dimanche 23 décembre 2007

Cap-Haïtien : Le syndicat du port rejette le code ISPS.


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti

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Ce vendredi 21 décembre 2007, à l’Emission AVEC L’OPINION, Lesly Cherfils et Ronald Valmyr, respectivement Président et porte-parole du syndicat de l’A.P.N. (Autorité Portuaire Nationale), ont rejeté le code ISPS* sur la sécurité des ports internationaux. D’après Lesly Cherfils, le code ISPS n’est qu’un moyen pour les grands commis de l’Etat de renforcer leurs privilèges sur les ports, d’interdire au petit peuple l’accès, réduisant ainsi les marges de manœuvres économiques des plus pauvres. Le chef de file des grévistes qualifie les délégations étrangères, qui supervisent l’application du code, d’imposteurs, des mulâtres de Pétion ville utilisés par le Directeur Latortue pour justifier ses mesures restrictives.

Ronald Valmyr, capitaine du port, a enchaîné en critiquant l’administration du port qui, avec un petit groupe d’employés, essaie de relancer les activités en organisant le débarquement de bateaux durant la nuit.

Faut-il signaler que le corps de sécurité du port a lancé ce vendredi 21 décembre 2007, son mouvement de protestation en vue de réclamer le paiement du mois de décembre. Il a demandé à tout le monde de quitter le port ; les employés grévistes n’ont plus la possibilité d’y accéder. Les agents du corps de sûreté entendent ainsi reprendre le contrôle des lieux et du même coup exiger leur salaire vu que depuis le 29 novembre 2007, ils sont en état d’alerte, travaillant jours et nuits pour ne pas livrer le port au pillage. Selon leur déclaration dans la presse, ils n’entendent affronter ni la police ni la MINUSTAH. Si le gouvernement refuse de résoudre le problème et de leur verser leur salaire, ils déposeront les armes et livreraient le port à la populace.

De son coté, Elusca Charles donne au gouvernement jusqu’au 24 décembre 2007 pour rappeler le maire Michel Saint-croix à l’ordre et relancer les activités du port de la ville du Cap-Haïtien.

En effet, le 18 décembre 2007 à notre émission AVEC L’OPINION, sur Radio Kontak Inter 94.9 FM, Elusca Charles, porte parole dans le Nord de l’O.P.L. (organisation du Peuple en Lutte) et coordonnateur de l’organisation paysanne ‘‘Siklòn Van vante’’ de Limbé, s’est prononcé contre cette situation de blocage du port de la ville du Cap-Haïtien. Selon Elusca Charles, il est clair que le mouvement est politique. Si le gouvernement de Jacques Edouard Alexis n’est pas complice de cet état de fait, il devrait ordonner à la police et à la justice de prendre leur responsabilité tout en négociant avec les employés qui le souhaitent afin de relancer les activités du Port. Il est inconcevable que le gouvernement laisse un maire en délire bloquer les activités du port au mépris des centaines de milliers de familles qui en souffrent, du commerce et des recettes de l’Etat.

D’après les observateurs, le gouvernement PREVAL/ALEXIS, toujours dans sa logique de centraliser le commerce au profit de grands commerçants proches du pouvoir, n’a aucun intérêt à résoudre la crise. La grève des employés du port du Cap-Haïtien va dans le sens de cette politique économique et fiscale, vu qu’on reproche aux commerçants des villes de province des pratiques de contrebande et d’évasion fiscale. Le gouvernement qui avait, dans une note rendue public au mois de novembre 2007, fait obligation aux commerçants du Nord de payer leur bordereau de douane à Port-au-prince, en tire une fermeture de fait du port du Cap-Haïtien. Car cette grève renforce la déception des importateurs qui fréquentent Cap-Haïtien, le second Port international d’Haïti. Ils n’auront d’autre choix qu’à faire passer leurs marchandises par la capitale Port-au-prince.

Comme nous l’avons signalé dans l’un de nos textes sur la situation du secteur privé capois, l’international fait obligation à l’Etat haïtien de renforcer ses capacités et de collecter les 15% de taxes - en moyenne - qui devraient lui revenir sur les biens et services importés. Si Haïti arrive à collecter ces fonds, il pourrait financer une grande partie de son budget. Sur la frontière haïtiano-dominicaine, il est de plus en plus difficile de faire passer un camion de marchandises. Car il faut avoir un papier dénommé AV qu’on ne peut trouver qu’à Port-au-prince.

Pour vous dire que les grévistes du port de la ville du Cap-Haïtien, supportés par le maire Michel Saint-Croix, rendent un grand service à l’Etat central qui opte pour la centralisation des importations. Le déblocage du port de la ville du Cap-Haïtien n’est pas une priorité pour René Préval. Les commerçants cherchent déjà de nouveaux fournisseurs à Port-au-prince pour des produits comme le sucre, la farine, le riz, le fer. Ils entendent s’approvisionner comme au temps de Jean-Claude Duvalier. Cap-Haïtien est sur le point de devenir un port de cabotage. C’est ce qui arrive quand on a un gouvernement de monopoles, un maire autiste et des syndicalistes incapables de mener en toute indépendance un mouvement de revendication salariale ou de négocier une win win situation. L’extrémisme étant la maladie infantile de notre nation, la principale cause de notre instabilité politique chronique, on peut toujours compter sur nos agissements pour prétexter notre mise sous tutelle. Les déclarations du Président du syndicat des employés dans la presse contre le code ISPS ne font que renforcer ceux qui souhaitent rétrograder le port du Cap-Haïtien.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
22 décembre 2007


* Code ISPS (Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires)

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