dimanche 18 octobre 2009

Haiti Support Project : Le Photographe Daniel Morel dénonce l’inacceptable. (Par Cyrus Sibert)


















Shoes on our flag for Haiti support mission.
(Photo par Daniel Morel WOZO PRODUCTIONS, photomorel@yahoo.com)

Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti.
Avec la contribution de Cascyndia Sibert (Sa fille de 12 ans).
Radio Souvenir FM, 106.1 : souvenirfm@yahoo.fr
Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) : www.reseaucitadelle.blogspot.com

Le Photographe-cinéaste Daniel Morel est mécontent. Il n’arrive pas à oublier le comportement méprisant des noirs américains proches de HSP (Haiti Support Project)
www.ibw21.org et de IBW (Institute of the Black World) www.ibw21.org qui ont visité la Citadelle et le Palais Sans-Souci le dimanche 11 octobre 2009. A l’hôtel Mont-Joli où il est logé durant son séjour dans la ville du Cap-Haitien, il a contacté RESEAU CITADELLE. Il voulait briser le silence du photographe caché derrière sa caméra. Son indignation demande plus que des images. Dans une interview exclusive, il expose la situation.
En effet, le 11 octobre 2009, un groupe de touristes noirs-américains se sont associés à Ron Daniels et à des américains d’origine haïtienne pour visiter des monuments historiques dans le Nord d’Haïti. Accompagne du Congressman Gregory Meeks, Ron a répété pour la troisième (3e) fois le principe de pèlerinage annuel des blacks américains en Haïti. Depuis 2004, il se bat en ce sens. Il avait fait un tour dans le Nord cette année là et a été notre invité à l’Emission Face à l’Opinion. Il a des ambitions sérieuses. Cette troisième visite a failli être un succès, si ce n’est que cette distribution de chaussures usagées - dans l’enceinte même du Palais Sans Souci - qui a créé la consternation dans le cœur de plus d’un.
Pourtant, par amour de la révolution anti-esclavagiste qu’il considère comme le patrimoine historique de l’humanité et spécifiquement de tous les noirs, Ron Daniels veut faire d’Haïti une terre de pèlerinage pour tous les enfants d’Afrique, pour tous les ‘‘africophiles’’ du monde. Il pense que nous devons commencer par les blacks américains puis par les noirs de tout le continent avant d’étendre le projet à toute la planète. En conséquence, ces pèlerins représenteraient une manne financière pour l’économie haïtienne. Comme les musulmans à la Mecque, les noirs apporteront une contribution substantielle à l’économie haïtienne. Leurs dépenses serviraient à supporter l’industrie touristique en vue de réparer les torts de l’isolement d’Haïti après 1804. Le châtiment subi par la première république noire pour avoir réclamé et défendu sur le champ de bataille l’égalité de la race humaine, mérite un acte de reconnaissance active de la part de l’humanité toute entière.
Si l’idée première est une initiative de solidarité, ce 11 octobre 2009, le comportement des invités de Ron Daniels laissait présager autres choses.
Car, après un accueil chaleureux dirigé par le Directeur Général de l’ISPAN Daniel Elie, le Ministère du Tourisme, la Mairie de Milot et d’autres structures de l’Etat, après avoir été servi comme des princes conformément à cette idée de solidarité entre frères d’Afrique, les invités de Ron Daniels n’ont vu mieux que d’organiser une distribution de chaussures usagées. Comme on peut le constater dans l’une des photos de Daniel Morel, tout le monde était assis autour de 600 chaussures usagées dont les échantillons placés sur deux tables, encore pire, sur le drapeau haïtien, pour remercier des frères qui ont dépensé des ressources pour accueillir dignement des blacks américains.

Ce geste était révoltant, car le peuple n’était venu que pour accueillir des frères africains.
Pour le photographe Daniel Morel la réaction fut sans hésitation. A la dame qui a collecté les chaussures usagées, il a lancé: “Thank you very much for your gesture. But, my people don’t need your used shoes. They just wanted to say welcome. Look at them ! They are well dressed with beautiful shoes to say welcome.”
Morel a continué en ce sens et de ses déclarations en anglais, nous traduisons: «Nous pourrions accepter des matériels éducatifs, des ordinateurs, des lap top, des cameras digital, des livres et magazines pour éduquer et aider les jeunes, des cybercafés communautaires. Vous dites que vous êtes mes frères, je vous reçois comme un Prince et enfin, vous me traitez comme un vulgaire mendiant. En distribuant ces chaussures usagées, dans un contexte de visite touristique - non de désastre naturel - vous avez traité mon peuple avec mépris. Vous utilisez ces chaussures pour briser l’esprit d’égalité qu’on essaie de construire. Martin Luther King était contre ces pratiques. Vous dites que vous avez un message d’Obama. Je doute que le Président des Etats-Unis savait que vous alliez distribuer des chaussures usagées pour remercier mon peuple de vous avoir accueillis comme frères. Vous devez savoir que les haïtiens même dans les moments les plus difficiles gardent dans leur cœur un peu de dignité. Vous venez de visiter les œuvres du Roi Christophe. Eh bien, si le Roi était en vie, il vous aurait fusillé. Gardez vos chaussures ! Aujourd’hui, chez vous, ils sont nombreux ceux qui en ont besoin. Si j’étais le Maire de Milot, je vous aurais expulsé de la ville. Et malheureusement pour les habitants de Milot, Paul Telfort, le maire actuel, n’a pas le courage de vous dire la vérité. Le fait de vous remercier dans cette circonstance, le rend indigne de représenter les citoyens de la Cité du Roi. Je doute de votre capacité à représenter valablement le Président Barack Obama en Haïti. C’est une honte pour le peuple noir des Etats-Unis qui ne cesse de vanter leur amour pour Haïti. Quant au Président Préval et à son gouvernement, ils devraient vous interdire de séjourner en Haïti, si vous continuer dans cette voie.»
Daniel Morel est très pessimiste pour l’avenir du pays. Selon lui, les dirigeants n’ont plus cette culture de dignité qu’avaient nos ancêtres. Ils acceptent n’importe quoi, n’importe comment, dans n’importe quelle circonstance. Ils n’ont aucun honneur. Quant à la génération montante, elle n’est mal éduquée. Pour preuve, plusieurs enfants qu’il a questionnés, en allant à la Citadelle, sur le Roi Christophe et ses réalisations ne pouvaient lui donner une explication valable. Sur une dizaine d’enfants, un seul a répondu : Il était un Bâtisseur.
RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 18 Octobre 2009, 00 heures 33.

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