Thèmes de l'Emission de la semaineOrlando le 23 avril, 2010Actualités Politiques : Grandes LignesDans sa stratégie de gestion de maintien du pouvoir dans un contexte de fin de règne, Préval a perfidement jumelé, dans un même projet de loi soumis au parlement, deux éléments disparates, la création de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) et sa demande de prolongation de la loi de l'état d'urgence. Mise à part le fait incontestable de son inconstitutionnalité , l'état d'urgence est une mesure politique adoptée par un parlement, dans des circonstances extraordinaires, qui octroie au chef de l'état les pleins pouvoirs. Tandis que, la CIRH est une commission mixte chargée de gérer les projets de reconstruction d'Haïti, pour une durée de 18 mois.
La nomination de Bill Clinton comme émissaire spécial des Nation-Unies pour la relance de l'économie haïtienne dans un premier temps et dans un deuxième temps après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, comme cogérant de la CIRH, montrent clairement la détermination des Etats-Unis de reprendre le dossier haïtien des mains des Sud-américains. La performance des Sud-américains en Haïti est une faillite totale incontestable. Ils n'ont fait qu'entretenir, pendant 6 ans, le déclin d'Haïti en ramenant paradoxalement, par le biais d'élections frauduleuses et contestées, le même régime au pouvoir au lendemain de son renversement, après une lutte insurrectionnelle sanglante qui a duré 3 ans. On n'avait pas besoin d'être grand clerc pour prédire les résultats ! Les Sud-américains ayant le monopole de la force de coercition ont toléré par laxisme et par mentalité de sous-développé , ce qu'ils tolèrent sans gêne chez eux, la violence, la corruption, l'ignorance, la misère et la pauvreté de leurs masses nègres. Pire, ils ont permis à Préval de faire en avril et juin 2009 des élections frauduleuses, au cours desquelles il a introduit des criminels notoires et des illettrés fonctionnels au sein du Sénat. A la corruption, Préval a suppléé l'intimidation au sein du parlement. Voilà les conséquences d'une action expérimentale contre-nature perpétrée en Haïti par les Nations-Unies, où la mise sous tutelle est imposée et gérée par des pays en voie de développement, sur un pays sous-développé , classifié PMA appartenant au quart-monde !
Si le dossier haïtien continue à être géré sous l'influence des Sud-américains, on n'ira nul-part. Ce sera le maintien du statu quo. Haïti sera encore victime une fois de plus de cette lutte macro-politique de reconfiguration multipolaire du monde et de ce bras de fer obsédant entre les mondialistes et les altermondialistes. Compte tenu de l'état où se trouve Haïti avant, pendant et après le 12 janvier, l'appartenance à ce camp depuis 20 ans sert-elle ses intérêts ? Le Brésil qui a des ambitions de devenir le pôle pour l'Amérique-latine et les Caraïbes, vient d'exprimer à la conférence de Cancun, avec d'autres pays de l'Amérique latine, la volonté de former une autre instance régionale parallèle à l'OEA, excluant les Etats-Unis et le Canada.
En outre, après le 12 janvier, il suffit de comparer ce qu'offre toute l'Amérique-latine à Haïti, 300 millions de dollars, alors que l'offre des Etats-Unis se chiffre en termes de milliard. D'une part, la volonté du Brésil de retenir Haïti dans sa sphère d'influence, est sous-tendue plutôt par ses ambitions macro-politiques qu'autre chose, devenir le pôle pour l'Amérique-latine et la Caraïbe, la poursuite d'un siège au conseil de sécurité des Nations-Unies (leadership à la Minustah) et last but not least ses engagements idéologiques en tant que pays qui dès le début a été le creuset de la pensée d'avant-garde et le berceau de l'altermondialisme (Porto Alegre). Position qu'il a perdue d'ailleurs grâce aux manœuvres de Chavez. D'autre part, compte tenu de la performance exécrable de la Minustah pendant 6 ans, témoigne de l'incapacité du Brésil de gérer la reconstruction d'Haïti. Préoccupé prioritairement par tous ce que le Brésil a à orchestrer pour son émergence vers un destin de puissance mondiale, Haïti ne peut pas être une priorité pour le Brésil. L'état de destruction combiné au type de gouvernants qui sont en charge pour le moment en Haïti, exigent une attention toute spéciale que le Brésil occupé et préoccupé par sa propre promotion est incapable d'offrir à quiconque.
Si la gestion de la CIRH reste au sein de l'ONU, les Sud-américains peuvent se trouver des partenaires puissants pour contrebalancer ou handicaper l'influence des Etats-Unis, tels que la France, l'Espagne et l'Allemagne. Nous avons entendu les accusations spontanées et gratuites portées par les Européens et les Sud-américains contre l'intervention musclée des Etats-Unis au lendemain du 12 janvier. Pour soustraire la CIRH du contrôle inefficace des Sud-américains, il faut lui trouver un point d'ancrage autre que l'ONU, une consécration ou une légitimation parlementaire particulièrement du pays où elle aura à remplir sa mission. Elle est avant tout une commission mixte.
Percevant le besoin de légitimation de la CIRH comme une opportunité, Préval introduit la création de la CIRH au parlement jumelée, dans un même projet de loi, à une demande de prolongation de la loi sur l'état d'urgence pour une durée égale à celle de la CIRH, 18 mois. Le projet de loi voté par le parlement et promulgué par l'exécutif, donne à Préval les pleins pouvoirs. Ce fait par lui-même change radicalement l'éventail des options politiques de Préval. L'octroie des pleins pouvoirs dans un cadre de fin de règne, présuppose un projet politique antinomique de taille qui requière une telle mesure. Le caractère antinomique d'un tel projet, augmente automatiquement la volatilité de la situation. C'est le moment de toutes les folies, de toutes les exactions et aussi de toutes les erreurs monumentales irréparables ! Préval va se dressé sur ses ergots pour s'imposer et obtenir ce qu'il convoite, la présidence à vie par le biais du remplacement de la constitution. Pourquoi former une constituante ? Préval a, avec tous les risques que cela comporte, une fenêtre d'opportunité, de maintenant à octobre 2010, pour tenter de satisfaire ses convoitises avant la mise en branle des projets de reconstruction. Le choix et la façon d'exécuter ses manœuvres politiques seront cruciaux pour sa survie et celle de son régime. C'est certainement aussi le moment idéal pour une mobilisation nationale, contre des exactions telles que, la suspension des droits civils et politiques, la suppression des libertés publiques et des libertés civiles, le remplacement de la constitution, etc. qui sont de fait des corollaires traditionnels des pleins pouvoirs. Préval veut à tout prix émuler les exemples de ses compadres latinos, Chavez, Morales et Ortega. On peut déboucher sur une période d'instabilité politique irréversible, qui risque de se transformer en mouvement insurrectionnel.
Il y a deux dates établies à la conférence des bailleurs de fond le 31 mars 2010 à l'ONU, qui ont leurs raisons d'être. Il nous faut, pour comprendre leurs significations, prendre en considération leurs échéances et voir avec quoi elles coïncident. D'une part, le Président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a proposé la tenue d'une nouvelle conférence dans six mois pour faire le point. D'autre part la CIRH ne gérera la mise en branle des projets de reconstruction d'Haïti que pour une durée de 18 mois.
Dans 6 mois on sera en octobre 2010. Si Préval veut passer l'écharpe, ou en d'autres termes, nommer son successeur, ou se succéder lui-même le 7 février 2011, il devra en octobre 2010 être en train de préparer des élections pour la fin de l'année 2010 ou pour le début de l'année prochaine. Est-il de l'intérêt de la CIRH de se trouver d'abord en plein dans une atmosphère de compétition électorale ? Et ensuite face à de nouvelles autorités fraîchement élues soucieuses de faire valoir leur légitimité politique, provoquant de la confusion en forçant des changements de personnel au sein de la CIRH, sous prétexte de compétence ou de représentativité , au moment où, pendant des mois, à partir d'octobre 2010, la Banque mondiale va concentrer ses efforts sur Haïti en train de synchroniser le flux des fonds pour établir dans le concret un calendrier de mise en branle des projets de reconstruction ? A cette période névralgique où l'avenir du pays se joue littéralement, quelles seront les priorités ?
Les 18 mois de la CIRH iront de mai 2010 à octobre 2011. Les projets de reconstruction seront déjà en cours. En novembre 2011, on aura d'une part, la totalité de la 48e législature et les deuxièmes sénateurs qui sont déjà en état de caducité depuis le 11 janvier 2010. Et d'autre part, les premiers sénateurs élus aux élections de 2006, qui seront en état de caducité le deuxième lundi du mois de janvier de l'année prochaine, soit le 9 janvier 2012. La CIRH sera à ce moment là prête à investir de ses fonctions, l'Autorité de Développement d'Haïti (ADH), dont les membres seront choisis et nommés par les nouveaux élus du nouveau gouvernement.
Le moment sera propice, en novembre 2011, pour faire, dans un premier temps sans Préval, mais avec un nouveau et dernier CEP provisoire, des élections générales libres, honnêtes et crédibles, remplaçant à la fois, le président, la totalité du parlement et des autorités des collectivités territoriales. Et dans un deuxième temps, faire des élections indirectes pour déboucher sur la décentralisation et créer finalement un nouveau CEP permanent. Ce qui a été impossible pendant les 20 ans de pouvoir lavalas. Le 7 février 2012, ce sera l'installation du nouveau président. Et nous espérons d'un nouveau régime.
Force est aussi de constater et surtout de comprendre, qu'on en soit conscient ou non. Qu'après un demi-siècle de populisme, qu'une culture populiste se soit développée. Le populisme, souffrant d'une carence doctrinale et idéologique, s'est forgé cependant une clientèle. Avec la nuance ou peut être l'avantage que ses gouvernants sont interchangeables d'un extrême à l'autre. Il y a de ces acteurs qui ont réussi cette mutation, qui maintenant font des efforts de fusionnement des deux extrêmes pour maintenir le pouvoir. La difficulté vient seulement d'une xénophobie viscérale que partagent les bases de ces deux extrêmes. Mais ne vous trompez-pas cette clientèle et ses gouvernants vont se battre du bec et des ongles pour maintenir le statu quo. Cette clientèle n'existe et ne respire que par la démagogie et le népotisme populiste. Dans les deux camps populistes, la capillarité sociale est garantie par le biais de la corruption. L'accès au pouvoir s'obtient par la capacité de violence et par le biais du radicalisme et de la militance. Cette clientèle sera prête à livrer un combat sans trêve contre la modernité. Bien qu'une bonne partie de cette clientèle soit d'origine populaire. Il ne faut pas confondre ses intérêts avec ceux des masses. Cette clientèle est une minorité bruyantes, un cercle fermé limité, népotique, qui utilise ses origines de masse pour exploiter les masses, en les maintenant intentionnellement dans la pauvreté, l'ignorance et la misère !
La question maintenant est de savoir, face à cette culture, après avoir coexisté et pataugé inconfortablement dans la médiocrité pendant plus d'un demi-siècle, prenant le népotisme pour l'égalité de chance, acceptant la corruption comme norme, gérant la cohésion sociale par la force, l'intimidation et l'internalisation de la peur ; Pourrons-nous, aujourd'hui nous comporter en citoyens verticaux capables d'agir à bon escient dans l'intérêt de l'Etat et de la Nation ? Aurons-nous la fortitude et la détermination pour saisir le moment, où la reconstruction physique du pays, la relance de son économie, l'introduction de la modernité technologique la plus avancée dans tous les domaines, et rompre avec les régimes populistes des deux extrêmes, extirper la criminalité et la corruption du pouvoir politique, introduire la compétence et le sérieux au niveau des trois pouvoirs et moderniser simultanément, la gouvernance, les institutions et l'Etat haïtien ? Que faire ? et Comment le faire ? Voilà ce à quoi le PSSN répond ! |
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