mercredi 30 juillet 2008

‘‘Dignité ou la mort’’, bruits de bottes des militaires haïtiens.



Par Cyrus Sibert
La rumeur qui circulait depuis plus d’une semaine sur un éventuel retour des soldats démobilisés est enfin une réalité. Dans l’après du mardi 29 juillet 2007, aux environs de trois (3) heures, un groupe de soldats des FAD’H en tenue camouflage ont pris possession de l’ancien local militaire qui servait de prison civile jusqu’en 1994 à la rue 21 P au Cap-Haïtien. Ils se disent prêts à servir la population et demandent à la MINUSTAH de ne pas se mêler de cette situation inter-haïtienne.


Depuis plusieurs semaines des informations circulaient sur l’intention des militaires de refaire surface. Ils estiment que l’Etat haïtien, représenté par le gouvernement en place, ne respecte pas ses promesses. Car en 2005, lors de la cérémonie de démobilisation tenue au Cap-Haïtien, le premier Ministre Gérard Latortue avait promis de traiter leur dossier en bon père de famille. Depuis lors ils ont connu, au bas mot, humiliations et mauvais traitements. Le bureau des militaires démobilisés géré par le Colonel Jeudi n’est qu’une caricature de ce qu’il devrait être. On ne distribue plus les fonds alloués dans le budget national. Le gouvernement viole la loi budgétaire sur la remobilisation des FAD’H.

Bref, le Président René Préval fait de la question des FAD’H une affaire personnelle de règlement de compte. Comme tous pères de famille, les militaires souffrent. Ils n’ont pas les moyens de survivre dans cette conjoncture de vie chère. Alors que les fonds de l’Etat sont utilisés pour financer sans cesse des activités de festivités douteuses , on leur refuse leur cotisation légitime à la caisse de la pension militaire. Ils ne sont pas pris en compte par les décideurs. Tous les programmes de l’Etat leur sont interdits. Ils entendent reconstituer l’Institution qui d’ailleurs, reste légale. L’armée est une institution constitutionnelle. De plus, en 1994, le Président Jean-Bertrand Aristide n’avait pas aboli les FAD’H mais réduire sont effectif à 1500 soldats. En conséquence, ils représentent les 1500 soldats restants après les réformes de 1994.


Pour ces militaires, au lieu de rester vivant et vivre dans l’humiliation, vaut mieux mourir en soldats, au combat et en tenue militaire : s’il faut mourir, nous choisissons la mort !


Face à l’insistance de citoyens sur l’effet contre-productif d’une reconstitution d’une base de militaires haïtiens dans la ville du Cap-Haïtien, la réponse est automatique : C’est déjà compliqué pour nous. C’est d’ailleurs la situation de toute la population. Le maire Michel Saint-Croix a une milice armée qui agit en toute illégalité et au mépris des règles rudimentaires du bon droit. Du coté de la MINUSTAH : bouche cousue. Nous autres militaires, nous n’allons commettre aucune infraction, rétorquent-t-ils. Par contre, du point de vue des nouveaux occupants du building de la rue 21, si la PNH et la MINUSTAH qui devraient combattre les bandits, les criminels, les kidnappeurs, vont à l’encontre de leur position et attaquent des militaires haïtiens qui revendiquent pacifiquement un point de droit, cela changerait la donne. Pour le moment, nous n’avons rien contre elles. Nous ne les prenons pas pour des cibles. Nous avons le droit d’exister. Dans un Etat de droit, on n’attaque pas les citoyens paisibles. Ils maintiennent aussi : S’ils attaquent notre position, ils subiront la suite ; le droit de légitime défense est aussi de notre coté.


Voici comment René Préval et ses hommes ont poussé des pères de familles dans le désespoir jusqu'à lancer une opération que nous estimons suicidaire.



On nous informe des mouvements similaires dans d’autres coins du pays. Les militaires semblent vouloir faire la même chose du coté de Ouanaminthe et dans d’autres villes du pays.
En réaction, la MINUSTAH et la police nationale ont mobilisé plusieurs unités et mis en place un point de contrôle fixe composé de plusieurs tanks devant la barrière principale de la position gardée par les militaires haïtiens. Tout porte à croire qu’une confrontation directe serait à l’étude. Un tel scénario pourrait entraîner un désordre généralisé allant jusqu’au pillage de la ville par des extrémistes lavalas. Ignorer ou sous-estimer le soutien sous-jacent de l’opinion publique est dangereux.



Mais attention ! De sources combinées nous apprenons : la position occupée par les militaires haïtiens représente la partie visible du mouvement. Sans vouloir jouer le rôle d’informateur des forces de l’ordre et strictement dans le but d’éviter un bain de sang, nous partageons l’information suivante : les militaires haïtiens ont à leur disposition des unités capables de venger toute attaque gratuite contre les militaires sans armes installés dans les bases visibles. Ils disposent de bases invisibles et de forces de frappe dissimulées et dissuasives. Toute attaque contre leur position justifierait des représailles contre n’importe quelle position de la PNH et/ou de la MINUSTAH. Ils ont tiré les leçons de l’attaque meurtrière des marines américains contre les militaires stationnés à la rue 20 J-K en Automne 1994.


Pour les militaires haïtiens, il n’est pas question de commettre les erreurs d’hier. Le mouvement ira jusqu’au bout. Ils appellent les autres soldats à regagner les rangs. Plusieurs centaines de citoyens et de jeunes étaient massés devant l’ancienne prison criant vive l’armée. La foule se positionne entre les tanks et les militaires haïtiens. Faut-il signaler également la présence de militants lavalas très critiques à l’ endroit des FADH.


Un fait remarquable, depuis le vendredi 25 juillet 2008, la chaîne de télévision américaine CNN est présente dans la ville du Cap-Haïtien. Il s’agissait d’un reportage sur l’Orchestre Septentrional. Heureuse coïncidence ou …


Les leçons à tirer de cet évènement au Cap-Haïtien : 1- le gouvernement Préval ne rend pas service au pays quand il joue avec des dossiers sérieux, laissant traîner des contentieux, suivant sa méthode habituelle. 2- Le fait d’interpréter la Constitution en partie quand cela va dans les intérêts du pouvoir – comme dans le dossier Rudy Boulos - délégitime la loi mère et créer une logique de rapport de force, de fait accompli et de confrontation armée. 3- Le silence du gouvernement sur l’attaque armée du PPN (Parti Populaire National) à Saint-Raphaël fait montre d’une complicité du gouvernement et de plusieurs fonctionnaires de la MINSTAH avec les forces d’extrême gauche alors qu’ils diabolisent les soldats des FAD’H. C’est aussi le cas, face aux agissements répressifs de la milice du maire de la ville du Cap-Haïtien au su et vu de tout le monde. D’ailleurs les hommes armés de la mairie était perçus aux abords de la prison intimidant et bastonnant ceux qui sympathisaient avec les soldats haïtiens. Cette politique de deux poids de mesure mine le tissu social et érode la confiance généralisée.


Après plusieurs marches pacifiques, des pétitions adressées au Chef de l’Etat, des gestes de bonne volonté de remise d’armes et de démobilisations volontaires de bases dans plusieurs villes du pays, les militaires haïtiens ont outrepassé les conseils des citoyens qui leur sont proches pour mener leur revendication sur le terrain de la confrontation. S’appuyant sur la Loi, ils entendent défendre leur droit par tous les moyens. Beaucoup d’entre eux qui pratiquent le vaudou ont fait des sacrifices et placé leurs armes chez le papa lwa pour qu’il puisse les protéger dans les combats.


Des citoyens - comme nous - qui les avaient conseillé de trouver un accord avec l’Etat haïtien en 2005 pour mettre un terme aux tensions FAD’H/PNH/ MINUSTAH sont discrédités. L’Etat haïtien est irresponsable. C’est risquer de parier sur sa bonne foi. Surtout quand il s’agit d’hommes armés qui souffrent et peuvent vous prendre pour un traître. Heureusement, ils savent que nous ne possédons pas grand chose. Comme eux nous faisons face à des difficultés. Nous n’avons pas cessé de défendre l’institution constitutionnelle. C’est ce qui nous vaut du respect.


Nous suivons avec scepticisme le dénouement de la situation. Car des rumeurs estiment que le mouvement pourrait-être guidé par René Préval et Robert Manuel dans le but de diminuer les pressions politiques sur le pouvoir en place en ce qui concerne le choix d’un premier Ministre. Le mouvement servirait à pressurer le Sénat de la République. Hypothèse démentie par un ami qui connaît bien l’équipe : Ils n’ont pas cette finesse dans leurs agissements.


Confusion totale ! Les militaires ont-ils été encore une fois manipulés ? Le régime en place fait-il choix des militaires démobilisés pour garder définitivement les extrémistes Lavalas hors jeu ? Jusqu'à présent on ne voit pas encore les auteurs intellectuels. Il n’est que d’attendre.


Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
29 Juillet 2008
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Flash! Flash! Repression systématique des hommes armés de la Mairie du Cap-Haitien

Des civils armés travaillant au niveau de la mairie de la ville du Cap-Haïtien se livrent à une véritable chasse à l'homme contre les citoyens qui visitent les militaires haïtiens stationnés au local de l'ancienne prison civile du Cap-Haïtien.

Des actes de violation systématique des droits de citoyens perpétrés en présence de la police et des forces de la MINUSTAH.

Les citoyens sont très mécontents. Ils entendent s'organiser afin de donner une réplique à ces hommes illégalement armés qui se livrent continuellement à des actes de violence contre la société au vu et su des forces de sécurité.

Michel Saint-Croix se comporte en vrai chef de police depuis des mois. Ses hommes arrêtent, séquestrent des citoyens tous les jours. Au nom de quel droit Saint-Croix possède t-il une milice armée? En vertu de quel droit se livrent t-il à des actes répressifs ?

Michel Saint-Croix risque par ses agissements de mettre le feu au poudre et de soulever toute une population. Les observateurs espèrent que la MINUSTAH et la PNH observeront le même comportement à l'heure du jugement.

Cyrus Sibert
Cap-Haïtien, Haïti
30 Juillet 2008.
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