samedi 1 mai 2010

Haiti/politique/La CIRH dans le collimateur de l'opposition/Par Lionel Edouard /lematinhaiti.com
















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May 1, 2010, 14:20

Des obstacles semblent se dresser devant les projets du président René Préval. Le Sénat et la classe politique paraissent ne pas voir du même œil la formation de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH).

Si René Garcia Préval se dit satisfait des résultats obtenus à la conférence des donateurs du 31 mars, d'autres secteurs de la vie nationale, notamment la classe politique, se montrent de plus en plus inquiets face à certaines conditions qui accompagnent les promesses des bailleurs. Plusieurs groupements et regroupements politiques (Konba, Ansanm nou fò…) et des organismes de la société civile (Jeunesse pour la république, Conscience communautaire….) ont rendu publique une déclaration pour, ont-ils dit, « dénoncer la politique immorale et illégale du président de la République ».


Au cœur du débat : la création de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) et la modification de la loi sur l'État d'urgence demandée par le président Préval. « Cette demande formulée en date du 28 mars 2010 constitue une violation flagrante de la Constitution », peut-on lire dans le document de ces organisations.


Les signataires estiment que, par cet acte, « le président est en train de livrer le pays aux mains de l'international sans l'accord du peuple haïtien ». Le premier sénateur de l'Artibonite, Youri Latortue, parlera, lui, d'« humiliation » et d'« aliénation » des institutions publiques.


La formation de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH), qui doit mener le processus de reconstruction du pays, est la cible de nombreuses critiques. Certains estiment que cette commission répond à une certaine logique, puisque la communauté internationale ne fait aucune confiance aux autorités étatiques trop longtemps impliquées dans des dossiers de corruption. Il faut donc, ont-ils avancé, un organe de contrôle qui empêche que les fonds alloués à la reconstruction du pays ne soient détournés.


D'un autre côté, les signataires du document disent relever toute une série d'irrégularités qui accompagne la demande du chef de l'État. « Le projet de loi, soutiennent-ils, est présenté pour être voté par l'Assemblée nationale alors que cette dernière ne peut, précise-t-il, voter aucune loi. La Constitution est muette sur la question de l'État d'urgence, bien qu'il soit aujourd'hui une réalité qui s'impose à nous.


Cette situation non prévue par la Constitution constitue une restriction aux libertés fondamentales, comme en temps de guerre ».
« Les élections qui sont un exercice démocratique ne peuvent donc avoir lieu en situation d'État d'urgence », estiment par ailleurs les signataires. La raison : le fait que le chef de l'État, à travers cette nouvelle loi, a provision légale d'interdire toute manifestation politique.


Ce qui serait, selon eux, contraire à toute initiative électorale qui est la base même de toute société démocratique. La capacité de priver les citoyens de certaines libertés seraient, ont-ils expliqué, de nature à défavoriser certains partis au profit d'autres. « On ne peut pas être à la fois juge et parti », ont-ils fait remarquer.

Une position commune

Les signataires dudit document en fixant leurs positions entendent également, ont-ils informé, se démarquer de toute malversation politique visant l'accumulation de richesses. Par conséquent, ils préviennent qu'ils rejettent le projet de loi sur l'État d'urgence et déclineront toutes responsabilités dans les éventuelles décisions du chef de l'État sous couvert de cette loi.

L'alternative fixe sa position

« L'État est permanent et la corruption n'est pas une maladie incurable, nous pouvons toujours nous améliorer », a lancé Evans Paul, porte-parole d'Altènativ, expliquant qu'il n'est pas nécessaire qu'il y ait une entité de surveillance mixte comme celle que constitue la CIRH.


L'Altènativ propose de préférence, a-t-il informé, la création de deux commissions : une haïtienne avec la participation de tous les secteurs et l'autre étrangère avec à sa tête principalement les bailleurs de fonds.


« Le vote de la loi sur l'État d'urgence constituerait un suicide pour le Parlement », a lancé Evans Paul, ajoutant que le gouvernement aurait les mains libres durant dix-huit mois pour manœuvrer à sa guise, hors de tout contrôle des organes compétents ».


À rappeler que plusieurs partis de l'opposition, notamment Ayiti An Aksyon (AAA), avaient déjà dénoncé le « côté humiliant » de la CIRH pour les institutions haïtiennes qui n'auraient plus leur raison d'être.


La loi sur l'État d'urgence est, selon le leader de l'Alliance démocratique, incompatible avec le discours du président sur les élections. Celui-ci, a-t-il soutenu, veut « que les élections aient lieu avant la fin de l'année pour que le pays reste sur la voie démocratique, or les partis de l'opposition n'ont confiance ni en René Préval, qui n'a jamais organisé de bonnes élections, ni dans le Conseil électoral provisoire (CEP), qui travaille à la solde du parti au pouvoir ».

Par Lionel Edouard
mardi 13 avril 2010

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