samedi 6 août 2011

Le sens du vote du groupe des 16 sénateurs (Texte de Michel William)

Le sens du vote du groupe des 16 sénateurs


Le vote de rejet de Maitre Bernard Honorat Gousse par un groupe de sénateurs symbolisant la continuité de la politique massivement désapprouvée par le peuple lors des élections 2010-2011 continue de faire les frais de conversations de toute la population . Le choix du premier ministre désigné a été rejeté le mardi 2 aout 2011 par un vote de 18 contre, zéro pour zéro abstention en violation des articles 157 de la constitution , en violation des règlements internes de la chambre haute et en violation des décrets qu'ils ont eux-mêmes votés ou évoqués dans leurs considérants lorsqu'il s'agissait de ratifier le choix d'un premier ministre issu de leur parti, Jacques Edouard Alexis. Le groupe a pris un vote qui a invalidé le travail de la commission parlementaire qui a perdu deux semaines dans la vérification des pièces légales fournies par le premier ministre désigné . Tout au cours des discussions pour arriver á ce vote , acculé par les arguments de droit du sénateur Latortue, le leader du GPR n'égrenait qu'un seul chapelet » Les débats ne sont qu'une simple formalité parce que leur vote politique n'a rien á voir avec la validité ou nom des pièces requises du récipient d'air » En clair le GPR dit que s'il approuve ce premier choix, l'étape suivante est le décret que le président va prendre pour nommer le premier ministre ratifié. A ce moment, même si le premier ministre venait á recevoir un vote de non confiance sur sa déclaration de politique générale, ce premier ministre nommé par décret présidentiel restera en place pour liquider les affaires courantes en attendant que le président recommence avec la procédure. ( JEA/OPL). Le président, estime le GPR , pourrait passer toutes les cinq années du mandat avec un gouvernement provisoire pour éliminer les affaires courantes devenues permanentes.

La question jamais posée et qui a besoin d'une réponse est la suivante. Si en recommençant la procédure le parlement vient á ratifier le choix d'un autre premier ministre , qui dans la huitaine se présente avec un nouveau gouvernement au complet et reçoit un nouveau vote de non confiance, lequel des deux gouvernements et de ceux á venir aurait á liquider les affaires courantes ? Cet essai d'explication de la thèse de la publication d'un décret présidentiel nommant le premier ministre pour expédier les affaires courantes est une piège et laisse le problème en entier.

D'autres raisons avancées par le groupe des 16 pour renvoyer mr Gousse méritent d'être approfondies telle la gestion musclée de l'opération Bagdad assimilée á une invention GNBISTe. C'était quoi l'opération Bagdad ?

Voici en peu de mots pour ceux qui ont la mémoire courte une description sommaire de l'opération Bagdad que Mr Beauplan et compagnons dénoncent comme une invention des Gnbistes.

Depuis le mois de février 2004 á la suite de distributions massives d' armes de gros calibres dans les bases lavalas composées de femmes enfants et adultes pour contrer les hommes á Guy Phillipe ,chaque habitant de Port-au-Prince était assigné á résidence surveillée dans sa propre maison. « L'opération Bagdad ensanglantait et endeuillait les institutions haïtiennes en frappant dans toutes les catégories sociales et avait gagné tout Port-au-Prince. Même au temps des Duvalier les habitants ne vivaient pas cette peur dans leurs cœurs. Plusieurs endroits de la capitale étaient devenus des zones de non droit, où , en plein jour, aucun haïtien autre que les partisans armés n'avaient droit de circuler. De la plaine de la Croix des Missions pour aller en ville, la MINUSTHA campait á chaque carrefour et obligeait les automobilistes et les camionneurs á bifurquer depuis le carrefour du 15 octobre pour remonter Delmas 40 B et déboucher sur Bourdon pour éviter le courroux des bandits . .Les petites bourses étaient obligées de s'approvisionner á prix forts dans les super marchés, parce que le marché de la Croix des Bossales était infesté de bandits armés qui les dévalisaient ou les tuaient. Les camions de la province devraient attendre la levée du jour pour laisser les stations . Au bas de Lalue les bandits étaient présents jusqu'à l'angle Bourdon Post Marchand. Chaque jour il y avait un « kouri »qui embouteillait la circulation jusque dans les parages de l'église du Sacré-Cœur . Ils faisaient des incursions armées répétées dans la population et se retiraient dans les corridors. La route « Nef » Titanyen-Cite-Soleil était abandonnée parce que les bandits la contrôlaient le jour comme la nuit. Les bandits tuaient enfants ,élèves d'école, universitaires, professionnels, journalistes, hommes d'affaire, marchandes aux quatre coins de la capital. La police nationale d'Haïti était infiltrée de ces bandits , certains enrôlés officiellement , d'autres autorisés á porter l'uniforme pour empêcher au public de distinguer les vrais des faux policiers. L'opération Bagdad était une réalité criminelle et terroriste.

Autres préoccupations

Aristide et Préval auraient ils le droit au service de Calixte Delatour ou de Gousse et Martelly non?

Lors du deuxième mandat du President Aristide, Mr Calixte Delatour , ancien chef de cabinet General Cedras , tombeur du président , a été nommé ministre de la Justice . Aucune protestation des lavalasiens n' a été notée contre cette nomination par le ,président Arisrtide. Mr Gousse a été nommée après avoir servi le gouvernement de Latortue , conseiller du président Preval et avait côtoyé également chaque jour un ensemble de Lavalassien dont mr Moise Jean Charles. Il ne lui a été reproché rien par ces lavalassiens . Pourquoi aujourd'hui cette levée de bouclier des lavalassiens contre mr Gousse qui comparé á Calixte Delatour serait un saint ?Tout ceci est pour reprendre la thèse que la raison du rejet de Mr Gousse pour une gestion musclée des lavalassiens va au delà du clivage Lavalas/Gnbiste. Il faut rechercher ailleurs les raisons de cette opposition farouche du groupe des 16 de L'INITE dans la perte des privilèges données par le prévalisme , dans la possibilité de perdre d'autres avantages économiques liées á la signature des contrats de la CIRH ,dans la recherche de garantie que leurs partisans ne seront pas persécutés et dans la peur qu'un premier ministre Gousse ne mette fin á tout ceci.

Le président Martelly a aussi ses griefs. Il aurait en mémoire la mort de Mireille Durocher Bertin, la mort des hauts cadres du MDN, celle des militaires et des policiers assassinés sous le régime de Lavalas INITE. Le président Martelly veut retrouver les bénéficiaires des 400 millions du fond petro-Caribe, lutter contre la dilapidation des fonds des collectivités territoriales, contre la main mise sur les commissions juteuses promues par les compagnies de la CIRH .Le président Martelly est contre le système des élections sélections organisées par Lavalas qui réduit au maximum la participation populaire pour mieux manœuvrer les résultats. Pourquoi ne pas passer l'éponge autant sur le fameux rapport de la commission de vérité du président Aristide qui parle de 4000 personnes tuées par les militaires que sur le Livre noir de l'insécurité du général Prosper Avril qui relate autant de tués et de disparus sous le régime des Lavalas

Refusant de faire la part des choses et á défaut d'avoir une manifestation politique visible dans le gouvernement de Martelly, le groupe GPR cherche le retour au statu quo ante, pour constituer ou une force de blocage de l'action politique de Martelly, ou pour obtenir une cohabitation visible qui dément les promesses de la campagne électorale du président Hier Rouzier, aujourd'hui Gousse ,demain un troisième, un quatrième, un cinquième même, martèle le sénateur Lambert á la radio, seront rejetés jusqu'à ce que le président comprenne que la cohabitation est la seule option qui lui est laissée.

Au centre de tant de revendications de part et d'autres non exprimées clairement ,les débats étaient ils vraiment une simple question de formalités ?Non. Pour le groupe minoritaire , les débats avaient toutes leurs importances parce qu'il fallait une tribune pour dénoncer publiquement l'indécence politique du groupe majoritaire .Ils étaient une opportunité pour la minorité de vendre son respect de l'éthique, son respect des principes et l'occasion de se positionner devant le peuple pour les prochaines élections sénatoriales . Ils ont mis en pratique la leçon payante du député Steven Benoit élu sénateur au premier tour grâce á ses interventions politiques en faveur du peuple dans la quarante huitième.

Ces mêmes débats ont été nécessaires au groupe majoritaire pour montrer leur force de frappe et obliger le président á entamer des négociations suicidaires pour son pouvoir. A son actif, il a l'international qui. pour gérer le gâchis électoral laissé par les Nations Unies, est en faveur du partage du pouvoir sans donner la perception d'une capitulation de Martelly.

Il ressort de ce qui précède que les lavalassiens sont autant á reprocher que les Duvalieristes et GNbistes réunis. Si des deux cotés on cherche á réveiller les vieux démons ,et á tirer la corde en sa faveur, la solution ne sera pas pour demain. Il faut aller sans masque á la table des négociations mais pas á une table qui va départager les lavalassiens et les GNbistes pro duvaliéristes. Les négociations vont être extrêmement difficiles et il faut l'apport des forces politiques , celui de la société civile,celui de l'eglise, encadrées par la communauté internationale pour déboucher sur un compromis qui n'est amer pour aucun des deux camps. C'est comme un retour aux fameuses négociations des accords de Governor Island, qui vont se faire cette fois-ci au Caribe convention Center. Ce compromis ne doit pas être trouvé seulement dans le partage des postes ministériels et dans la quête d'un premier ministre rassembleur. Les négociations doivent s'étendre aux causes profondes des divisions qui ont paralysé et polarisé les deux camps. Elles porteront sur :

La promulgation d'une autre constitution qui apporterait entr'autres trois innovations

-la suppression de la primature

-la création du conseil constitutionnel

-la réorganisation du pouvoir judiciaire

Le maintien de Bellerive pendant deux mois encore pour expédier les affaires courantes

La nomination d'une nouvelle unité de gestion UCG mieux organisée qui exécuterait le programme du gouvernement envoyé par le ministère de la planification

La nomination dans chaque ministère d'un administrateur de la présidence pour signer avec les ministres démissionnaires les dépenses sur le trésor public

La nomination d'un conseil électoral permanent composé de mikistes de lavalassien et d'autres forces de partis politiques , pour organiser les nouvelles élections

L'organisation des forces armées environnementales et de la Police nationale d'Haïti jusqu'aux sections communales

La nomination après la promulgation de la constitution par le président de son cabinet ministériel

Le retour du parlement au contrôle des dépenses de l'état et au vote des lois á partir d'une entente sur le programme de développement des circonscriptions.

michelwilliam1000@hotmail.com

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