samedi 7 janvier 2012

Décadence des analyses politiques sur les médias de Port-au-Prince : Confusion entre faits, opinions et allégations. (Texte de Cyrus Sibert)

Ce week-end, j'étais de passage dans la capitale haitienne. Dans l'après midi du vendredi, j'étais curieux de suivre une émission d'analyse produite par un grand leader d'opinion. On m'a rapporté que la veille, Il avait embarrassé le Sénateur Moise Jean-Charles avec deux petites questions: Quel est le 3e nom (middle name) de Laurent Lamothe que vous affirmez avoir une copie de son passeport? Vous affirmez avoir reçu des menaces; donnez nous au moins un numéro?
On m'a rapporté que le Sénateur-menteur, dans sa langue de Cabrit, ne pouvait pas y répondre.

Je fus très excité. D'ailleurs, venant de la province, je m'attendais à un niveau élevé d'analyse sur les médias dans une capitale qui se veut civilisatrice, point de concentration d'environ 70% des ressources humaines et financières du pays.

Branché à partir d'un récepteur, grande était ma surprise de voir avec quelle légèreté l'animateur analysait les accusations du Sénateur Jean-Charles sur la nationalité du chef de l'Etat et d'autres membres du gouvernement. Le pire, il était accompagné d'un juriste qui répétait comme un perroquet: "la loi dit".

Dans la petite école privée de droit de Cap-Haitien, où j'ai fait mes études, on nous apprenait que le raisonnement juridique pour l'application de la loi se fait par le syllogisme: La majeur, la mineure et la conclusion. Cela fait longtemps que je n'ai pas relu mes manuels de logique juridique, mais ces notions restent dans ma memoire comme un guide et me permet d'évaluer un MAITRE.

La majeure, c'est un texte de loi. La mineure, un cas d'espèce. La conclusion, c'est la déduction qui prouve l'application de la loi au cas d'espèce.

Dans le sujet en question, la majeure est le texte constitutionnel sur la nationalité. La mineure, c'est l'analyse des faits (la situation du chef de l'Etat). La conclusion c'est la déduction logique qui prouve l'application du texte constitutionnel contre le Président.

Logiquement, un analyste, encore moins un juriste, ne saurait s'aventurer dans un débat sans analyser la mineure. Quelles sont les preuves du Sénateur Moise Jean-Charles?

Par ignorance, ou par méchanceté, l'animateur est allé jusqu'à ignorer l'intervention d'un auditeur qui avançait un point de droit fort en matière pénale: "La preuve incombe au demandeur."

Quant à son invité dit avocat de son état, il a tout chambardé avec un "SI": "Si vraiment, le chef de l'Etat a la double nationalité, en plus de sa destitution, il doit être jugé". Enfin, toute l'émission s'est déroulée avec cette logique difficile à qualifier 'SI', ignorant l'élément de base: "la dénonciation est-elle?". Et mon animateur vedette s'est contenté de répéter: "La loi est dure, mais c'est la loi", "Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est le MAITRE", Patati, patata!, "Le Sénateur a l'immunité, on ne pourra pas l'arrêter", "Mais SI ce qu'il dit est vrai, Martelly est méchant, c'est un bluffeur qui risque de nous entraîner dans une crise", Bla bla bla!!!

Le MAITRE et l'ABLEUR n'ont pas analysé la crédibilité de la source Moise Jean-Charles qui depuis juin 2011, ne cesse d'accuser le Chef de l'Etat sans fondement. Un homme aigri, qui croit pouvoir ramener Martelly en faisant des déclarations mensongères dans la presse. En moins d'un an, il a déjà accusé le Chef de l'Etat plus que 13 fois. Treize accusations sans preuve, relayées par des médias à grande écoute de la capitale d'Haiti.

Des accusations qui démontrent clairement l'intention du Sénateur d'aller en dehors du jeu démocratique, mais plutôt d'utiliser l'immunité parlementaire pour déstabiliser le pouvoir. Ses déclarations dans la presse affirmant que le Chef de l'Etat comptait désarmer des Unités spécialisées de la police pourraient provoquer une mutinerie et mettre le pays à feu et à sang.

[ Lisez : 1- Les mensonges de Moise Jean-Charles : Jusque à quand la presse haitienne continuera t-elle de se laisser instrumentaliser par des délinquants irresponsables? (Texte de Cyrus Sibert)
http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/2012/01/les-mensonges-de-moise-jean-charles.html

2- 13e mensonge de Moise Jean-Charles : Président Martelly est à la base de la violence suivie d'incendie dans un Camp de rescapés du tremblement de terre du 12 janvier 2010. (Texte de Cyrus Sibert)
http://www.reseaucitadelle.blogspot.com/2012/01/13e-mensonge-de-moise-jean-charles.html ]

Je fus déçu de ce niveau d'analyse. Je m'attendais à plus. Dans une capitale-République, les debats devraient être élevés. C'est trop facile de se faire passer pour journaliste enquêteur sans jamais mener un enquête, c'est trop facile de faire des analyses politiques en ignorant les bases du raisonnement logique.

On voit encore le vide laissé par l'absence de Jean Léopold Dominique et de Serge Beaulieu, deux journalistes d'opinion qui défendaient leur ligne idéologique avec élégance, décence, et surtout, en utilisant une base de raisonnement logique standard.

Cyrus Sibert, Cap-Haitien, Haïti
Envoyé par mon BlackBerry
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)

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