vendredi 2 septembre 2011

Solution politique oui, solution constitutionnelle non (Texte de Michel William)


Solution politique oui, solution constitutionnelle non

En général les solutions apportées par les nations Unies dans un pays en difficulté sont des solutions politiques où le vainqueur et le bénéficiaire restent encore les Nations Unies. C'est rare qu'elles réunissent les belligérants nationaux pour en trouver un terrain commun. Dans les cas les moins complexes si une solution á très court terme est trouvée, elle est de loin la meilleure. Elle faillira sur le long terme, parce que c'est toujours sa propre survie que lONU négocie. Lorsqu'il n'y a pas de guerre déclarée dans un pays mais simplement des situations politiques difficiles de gouvernabilité, les Nations Unies et l'OEA confondues traitent toujours avec l'exécutif en cherchant des solutions politiques non constitutionnelles qui sont favorables á celui-ci. Elles y arrivent en jouant sur son pouvoir politique mondial de venir en aide á tout pays membre qui en a besoin.

C'était le cas des accords de Governor's Island qui avaient débouché sur le retour du président Jean Bertrand Aristide avec un parlement contesté par le peuple .C'était aussi le cas, après les élections de 2000 qui propulsèrent frauduleusement le président Aristide une troisième fois au timon des affaires du pays. L'OEA , en ce moment ,fit trente deux visites qui n'apportèrent aucune solution á la crise post électorale mais qui ajournèrent indéfiniment les propositions de sortie de crise de l'opposition pour permettre au chef de l'exécutif de gagner du temps et de terminer un mandat impossible á sauver. La crise des élections de 2001 a duré trop longtemps . L'OEA se décida á abandonner le mal élu de 2001, lorsqu'elle a réalisé que la population haïtienne dans sa majorité avait ras le bol de l'insécurité et que le mouvement prenait la forme d'une insurrection généralisée qu'elle ne pouvait plus contrôler. Elle a utilisé la révolte des militaires démobilisées pour évacuer le locataire du palais national devenu encombrant.

Etant donné que la réélection de Mr Aristide faisait partie du deal du retour de 1994 et que l'international sous estimant la témérité du prêtre président y avait souscrit, il fallait s'attendre á une crise au cours de ce deuxième mandat. Elle déboucha sur le coup d'état du 29 février 2004.Immédiatement les Nations Unies ont sorti de leur tiroir la carte Gérard Latortue qui avait la mission secrète de rétablir le lavalas sans Aristide. Elles ont réussi á faire avaler la pilule Latortue et ont apostrophé la lutte du peuple haïtien. Elles ont manœuvré pour avoir des élections présidentielles et législatives apparemment démocratiques , avec une participation populaire qui confirme la popularité constante d'Aristide répercutée sur le candidat Préval .Celui-ci au premier tour obtint 48, 41 pour cent des votes. Alors que l'opposition réclamait l'organisation d'un deuxième tour pour récupérer les 51,59 % de participation émiettée avec une kyrielle de leaders politiques ambitieux et sans stratégie de bataille, l'expérience politique des partisans du président Préval l'emporta. Fort de la cohérence de la tranche de la population favorable á Mr Aristide, les stratèges de la Campagne de Mr Préval organisèrent pendant trois jours le blocage chaotique du pays et créèrent un climat de terreur qui força la MINUSTAH á lui concéder la victoire pour se sauver la face. La MINUSTAH a réussi son pari provisoire de stabilisation de la vie politique en permettant que le président provisoire Son Excellence Boniface Alexandre passe l'écharpe autour du cou de son successeur avec des législatives qui enlevèrent la presque totalité des sièges aux lavalassiens. Bien que les Nations Unies avec un des leurs á la Primature pouvaient s'accommoder des résultats de ces élections , il n'en fut pas de même pour l'équipe de Préval incapable de cohabiter avec une opposition parlementaire. Il encaissa momentanément le coup et eut son premier ministre ratifié á la suite d'un jeu de dupe dont seul le président Préval a le secret. Il induit á coup de corruption les » parlementeurs » qui formèrent le CPP , bloc politique pro-présidentiel. Les membres de ce nouveau bloc tout en feignant de garder la soudure aux partis politiques mères vont éclater la bulle de l'opposition en formant la nébuleuse INITE pour les présidentielles et législatives de 2010. Les Nations Unies sont prises aux pièges. Contraint dans les habitudes de l'ONU de jouer avec les exécutifs, le chef de la MINUSTAH , Mr Edmond Mullet va accepter de comploter avec Mr Préval pour donner la mascarade du 28 novembre 2010. Les Nations Unies sont mises á découvert. Il fallait acculer la mission de stabilisation de la mission onusienne á réagir pour se sauver une nouvelle fois la face. Le camp Martelly donna l'assaut en reprenant á sa façon le blocage politique de 2006 remanié explosivement et força á son tour la main de La MINUSTAH qui, face a un Préval accusé de partout, trancha au profit de Martelly. C'était un mauvais deal qui allait se retourner plus tard contre les Nations Unies. Le choc en retour commença après l'installation de Martelly au pouvoir. Le Parlement á majorité GPR, ayant perdu le support officiel et corrompu de la présidence de Préval, s'érige en une opposition farouche . Il bloqua pendant deux mois le nouveau pouvoir en rejetant successivement et dans chaque chambre le choix constitutionnel du premier Ministre du président de la république pendant qu'il fait monter les enchères pour la constitution du nouveau gouvernement. Un amendement frauduleux de la constitution, rejeté in extremis , ne put servir de bouclier infrastructurel politique pour protéger le parlement dans une tentative désespérée de coincer le pouvoir présidentiel. .Le président Martelly qui s'est entouré de conseillers politiques tirés de la crème des compétences haïtiennes en matière de droit et de calculs politiques fit montre d'un calme imperturbable digne de sa chanson« ki mele bouda'm « Une nouvelle attente d'un mois du président ayant pour objet de mettre la mission de stabilisation de la vie politique en face de ses responsabilités dans la crise et de stigmatiser le GPR comme le groupe politique á l'origine de ce blocage du pouvoir fit tourner le vent en faveur du Président .L'international a bougé . Celui-ci aurait signifié au GPR que la comédie avait trop duré et que les multinationales ne pouvaient se payer plus longtemps la perte de patience et d'argent en Haïti. Nos comédiens parle-menteurs ont décodé le message .Soudain ils ont retrouvé les envolées patriotiques et fraternelles perdues depuis 1994 dans leurs discours de tombeurs de premiers ministres.

Les Nations Unies ont déblayé la route politique des scories partisanes. Comme pour donner a l'exécutif le sentiment d'avoir gagné, elles sont allées tirer dans leurs réserves d'expertises politiques et nationales, un élément fier de ses racines duvaleriennes que quarante cinq ans de formation et de transcendance ont transformé en un serviteur dépourvu de passions et pétri d'élans bi-partisans. C'est fait les nations Unies ont soumis le nom de Gary Conille qui a semble faire l'unanimité au niveau des deux branches du pouvoir. Elles ont réussi á réorienter la vie politique á deux pas du chaos. Elles ont permis au président de la république de sauver la durée de son pouvoir et aussi de jeter les bases d'une dechimerisation ordonnée en plaçant á ses cotés un homme qui ne se laissera influencé que par l'ONU. Le parlement GPR a gagné une victoire á la Pyrus. Elle a la certitude que ses partisans ne seront pas pourchassés pour les crimes d'impunité et que les concessions de faveur obtenues antérieurement de la CIRH pourraient ne pas être remises en cause drastiquement. Elle a concédé sans le vouloir son droit de révoquer le premier ministre á la suite d'un arrangement politique. Dans les arrangements politiques la constitution ne joue pas.

Les Nations Unies pour sauver aux yeux du monde sa mission de stabilisation de la vie politique d'Haïti menacée par le GPR sont obligées de prendre la tête de la Primature pendant tous les cinq ans de Martelly pour éviter les soubresauts et les revirements dont sont capables les hommes de l'INITE pour récupérer le pouvoir. Ce qui inaugure un exécutif et un parlement équilibré en dehors de la constitution pour les cinq ans á venir..

Elles ont en 2011 ridiculisé la classe politique en rééditant le coup de Gérard Latortue qu'on croyait révolu. Elles l'ont fait avec moins d'élégance qu'en 1994 et avec beaucoup plus de finesse qu'en 2004 . En 1994 les Nations Unies laissaient l'impression d'une trouvaille commune de la solution aux trois parties Parlement/armée et Exécutif réunies á Governor Island. De fait il n'y a pas eu de solution haïtienne .Il y a eu une occupation déguisée par des forces estrangères et une gestion financière de l'administration publique haïtienne imposée á Aristide en échange du retour et du démantèlement de l'armée précédé du départ ordonné des auteurs du coup d'état. On a eu la création de l'unité centrale de Gestion sous la férule d'un Paul Latortue dont le pays n'a pas fini de relever des « aftermath »

En 2004 il n'y avait pas d'opposition á un choix de Boniface, il y avait le deal avec le conseil d'état qui fut renvoyé quelques mois après. Gerard Latortue organisa en 2006 des élections démocratiquement orientées qui aboutissent au retour du président Préval qui n'était pas pour le sauvetage du pays. C'était un deal politique facilité par les Nations Unies qui en gardaient l'avantage.

En 2011, le coup de Gary Conille a respecté encore le pouvoir exécutif. L'administration de Gary Conille va éventuellement créer une UCG nouvelle version qui aura pour tache de gérer les 30% des fonds de la CIRH qui incluent les 70% d'apport budgétaire devant être dépensés en Haïti. Probablement elle veillera au renforcement des institutions nationales avec la volonté manifeste des conseillers privés de Martelly de rétablir l'ordre républicain. Il n'y a pas de doute qu'elle réussira la zone économique verte de Port-au-Prince . Les nations Unies ont passe en dérision les politiciens haïtiens. Elles ont trouvé un deal politique qui n'a rien á voir avec la constitution. Toute tentative de rechercher dans ce deal un respect des prescrits constitutionnels est simplement une exercice intellectuelle de nos érudits et une tentative désespérée de retarder la solution de sortie de crise.

Cependant il nous faudra veiller continuellement, surtout avec le lancement récent de la bombe de la faim de la CNSA qui annonce en état d'insécurité alimentaire, la moitié de la population haïtienne ou 4.500.000 habitants. Cette déclaration chronométrée annonce le maintien renforcé de la prise en charge précoce de l'agriculture par la FAO, l'UE, l'USAID, L'IICA á travers les ONG internationales qui sont justement responsable de l'état d'insécurité croissante dans le pays pendant les vingt années du pouvoir Lavalas . De cinq cent mille en passant par un million, puis trois millions pour atteindre quatre millions cinq cent mille en 2011, cette augmentation fulgurante de l'insécurité alimentaire dans la population traduit les mauvaises consultations données au MARNDR et á la communauté internationale par des économistes haïtiens et étrangers dans leur planification. Elle est le résultat du snobisme des ministres de l'agriculture haïtienne qui méprisent ses propres agroéconomistes, mille fois plus compétents, pour se faire hisser au sommet de la démagogie dans des interviews qui manipulent l'insécurité alimentaire comme un fond annuel de commerce . C'est l'exploitation économique de la pauvreté.

michelwilliam1000@hotmail.com

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