vendredi 11 avril 2008

LA REVOLUTION (TRANQUILLE) HAITIENNE (175)

Dr Gérard Etienne.

Mise en exergue. A partir d’un certain point, il n’y a plus de retour .C’est ce point qu’il faut atteindre. (Frantz Kafka)

Les manifestations des meurt –de- faim aux Cayes jeudi et vendredi dernier peuvent être interprétées par nos éternels pessimistes comme un écran de fumée cachant un feu de bois qui risque de s’éteindre sous les premières gouttes d’une fine pluie. Cette interprétation n’est pas superficielle dans la mesure où le régime lavalassien trouve toujours un moyen de dénouer les crises sociopolitiques quand il se sent vraiment menacé ou qu’il est sur le point de perdre sa base,entendons les producteurs de la TERREUR ou les terroristes urbains .Nous savons qu’à eux seuls ces terroristes peuvent CONDITIONNER toute une population par la désinformation, par le crime,par les mensonges,par la menace,par des actes criminels comme l’incendie des ajoupas dans la plaine,l’incendie des résidences privées des citoyens soupçonnés d’être les éclaireurs d’une masse qui n’en peut plus. Et pour ajouter aux stratégies du pouvoir fasciste d’éteindre le feu de manière à se poser, aux yeux des grands Maître de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud comme la seule force capable de protéger les intérêts de l’impérialisme, et mieux encore, le commerce florissant de la drogue, le pouvoir réactionnaire s’appuiera sur la capacité de sa MINUSTAH de mettre à l’ordre des va-nu-pieds indignes de s’asseoir près du Monarque comme délégués des Arrondissements.


Cette hypothèse n’est pas un rêve chimérique. Déjà les gens d’armes blancs étrangers commencent à répliquer sauvagement aux cris de protestation contre la misère noire par des rafales de mitrailleuses qui auront fait un mort et plusieurs blessés .Cela veut dire que l’Armée de Préval entend protéger les officiers du Monarque contre les gestes jugés impropres de manifestants déambulant dans les rues à l’assaut des dépotoirs de céréales jalousement surveillés pour les gens du gouvernement. Ainsi Lavalasse retournerai à la vomissure qu’elle dénonçait depuis 1986, soit une armée d’occupation et de sanglante répression à travers le territoire. Sauf qu’au sein de cette armée, le peuple pouvait compter sur les services de grands professionnels qui n’étaient pas souchés au pouvoir politique, Dieu merci. Après de brillantes études à l’étranger, ces professionnels exerçaient leur métier au Corps d’aviation, au Corps de Transmission, au Corps de génie, au Corps médical, à la Marine nationale, au Corps des Pompiers, à l’Ecole militaire, et de bien d’autres services, comme la comptabilité, l’aménagement du territoire, la distribution des cadeaux aux enfants pauvres.


Mais Lavalas n’a jamais dit au peuple que les FADH n’étaient pas seulement un repère de bandits, que les sans aveux dont les actes révoltaient les classes moyennes formaient une clique uniquement au service du Président Monarque. Sur ce point, avec la MINUSTAH l’avalasse est retombée dans la même pourriture car la mission de cette Armée étrangère consiste tout simplement à assassiner de pauvres citoyens dont le crime réside dans une massive protestation contre la misère, contre une vie d’esclave, contre des conditions infra humaines qu’imposent un groupe de Bossales, sans identité. On en voit les conséquences désastreuses de la répression des gens d’armes du corps expéditionnaire de Prévale des personnes tuées, blessées par balles lors de nouvelles manifestations contre le totalitarisme de l’équipe lavalassienne.


Maintenant essayons de voir l’autre côté de la médaille en nous demandant si ces manifestations n’étaient que le début d’un grand mouvement national dont l’objectif vise tout simplement le départ d’une équipe d’hommes incapables de prendre en main les destinées d’une nation que même les grands esprits semblent abandonner Développons ce point de vue.


Gardons-nous de réagir aux événements sociaux comme en témoigne le comportement des hommes de pouvoir au pays .Quand une tempête se lève,se déchaîne et fait rage au point d’agiter la mer et de réduire toute une zone cultivée en masse de boue;;quand des milliers de voix affrontent des gens d’armes pour exprimer leur colère de passer des jours entiers,le ventre vide,les hommes de pouvoir se contentent de se gonfler la poitrine en disant à leurs subordonnés que le cri des laissés pour compte n’aura aucune suite vu la précision des armes lourdes et la totale indifférence de l’Oncle SAM aux manifestations populaires.


Bien sûr, bien sûr.Nul n’oserait sous-estimer une telle hypothèse. Mais attention! Une manifestation peut revêtir plusieurs formes. Elle peut être l’objet d’un défoulement passager, le temps de piller quelques dépôts de nourriture et de rentrer chez soi les bras chargés de victuailles. Elle peut être aussi une démonstration spontanée de mécontentement populaire vite apaisée soit par ceux qui l’ont allumée, soit par des gouvernementaux payés justement pour calmer complètement toute réaction populaire à un pouvoir dit établi. Cependant une manifestation peut bien passer de simple démonstration à une mobilisation générale .On est alors au seuil d’une révolution parce qu’il s’agit d’une insurrection à laquelle participe toute une communauté nationale .En d’autres termes si la manifestation de la troisième ville du pays fait tâche d’huile au point d’engager dans une lutte politique la population du Sud, du Plateau central, du Nord-est et du Nord-ouest, alors le pouvoir en place peut commencer à compter ses jours.


Cette réflexion découle de la situation catastrophique du pays. Environ six millions d’Haïtiens vivent dans la pauvreté absolue, dans la misère noire. Les enfants sont si affamés qu’ils ont le ventre ballonné. Même la jeune fille, comme nous l’avons déjà écrit, n’a pas la force de faire le trottoir, voire pour un malheureux père qui après avoir arpenté la capitale n’a rien trouvé pour donner à manger à une marmaille qui crève. Nous l’avons déjà dit : près de six millions d’êtres humains crient quotidiennement famine et ne savent à quel saint se vouer pour un gobelet de riz ou de pois. Si encore on pouvait espérer des lendemains meilleurs Mais plus s’écoulent les jours de misère, plus meurent les enfants à cause d’une famine généralisée .Or contrairement à ce que pensent les hommes de pouvoir et leurs domestique, pardon et les gros messieurs du Pentagone et de l’OEA, le peuple possède pas mal d’informations sur la fortune des arrivistes qui ne manquent pas une seule occasion d’exhiber leurs richesses flamboyantes.


A côté du peuple, faut-il bien placer des leaders religieux et aussi des leaders l d’opinion qui, depuis des années, font de leur mieux de manière à pointer, dans leurs régions respectives, les vrais assassins du peuple.


A côté de la situation apocalyptique d’Haïti, le pouvoir lavallière, en cas d’une mobilisation générale visant son renversement aura du mal à se faire épauler par l’international. Déjà un grand journal américain tire les premiers coups de canon en déclarant qu’Haïti vivait mieux sous l’ancien régime que sous les pouvoirs lavallières .Ensuite en déclarant que le pays a raté le train, le Secrétaire général de l’ONU fait savoir que son organisme n’interviendra pas pour étouffer quelque mouvement national de protestation. Preuve que les hommes de pouvoir doivent s’attendre à une insurrection à moins que la MINUSTAH réprime dans le sang les légitimes revendications du peuple .Si jamais le pays entier devant s’engager dans la voie de la révolution, alors il ne resterait qu’une solution à l’équipe dirigeante : partir pour laisser la place aux plus capables.

Dr Gérard Etienne.

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