mercredi 21 avril 2010

Réflexion autour de la Réunion de New York

Réflexion autour de la Réunion des Leaders

                                             Du 31 Mars 2010
                         Aux bureaux des Nations-Unies à New York
 
Jean Sénat Fleury 4/14/10 (www.jeansenatfleury.com)
 
Le mercredi 31 mars 2010, aux Nations-Unies, les représentants de plus de 100 pays s'étaient réunis pour se pencher sur le dossier de la reconstruction d'Haïti. À cette occasion, le gouvernement haïtien a présenté ses perspectives d'avenir et le plan suivant lequel il entend les concrétiser. L'objectif de cette conférence était d'assurer les fondements du relèvement et de la reconstruction d'Haïti grâce à des engagements venant de toutes parts: des institutions publiques, privées, non gouvernementales et multilatérales.
 
Le gouvernement haïtien et ses partenaires internationaux étaient guidés par six principes qui ont déjà été établis lors de la conférence ministérielle de Montréal. Ce sont :
 
    1. un plan d'avenir piloté par les Haïtiens ;
    2. la participation de toutes les parties prenantes, plus particulièrement le peuple haïtien ;
    3. la responsabilité et la transparence des pouvoirs publics haïtiens et de leurs partenaires donateurs envers le peuple haïtien, mais aussi envers la communauté internationale ;
    4. la coordination entre le gouvernement haïtien et les donateurs ;
    5. la recherche de la rentabilité en matière d'investissements, calculée selon les améliorations qu'ils auront apportées à la vie des Haïtiens ;
    6. la viabilité des investissements, grâce à un engagement durable visant à travailler avec le peuple et le gouvernement haïtiens pour renforcer les capacités permanentes du pays ;
 
Selon l'Ambassadeur des Etats-Unis en Haïti Kenneth H. Merten dans un message posté le mardi 30 mars 2010 : « Aider Haïti à mieux se reconstruire ne se fera pas du jour au lendemain. L'engagement international envers Haïti doit aller au-delà de la réponse d'urgence. Des nations doivent s'engager à travailler avec le peuple et les pouvoirs publics haïtiens pour le long terme, en vue de construire une nation avec des services publics renforcés, un secteur privé dynamique, et un gouvernement et une communauté internationale prêts à assumer leurs responsabilités envers le peuple haïtien. »
 
Selon une analyse conduite par le gouvernement haïtien avec le support des Nations-Unies et de la Banque Mondiale, la reconstruction d'Haïti exige de longues années et nécessitera 11.5 milliards de dollars. L'ancien président américain Bill Clinton en charge du dossier de la reconstruction  déclare quelques jours avant cette conférence on fera appel à des engagements de contributions totalisant 3.8 milliards de dollars pour supporter les efforts de reconstruction durant les deux prochaines années.
 
 
Toujours des Paroles et très peu d'Actions
Il est sans doute encore trop tôt pour porter un jugement sur la crédibilité des actions en cours. Ce qui est évident, c'est que la communauté internationale dans le passé avait fait pas mal de promesses pour supporter le relancement de l'économie haïtienne durement touchée après l'embargo décrété sur le pays en 1991-1994 et les violences qui ont suivi le départ de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide en 2004. À ce que j'en sache, aucun décaissement n'a été fait jusqu'à date. Beaucoup de gens continuent de prendre en exemple le dossier de la reconstruction de la ville des Gonaïves inondée en 2005. Des millions de dollars ont été collectés en la circonstance pour assainir la citée de l'Indépendance et améliorer les conditions de vie des habitants. Cinq ans après le cyclone Jeanne, Gonaïves est toujours dans le même état d'insalubrité. Aucune réponse n'a pu être donnée à ces questions : Qui gérait les fonds pour l'assainissement des Gonaïves, et comment ces fonds ont-ils utilisé en la circonstance ?
 
Conclusion
L'année 2010 apportera-t-elle un démenti aux critiques faisant croire comme dans le dossier des Gonaïves, Haïti est en train une nouvelle fois de se faire berner ? Verra-t-on cette fois-ci des actions concrètes en rapport aux engagements pris à New York ? De tous cotés dans le pays percent des signes de plus en plus criants de frustration, d'insatisfaction et de désespoir. L'action de la communauté internationale, pour venir en aide au peuple Haïtien après le tragique tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a fait plus de 250.000 mille morts, des centaines de milliers de blessés et des millions de sans abris, n'a pas eu de résultats concrets sur le terrain. Port-au-Prince demeure un immense camp de réfugiés avec des tentes déployées un peu partout, des rues encombrées avec des débris. Pas d'électricité, pas d'eau potable, pas de vivres alimentaires, pas de carburant…Les prix qui grimpent donnent à la vie dans la capitale et dans les villes de province une image de détresse, de tristesse. Un enfer. L'insécurité, la famine, l'insalubrité, les risques d'épidémies…les conditions de vie sont catastrophiques partout dans les dix départements.
 
Conférence de New York. Une leçon que tous les Haïtiens doivent apprendre à partir des expériences du passé : « Aucun pays dit ami ne s'intéresse à la reconstruction d'Haïti par solidarité ou par amour. Le plan en jeu pour les 100 pays rassemblés aux Nations Unies sur le dossier est comment tirer profit de cette situation.» La reconstruction d'Haiti est une responsabilité nationale avant d'être une affaire internationale. Les Haïtiens doivent consentir des sacrifices personnels pour rebâtir leur pays sans repousser bien sur l'aide de la communauté internationale.

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