jeudi 12 janvier 2012

Témoignage : Le 12 Janvier, une journée contre l'irresponsabilité en Haïti. (Texte de André Benjamin Sibert)

12 Janvier 2012, je suis encore en vie. Je crois en la fidélité de Dieu, qui, malgré mes imperfections, m'a donné la vie. Je n'arriverai jamais à comprendre les décisions adoptées dans mon emploi du temps quelques secondes avant ces terribles secousses - goudougoudou - qui a bouleversé ma vie. Je n'ai pas la prétention d'être plus juste que les autres qui malheureusement ont été dans une mauvaise position. Car, durant ces quelques secondes du séisme, un seul mouvement peut vous tuer ou vous sauver la vie. Je me rappelle encore un collègue qui m'a dit: "Sibert, pourquoi tu es encore la? Tu as terminé, rentre donc chez toi"! Mais j'étais là au téléphone avec quelques amis. Je faisais passer quelques commentaires sur l'assassinat d'un professeur de la faculté des sciences humaines. Et au moment même où je m'apprêtais à quitter la banque (la Sogebank où je travaillais)...goudougoudou!!!

Quelques minutes plus tard, je me suis retrouvé sur la route de Turgeau à coté d'autres rescapés, j'avais plus de maison. Je me suis réfugié a la ruelle Berne, Lalue, le Ministre Evans Lescouflaire était là à coté de moi sans gardes du corps… Les puissants gouvernants et les pauvres gouvernés tous confondus, terrorisés devant la fureur de la nature qui nous rappelle qu'à chaque fois nous nous comportons en irresponsables, nous en payerons le prix.

Oui ! Nous sommes de vrais irresponsables avec nos villes anarchiques sans règles d'urbanisme. Nous sommes de vrais irresponsables, car les gouvernants et les gouvernés ne savaient même pas quel comportement adopté. Occupez à jouir, nous n'avions rien préparé.

Dieu, prend la vie, parfois pour nous empêcher de tomber. De nos côtés, nous préférons l'esclavage de nos désirs. Lui seul sait pourquoi il nous garde en vie. Pour que l'homme puisse se repentir et se tourner vers Dieu et vers le bien, parfois malheurs arrivent. Ce 12 janvier 2010, était le seul moyen de rappeler aux haïtiens arrogants qu'ils ne maitrisent pas tout. Ce 12 Janvier après les secousses, les ministres et les directeurs généraux traversaient les rues à pieds, sans sirène et sans gardes du corps. Il s'orientait tout comme moi.

Sans être fataliste, je vois la main de Dieu dans ce qui nous arrive. Car, ce 12 janvier, ils sont nombreux les personnes survécues grâce à une décision de faire ou de ne pas faire quelques choses. Une décision que, 2 ans après, on n'arrive pas à expliquer. Nous ne maitrisons pas la vie. Seule la décision de faire le bien ou le mal nous appartient – le libre arbitre. Nous devons travailler à être plus juste et à faire de notre vie une mission divine.

L'Homme, l'haïtien en particulier, répond t-il vraiment à sa mission sur la terre? Il n'y a aucun doute que l'ampleur de la catastrophe est étroitement liée à l'irresponsabilité de nos dirigeants d'alors. Malgré les recommandations des scientifiques, ils n'ont rien fait pour changer la situation à Port-au-Prince. Des rapports ont été élaborés, mais aucune action n'a été réalisée pour éduquer le peuple sur les comportements à suivre en cas de séisme. Des petits marchands dans la rue ont trouvé la mort parce qu'ils avaient décidé de se réfugier dans un immeuble public. Le 12 Janvier doit être une journée contre l'irresponsabilité en Haïti.

André Benjamin SIBERT
ReseauCitadelle
Cap-Haitien, HAITI
Envoyé par mon BlackBerry
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"Ne doutez jamais qu'un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde. En fait, cela se passe toujours ainsi" Margaret Mead (1901-1978)

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