Ray, Je suis très content de constater que vous acceptez l'essence de mon intervention à savoir : les faits historiques avancés dans mes commentaires sur le débat sur les relations haïtiano-dominicaines. J'ai voulu rappeler à ce diplomate dominicain que nous ne sommes pas sans mémoire, même quand nous sommes conscients de nos échecs nous n'allons pas oublier les contextes historiques. A lire dans la presse dominicaine, vous pouvez constater qu'ils sont nombreux ceux qui utilisent les déclarations de bonne foi des participants de la « Rencontre Patriotique » pour justifier la politique dominicaine envers nos compatriotes. J'ai voulu rappeler à ce diplomate et à tous les dirigeants dominicains que nous avons une idée générale de notre histoire : nous comprenons les manœuvres des anti-haïtiennes. Vous dites: « Cher ami, vous ne pouvez pas dire dans le même temps: "Je partage aussi l'approche pragmatique de Ray." et "Mais il faut éviter de voir les choses de façon idéaliste." Idéaliste et pragmatique sont antinomiques, pour votre gouverne. » Je maintiens mon idée car elle est basée une réflexion solide. Beaucoup d'internautes font une analyse pragmatique de la réalité haïtienne - : pragmatique, adjective Sens Qui considère la valeur concrète des choses, la pratique. Synonyme expérimental Anglais pragmatic - tandis que comme solution ils proposent des actions idéalistes, utopiques et volontaristes. Je vis en Haïti. J'observe les comportements des élites haïtiennes et des diplomates dominicains. Entre le dire et le faire il y a un monde de différence. Je ne pense pas qu'on pourra changer la réalité haïtienne seulement par des palabres tandis que dans les faits les gouvernants s'accrochent à leurs privilèges au détriment des masses, la bourgeoisie s'agrippe aux monopoles et aux rentes et la diaspora n'entend pas laisser son confort occidental. Entre-temps, on continue de répéter avec l'autre : « Un autre Haïti est possible ». C'est cette façon d'approcher la réalité haïtienne que je qualifie de « idéaliste » Je pense que la solution d'Haïti passe part un éclatement du statu quo à partir de l'invasion d'investisseurs étrangers en vue de forcer les hommes d'affaire traditionnels à s'adapter à la compétition dans des secteurs comme la finance, l'énergie, le tourisme, l'agro-industrie, le logement, le commerce de type Wal-Mart. L'Etat haïtien ne doit plus être protecteur des incapables en accordant des monopoles au nom du nationalisme. Les compagnies de téléphones cellulaires comme DIGICEL ont donné la preuve. Elles ont investi des capitaux considérables malgré les mauvaises conditions existantes utilisées par plus d'un pour justifier leur passivité. Il ont introduit dans le pays des techniques modernes, avili la Téléco qui était la chasse gardée d'une bourgeoisie sans imagination et de quelques éléments de la classe moyenne, démocratisé la communication jusque dans les campagnes et dans les quartiers les plus pauvres, banalisé l'accès à un téléphone – dans le temps pour avoir une ligne de la Téléco il fallait être résident de la capitale, avoir un nom, un titre et des contacts à l'intérieur de la compagnie et finalement, elles ont mis un terme à la tradition dominée par des rapports paternalistes entre l'employeur et l'employé. En plus d'avoir créé des emplois, elles constituent une force non liée au pouvoir politique capable de stopper les dérives : exemple : l'augmentation annoncée par René Préval le 1er Janvier 2009 du prix de la communication en Haïti a été interrompu grâce a la protestation des compagnies de Téléphone cellulaire. Ayant une force considérable, elles n'avaient pas besoin d'aller supplier les parlementaires corrompus. La solution d'Haïti passe par la création de pôles d'investissement sécurisés et bien aménagés pour la production de biens et services en direction du marché local et international. Ayant vécu 2004 en Haïti, je sais que tous les beaux discours des éléments de la bourgeoisie haïtienne qui supportaient le mouvement GNB se sont soldés en lutte pour des avantages douaniers, lutte pour des avantages fiscaux et lutte pour le pouvoir. Je ne crois plus au volontarisme pour la modernisation d'Haïti. Il faut ouvrir le pays à la compétition et contraindre les hommes d'affaire haïtiens à concurrencer ou à disparaitre. La révolution ou la libre concurrence éclatera le statu quo néoféodal. Cela fait longtemps qu'on utilise le web pour poser de façon scientifique les problèmes avec l'idée que le seul fait de bien débattre les problèmes apportera les acteurs de l'intérieur comme ceux de l'extérieur à adopter un comportement juste, à faire des réformes, à accepter des élections honnêtes et à respecter les libertés civiles et politiques. C'est utopique et idéaliste ; cela ne marchera pas. Il est temps d'avancer. Haïti ne peut plus attendre la fin des interminables débats. Il lui faut des actions. Cyrus Sibert Cap-Haitien, Haïti 09-09-09 www.reseaucitadelle.blogspot.com
--- En date de : Sam 5.9.09, Ray H. Killick <rayhammertonkillick-conscience@yahoo.com> a écrit : De: Ray H. Killick <rayhammertonkillick-conscience@yahoo.com> Objet: [Forum culturel] Fw: De Ray H. Killick à Cyrus Sibert, De La Question Haitiano-Dominicaine À: grandsdebats@yahoogroups.com, forumculturel@googlegroups.com, haiti-nation@googlegroups.com Date: Samedi 5 Septembre 2009, 16h07
--- On Sat, 9/5/09, Ray H. Killick <rayhammertonkillick-conscience@yahoo.com> wrote: Cyrus, Vous écrivez: "J'observe sur le forum qu'à force de reconnaitre nos responsabilités dans la situation actuelle d'Haïti, nous ignorons les rancœurs et le système d'exploitation post-esclavagiste de la communauté internationale implanté en Haïti." Vous me faîtes la leçon sur ce que j'ai déjà admis. Si vous preniez le temps de relire mes interventions et particulièrement celles adressées à Wesly Deguerre, vous verriez que j'ai articulé 9 facteurs-contraintes qui définissent les relations haitiano-domicaines. En particulier, le point 3: "A côté du sort inhumain fait aux ouvriers haïtiens, la Dominicanie est le pays d'acceuil d'au moins 800,000 compatriotes qui contribuent près de $300 millions par an à l'économie haïtienne. " J'ai également parlé de l'antihaitianismo dominicain: "Votre réaction [Wesly Deguerre] est tout à fait normale. Cependant, elle participe de ce que nous appelons la pensée binaire qui demeure superficielle et empêche de poser la problématique dans son ensemble: antihaitianismo ==> anti-dominicanisme...D'un côté l'enfer, le mépris, la démission de nos dirigeants et élites économiques, de l'autre un besoin pour la main d'oeuvre haïtienne, certes sujette à des conditions infrahumaines d'existence...C'est seulement quand nous relèverons nos défis séculaires que nous changerons l'antihaitianismo séculaire dominicain. Nous nous ferons respectés quand notre économie devenue compétitive et nos réalisations de peuple marqueront une solution de continuité d'avec le passé abject biecentenaire. Pas avant!" Alors de quoi parlez-vous Cyrus? Pourquoi vouloir déformer ma pensée et vous acharner à me donner une leçon sur ce que j'ai abondamment et clairement exprimé? Cher ami, vous ne pouvez pas dire dans le même temps: "Je partage aussi l'approche pragmatique de Ray." et "Mais il faut éviter de voir les choses de façon idéaliste." Idéaliste et pragmatique sont antinomiques, pour votre gouverne. Encore une fois, vous ne lisez pas mes textes qui ne présentent pas du tout l'establishment dominicain comme des enfants de coeur or des anges. Je parle du traîtement inhumain des haïtiens que Pastor Vasquez de l'ambassade dominicaine sait pertinemment. Je ne savais pas que l'ambassade dominicaine participait à nos forums. Cela a été une surprise. C'est l'occasion pour moi de leur transmettre mon message de protestation contre les conditions abjectes des bateyes. Les ouvriers haïtiens qui contribuent à la richesse nationale dominicaine, monsieur le diplomate, ont droit à des conditions de vie humaine. Il y va du prestige de votre pays et des valeurs universelles auxquelles il devrait vouloir aspirer. De plus, Cyrus, pour revenir à mon discours, où dans mon texte m'avez-vous vu dire que "le mérite est le seul critère de promotion sociale" en RD? Cher ami, avant de me répondre, il faudrait relire mes textes et puis prendre un peu de recul, des notes. C'est ce que je fais avant de répondre à quiconque par ce que je respecte la teneur du discours de l'autre. Quand vous critiquez, il faut le faire de manière rationnelle en citant le texte que vous critiquez. Cela s'appelle de la probité intellectuelle. C'est ce que j'attends d'un représentant de la presse, d'un directeur d'opinion. De manière plus générale, ayant vécu et travaillé aux USA dans une culture pragmatique, je cherche toujours à influencer ce que je peux influencer. Nous pouvons protester la politique dominicaine des bateyes, le fait que les haïtiens maltraîtés n'ont pas accès à la justice, mais ce sera un effort incertain. La vie dans les bateyes renvoie à la manière dont les contrats de braceros ont été négociés entre les gouvernements haïtiens et dominicains par le passé. Nos dirigeants n'ont jamais insisté sur les conditions d'existence dans les bateyes et mis en place des procédures d'inspection et de vérification. Influençons ce que nous avons le pouvoir de changer, c'est-à-dire nous-mêmes, notre mentalité, en faisant appel à des leaders compétants, de vrais experts que dirigeront ces leaders pragmatiques, ces leaders d'exécution. La balle est dans notre camp. Et nous l'avons centré durant la rencontre en RD. Il nous reste à la rouler et se la passer l'un l'autre pour finalement marquer des buts éventuellement. Pour finir, vous parlez de débat indécent, de linges sales qui auraient dû se laver en famille. Vous voulez peut-être plaisanter, car vous, Cyrus, nous engagez publiquement. De plus, nous sommes à l'âge de l'Information, ce que nous pensons ici est débattu en RD par des spécialistes dominicains de la question haïtiennne. On m'a engagé publiquement, je ne saurais rester indifférent à des affronts à la vérité ou à certaines questions posées de bonne foi pour l'édification des uns et des autres. Je ne saurais rester indifférent face aux mensonges de la Haitian Press network (HPN) accusant l'ex-sénateur Boulos d'avoir lancé sa campagne en RD durant la rencontre du 28-30 août. Ce serait cynique de ma part, en tant que témoin et acteur de l'histoire, de ne pas élever la voix en l'occasion. Vous nous demandez de nous taire en public. Je veux croire que c'est plutôt dû au fait que vous ne suivez pas les débats et lisez les textes de manière méticuleuse, trop occupé que vous êtes avec vos émissions radiophoniques passionnantes. Je participais à une conférence de IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) cette semaine à Downtown Atlanta, où un des keynote speakers, parlait de "privacy" et de Google. Il fit remarquer que le Google Search Engine lit automatiquement nos email dans le but de mieux nous servir. That's the end of privacy. Privacy is dead. Welcome to the Worldwide Web (www). Ce débat n'est pas indécent, cher ami, car il nous permet de faire passer une vision pragmatique et constructive qui permettra éventuellement à ces deux peuples qui se partagent l'île de se respecter mutuellement et coopérer humainement à l'avenir. Ray H. Killick --- On Fri, 9/4/09, Reseau Citadelle - Cyrus Sibert <reseaucitadelle@yahoo.fr> wrote:
Cher compatriote, Ce débat est indécent. Vous êtes entrain de laver le linge sale en public. Au point que quelqu'un de l'Ambassade Dominicaine arrive à féliciter Ray Killick. Je suis contre les discours incendiaire. Je partage aussi l'approche pragmatique de Ray. Mais il faut éviter de voir les choses de façon idéaliste. J'observe sur le forum qu'à force de reconnaitre nos responsabilités dans la situation actuelle d'Haïti, nous ignorons les rancœurs et le système d'exploitation post-esclavagiste de la communauté internationale implanté en Haïti. Vous oubliez qu'en République Dominicaine la question de couleur est puissante. C'est un pays qui a blanchi sa population et identifié tous les noirs comme des Haïtiens. L'armée dominicaine renvoie souvent des dominicains en Haïti, juste parce qu'ils sont noirs. C'est un pays où il y a une doctrine anti-haïtienne. Avoir la peau blanche compte beaucoup en république voisine. Ray, il ne faut pas voir la république voisine comme un pays où le mérite est le seul critère de promotion sociale. Il y a plusieurs cas de préjugés de couleur qui n'a rien à voir avec notre responsabilité historique. J'ai vu, dans un bus, un guard Dominicain humilier un noir parce qu'il le prenait pour un haïtien. Quand ce dernier a exhibé sa carte d'identification, le guard était surpris de voir qu'il avait affaire à un agent du renseignement dominicain. Je suis très prudent dans ce genre de débat. Vu qu'on ne prend pas en cause tous les paramètres historiques d'exclusion d'Haïti. Complot, il y avait un complot contre Haïti après notre indépendance. Dans la lettre de Thomas Jefferson adressée au Président Madison, on peut lire: « En ce qui concerne ce pays dénommé Haïti, nous sommes très sensibles au commerce avec cette ile, à savoir, le volume des échanges entre Boston, New York, Philadelphie et Haïti. Mais, à aucun moment de la durée nous ne devons reconnaitre son indépendance. Car, que ferions-nous d'un ministre Noir se promenant sur le Pennsylvania Avenue ». Aujourd'hui, ce type de paradigme a fondamentalement changé puisque légalement, légitiment, un noir dort au 1500 Pennsylvania Avenue comme Président des Etats-Unis. Mais cela ne vous autorise pas rejeter l'histoire. Mettre sous embargo un jeune Etat condamné à payer une dette d'indépendance est signicatif. L'embargo sur Cuba est paralysant. Haïti n'avait pas de grande puissance comme URSS pour l'aider à subsister. Il y avait un problème de couleur dans le monde et Haïti a payé les conséquences de cette bêtise humaine, comme les pays de l'Est payent encore les conséquences de l'utopie révolutionnaire soviétique. Dénie de soit ! A force de vouloir nous intégrer, à force de prendre conscience de nos inconséquences, nous risquons de tomber dans un ''dénie de soit''. Nous aimons dans les forums diaboliser Duvalier. Je ne suis pas un duvaliériste. Il a fait du mal. Mais, je sais qu'avant 1957, il y avait un problème de couleur en Haïti. Il y a encore ce problème. Même quand on se garde d'en parler en public, mais en privé, on en parle. Dans notre structure mentale, il existe. Il ne faut pas nier que ce problème existait avant Duvalier. Le mulâtrisme a favorisé le noirisme. Les noiristes ne sont pas les seuls coupables. Le mulatrisme a pavé le chemin au noirisme en tant que réaction sociale. Les américains dans leur pragmatisme, a favorisé les noiristes après 1934, car ils avaient constaté que les mulatristes s'attachaient à l'Europe. Il y avait à Port-au-Prince un culte pour les allemands et les européens aux yeux bleus. Donc, dans leur stratégie antiallemande ils ont joué sur la réalité socioculturelle et propulsé les noiristes. Avec cette stratégie, les américains ont anéanti les mulatristes et renforcer leur mainmise sur Haïti. La majorité des noirs domine depuis lors l'administration, la force publique, la scène politique. Créolophones et économiquement faibles, ils dépendent des l'Etat, des Etats-Unis, de la communauté internationale pour garder le pouvoir. La même chose pour les mulâtres. Bref, faute d'avoir compris qu'il fallait continuer avec l'unité de l'Archaie en 1803, tout le monde est au pied du blanc. Ce sont des données historiques à ne pas rejeter. La République Dominicaine se veut être un pays peuplé de blanc. Le peuple dominicain rejette ses liens africains. Contre aux américains qui finalement reconnaissent l'apport des negres d'Haïti à leur indépendance, ils n'ont pas le courage de reconnaitre la contribution d'Haïti dans leur indépendance. N'ayant pas eu la technicité de l'armée indigène, ils n'ont pas pu combattre l'Espagne. Avec 3 invasions, l'Armée Indigène avec ces 3 techniques de combats acquises des Français, des Espagnoles et des Anglais grâce aux revirements de Toussaint, a pu détruire les infrastructures militaires des Espagnols. Nous les avons occupé, certes mais l'Espagne était juste à coté à Puerto Rico ou à Cuba. Notre occupation à permis aux Espagnols de respecter leurs frontières. S'ils ont pu moderniser leur pays grâce à l'occupation américaine, grâce à l'occupation haïtienne, ils ont eu leur indépendance. Ils ne racontent pas ces faits historiques aux jeunes dominicains. Nous avons détruit pour eux les infrastructures militaires espagnols. Indépendant, ils ont voulu devenir un Etat américain. Une demande qui a été rejetée par le Sénat Américain. Ils ont blanchi leur population avec des prostitués de l'Europe pour faire de leur pays un Etat à majorité mulâtres. Avec cette majorité de mulâtres ils n'ont pas cessé de se distancer d'Haïti. Si entre les deux peuples il a toujours eu de la solidarité, l'élite dominicaine, développe une culture de rejet des haïtiens, une pratique de mépris de l'homme par l'homme. Ce sont des faits. On ne doit pas les méconnaitre. Même aux Etats-Unis pragmatiques cette question de préjuger de couleur et de complot contre les noirs considérés comme inferieurs existait. Il existe encore des poches de résistance à travers le monde. L'analyse de la situation actuelle d'Haïti doit être abordée avec une approche historique et géopolitique. L'influence des Etats-Unis dans la Caraïbe et sur notre politique intérieur depuis 1804, les luttes d'influence entre les grandes puissances dans le bassin de la caraïbe, toutes ces choses ont un rôle explicatif. Il ne faut pas prendre les dirigeants dominicains pour des enfants de cœur. Cyrus Sibert |
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