lundi 3 décembre 2007

L’ULCC, un écran de fumée au service des corrompus au pouvoir ?


Cyrus Sibert, AVEC L’OPINION,
Radio Kontak Inter 94.9 FM
Cap-Haïtien, Haïti
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Le lundi 19 et le mardi 20 novembre 2007, dans un effort de communication, l’ULCC (Unité de Lutte Contre la Corruption), supportée par la MINUSTAH a organisé une série de séminaire-conférence-débats sur son travail, son cadre légal et la corruption en Haïti.

Le directeur des opérations Ernst Chalumeau accompagné du responsable des relations publiques Tony Bellevue ont fait une belle présentation sur la situation du pays, la corruption, ses conséquences, les difficultés et les défis à relever. Au local de Lakou Lakay à Milot, nous avions pris part aux activités que nous jugeons constructives puisqu’elles ont permis aux participants, représentants de la population de poser les problèmes et surtout de plaider en faveur de la route de Milot.

Sur le gouvernement Aristide/Neptune soit entre 2002 et 2003, la principale revendication de la population Milotienne fut la construction de la route. Moise Jean-Charles, alors Maire de la commune avait, sur les ondes des médias, fait la déclaration suivante : Le gouvernement a débloqué les fonds pour la construction de la route. Je suis en charge de ce projet. Je travaille avec la Compagnie HL (Hervé Lerouge) à l’exécution de ce projet. Paroles célèbres de Moise Jean-Charles.

De toutes ces déclarations, seulement 1kilomètre1/2 sur 18 kilomètres au total fut construit. Du coté de Bérard, on peut facilement observer le segment de 1k1/2 de route construit par la HL. Depuis lors, la compagnie a fermé chantier. Et jusqu’à présent, la population de Milot a la vie dure, faute de cette route. Se rendre à l’Hôpital de Milot est un véritable Calvaire. Les malades souffrent. Les camions en provenance de Pignon, Saint-Raphaël, Dondon, le grenier du Nord, sont systématiquement démolis au niveau du secteur Cap-Haïtien – Milot.

Ce Mardi 20 novembre 2007, les habitants de Milot qui prenaient part à la conférence avaient le courage que dire ce qu’ils pensent, ce qui compte pour eux. Ils ont demandé à l’ULCC de mener une enquête sur la route en répondant aux questions : pourquoi des 18 kilomètres, on n’a construit que 1kilometre ½ ? Où est l’argent destiné à financer la construction de la route Cap-Haïtien – Milot ? Quel est le niveau de responsabilité de Moise Jean-Charles qui avait fait des déclarations publiques ? Y a t-il des coupables dans cette affaire ? Pourquoi la compagnie HL a-t-elle fermé le chantier et discontinué les travaux ? Pourquoi on ne continue pas l’ouvrage ? Qui doit aller en prison ?

Après cette pluie de questions, l’assistance était déçue de constater dans les réponses des responsables de l’ULCC impuissance et démagogie : On ne peut pas faire ceci... On ne peut pas faire cela... Les citoyens doivent porter plainte. L’ULCC ne se laissera pas manipuler en vue de ternir l’image d’un responsable...

Des réponses regrettables vu qu’on y croyait. Les exposés étaient tellement bien faits que les participants furent sur le point de voir en ULCC une institution capable de les aider à lutter contre la corruption. Mais les conférenciers avaient préféré retourner sur leur précédente assertion à savoir : On peut sur simple soupçon déclencher une enquête. On peut juste observer le niveau de vie d’un fonctionnaire de l’Etat par rapport à son salaire et ouvrir une enquête. L’ULCC peut à partir des informations diffusées dans la presse initier une enquête.

Et les responsables de l’ULCC en ont profité pour plonger l’assistance dans la démagogie en posant des questions sur le montant des fonds décaissés, les responsables du projet, la date, comme s’ils n’avaient pas la possibilité de s’enquérir auprès du Ministère des travaux publics, du Ministère des finances.

De plus, les techniciens de l’ULCC ont fait tout un plaidoyer pour convaincre la population que l’ancien Ministre de la Culture Daniel Elie n’est pas un corrompu, qu’il a seulement détourné des fonds en vue d’atteindre d’autres objectifs de l’Etat, mais non pour s’enrichir. Ce qui représente un pari difficile vu qu’aux yeux des observateurs, la décision de Daniel Elie de concentrer les fonds alloués dans le budget national entre Port-au-prince et Jacmel était, sans doute, un moyen d’enrichir des amis du pouvoir concentrés dans la capitale. De plus, avec les poursuites judiciaires contre l’ancien président français Jacques Chirac pour détournement de fonds publics à la Mairie de Paris, ce ne sera pas facile d’innocenter quelqu’un qui a violé la loi budgétaire en détournant l’argent du contribuable.

Bref, on arrive à la conclusion que l’ULCC constitue un écran de fumée pour cacher les actes des hommes proches du pouvoir. Sur le résultat des 27 enquêtes menées par l’Unité, la réponse en terme de personnes poursuivies n’était pas claire.

L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a du pain sur la planche pour convaincre la population de son utilité. Dans le Nord, la population attend que lumière soit faite sur la route Cap-Haïtien – Milot. Le séminaire-conférence-débats de Milot a raté son but. La population du Grand Nord, attend le résultat de l’enquête sur la route Cap-Haïtien --Milot. Car, Un tiens vaut mieux que deux tu auras !

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
1 Décembre 2007

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