vendredi 2 décembre 2011

Remarques de Cyrus Sibert sur l'Édito de Daly Valet. --- Herold J. François répond a Edito "Job" de Daly Valet

Je félicite Daly Valet pour son éditorial "JOB". Je pense qu'il faut en Haiti un travail permanent sur la création d'emploi. J'aurais proposé un Ministère de l'emploi. Car, Haiti est l'un des rares pays où on fait peu de cas des statistiques économiques.

Il faut éduquer le peuple sur la variation des indices et leur influence sur son niveau de vie. C'est aussi un moyen de combattre les Actes de violence contre les infrastructures économiques.

Durant les émeutes de la faim, les émeutiers avaient ménagé Digicel parce que d'après eux, elle est une compagnie utile à leur niveau de vie.

Sur le secteur privé haïtien, ma thèse est la suivante: Il faut le mettre dans une situation de compétition internationale. Les progressistes de ce secteur sauront s'adapter comme Comcel/Voila, Haitel ou disparaître. Le peuple haïtien ne peut plus continuer à faire les frais de l'incapacité de ce secteur à développer le Marché intérieur.

En situation de compétition, les plus intelligents adopteront des stratégies de survie consistant à se regrouper, à se moderniser, à se réfugier dans d'autres secteurs et les néoféodaux disparaîtront, ce qui sera une bonne chose pour le pays. On ne peut plus accepter cette réalité d'un secteur privé vivant de rentes, de monopoles au détriment de la population. Un secteur privé de façade, dont les membres rentrent en compétition avec les professionnels de la classe moyenne pour obtenir des postes au niveau de l'Etat.
On parle souvent de protection du secteur privé national. En 5 ans, la Compagnie Digicel a prouvé plus d'attachement à la nation haitienne que les quelques familles qui dominent le pays depuis plusieurs décennies. En plus d'investir dans le social (Marché, école, bourses d'étude, football...), elle a eu l'indépendance nécessaire face au pouvoir politique pour bloquer le Président Préval qui voulait l'augmentation des tarifs sur les appels. Aujourd'hui, elle propose de réinvestir ses bénéfices dans d'autres secteurs comme le tourisme, de diversifier ses investissements. C'est l'attitude positive qu'Haiti a besoin. Imaginez l'impact si DIGICEL décide d'investir dans l'agro-industrie!

Je fais peu de cas du secteur privé national, car je sais que les éléments progressistes de ce secteur s'adapteront. Quand au néoféodaux, qu'ils disparaissent! L'Asie a connu l'effondrement des "Tigres", aujourd'hui son économie est en bonne position.

L'arrivée de Michel Martelly au pouvoir marque la victoire politique de cette tendance qui souhaite l'ouverture de l'économie nationale. Les monopolistes néoféodaux avaient résisté en éjectant Madame Duvivier Pierre-Louis qui cherchait, sous le leadership de Clinton et de Soros, à ouvrir l'économie nationale. L'implication de la communauté pour la défense du vote populaire en faveur de Michel Martelly s'inscrivait dans cette logique d'ouverture de l'économie nationale. Les garanties de René Préval, qui présentait son projet de monopole politique comme incontournable, n'ont pas eu les résultats escomptés. Car, il était clair pour tout le monde, Clinton, bailleurs de fonds, diplomates et analystes, que la résistance au changement en Haiti prenait la forme d'alliance entre défenseurs du statu quo, monopolistes et pouvoir politique. Le tout appuyé sur des gangs qui terrorisent et alimentent l'insécurité dans le but de maintenir Haiti dans l'isolement et de garantir la colonisation interne qui n'a rien a voir avec un système capitaliste classique post guerre froide.

En conclusion, l'acharnement contre le Président Michel Martelly avant les traditionnels 100 jours de grâce s'inscrivant dans cette même logique de résistance et de blocage, le régime en place n'a d'autre choix que d'accélérer les réformes et d'encourager les investissements afin de mettre les néoféodaux monopolistes devant un fait accompli. Aucune palabre idéologique ne peut changer la réalité néoféodale d'Haiti. Seule l'ouverture de l'économie aux investisseurs étrangers financièrement forts et techniquement modernes peut provoquer une mutation socio-économique afin d'assurer un meilleur futur pour Haiti.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haiti
Envoyé par mon BlackBerry
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)


Bonjour Daly,

je lis ton éditorial d'une chambre de Hard Rock Hotel à Punta Cana, le même hôtel de 1700 chambres, véritable monstre, le plus gros de la République Dominicaine, qui a reçu en juin 2010 le deuxième forum sur la reconstruction d'Haïti. Cet hôtel précédemment appelé Moon Palace a été l'investissement d'une famille mexicaine multimilliardaire. Et en regardant cette extravagance, je disais à ma femme que les choses resteront infiniment petites en Haïti si nous restons dans la petite vision familiale de l'entreprise. Contrairement à l'idéologie de 86 encore dominante,il faut ouvrir le pays et vendre en gros comme au détail au capital étranger, en créant les conditions favorables à la mobilisation de ce capital.Il s'agit pour cela de mettre les balises légales de protection. Les blancs(les Britanniques) ne sont pas partis avec les constructions et les infrastructures de Hong Kong et à la fin du bail des Américains,le Canal de Panama est encore à la même place! Le capital haïtien est anémié et comme tu l'as dit, le secteur privé haïtien n'a pas su susciter, par manque de vision et d'ouverture d'esprit, ce partenariat indispensable. Je suis d'accord avec toi qu'il ne faut exclure personne et qu'il ne doit pas y avoir de discrimination d'opportunités. Mais l'ouverture du pays doit être le maître mot pour créer cette ambiance de plein emploi et ces jobs a la pelle. A Punta Cana et dans les environs il y a plus d'une centaine d'hôtels aujourd'hui. Toutes les plages de nos côtes appartiennent depuis très longtemps aux riches noms d'Haïti qui ne les ont pas exploitées. Qu'est-ce qu'ils attendent pour fomenter ce partenariat pour les transformer en de rutilants et agréables resorts pour que les touristes du mondent entier viennent y prendre leur pied! Voilà la réalité haïtienne. Il nous manque cette classe d'entrepreneurs au goût du risque avec une audace sans pareil. Il nous faut également dans l'Etat, ce leadership qui puisse garantir les investissements. Le Hard Rock Hôtel d'où nous conversons est un investissement plus que milliardaire. Qui va venir investir tant d'argent sur nos terres sans la garantie d'un Etat fort et responsable qui donne la ferme assurance que de telles installations sont à l'abri du déchoucage au premier éternuement du vent de mécontentement? A réfléchir et à méditer, mon ami.
Kenbe la.

Hérold Jean Francois.

Envoyé par mon BlackBerry de Digicel

----------------------------------------------- La vérité est pour nous la démocratie organisée en société civile et en gouvernement politique. Tout le reste est fiction, sophisme, mensonge, tyrannie. La fiction n'a qu'une apparence, le sophisme n'a qu'une face, le mensonge n'a qu'un temps, la tyrannie n'a qu'une arme, qu'on lui brise tôt ou tard dans la main. Les gouvernements vraiment solides ne peuvent porter que sur une vérité complète. Le gouvernement démocratique sera le gouvernement éternel de l'avenir vers lequel nous marchons; telle est notre foi. Lamartine.--------------------------------------------------------------

--- On Fri, 12/2/11, daly valet <dalyv@yahoo.com> wrote:

Job !

Par Daly Valet

Le Matin : du 2 au 8 déc. 2011

Flashes. Sirènes. Défilés. Tapis rouges. Port-au-Prince remue d'événements. Dans les hauteurs boisées de Juvénat, l'hôtel Karibe devient le point d'orgue qui signale, pour les faiseurs de rois de ce pays, les rois et leurs cours, le besoin constant de s'arrêter, un instant, pour mieux se parler. Pour montrer au monde qu'ils pensent et travaillent à l'émergence de l'autre Haïti. Bravo. Mais, hic. C'est aussi, hélas, le lieu des grandes divagations chimériques sur une Haïti qui n'existe que dans les fantasmes de beaucoup d'Haïtiens et d'étrangers exhibitionnistes. Car les idées qui y sont débattues, dans le faste et le cérémonial, y restent souvent perchées sans atterrir sur les sentiers dépouillés de l'Haïti vraie et profonde.

Dans le Nord, Caracol s'émeut. La République avec. Dans l'expectative, bien sûr. Nos espérances déçues ont fini par faire de nous des Saint-Thomas. Nous jugerons sur pièce. Les « blancs » débarquent. Leurs portefeuilles aussi. De l'investissement à grande échelle dans leurs valises. Les emplois suivront. Clic. Et Clac. Le photojournalisme a de quoi se mettre sous la dent. Après la grande déprime des derniers mois, enfin du sens. Ce sens qui avait semblé nous fausser compagnie. Le Grand Nord ? Bientôt nouvel eldorado de l'emploi de masse. De l'air frais. Jet-set internationale du big business en Christophe Colomb sur nos terres. Ils explorent. Ils flairent. Ils promettent. Ils déboursent. De la belle opportunité pour notre pays que tout cela. Par-delà les enthousiasmes bien fondés, notre histoire nous invite à de la prudence. Les natifs haïtiens de l'entrepreneuriat ne sont pas à être piétinés, marginalisés jusqu'à l'extinction. Tant bien que mal, le secteur haïtien des affaires a pu ramer, à contre-courant, pour tenir, créer et sauvegarder de l'emploi.

Aucune refondation et rédemption économique d'Haïti ne sera durable si elle n'entraîne les entrepreneurs haïtiens, d'ici et de la diaspora, dans son sillage. Dans l'idéal, l'État haïtien devrait faciliter l'apport de capitaux haïtiens dans certains grands projets d'investissement d'inspiration étrangère. Les « joint-venture » ou la coentreprise sont à encourager. Après tout, ce sont nos frères et sœurs haïtiens qui resteront quand l'étranger aura plié bagages. Et dire que l'étranger plie souvent bagages aux premiers signes de turbulences et d'insatisfaction en termes de retour sur investissement. Il faut une appropriation haïtienne de la relance économique et de la reconstruction. Sur le long terme, la garantie du succès dépend largement de la contribution collégiale des secteurs public et privé haïtiens, et aussi de l'international. Nous assistons, malheureusement, à une forme d'ostracisme, couplé d'un paternalisme triomphant, qui met sur la touche des pans entiers de la société haïtienne dans la définition des grands plans stratégiques de l'heure et dans l'attribution des contrats pour les grands travaux. La reconstruction n'a jusque-là profité qu'aux entreprises américaines et dominicaines. À noter que les pouvoirs publics haïtiens ont tendance à faire de la politique avec l'économie plutôt que de faire l'économie de la politique dans l'économie. D'où les distorsions et déséquilibres.

Il faut reconnaître que les entreprises familiales haïtiennes n'ont pas assez fait pour s'ouvrir à la modernité. L'auto-exclusion des grands processus peut aussi constituer une forme de survie. La transparence fiscale demeure le talon d'Achille de ces entités. Or, toute association avec l'étranger ou toute ouverture à des capitaux autres que familiaux requiert l'abandon des pratiques surannées et entêtées de l'évasion fiscale. Et du double cahier comptable. Refonder Haïti et redynamiser son économie supposent qu'on tranche ouvertement sur les questions qui fâchent. Si Haïti continue de pointer en queue de classement dans l'Indice de perception de la corruption de Transparency International, c'est dire que, chez nous, la corruption est un fait culturel et un phénomène sociétal. La corruption du public s'alimente de la corruption du privé. Et vice-versa. Des jobs peuvent bien se ramasser à la pelle dans l'Haïti rose. Mais tant que la corruption à grande échelle persiste, le développement ne sera jamais au rendez-vous de la croissance économique.

Rien de tout cela ne nous fera, malgré tout, oublier la grande priorité de l'heure : l'emploi. Les Haïtiens sont un peuple de rudes travailleurs. Ils espèrent tous gagner leur pain quotidien à la sueur de leur front. Leurs bras sont à mettre massivement au travail. Dans les meilleurs délais. Le volontarisme du président Martelly est, sur ce volet, plus que réconfortant. Reste à passer des promesses aux actes. Du verbe à la chair. Et à sa conjugaison concrète, dans les faits, au présent et au futur. Après avoir accumulé forums sur forums, additionné colloques après colloques, il s'agit, à présent, de multiplier jobs par jobs. Plus de canulars.

D.V.

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