jeudi 7 juillet 2011

L'affrontement est proche

L'affrontement est proche
(LND)
Jean Erich René
erichrene@bell.net
Ottawa lw 7 juillet 2011







Haïti - Politique : Rien n'est joué pour le Premier Ministre désigné, Bernard Gousse


La tension monte entre la Présidence et le Parlement. Le rejet de Bernard Gousse comme Premier Ministre est certain. D'un côté, le député de la Croix des Bouquets évoque l'irrecevabilité de la désignation de Bernard Gousse comme Premier Ministre. De l'autre côté, avant de laisser le pays pour l'Espagne, le Président Martelly s'est exprimé en ces termes «...je vous laisse un nouveau Premier Ministre désigné en la personne de Bernard Gousse qui est à mes cotés, un Monsieur qui est droit, qui sait travailler et qui va nous aider à mettre l'ordre(sic) et la discipline dans le pays. J'aimerais qu'à mon retour ce weekend le processus de ratification soit bien avancé...»

Point n'est besoin d'être devin pour prévenir l'éclatement de la scène politique haïtienne dans les prochains jours. Plus le temps passe plus la population déchante, plus la marge d'intervention du 56e Président d'Haiti se rétrécit. On sonne l'hallali au Parlement pour lui barrer la route et le jeter dans un traquenard. Comme tout animal piégé, ne sera-t-il pas forcé de bander ses énergies pour sauter les barricades qu'on dresse devant lui et prendre une tangente constitutionnelle ?


















La colère est sur le point d'éclater



Bloquer un pays par le refus systématique de ratifier un PM en invoquant des arguments spécieux participe plutôt de l'effronterie. Les Parlementaires doivent faire preuve d'objectivité dans l'accomplissement de cette délicate tâche que leur confère l'article 137 de la Constitution de 1987. Ils ne peuvent pas en faire leurs boutiques. Ils doivent taire leurs préjugés mesquins et mettre une sourdine à leurs querelles de chapelle politique, pour doter le pays d'un Premier Ministre compétent. Les masses nécessiteuses ne peuvent plus vivre dans cette situation déplorable. Depuis le 14 mai Michel Joseph Martelly a prêté serment. Plus de 45 jours après on n'arrive pas à choisir un Premier Ministre pour que le Gouvernement soit fonctionnel. La colère commence à monter.



Rejet fantaisiste de la


candidature de Daniel Rouzier


Dans le cas de Daniel Rouzier on a fait allusion au conflit de son poste comme Consul Honoraire de la Jamaique en Haiti et la fonction de Premier Ministre. On a même évoqué la fraude fiscale comme argument massue pour son éviction. Pourtant dans les deux cas, Daniel Rouzier a pu détruire, d"un revers de la main, les objections du Parlement qu'il juge arbitraires et complaisantes en déclarant:



"Premièrement, je suis Haïtien et je n'ai jamais renoncé à ma nationalité.Toute ma vie, je n'ai utilisé le passeport que d'un seul pays, mon pays, Haïti. Mon passeport valide de même que mes deux derniers passeports expirés
ont été soumis à l'analyse de la Commission Parlementaire.



Deuxièmement, pour avoir été Consul Honoraire de la Jamaïque en Haïti, je n'ai pas perdu ma nationalité haïtienne. Je n'ai de surcroît jamais pris d'engagement de nature politique envers une nation étrangère ou quelqu'autre engagement à défendre les intérêts d'une nation étrangère au détriment de ceux de mon pays. Un consul honoraire n'est, en aucun cas et dans aucun pays, un poste politique.



Troisièmement, je travaille en Haïti depuis un peu plus de 30 ans et je m'enorgueillis de faire partie des citoyens haïtiens qui se sont toujours acquittés régulièrement de tous taxes et impôts dus à l'Etat haïtien. Je suis fier de dire haut et fort que je suis totalement et absolument en règle avec le fisc. La Direction Générale des Impôts (DGI) peut en témoigner et, comme de fait, n'a jamais manqué de me remettre chaque année un certificat
en conséquence."


Comme disait Beaumarchais par la voix de Bazile dans le Barbier de Séville: "Calomnions, calomnions, il en restera toujours quelque chose." Voltaire dans sa Lettre datée du 21 octobre 1736 à Thiriot écrivait: " Le mensonge n'est un vice quand il fait mal. C'est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hadiment et toujours. Mentez mes amis, je vous le rendrai un jour." Il demeure évident que des motifs sous-jacents inavouables et inavoués sont à l'origine du renvoi inconditionnel de Daniel Rouzier par la Chambre des Députés.




Comme sur une Montagne Russe, on assiste au Parlement haitien à des montées et des descentes rapides très dangereuses dans la course à la Primature. En effet la Chambre Basse chargée de recevoir le dossier du Premier Ministre avant de l'acheminer à la Chambre Haute pour sa ratification, transforme la Tribune parlementaire en un véritable Carroussel où des mandataires forrains jouent les numéros les plus ridicules mais très dangereux pour le peuple haitien.




Bernard Gousse


Nouveau PM désigné


L'homme au bras de fer



Dr Bernard Gousse est pris sous les feux croisés de Lavalassiens revanchards. Ils se souviennent de son passage au Ministère de la Justice sous le Gouvernement Intérimaire de Gérard Latortue. En effet, il avait retroussé ses manches pour rétablir l'ordre et la paix en assumant la primauté du Droit. Nous sommes tous témoins de la pagaille qui régnait dans le pays jusqu'au sacre du Père Lebrun comme Evêque, en récompense du bon travail qu'il a réalisé. Il fallait mettre un frein à la fureur des flots. Fort heureusement, il existe encore des hommes de la poigne de Bernard Gousse, capable de susciter un certain espoir dans ce carphanaum que devient Haiti. Le rejet de Bernard Gousse signifierait tout simplement le retour au statuquo ante. Tous les signaux indiquent la remontée du lait et un débordement dangereux, sous l'effet de la chaleur du béton.



"Trois fois passera, la dernière y restera et lundi on verra ", chante le GPR. Cette chorégraphie enfantine permet à l'élève qui se trouve entre les bras des meneurs de bénéficier de la collation promise. Tel est le jeu mafieux qui assurera la continuité de l'INITE avec Jean Max Bellerive, le complice de Clinton, comme PM rassis mais rechauffé. La maigre performance de Jean Max Bellerive est connue de tous. Tant à la Primature qu'à la CIRH il a brillé par sa médiocrité. Il ne peut fournir aucune explication plausible sur les fonds de PetroCaribe. Va-t-on passer 5 ans de plus avec Jean Max Bellerive dans les mêmes conditions? Personne ne l'entend de cette oreille. Le Président Michel Martelly est on ne peut plus clair à ce sujet en déclarant : " Si quelqu'un s'imagine que je vais accepter que la corruption persiste, il se trompe.... Il n'y aura ni compromis ni compromissions... Le vote en faveur du changement se multipliera.."





Michel Joseph Martelly en jouant au chat et à la souris avec le Parlement n'est-il pas en train de lui faire créditer le déficit de réalisation de ses 100 premiers jours? Bientôt ce sera la rentrée des classes, la procrastination du Parlement, dans le choix du Premier Ministre, servira de prétexte à l'échec de sa promesse excentrique: ECOLE GRATIS. Si le Législatif s'avise à paralyser un Chef d'Etat élu au suffrage universel, l"Exécutif peut lui rendre aisément la monnaie de sa pièce. Suite à l'éviction fantaisiste de Daniel Gérard Rouzier, suivie par une tempête de protestation médiatique soulevée par les Parlementaires contre la proposition de candidature à la Primature de Maitre Bernard Gousse, l'Exécutif est dans l'impasse. L'Administration publique est dysfonctionnelle. Le 56e doit pondérer la Balance Politique afin d'équilibrer constitutionnellement son pouvoir



Le Parlement n'a pas le droit de fonder son argumentaire sur certains préjugés. Les contextes politiques ne sont plus les mêmes. Bernard Gousse Premier Ministre en 2011 ne peut pas réagir de la même façon qu'en 2006. Il n'est pas une machine montée pour exécuter une tâche répétitive. Il est doué d'intelligence c'est à dire capable de s'adapter à la contingence politique actuelle. Les accusations publiques portées par certains parlementaires avilissent l'institution tout en la rendant indigne de poursuivre l'accomplissement de cette noble fonction qui lui a été décernée par la Constitution avec des représentants aussi vils que bas. Qualifier Bernard Gousse de Néo-Nazisme est à ;a fois une hardiesse, un excès de langage, une tentative d'intimidation, une campagne de dénigrement pour esquiver sa candidature et provoquer un chambardement national. Le Chef d'Etat peut renchérir en usant des prérogatives que lui accorde la Constitution de 1987 dans son article 136:



Article 136:
Le Président de la République, Chef de l'Etat, veille au respect et à l'exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.



Il y a belle lurette que le Chef de l'Exécutif tente de constituer son Gouvernement selon les voeux de l'Article 137 de la Constitution. Le Parlement refuse de jouer sa partition en tentant de lui mettre les bâtons dans les roues. A l'impossible, nul n'est tenu! Pour sauver la Barque Nationale en péril Michel Joseph Martelly peut user de son droit régalien en:


- dirigeant par décret,


- convoquant une Assemblée Nationale Constituante en vue de corriger les lacunes relatives au choix du PM.


- décrétant de nouvelles élections législatives au cours de l'automne.



Ils ne rêvent que de chambardements ! Il y a péril en la demeure. Les plaintes et les complaintes qui s'élèvent de partout sont en passe de se transformer en glas funèbre suite à une bataille rangée entre diverses factions politiques et plus précisément Duvaliéristes et Lavalas. Le Président Michel Martelly doit trancher car l'affrontement est proche.


Jean Erich René


erichrene@bell.net


Ottawa le 7 juillet 2011


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