samedi 21 mai 2011

Je ne suis pas raciste. La preuve ? Je viole même des négresses

Par Claude Ribbe

D’abord les précautions d’usage. Dominique Strauss-Kahn a droit à la présomption d’innocence tant qu’il n’est pas définitivement reconnu coupable. Soit. Mais parlons un peu des faits qu’on lui reproche. Il est en prison à New-York parce qu’une femme l’accuse de l’avoir violée. Oui violée. Même si le terme de viol est réservé aux USA à la pénétration vaginale, en France quand on sodomise ou qu’on oblige à accomplir une fellation une personne non consentante en usant de la force physique, cela s’appelle un viol. Donc Strauss-Kahn est accusé d’avoir violé une femme en usant de la force physique. Et en plus de l’avoir séquestrée. D’avoir attenté non seulement à son honneur, mais aussi à sa liberté. D’après l’accusation - et sans tenir compte des dénégations de l’accusé dont il devra apporter la preuve - les circonstances sont d’une violence inouïe et dénotent une barbarie, une sauvagerie, particulières. Ophélie - tel semble être le prénom de la victime - s’est débattue, a pleuré, a hurlé, a supplié, bref s’est défendue comme elle a pu. Ne pouvant la pénétrer après qu’il l’eut traînée jusqu’à son lit, l’agresseur - qui l’a attaquée par derrière - a réussi à la sodomiser. Il l’a obligée - toujours d’après l’acte d’accusation - à une fellation. Tout cela pour l’avilir et l’humilier, précise le document. On peut imaginer aussi ce qu’il aura pu lui dire dans ces circonstances, si elles sont avérées. De toute évidence, la terreur et la souffrance de cette femme auraient stimulé le désir de cet homme. Cette femme sans histoires, âgée de 32 ans, mère d’une adolescente, et employée comme femme de chambre dans un grand hôtel, est originaire de Guinée. Aux USA, elle est considérée comme «noire». Toute la presse française a pris connaissance, dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 mai, que Dominique Strauss-Kahn était accusé d’avoir violé une femme «noire». Et pourtant, personne - absolument personne en France- n’a évoqué jusqu’à présent les origines, encore moins la couleur de peau, de cette femme. Et surtout pas ceux qui se disent défenseurs ou représentants des «noirs», ceux qui appellent à des statistiques ethniques, à des quotas, ceux qui, en un mot, ne tarissaient pas d’éloges, jusqu’à présent, pour Dominique Strauss-Kahn, un homme qui a porté le Cran sur les fonts baptismaux. Lorsque Obama a été élu, pour toute la presse française unanime, c’était un président «noir». Si Anne Sinclair avait accusé un Afro-Américain de l’avoir sodomisée, de l’avoir obligée à une fellation, que n’aurait-on entendu sur la sauvagerie des «noirs» sans qu’on se préoccupe outre mesure de la présomption d’innocence d’un présumé sauvage ! Mais là, où de toute évidence la sauvagerie n’est pas du côté que l’on croyait, un silence complet. Un silence insupportable qu’il faut bien briser. Si les faits dont Dominique Strauss-Kahn est accusé sont avérés, ils dénotent non seulement un crime odieux contre une femme, mais un crime aggravé par le racisme le plus barbare. Bien sûr, l’ex-directeur du FMI a des alibis, si l’on ose dire. Il est en effet accusé par une autre femme - qui celle là n’est pas d’origine africaine (une femme au visage d’ange, nous dit une certaine presse, pas un visage de démon comme celui d’une «négresse») de s’être livré contre elle à une tentative de viol, mais rien de comparable, en violence, en férocité, en volonté d’humilier, à ce qu’on peut lire dans l’acte d’accusation qui accable Strauss-Kahn. Car, cette fois, l’accusé serait allé jusqu’au bout. Avec un étrange acharnement. Pour punir la «négresse» de se défendre. Comme si la résistance d’une femme à la peau noire était inadmissible. Comme si les cris d’une « négresse » qui se défend étaient l’occasion d’un supplément de jouissance. J’entends des rumeurs monter de Sarcelles. Suis-je le seul ? Certains prétendent que le brillant économiste socialiste - qui, faut-il le rappeler, ne venait à Sarcelles que les jours d’élection dans une limousine avec chauffeur- avait un goût très prononcé pour l’Afrique subsaharienne et que ça ne se serait pas toujours très bien passé.
L’exploitation sexuelle des femmes africaines a marqué toute la période esclavagiste. Les viols par tous les orifices commençaient sur les bateaux de traite et se poursuivaient tant que les femmes étaient assez jeunes et désirables pour exciter le désir des colons, dont le racisme ne peut pas être mis en doute au motif qu’ils violaient des femmes à la peau noire. Non seulement ces viols n’étaient pas incompatibles avec le préjugé de couleur, mais ils entretenaient avec ce préjugé une dialectique infernale. Les colons se persuadaient que la lubricité des «négresses» faisait partie de leur essence même. Il était impensable qu’une femme refuse de se soumettre au désir de son maître. Qu’il en soit ou non conscient, Dominique Strauss-Kahn, s’il est reconnu coupable de ce dont Ophélie l’accuse, s’inscrit dans la droite ligne de ce racisme négrier, féroce, barbare et abject. Strauss-Kahn, un séducteur, si l’on en croit ses « communicants» ? S’il est reconnu comme violeur, le mot est-il vraiment approprié ? N’est-ce pas justement quand on n’est guère séduisant qu’on est obligé d’avoir recours à la force et à la contrainte ? Les avocats de l’ex-directeur du FMI se sont empressés de dire, pour la défense de leur client, que la victime présumée n’était «pas attirante». Ceux qui connaissent Ophélie parlent d’une « grande et belle femme ». Mais Strauss-Kahn, trente ans de plus qu’Ophélie, petit, gros et laid - en un mot pas très attirant, pour ne pas dire répugnant - avait le droit, certainement, de ne pas la trouver attirante, cette «grande et belle femme» puisqu’elle est «noire» et n’aurait pas, du fait de sa couleur, un «visage d’ange» comme d’autres victimes finalement moins malmenées...

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