samedi 8 octobre 2011

La goutte d’eau de trop dans le bol commun du journalisme et de la présidence haïtienne


La goutte d'eau de trop dans le bol commun du journalisme et de la présidence haïtienne


Depuis le 3 avril 2011 la une de toute la presse parlée et écrite haïtienne est dominée par la relation tendue entre la presse et le président haïtien Michel Joseph Martelly. Cette tension est née d'une réponse instantanée et classique, routinière chez tous les haïtiens piqués á vif par toute question pour le moins déplaçante mais trop véridique. La vérité offense toujours. Il s'agit du « kon langyet manman'w » infligé par le président á la question irritante du journaliste Gemain Etienne á savoir »Pouki sa ou reponn jounalis etranje a , ou pa reponn mwen , kom jounalis ayisyen » Voilà la goutte d'eau journalistique qui a fait renversé le bol du président déjà rempli par les eaux sales que le journalisme tant de l'intérieur que de l'extérieur s'amuse á puiser dans le passé culturel glorieux de l'artiste et dans la mare nauséabonde des reproches cumulées adressées au chefs d'etat antérieurs, notamment les présidents Aristide Préval. Ce n'est pas l'expression « kon langyet manman » en elle même qui est provocatrice mais plutôt le ton et les circonstances dans lesquelles cette expression populacière a été utilisée. Entre ami, elle peut tout simplement signifier »merd mon cher ou pap di anyen la » ou, « se van kap mennen'w mon cher « Entre deux personnes qui s'affrontent, elle traduit un énervement maximum, consécutif á une évolution d'échanges antérieurement tendues sur un sujet brulant. Entre le journaliste et le président cette expression créole traduit l'animosité et l'hostilité latente mais explosive qui couvait entre la presse représentée par le journaliste acteur et la présidence, représentée en l'occurrence par Mr Michel Joseph Martelly. C'est le ton qui fait la chanson.


Le journalisme haïtien croit que la présidence haïtienne nourrit un préjugé malsain et injuste contre lui en faisant les déclarations d'état lorsqu'elle est toujours en déplacement á l'étranger ou dans la priorité donnée aux journalistes étrangers sur leurs collègues haïtiens lors des points officiels de presse . Les journalistes haïtiens s'estiment lésés .Cette déception semble être plus décevante encore chez les jeunes journalistes qui ne peuvent endurer in vivo le supplice de cette préférence, lorsque les questions concernent surtout un sujet brulant d'actualité nationale. Ce sentiment est exprimé chaque jour dans la presse haïtienne et la population a fait sienne cette remarque plus qu'objective.


Le nouveau président qui surprend toujours dans ses manières personnelles de gérer la tradition protocolaire de l'institution de la présidence d'une part, et qui vit depuis sa campagne électorale l'enfer des obscénités á lui reprochées par la presse traditionnelle et online, a naturellement éclaté en colère en donnant au reporter la réponse cinglante humainement comprise, de l'autre. Pour grand que soient les rois, ils sont ce que nous sommes .La confrérie des journalistes haïtiens qui épie le moindre faux pas du président de la république pour l'administrer une raclée médiatique a piteusement sauté sur l'occasion et a envenimé d'avantage la situation déjà rendue intenable avec les difficultés croissantes de l'exécutif de démarrer le train de son programme gouvernemental. Il a fallu attendre seulement l'émission de Daly Valet du sept octobre 2011, (Vision 2000 á l'écoute) pour constater un premier effort d'éteindre un brasier mal allumé qui ne peut faire que du tort au pays.


L'analyste de vieux routier de soixante neuf ans que je suis , mesurant les causes et les conséquences de l'affrontement entre deux pouvoirs , l'un formel doué du droit de clémence, l'autre informel ,intrépide ,redoutable et foudroyant pour le formel ,ne peut faire le parti de l'un ou de l'autre. Martelly n'a pas réagi á une question classique du journaliste Germain Etienne. Il a réagi á une question qui est hors du contexte de la rencontre et qui reflète l'état d'âme de la presse locale. Il a réagi comme dans la vie du commun des mortels.


Ailleurs, me mettre dans la peau de la corporation des journalistes haïtiens pour exiger du président de la république des excuses á une question hors sujet d'un journaliste est osé et précipité. En aucun cas le journaliste n'avait le droit de poser au président de la république cette question á ce moment précis du point de presse. La question du journaliste au président haïtien est comparable au lancement par le journaliste irakien de sa paire de chaussure au visage du président Georges W Bush. L'acte a été nationalement approuvé par les irakiens, mais désapprouvé par la présidence irakienne. Quelle a été la réaction de la sécurité rapprochée de la présidence irakienne et américaine ? Elle a été de maitriser rapidement la présence du journaliste. Quelle devrait être la réaction de l'AJH et de l'ANMH ? Elle devrait être celle de rappeler á l'ordre le comportement étrange du journaliste qui n'est pas la porte parole de la corporation pour exprimer officiellement les revendications de la presse. Le journaliste avait tort. La corporation en exigeant des excuses a approuvé le comportement inacceptable du journaliste et a mis le feu au poudre. Alpha Blondo est cité á tort par la star Liliane Pierre Paul et la défense de la liberté de la parole a été galvaudée par la presse. Si l'AJH attend une excuse présidentielle elle devrait être postérieure á sa propre excuse en demandant au président de la république de bien vouloir oublier cet écart de langage du journaliste car il n'était pas habilité á exprimer un point de vue réel de la corporation. C'est á ce moment que le président de la république serait en droit de demander aux journalistes d'ignorer sa sortie insolite et de renouveler sa foi dans une relation bipartisane entre la presse et la présidence au grand bénéfice des haïtiens dont ils défendent tous les deux..


michelwilliam1000@hotmail.com


Article dédié en tout respect au Président de la république et en toute amitié á Liliane Pierre Paul, á Daly Valet, á Germain Etienne, á Jacques Desrosiers que j'ai nommément cités dans mon analyse

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