19/03/2010 Le Canada devrait se voir remettre les rênes du pouvoir politique en Haïti et administrer le pays pour les 10 à 20 prochaines années. On pourrait ainsi nettoyer la corruption politique et amener plus de fonds pour la reconstruction du pays. L'opinion est de Thomas Moore, un ancien conseiller économique du président Ronald Reagan, avec qui on a eu l'occasion de discuter il y a quelques jours. M. Moore est membre de l'Institut Hoover, un centre de recherches de l'université Stanford en Californie. Alors qu'une importante conférence sur la reconstruction d'Haïti doit avoir lieu le 31 mars à New York, l'économiste n'y va pas par quatre chemins. « Combien de pays procureront plus que l'aide immédiate à la suite du tremblement de terre, s'ils redoutent que les fonds ne soient siphonnés par les pouvoirs politiques? », s'interroge-t-il. La corruption fera que la communauté internationale ne voudra pas y envoyer trop de ressources. La meilleure façon de reconstruire serait à son avis de confier l'administration du pays à un état reconnu pour sa gouvernance pour une certaine période de temps. Il suggère qu'un référendum soit organisé en Haïti et que l'on demande à sa population si elle accepterait que le Canada soit porté au pouvoir et nommé pour prendre charge de son administration dans les 20 prochaines années. Pourquoi nous? - À cause du Québec d'abord. Une proportion significative de Canadiens parle français, la même langue qu'en Haïti. - Le Canada est généralement considéré comme l'un des gouvernements les plus ouverts et honnêtes au monde. - Surtout, il n'a jamais été une puissance coloniale et depuis longtemps, les Canadiens tentent de venir en aide aux Haïtiens. Monsieur Moore ne croit évidemment pas que le pouvoir politique en place serait favorable à sa proposition. Il estime cependant que si elle était soumise au peuple haïtien, il voterait en sa faveur. Une bonne idée? Pour être franc, on voit mal comment la mesure pourrait être mise en pratique. On est aussi moins convaincu du résultat du référendum. Ce n'est d'ailleurs pas dans cette direction que l'on se dirige pour l'instant. Un rapport préparé par le gouvernement haïtien en collaboration avec la Banque mondiale évalue à 11,5 G$ US les sommes dont aura besoin le pays au cours des trois prochaines années pour se remettre sur pied. Il y a quelques jours, de potentiels pays contributeurs se sont réunis en République dominicaine en vue d'une rencontre préparatoire au sommet de New York. Ils y ont convenu d'une aide de 3,8 G$ US pour les 12 à 18 prochains mois. L'aide proviendrait d'un nouveau fonds qui serait administré par un comité formé du gouvernement haïtien et des pays donateurs. La Banque mondiale superviserait les opérations. C'est assez loin de la prise de pouvoir suggérée par M. Moore. Il faudra néanmoins voir comment concrètement les choses évolueront. Un comité peut décider de l'allocation, mais il n'est pas très clair comment tout cela fonctionnera et qui sera en charge de l'évaluation et de la gestion des projets. Pour endiguer la corruption, il faut pouvoir descendre bien au-delà de l'allocation budgétaire. Il faudra attendre quelques mois pour voir si la solution fonctionne et si les pays seront prêts à étendre le financement manquant. Il se pourrait qu'à ce moment l'idée de monsieur Moore revienne sur la table. Sans la reprendre intégralement, peut-être pourrait-on confier au Canada certains mandats de supervision et d'accompagnement. Un espèce de Vérificateur général auquel l'autorité politique aurait délégué des pouvoirs étendus, aurait peut-être pour effet de rendre les acteurs de la corruption moins actifs. |
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