mardi 20 juillet 2010

Les douanes haïtiennes un séisme permanent.


Depuis environ 2 mois une ambulance offerte en cadeau à l'Hôpital Justinien est restée bloquée à la douane du Cap-Haïtien.







Les douanes haïtiennes un séisme permanent.

Par Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti.
Radio Souvenir FM, 106.1 :
souvenirfm@yahoo. fr

Le Ré.Cit. (Réseau Citadelle) :

 www.reseaucitadelle .blogspot. com

 

Depuis environ 2 mois une ambulance offerte en cadeau à l'Hôpital Justinien est restée bloquée à la douane du Cap-Haitien. « Haitian Heritage and Friends of Haiti (HHFoH) » est une association composée de membres de la diaspora haïtienne et d'étrangers qui ont consenti des dépenses pour faire ce don à l'Hôpital Justinien, le plus grand centre hospitalier du Nord, qui ne dispose pas d'ambulance depuis 5 ans. L'ambulance devait normalement être disponible pour la formation de 42 médecins et infirmières en soins d'urgence  hospitaliers tenue dans la ville du Cap-Haitien le mois dernier. Le personnel en formation devrait pouvoir s'entrainer à utiliser les différents outils d'urgence, l'équipement d'oxygène et les techniques de remplacement des matériels usagés.

« Haitian Heritage and Friends of Haiti » (HHFoF) avait prévu d'approvisionner l'Hôpital Justinien en produits et matériels, indispensables pour maintenir l'ambulance en état de fonctionnement. L'organisation avait consenti des dépenses pour acheter d'autres matériels et produits en Caroline du Nord, payer le transport terrestre de Caroline du Nord à Miami, puis le transport maritime de Miami à Haïti. Les produits qui accompagnent l'Ambulance sont entreposés dans un container de 40 pieds aussi bloqué à la douane du Cap-Haitien.

Avec un cynisme impensable, la bureaucratie haïtienne exige toujours des papiers comme franchise, des papiers qu'on doit remplir à Port-au-Prince au mépris des structures administratives déconcentrées, des documents souvent mal-remplis, des bureaucrates passifs, paresseux et improductifs qui aujourd'hui vous demandent d'utiliser une voie et demain exigent une autre. Ministère de la Santé publique, Ministre de l'Intérieur, Bureau Protection Civile, la Douane, l'Autorité Portuaire Nationale, la Banque Centrale, une signature de la délégation du Nord…. autant de paperasseries inutiles qui découragent ceux qui souhaitent aider les victimes du séisme du 12 janvier 2010 et d'autres philanthropes qui souhaitent voler au secours de la communauté haïtienne.

HHFoH qui voulait collecter des fonds en vue d'acheter 3 camions de pompiers pour la ville du Cap-Haitien questionne la faisabilité de telles initiatives au regard des difficultés administratives qui existent pour passer les douanes haïtiennes.

Le 9 février 2010, RESEAU CITADELLE avait publié : Cap-Haitien : Taxes douanières sur les produits humanitaires., (1) un texte dans lequel nous avions fait état des difficultés rencontrées par des acteurs de l'humanitaire venus au secours des victimes du séisme du 12 janvier 2010. Comme réaction, l'administration douanière finance un spot publicitaire qualifiant ceux qui critiquent les barrières de racketteurs qui, refusant de contribuer au trésor public, sèment la confusion dans les esprits. D'après le spot, la réalité serait toute autre. 

Dans article Haiti : L'urgence permanente qui dit tout.... (2) de Gil Courtemanche, LE DEVOIR (Montréal), publié le 17 juillet 2010, nous lisons :

« On vient de découvrir que tous les matériaux et toutes les denrées qui entraient en Haïti depuis le 12 janvier faisaient l'objet d'une taxe à l'importation de 20 % et qu'elles reposaient, bureaucratie oblige, durant des semaines dans les entrepôts de la douane. Aux 20 % de taxe s'ajoutaient donc de lourds frais d'entreposage. On pourrait dire que les douanes haïtiennes ont inventé toutes les formes de la corruption et de l'extorsion légales. Politique de l'État pour renflouer ses coffres ou initiatives personnelles de ces douaniers pourris? Probablement un consensuel mélange des deux. Pour que cette situation soit mise au jour et dénoncée, il a fallu qu'une équipe de CNN qui transportait avec elle une cargaison humanitaire d'une valeur de 5000 $ se voie imposer un droit d'entrée de 1000 $. Confronté par le réseau américain, le président (haïtien) a exprimé son étonnement et s'est engagé à faire cesser cette pratique qui durait au vu et au su de tous les acteurs depuis six mois. »

Peut-on blâmer la communauté internationale du fait de ne pas consentir des sacrifices pour financer la reconstruction d'Haïti quand nos gouvernants refusent de faire les réformes structurelles au niveau de la douane, des Impôts, de l'énergie, de la finance, de la passation des marchés publics, du respect du droit de propriété, de la libre concurrence i.e. contre la dominance des groupes monopolistiques qui paralysent le marché haïtien…  

Si l'Etat haïtien s'attache à ses taxes au point de ne faire aucune considération de reforme après le séisme du 12 janvier 2010, les pays contributeurs pour la reconstruction d'Haïti, n'ont-ils pas aussi le droit légitime de s'accrocher à leur argent ? Une nouvelle fois, le comportement des dirigeants haïtiens n'offre aucune justification morale pour imposer aux bailleurs de fonds internationaux une obligation de solidarité consistant à dépenser l'argent de leurs contribuables.

1-      http://reseaucitadelle.blogspot.com/2010/02/cap-haitien-taxes-douanieres-sur-les.html

2-      http://reseaucitadelle.blogspot.com/2010/07/haiti-lurgence-permanente-qui-dit-tout_19.html

·         http://reseaucitadelle.blogspot.com/2010/06/reconstruction-dhaiti-quand-les.html

 

RESEAU CITADELLE (Le Ré.Cit), le 20 Juillet 2010, 13 heures 35.


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