Le Nouvelliste | Publié le : 09 janvier 2014
Les représentants du gouvernement haïtien ont fait feu de tout bois à Ouanaminthe le mardi 7 janvier dernier lors de la reprise du dialogue – entre Haïti et la République dominicaine – initié par les chefs d'Etat des deux pays, Michel Martelly et Danilo Medina, à Caracas, au moment du deuxième sommet spécial ALBA-PETROCARIBE. Une bonne partie des négociations a été consacrée à la question migratoire. Néanmoins, celle-ci n'a pas fait de l'ombre à la question cruciale des relations commerciales entre les deux nations se partageant l'île. A en croire le ministre du Commerce et de l'Industrie également ministre a. i. de l'Economie et des Finances, Wilson Laleau, qui faisait partie de la délégation haïtienne, une voie de communication vient d'être ouverte entre les deux pays. Les autorités de Port-au-Prince et celles de Santo Domingo ont décidé de vider leurs contentieux et d'aborder les questions qui, en temps ordinaire, fâchent. En toute sincérité et dans le respect mutuel. Les négociations ont duré environ trois heures. Trois heures au cours desquelles la partie haïtienne s'est attelée à défendre ses positions et obtenir des garanties du camp dominicain sur un ensemble de questions sensibles et vitales. Le cahier des charges haïtien était bien pourvu et la délégation était bien décidée à ne pas céder du terrain au camp dominicain.
Quoique l'intégralité de la rencontre se soit déroulée à huis clos, une source bien informée et qui a pris part aux négociations a révélé à la rédaction du Nouvelliste quelques points à l'ordre du jour, concernant les relations commerciales entre les deux pays, présentés et défendus par le ministre haïtien du Commerce et de l'Industrie, M. Wilson Laleau. La contrebande, les questions tarifaires, la coopération douanière, la standardisation des produits, la réglementation des marchés frontaliers font, entre autres, partie de ces points longuement discutés au cours de cette rencontre. La partie haïtienne n'est pas rentrée les mains vides puisque la déclaration conjointe – lue plus de trois heures après la fin de la séance des négociations – rapporte que « sur les questions relatives à la pérennisation, à l'harmonie et au bon fonctionnement des échanges commerciaux au niveau de la frontière, les deux pays ont réaffirmé leur volonté d'organiser et de régulariser les marchés binationaux. […] En ce sens, la République dominicaine a offert sa collaboration totale à la République d'Haïti en matière de douane. » Actuellement, la contrebande, évaluée à plus de 250 millions de dollars américains annuellement, constitue un manque à gagner pour le Trésor public et l'un des principaux obstacles à l'emploi.
La collaboration douanière entre les deux pays aura pour effet de renforcer la sécurité autour des quatre postes de contrôle officiels en attendant de pouvoir mieux contrôler la frontière (étendue sur environ 350km) qui compte près de 60 points de passage non contrôlés. Selon la source susmentionnée, qui a voulu garder l'anonymat, les deux délégations ont volontiers reconnu la nécessité pour l'Administration générale des douanes des deux pays de travailler de concert sur la sécurisation des points de passage sur la frontière et de parvenir à un accord sur l'organisation des marchés le long de ladite frontière. D'autres points tout aussi importants ont été débattus au cours de cette rencontre tels que : l'organisation du transport, les Haïtiens travaillant sans couverture sociale sur le territoire dominicain et sans être payés, la livraison de permis de travail, la création d'emplois sur une base de réciprocité…
Cette notion de réciprocité, tel un leitmotiv, était assez souvent utilisée au cours des négociations. Elle y est insérée dans la déclaration commune au passage suivant : « Les deux gouvernements ont convenu de renforcer les mesures d'échanges commerciaux sur une base de réciprocité pour permettre l'accès de produits sans délai aux deux marchés. » Déjà, au mois de novembre de l'année dernière, lors d'une rencontre entre le Premier ministre Laurent Lamothe – chef de la délégation haïtienne dans les négociations avec la République dominicaine – et des membres du Forum économique du secteur privé, la question du déséquilibre commercial entre Haïti et la République dominicaine a été abordée. En effet, Haïti est le deuxième partenaire de la République dominicaine – derrière les Etats-Unis d'Amérique – avec plus d'un milliard de dollars d'importation et un déficit commercial pour Haïti estimé à 95% de ce montant. Selon Joseph Harold Pierre, professeur d'économie à l'Université Pontificale Mère et Maitresse (PUCAMAIMA et de science politique à l'Université Ibéro-américaine (UNIBE), les relations commerciales entre les deux parties de l'île ont commencé à devenir intenses lors de l'embargo imposé à Haïti après le coup d'Etat de 1991. La République dominicaine était le seul pays où Haïti pouvait s'approvisionner à l'époque.
Depuis lors, la situation a nettement évolué en faveur de la République dominicaine. En 2012, selon le professeur Pierre, les exportations formelles ajoutées aux exportations informelles dominicaines vers Haïti équivalaient à 3.63 fois celles vers le Porto Rico. Ce qui fait d'Haïti le seul pays avec lequel les Dominicains aient une balance commerciale non déficitaire. C'est cette donnée qui, sans doute, a servi de levier lors des négociations afin de permettre à la partie haïtienne d'obtenir certaines avancées sur les questions commerciales, entre autres. A l'issue de la rencontre, le ministre Laleau s'est frotté les mains concernant les garanties obtenues de la délégation dominicaine et a rappelé que « toutes ces questions épineuses ont été abordées cordialement, sans insultes. Nous avons prouvé qu'il était possible de le faire et, ce n'est qu'à ce prix que je peux dire que nous progressons et que nous sommes dans deux pays civilisés. » Les Dominicains consentiraient-ils facilement à rétablir la balance commerciale entre les deux pays jusqu'au point d'atteindre la réciprocité dans les échanges ? Réponse le 3 février prochain en territoire voisin pour jauger la solidité des avancées obtenues par la partie haïtienne le 7 janvier dernier.
Les autorités de Port-au-Prince et celles de Santo Domingo ont décidé de vider leurs contentieux et d'aborder les questions qui, en temps ordinaire, fâchent. En toute sincérité et dans le respect mutuel. Les négociations ont duré environ trois heures. Trois heures au cours desquelles la partie haïtienne s'est attelée à défendre ses positions et obtenir des garanties du camp dominicain sur un ensemble de questions sensibles et vitales. Le cahier des charges haïtien était bien pourvu et la délégation était bien décidée à ne pas céder du terrain au camp dominicain.
Quoique l'intégralité de la rencontre se soit déroulée à huis clos, une source bien informée et qui a pris part aux négociations a révélé à la rédaction du Nouvelliste quelques points à l'ordre du jour, concernant les relations commerciales entre les deux pays, présentés et défendus par le ministre haïtien du Commerce et de l'Industrie, M. Wilson Laleau. La contrebande, les questions tarifaires, la coopération douanière, la standardisation des produits, la réglementation des marchés frontaliers font, entre autres, partie de ces points longuement discutés au cours de cette rencontre. La partie haïtienne n'est pas rentrée les mains vides puisque la déclaration conjointe – lue plus de trois heures après la fin de la séance des négociations – rapporte que « sur les questions relatives à la pérennisation, à l'harmonie et au bon fonctionnement des échanges commerciaux au niveau de la frontière, les deux pays ont réaffirmé leur volonté d'organiser et de régulariser les marchés binationaux. […] En ce sens, la République dominicaine a offert sa collaboration totale à la République d'Haïti en matière de douane. » Actuellement, la contrebande, évaluée à plus de 250 millions de dollars américains annuellement, constitue un manque à gagner pour le Trésor public et l'un des principaux obstacles à l'emploi.
La collaboration douanière entre les deux pays aura pour effet de renforcer la sécurité autour des quatre postes de contrôle officiels en attendant de pouvoir mieux contrôler la frontière (étendue sur environ 350km) qui compte près de 60 points de passage non contrôlés. Selon la source susmentionnée, qui a voulu garder l'anonymat, les deux délégations ont volontiers reconnu la nécessité pour l'Administration générale des douanes des deux pays de travailler de concert sur la sécurisation des points de passage sur la frontière et de parvenir à un accord sur l'organisation des marchés le long de ladite frontière. D'autres points tout aussi importants ont été débattus au cours de cette rencontre tels que : l'organisation du transport, les Haïtiens travaillant sans couverture sociale sur le territoire dominicain et sans être payés, la livraison de permis de travail, la création d'emplois sur une base de réciprocité…
Cette notion de réciprocité, tel un leitmotiv, était assez souvent utilisée au cours des négociations. Elle y est insérée dans la déclaration commune au passage suivant : « Les deux gouvernements ont convenu de renforcer les mesures d'échanges commerciaux sur une base de réciprocité pour permettre l'accès de produits sans délai aux deux marchés. » Déjà, au mois de novembre de l'année dernière, lors d'une rencontre entre le Premier ministre Laurent Lamothe – chef de la délégation haïtienne dans les négociations avec la République dominicaine – et des membres du Forum économique du secteur privé, la question du déséquilibre commercial entre Haïti et la République dominicaine a été abordée. En effet, Haïti est le deuxième partenaire de la République dominicaine – derrière les Etats-Unis d'Amérique – avec plus d'un milliard de dollars d'importation et un déficit commercial pour Haïti estimé à 95% de ce montant. Selon Joseph Harold Pierre, professeur d'économie à l'Université Pontificale Mère et Maitresse (PUCAMAIMA et de science politique à l'Université Ibéro-américaine (UNIBE), les relations commerciales entre les deux parties de l'île ont commencé à devenir intenses lors de l'embargo imposé à Haïti après le coup d'Etat de 1991. La République dominicaine était le seul pays où Haïti pouvait s'approvisionner à l'époque.
Depuis lors, la situation a nettement évolué en faveur de la République dominicaine. En 2012, selon le professeur Pierre, les exportations formelles ajoutées aux exportations informelles dominicaines vers Haïti équivalaient à 3.63 fois celles vers le Porto Rico. Ce qui fait d'Haïti le seul pays avec lequel les Dominicains aient une balance commerciale non déficitaire. C'est cette donnée qui, sans doute, a servi de levier lors des négociations afin de permettre à la partie haïtienne d'obtenir certaines avancées sur les questions commerciales, entre autres. A l'issue de la rencontre, le ministre Laleau s'est frotté les mains concernant les garanties obtenues de la délégation dominicaine et a rappelé que « toutes ces questions épineuses ont été abordées cordialement, sans insultes. Nous avons prouvé qu'il était possible de le faire et, ce n'est qu'à ce prix que je peux dire que nous progressons et que nous sommes dans deux pays civilisés. » Les Dominicains consentiraient-ils facilement à rétablir la balance commerciale entre les deux pays jusqu'au point d'atteindre la réciprocité dans les échanges ? Réponse le 3 février prochain en territoire voisin pour jauger la solidité des avancées obtenues par la partie haïtienne le 7 janvier dernier.
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