vendredi 5 octobre 2012

Un budget charpenté sur l'investissement

Un budget charpenté sur l'investissement
Le Nouvelliste |

 Quatre jours après sa rentrée en vigueur, la loi de finances 2012-2013 a été présentée ce jeudi, au Ministère de l'Economie et des Finances (MEF). L'enveloppe globale du budget est de 131, 5 milliards de gourdes. Dans ce montant, il y a 88,14 milliards de gourdes, soit 66,92% affectées à des dépenses d'investissement. Les autres chiffres importants du budget : les dépenses courantes : 42, 13 milliards de gourdes soit 31,36%, celles liées à l'amortissement de la dette : 2,02 milliards de gourdes et les dépenses exceptionnelles : 0,25 milliards de gourdes.
Marie Carmelle Jean-Marie, ministre de l'Economie
Marie Carmelle Jean-Marie, ministre de l'Economie

C'est dans un climat serein que la ministre de l'Economie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie, accompagnée des cadres dudit ministère, a présenté les grandes lignes du budget 2012-2013.  Par rapport au dernier budget, celui-ci connait une augmentation de 8,7 % en terme de prévisions. A la base de ce budget, précise M. Abel Métellus, directeur du budget, se trouve le Plan stratégique de développement d'Haïti (PSDH) à l'horizon de 2030, élaboré par le gouvernement. Le financement de ce budget provient des ressources internes, entre autres, de la DGI et la Douane, du Fonds national de l'Education (FNE), des entreprises de l'Etat qui sont privatisées, des dons et prêts de la communauté internationale et des bons du Trésor. « Les bons du Trésor constituent une forme de financement local utilisé, depuis quelques années  par le gouvernement, afin de ne pas recourir à des financements monétaires auprès de la Banque centrale qui provoquent l'inflation », a affirmé M. Abel Metellus. Ensuite, le directeur du budget a présenté  l'hypothèse macro-économique qui détermine ce budget. « Après tous les calculs nous avons fait les prévisions suivantes : nous avons fixé une croissance autour de 6,9 %, un taux d'inflation de 6,5 %, un taux d'échange autour de 42 gourdes et une pression fiscale de 13,5 % ».

 Les dépenses

Le secrétaire d'Etat à la Planification, M. Wilner Valcin a présenté une projection sur les dépenses. Il a révélé que le gouvernement a dépensé 70% des prévisions faites à partir du Trésor public et du Fonds de Petro-caribe. Aux dires de M. Valcin, les ministères qui ont absorbé la majeure partie de leur budget sont la Planification, les Travaux publics, l'Agriculture, l'Education et la Jeunesse et des sports. En outre, le secrétaire d'Etat a fait savoir qu'au niveau de ce budget, environ 87,7 milliards de gourdes sont allouées à la création d'emplois. Il a aussi souligné les travaux d'infrastructure déjà en cours dans le pays et surtout la construction du ministère de l'Intérieur.  

Application du budget : voies et moyens

Un ensemble de mesures est pris par le gouvernement afin d'arriver à l'exécution de ce budget. Objectif fixé : c'est d'enregistrer une augmentation de 6 milliards de gourdes en ce qui concerne la recette courante par rapport à l'année dernière. Ainsi, la première mesure envisagée consiste à un élargissement de l'assiette fiscale. Le secrétaire d'Etat à la Réforme fiscale et douanière, Ronald Décembre, a énuméré certaines dispositions prises en ce sens par le gouvernement. « Il y aura une médication sur la perception de taxe sur salaire. Le calcul de l'impôt sur salaire se faisait sur 90% de revenus. Ce n'est pas normal. Il va se réaliser sur 100%. Cette mesure est valable à la fois pour les employés dans les secteurs public et privé. Il y a aussi une mesure visant  la généralisation des taxes FDU et CAS. Le prélèvement de FDU et CAS se fera à la fois sur les employés de l'Etat et ceux du secteur privé. Les mesures se portent aussi sur la (TCA). La TCA va se payer sur un seul versement. Des mesures sont prises également  pour protéger le marché local et la production nationale. Nous augmentons le taux de taxation à l'import pour des produits comme : la bière, le rhum, les volailles, les bombonnes de gaz etc…  Il y a aussi des mesures touchant à la patente. Il y a plusieurs champs d'activités qui ne sont pas couverts par la loi sur les patentes. Donc, nous allons élargir le cadre », a annoncé M. Ronald Décembre soulignant que des mesures sont prises aussi sur le plan administratif dont la mise en place d'une commission interministérielle de lutte contre la contrebande, la corruption et la fraude. LE MEF entend mettre sur pied aussi une cellule afin d'aller à la découverte de nouveaux contribuables. En outre, le ministère compte régulariser la franchise douanière tout en simplifiant le processus.  

L'état actuel de l'économie

Le MEF a aussi profité de l'occasion pour annoncer à la nation comment se porte l'économie haïtienne au début de cette année fiscale. « Nous avons remarqué une continuité dans le processus de reprise de l'économie haïtienne qui avait connu un grand choc après le tremblement de terre du 12 janvier 2012. A cause de cet évènement, nous avions observé une chute au niveau de la croissance économique autour de près de 5%. En 2011, il y a une reprise autour de 4%. Pour cette fin d'année, la croissance n'a pas atteint le niveau espéré. Elle est en dessous de 4% », a indiqué M. Alfred Metellus, chef de cabinet de la ministre de l'Economie et des Finances. Les causes évoquées renvoient à l'impact de la sècheresse et la tempête tropicale Isaac sur l'économie du pays sans oublier les travaux de construction en cours. L'autre indicateur considéré,  c'est le crédit au secteur privé qui, l'année dernière a connu une croissance de près de 25%, se situe actuellement autour de 19%. Quant à l'inflation, une prévision de 8% a été faite, aujourd'hui, elle est un taux de 6,5%.  A noter que le taux d'inflation pour l'année précédente s'est chiffré autour de 5,9 %. En ce qui concerne les recettes courantes, l'État a collecté environ 42 milliards de gourdes grâce à la Direction générale des impôts (DGI) et la Douane soit une hausse de 8%. « Nous allons redoubler d'efforts l'année prochaine afin d'atteindre les objectifs fixés », a fait savoir M. Alfred Metellus.

La ministre de l'Economie, Marie Carmelle Jean-Marie a annoncé que dès ce mois d'octobre, elle va commencer à travailler sur le prochain budget 2013-2014.

Gérard JEANTY Junior gjeantyjr@lenouvelliste.com

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