La délégation ministérielle longe à toute allure la route en terre battue et poussiéreuse reliant Port-de-Paix à Jean-Rabel en milieu de journée, en direction de La Coma, localité de la commune de Jean-Rabel. Sous le soleil, la terre sèche, aride et dépeuplée renvoie l'image d'un désert. Seules quelques espèces de cactus et d'herbes sauvages poussent dans la vaste plaine. Pas un seul arbre fruitier ni de denrées à l'horizon. L'agriculture, première source de revenus de la commune, y semble inexistante.
Près de deux heures de route, la délégation est accueillie au local du centre professionnel FEDEC par plusieurs dizaines de femmes et d'hommes, pour la majorité, membres d'organisations féminines. Les membres de la délégation prennent place entre les interprétations de la fanfare et les chants engagés entonnés par le reste de l'assistance.
Malgré l'accueil chaleureux de la population, des revendications ont jalonné la cérémonie de commémoration. Les interventions des élus locaux et les messes basses de l'assistance ont toutes convergé vers la réclamation de meilleures dispositions pour l'amélioration de l'agriculture dans la commune de Jean-Rabel et ses environs. Le maire de la commune, Isaac Civil, saluant la présence de la ministre, a profité de l'occasion pour dénoncer le manque d'encadrement dans le secteur agricole entraînant la misère et la migration de la population vers Port-au-Prince. «La misère qui sévit dans les quatre sections communales de Jean-Rabel est le résultat du manque d'encadrement dans l'agriculture. C'est inconcevable de cultiver seulement en comptant sur la pluie pour l'arrosage de plantation», a affirmé le maire.
Isaac Civil a appelé les autorités concernées à capter les eaux de "Trois rivières" afin d'irriguer les terres cultivées. Il a également plaidé en faveur du renforcement du système de crédit déjà sur place, pour favoriser l'amélioration des conditions de vie de la population, spécialement des cultivatrices.
La commémoration de la Journée internationale des femmes vivant en milieu rural rentre dans l'ensemble des activités du gouvernement et du MCFDF visant à promouvoir l'égalité de genre dans la société haïtienne, conformément aux recommandations issues du forum national sur les conditions des femmes , qui s'est tenu en mars dernier. Par cette activité, le MCFDF entend mettre l'emphase sur le renforcement de l'autonomisation des femmes. «L'autonomisation de la femme veut dire donner à celle-ci l'accès à une éducation de qualité, à une formation professionnelle, au crédit, à des outils agricoles et à des semences, leur permettant de travailler et de gagner leur vie honnêtement», a déclaré la ministre Marie Yanick Mézile.
Marie Yanick Mézile a prôné la promotion de la participation des femmes rurales au pouvoir local, l'appui aux organisations de femmes de zones rurales, la distribution d'intrants et de matériels agricoles aux cultivatrices, la sensibilisation et l'accompagnement des mères en vue de leur permettre de contrôler les naissances.
Parallèlement, la ministre a promis une assistance financière pour la reprise des activités du centre FEDEC, qui offrira une formation professionnelle à nombre de femmes dans la commune de Jean-Rabel et ses environs, en électricité, plomberie, coupe, couture, etc. Elle prévoit de mettre en place, dans les meilleurs délais, un programme de crédit pour les femmes, surtout celles vivant en milieu rural. Trois moulins à maïs seront installés sous peu en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, toujours selon la ministre. «Ces actions ne changent guère la mission du ministère. Nous voulons être plus présents dans les autres départements et les communes du pays pour offrir de meilleurs services aux femmes », a indiqué la ministre. A la fin de la cérémonie, Mme Mézile a symboliquement distribué des outils agricoles à des organisations de femmes.
Le 15 octobre a été décrété Journée internationale des femmes vivant en milieu rural en 1995 par l'organisation des Nations unies. La ministre à la Condition féminine n'a pas manqué de souligner l'importance de la femme dans la relance agricole et économique du pays. «Cette célébration nous donne l'occasion de reconsidérer le rôle de ces femmes dans la promotion de la production agricole, et de remettre en question les conditions de précarité dans lesquelles elles vivent», a-t-elle fait remarquer. «Il nous faut rendre hommage à ces femmes qui soutiennent grandement notre économie. Elles méritent toute notre attention», a conclu la ministre.
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