essai. Tandis que 8.400.000 habitants croupissent dans la crasse et la misère, nos députés appelés au vote ont
adopté la politique du Gouvernement Préval/Alexis qui a mis le pays au bord de la famine et de la faillite. Ce vote de la honte a subitement sollicité l'attention de nos voisins dominicains qui ont jugé le moment
opportun pour proposer, par euphémisme, la fédération de Santo Domingo Dominicanie et d'Haïti pour en faire l'Ile Quisqueya. Que dirait Jean Pierre Boyer qui a occupé l'autre moitié de l'île ? Le Docteur François
Duvalier qui avait rendu la monnaie de sa pièce à Juan Bosch en le renversant après avoir massé sa troupe sur la frontière est en train de se retourner dans sa tombe. Son sang n'aura fait qu'un tour en écoutant ces
impertinentes déclarations de l'ambassadeur dominicain en Haïti qui, au lever du jour par un arrêté d'expulsion, traversera la frontière en vitesse.

Autre temps, autre Chef. Haïti est devenu cette brebis galeuse que personne ne respecte par suite du comportement débonnaire de l'Exécutif haïtien qui déclare urbi et orbi qu'il est incompétent. Le salut ne viendra pas non plus de l'autre branche du pouvoir qui, à quelques rares exceptions, est pourrie. Quand aux Partis politiques, vaut mieux fermer la parenthèse car leurs leaders de la droite vers la gauche sont achetés argent comptant. Dans un pays complètement à la dérive on comprend la velléité de la République Dominicaine de prendre sa revanche sur l'histoire en nous retournant la gifle de 1825. Le Président Lionel Fernandez au dire de son ambassadeur en Haïti a toujours fait preuve d'une sollicitude agissante envers le peuple haïtien au profit duquel il réclame l'aide étrangère. Il aurait du d'abord le prouver aux Haïtiens des bateys. Il n'y a pas longtemps qu'il forçait les sans-papiers à déguerpir !

La 48 ème législature a raté l'occasion de porter le gouvernement Préval/Alexis à se ressaisir. Les médiocres résultats obtenus au cours des 2 premières années n'augurent aucun espoir pour l'avenir. La flagrance des déclarations du Président René Préval , du PM Jacques Edouard Alexis et du Ministre de l'Agriculture suffit pour nous convaincre. Un vote de confiance n'est autre qu'un satisfecit que la chambre des députés qui les a convoqués leur accorde pour un travail bien accompli. Tandis que le peuple crève de
faim des denrées alimentaires abondent durant la saison des récoltes dans nos communautés rurales. Mais elles sont périssables. Rien n'a été entrepris par l'Etat haïtien pour les conserver afin de prévenir la famine.

Dans tous les pays du monde l'ensilage des céréales et la congélation des fruits et légumes permettent de parer aux mortes saisons. Chez nous tous les produits qui ne sont pas consommés sur place pourrissent, faute de moyen de transport adéquat et par manque d'un système de conservation : silos, chambres froides. Actuellement en Haïti la taille de la population à nourrir n'est plus à la portée des Madan Sara ni des techniques artisanales de conservation telles que gouann, tache, kata, barrique, salaison etc. Notre ravitaillement exige un contrôle rigoureux de la gestion des stocks. L'inventaire périodique, selon les techniques modernes de la comptabilité informatisée, les codes à barre et les caisses enregistreuses permettent d'éviter les raretés provocatrices de la montée des prix. Avec un coussin de sécurité on peut parer aux impondérables. La technique du gerbage est mise à profit afin de réduire au cours du transport les pertes dues au développement d'un point chaud dans la masse et l'écrasement occasionné par l'effet de la pesanteur.

Une nouvelle étape doit être franchie dans la production agro-alimentaire haïtienne tributaire des caprices du marché soumis à des variations erratiques. A l'instar de Judas l'Iscariote qui a prolongé la souffrance de l'humanité en livrant Jésus à ses bourreaux pour 30 deniers, les transfuges de la 48 ème, en accordant un vote de confiance au PM Alexis pour sa forfaiture sans nom, viennent de pérenniser la misère du peuple haïtien pour la broutille de 60.000 dollars US. Honte à eux ! Ils ne sont plus dignes de leurs cocardes et ne représentent qu'eux-mêmes, pas leurs circonscriptions. Une fois de plus, la ville de Jérémie, la cité de Goman, est à l'honneur grâce à la vaillance et à l'intrépidité de son député. Bonne note est prise! En permettant à Alexis de satisfaire ses sales besoins au Palais Législatif, la CHAMBRE BASSE s'assimile à UN POT DE CHAMBRE

samedi 1 mars 2008

Labadie, ce modèle de réussite







27 février 2008


La Royal Caribbean est en passe d'investir, sur deux ans, 50 millions de dollars US à Labadie. 25 millions iront à la construction d'un quai où, pourra accoster, d'ici à 2009, « The Genesis of the seas », un navire de croisière de 6.200 passagers qui coûtera la rondelette somme de 1 milliard 400 millions de dollars US. Les habitants du Village de Labadie, qui seront intégrés dans le programme d'expansion des opérations de la compagnie, bénéficieront d'un ensemble de projets à caractère social pour protéger le site.



Maryse Penette-Kédar discute avec le ministre du Tourisme Patrick Delatour au milieu de cadres de la USAID et de la Royal Caribbean à Labadie

(Photo: Roberson Alphonse)





L'ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince Janet Ann Sanderson fait des photos de Labadie. Elle est charmée par le paysage

(Photo: Roberson Alphonse)





Un troubadour fait les délices des touristes

(Photo: Roberson Alphonse)





De gauche à droite sur la photo, Maryse P Kédar, Michael Ronan, vice-président de la Royal Caribbean, Paul Truebner de l'USAID et le ministre du Tourisme Patrick Delatour avant la signature de l'accord de finacement des projets

(Photo: Roberson Alphonse)





Des touristes revenant d'un shop d'artisanat

(Photo: Roberson Alphonse)


Chaque seconde est vécue avec intensité à la station balnéaire de Labadie. Sur le visage des touristes se lit l'envie de croquer le meilleur de la vie. Et le tout, dans une ambiance créole, tropicale qui renforce une communion à la limite mystique avec cette baie somptueuse surplombée de montagnes verdoyantes au relief volcanique. La peau rougie par le soleil, un des visiteurs exprime sans réserve sa satisfaction : « C'est magnifique, la nourriture est bonne, le cadre paradisiaque et le service impeccable », dit-il en rappelant à sa compagne, sur le chemin des toilettes, que le blizzard qui frappe le Montana, aux Etats-Unis, pourrit la vie de ses amis restés au pays. « Il ne savent pas ce qu'ils ont loupé », ajoute-t-il comme un gamin fasciné, subjugué et un tantinet taquin.

Le touriste, satisfait, fait de la bonne publicité, explique Maryse Pénette Kédar, présidente de la Société Labadie Nord (SOLANO). Selon Mme Kédar, le site exploité par la Royal Carribean reçoit chaque année quelque 500.000 touristes. Un nombre qui va croître considérablement, avec, sur deux ans, l'investissement additionnel de 50 millions de dollars US. 25 millions seront alloués à la construction d'un quai capable d'accueillir le dernier paquebot à sortir dans les chantiers navals. « The Genesis of the seas », un navire capable d'accueillir 6.200 passagers et qui coûte la rondelette somme de 1 milliard 400 millions de dollars, enchaîne cette femme on ne plus dynamique.

Comme Maryse Pénette Kédar, l'ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, Mme Janet Ann Sanderson croit que les nouveaux investissements consentis par la Royal Caribbean à Labadie est un signal envoyé aux investisseurs pour qu'ils emboîtent le pas. « J'encourage le secteur privé, si important dans le développement, à regarder ce qui se passe à Labadie et à se dire que cela peut être fait dans d'autres endroits du pays », souligne la diplomate, au cours d'une petite cérémonie de signature d'un accord entre la USAID et la Royal Carribean, en présence du ministre du Tourisme, M.Patrick Delatour, pour réaliser un ensemble de projets dont la protection de bassins versants autour de Labadie et d'autres à caractère social au profit des habitants du village de Labadie.

Travailler en collaboration avec la communauté de Labadie qui, en dix ans, est passée de 1 000 à 5 000 habitants, pour protéger l'environnement, construire des infrastructures leur permettant d'avoir accès à l'eau, gérer les déchets solides, font aussi partie du lot de projets, affirme un représentant de la USAID. La formation professionnelle des résidents du village pour qu'ils puissent travailler sur le site et à bord des navires de croisière est en passe d'être renforcée dans le cadre de ces projets qui s'étendront sur trois ans et qui devront coûter 1 million 460 mille dollars.

La Royal Caribbean, à travers la Fondation Solano, et la USAID s'attendent à ce que ces projets permettent de générer des ressources au Village de Labadie. A terme, ces bailleurs espèrent aussi que 1 800 nouveaux emplois seront créés.
Labadie est un paradis qui rapporte chaque année au moins 4 millions de dollars US à l'Etat haïtien. C'est aussi un business qui commande de faire des investissements dans le sens de sa pérennisation et de son expansion. C'est tout simplement un modèle de réussite. Ce n'est pas le touriste qui vient du Montana qui dira le contraire... , car, pour lui, Labadie est un paradis...

Roberson Alphonse
robersonalphonse@ yahoo.fr