lundi 7 mars 2011

[ Cyrus Sibert a Carl Hans Roumain] L'Etat comme une grande entreprise...Pourquoi pas?

Monsieur Roumain,

Revenons calmement sur le dernier paragraphe de votre réplique d'hier.

"Je conclus en rappelant qu'un pays n'est pas une grande entreprise dont un PDG talentueux va assurer la génération de dividendes. C'est un petit peu beaucoup plus complexe que ça en a l'air et j'estime que l'improvisation n'est point de mise, à cause des contingences, sociales ou politiques, qu'il faut avoir su prévoir pour leur porter en temps et lieux les solutions adéquates."

Savez-vous qu'il constitue l'essence même de toute cette bataille politique depuis 2003.

I y a dans ce pays, un groupe d'hommes et de femmes qui sont fatigués avec les politiques. Ils décident de ne plus faire les frais des comportements marrons et opportunistes de la classe politique traditionnelle qui n'a pas le courage d'avoir une vision, une position, une ligne, un projet moderne capable de sortir le pays de sa situation.

Ce nouveau regroupement de non-politiques décide ainsi de se battre sur le terrain politique. Il voit le salut dans la gestion du pays comme une grande entreprise avec l'obligation de créer des opportunités pour le plus grand nombre.

Ils voient dans les méthodes des politiques une approche non adaptée a la réalité actuelle. Car, avec toute la misère, le chômage et l'insécurité, le pouvoir politique devrait faire des ouvertures, créer des opportunités a partir des réformes et des investissements directs.

Les politiques paralysent le pays depuis des décennies en ignorant ces besoins de bases. Ils préfèrent utiliser des termes comme le nationaliste, la constitution, le patriotisme, le colorisme uniquement quand il s'agit de conserver le pouvoir et leurs privilèges. Ils établissent des barrières au niveau de la douane, de l'administration publiques pour protéger les entrepreneurs proches du pouvoir et en échange enrichir les grands commis de l'Etat a partir des taxes injustifiées et des pots de vin. Les politiques gardent leur parti fermé pour empêcher l'implication des jeunes et avoir le monopole politique. Pourtant, quand il y a violence politique découlant de la pauvreté qui s'aggrave, tout le monde paie les frais. De plus, le coup social pour les jeunes entrepreneurs qui assistent une quantité incroyable de gens a faire face a la maladie, aux frais funéraires, loyer, frais scolaires, sans compter les cadeaux en des occasions comme fêtes de fin d'année est considérable. Étant impossible d'évoluer en Haiti dans une telle situation, ils décident de prendre le taureau par les cornes.

Cette situation créée une coalition pour affronter la classe politique. Car depuis 1990, les non-politiques ont pris conscience de leur force, en ont aidé Jean-Bertand Aristide, un politique, a accéder au pouvoir. Ils ont pu mobiliser certaine force du pays jusqu'à le renverser en 2004. Ils ont pu mettre du monde dans la rue là où les partis politiques ont échoué. Alors, pourquoi continuer à mobiliser des gens et remettre le pouvoir à des politiques qui vont revenir avec la même gouvernance nihiliste?

Il faut répondre à cette question. Comment la présidence de Mirlande Manigat aidera a moderniser l'Etat?

Sinon, la volonté de gérer l'Etat comme une grande entreprise gagnera du terrain. Car la majorité des haïtiens veulent une grande entreprise capable de résorber le chômage, de générer des revenus et de faire circuler l'argent.

Ceux qui se contentent de voir en Martelly, Ti simon sont myopes. Ils ne voient pas derrière lui Richard Morse, un entrepreneur qui s'est sacrifié au coté de Lavalas et a pris des risques avec l'espoir de voir le changement, déçu mais toujours a la recherche d'un État moderne; ils ne voient pas Wyclef Jean, un jeune musicien de la diaspora qui a des projets et contacts, qui veut faire quelques choses dans son pays mais qui n'arrive pas; ils ne voient pas un homme comme Hans Tippenhauer, jeune technicien qui a passé une bonne partie de sa vie a promouvoir l'entreprenariat jeunesse sans succès parce que les politiques s'associent aux monopoles pour tuer toute initiative concurrentielle; enfin, je citerai les Mayard-Paul, Thierry et son frère Grégory qui ont milité bénévolement durant les cinq ans de Préval pour la réforme judiciaire sans succès. Michard Gaillard est mort dans le cadre de cette volonté de réformer la justice.

Ce n'est pas sans raison que Préval et son CEP ont écarté tous les candidats de la diaspora. Ils ne veulent pas la modernité. Depuis 25 ans les politiques ont toujours fait campagne au nom de la diaspora, mais vous connaissez les résultats, pas plus qu'un Ministère sans budget.

Cette approche idéaliste et corrompue de la classe politique encourage les jeunes qui ont étudié et vécu dans les pays développés dont les États-Unis a se battre. Cette volonté est beaucoup plus forte chez ceux qui acceptent de revenir au pays. Chaque week-end, ils sont obligés de traverser en republique voisine pour vivre un moment de modernité a proximité de chez eux.

Ce n'est pas une simple affaire de Ti simone. En sous-estimant Martelly, les politiques l'ont laissé dans la course. Aujourd'hui, nombreux sont des éléments non-politiques a croire qu'avec Ti Simone, au moins on arrivera a ouvrir le pays.

Donc, le travail de votre équipe de campagne est de prouver que vous avez la capacité de produire le même résultat avec une méthode institutionnelle classique.

Ceux qui évoluent a l'extérieur comprendra difficilement cette situation. Ils argumentent en termes de "personne capable de représenter le pays valablement", ils sont très soucieux de l'image que l'étranger se fera du président de leur pays d'origine, tandis que ceux de l'intérieur attendent quelqu'un capable de réformer l'Etat en profondeur, d'ouvrir l'économie, de créer des opportunités et des emplois durables.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi"
Margaret Mead (1901-1978)

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